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EAN : 9791022611596
112 pages
Editions Métailié (07/10/2021)
3.88/5   20 notes
Résumé :
La haine que nous voyons se déchaîner sur les réseaux sociaux n'a rien de neuf, elle utilise juste de nouveaux canaux techniques. Ce court roman nous amène à distinguer ses invariants à travers la puissance de la littérature. Au XIXe siècle, dans les rues de Londres plongées dans le brouillard et la misère, se promène un fabricant de cannes aigri, ne trouvant aucune reconnaissance sociale, qui va s'enfoncer de plus en plus dans les bas-fonds de la ville.

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Deux histoires, deux époques, deux personnages rongés par la Haine, sentiment destructeur et impitoyable. le premier un fabricant de cannes vivant au XIX e siècle à Londres dans le misérable quartier de Soho, le deuxième un jeune homme d'origine algérienne, vivant en banlieue parisienne , qu'on rencontre peu avant les attentats de novembre 2015. Tous les deux détestent le quartier qu'ils habitent, n'arrivent pas à trouver leur place dans la société et bouillent d'amertume. Animés par la colère engendrant la violence, ils vont se laisser entraîner par leurs plus bas instincts.

L' écrivain espagnol que je viens de découvrir, nous raconte deux histoires en parallèle jusqu'au trois quarts du livre, sans grand peps , et justement comme on commençait à s'impatienter , et alors ? Alors arrive l'imprévu. Avec grand talent il amorce un virage de 90 degré, reliant les deux histoires avec un seul détail ! La Haine va métamorphoser les deux personnages en « justiciers » !

Un sujet intemporel, un court texte intéressant qui ne laisse pas indifférent !

Un grand merci aux Éditions Métailié et NetGalleyFrance pour l'envoie du livre.
#Haine#NetGalleyFrance
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Jack Wildwood est fabricant de cannes dans le chaud et misérable quartier de Soho, à Londres, au XIXe siècle. Coincé dans un impossible intermédiaire entre la lie des bas-fonds mal-famés où il réside et le luxe superbement méprisant de ses clients aux moeurs par ailleurs passablement corrompues, il sent chaque jour grandir sa rancoeur et son dégoût d'autrui. Harcha vit de nos jours dans une zone pestiférée de la banlieue parisienne. Enfant d'immigrés algériens, il est en proie à une révolte croissante, lui que le déterminisme social et les préjugés raciaux renvoient sans échappatoire à l'humiliation, au rejet et à la pauvreté de sa cité ghetto. Une pichenette du destin suffit à les faire basculer, l'un comme l'autre, dans la violence.


Deux hommes, deux époques, mais un dénominateur commun : la haine, née de la frustration et de la colère. Jack et Harcha se trouvent tous deux à une croisée de chemins décisive. Alors qu'ils aspirent de toutes leurs forces à s'extirper du monde d'en-bas, dont ils côtoient avec effroi l'infernale indigence et les maux associés, celui d'en-haut, indifférent à leur cruelle désillusion, les repousse avec mépris du mauvais côté du miroir. En porte-à-faux dans une société qu'ils estiment ne pas leur concéder de juste place, en mal d'identité comme de reconnaissance, ils s'emplissent peu à peu d'une rage entretenue par le désespoir, l'injustice et l'humiliation, qui ne demande bientôt plus qu'une étincelle pour exploser. Et puisque ce monde ne mérite que leur dégoût, Jack et Harcha vont chacun tenter de le punir et de le purifier à leur manière : nous sommes à la veille de la longue série de crimes de Jack l'Eventreur à Londres, et des attentats terroristes de 2015 à Paris.


Le texte est court, efficace, presque clinique. Si le parallèle entre ces personnages séparés de deux siècles a de quoi surprendre, il a le mérite d'illustrer, on ne peut plus clairement, comment le sentiment d'exclusion et la rancoeur à l'égard d'une société perçue comme déviante et injuste, peut engendrer de réactions violentes et destructrices. Ce qui différencie les deux époques est que ce qui restait le coup de folie d'un individu au XIXe siècle, peut faire aujourd'hui boule de neige au travers des réseaux sociaux, ces poings levés se retrouvant aisément armés par d'opportunistes manipulateurs. En tous les cas, à y regarder de plus près, force est de constater que, loin de subir d'exogènes attaques ennemies, c'est en son propre sein que la société occidentale forge les facteurs de la violence qui la frappe de nos jours.


