Ce sont les grands oubliés de la Première Guerre mondiale. Touchées par le manque de main-d'oeuvre, la France et l'Angleterre ne peuvent se contenter des appelés de leur coloniaux pour soutenir l'effort de guerre et font alors appel à la Chine pour recruter des travailleurs. Venus pour la plupart de la province du Shandong, dans le nord-est de l'Empire du Milieu, ce sont ainsi 140 000 travailleurs qui arrivent dans le nord-est de la France à partir de 1916 avec des contrats de 3 ans.
Les mille figures de la mort, qui ont chacune leur horreur, sont, chacune, toute cette horreur. Chaque macchabée les évoque, les contient tous, et cette odeur ! L’uniformité de tout cela a quelque chose d’intolérable. Ainsi cette âme charmante et chantante est devenue cette charogne sans nom, cette arabesque trop connue de membres pliés et sans vie, ce pantin aux fils brisés, qui pue. On dirait que ces morts sans sépulture, ces morts sans décence, sans apprêt, sans beauté, outragent ceux qu’elles frappent, leur inflige un tourment de plus, une importait juste d’aller de l’avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur.
Au final, 60 millions d'obus ont été tirés durant les mois qu'à duré la bataille. La victoire défensive des Français marque durablement les esprits, notamment ceux des Allemands qui compareront plus tard cette défaite à celle subie à Stalingrad à peu près dans les mêmes conditions (même si celle menée sur le front russe sera encore bien plus coûteuse en vie humaines), d'autant que de nombreux jeunes officiers engagés dans la bataille de la Meuse (Paulus, Röhm ou Rudolf Hess) connaîtront la Deuxième Guerre mondiale en tant que généraux ou dignitaire. En 1940, avec l'aide des chars Panzer, Verdun sera pris en moins de 24 heures.
Du fait de l'absence totale d'hygiène dans les tranchées, le pou y est omniprésent. Le 'toto' comme l'appellent les soldats, provoque des démangeaisons permanentes, mais il contribue surtout à répandre des épidémies sur tout le front: le typhus qu'il propage fera ainsi 150 000 morts mais il est également responsable de la fièvre des tranchées (ou fièvre quintane ou encore fièvre de Volhynie), maladie infectueuse causée par la bactérie Bartonella quintana, qui provoque chez ceux qui en souffrent maux de tête, fièvre et douleurs musculaires (aujourd'hui, elle touche principalement les sans domicile fixe).
Certains soldats se mutilent volontairement pour être renvoyés à l’arrière, mais la stratégie est risquée : démasqués par les médecins à cause des traces de poudre qui constellent leurs blessures infligées à bout portant, ils peuvent être durement sanctionnés.
La majorité des soldats refusent simplement de monter au front, mais ils tiennent leurs positions : ils parlent eux-mêmes de grève et non de mutineries. Leur mouvement est également suivi à l’intérieur du pays par les civils et les femmes qui participent à l’effort de guerre et veulent de meilleures conditions de travail.