Rien de tel que les images fortes pour supporter un propos. A priori incongru, le parallèle historique choisi par l'auteur permet d'envisager sous un jour éclairant la fragilité de certains esprits face aux manipulations à but terroriste. Et comme à cet intérêt s'adjoint le plaisir d'un texte bien écrit et truffé de références littéraires, l'on aurait bien tort de bouder ce surprenant petit livre.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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D'un côté, nous avons Jack Wildwood, obscur fabriquant de cannes, vivant au 19ème siècle dans un quartier malfamé de Londres.
De l'autre, il y a Harcha, jeune homme du 21ème siècle, habitant la banlieue parisienne.
Qu'est-ce qui relie ces deux personnages ? Accessoirement, un objet qui aura traversé plus d'un siècle et la Manche, mais, au principal, la haine de plus en plus forte qu'ils portent à l'espèce humaine, trop frivole, décadente et superficielle à leurs yeux.
Tous deux sont aigris, frustrés depuis longtemps, et là, leur colère est sur le point d'exploser.
Mr Wildwood est un solitaire qui fréquente les prostituées de Soho, et du beau monde dans un pub respectable à l'autre bout de la ville. Mais il est bien conscient de la différence de classe sociale avec les autres clients, que certains d'entre eux ne se gênent d'ailleurs pas pour lui faire sentir. Méprisé, il se venge en son for intérieur en les jugeant méprisables, mais cela ne le soulage évidemment pas bien longtemps. Son invisibilité, son inexistence sociale vont pousser sa colère très loin.
Harcha, quant à lui, ne veut pas de l'avenir que lui trace son père, commerçant aisé et respecté dans leur cité pourrie. Il rejette aussi la modération de Kamal, son seul ami, qui le bassine avec son islam prônant la tolérance et la paix. Harcha veut quelque chose de mieux que sa banlieue, que Paris, même. Il rêve de quelque chose de fort, de grand, de pur, sans savoir exactement ce que cela pourrait être. Jusqu'à ce qu'il croise la route d'un "frère", qui lui promet le bonheur dans le renoncement et le sacrifice, loin des vices de cette cité pervertie.
Les deux histoires s'entrecroisent et suivent le même cheminement. Ce qui n'était au départ que mal-être et frustration plus ou moins contenus se transforme au fur et à mesure des déceptions cuisantes en une rage qui s'extériorisera dans une violence extrême et sans pardon.

"Haine" est un court roman qui propose un double récit en miroir, sur le thème de la détestation de l'autre et peut-être (surtout?) de la détestation de soi-même, qui pousse vers l'abîme mortifère de la destruction. Peut-être pour donner un peu de légèreté à l'ensemble, l'auteur joue avec les références littéraires, parsemant le texte d' "emprunts" à Oscar Wilde, Stevenson, Conrad ou Cervantès.

Un texte qui se lit tout seul, habile, interpellant, effarant : la haine est-elle donc partout, depuis toujours, pour toujours ?

Merci aux éditions Métailié pour cette belle découverte.
#Haine
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Ce que j'ai ressenti:

« Alors tu ne sais rien. Tu crois savoir, ce qui est pire que l'ignorance. »

La haine. Certains sont allés dans son royaume et n'en sont jamais revenus. Certains ont fait des excursions rapides et en ont rapportés des textes sombres et des monstres effrayants. Certains vivent sur ces terres brûlées, et contaminent encore, le monde de son influence. La haine, ce sentiment d'une puissance extrême qui accompagne certaines personnes pour ne plus les lâcher, jusqu'à la fin. La haine est tenace, dévastatrice, maligne, insidieuse. Tu crois savoir mais tu ignores tout de son pouvoir. Tu ne sais rien de sa grandeur. Implacable, la haine. Multiple et fatale. Mais le pire, c'est que tu ne sais pas qui sera le prochain qu'elle va emmener avec elle. Qui va subir son envoûtement, sa domination parce que la haine, s'infiltre partout. Elle n'est pas sélective, pas un brin élitiste, la haine, elle ramasse tout. Tout lui va: les costumes, les bécanes, les accessoires, les manteaux, la nudité, la jeunesse…Elle s'adapte, la haine. Elle prend tout de tes petits et grands défauts, de tes peines, frustrations, conditions, peurs, colères, ressentiments, idées…Tous les objets contondants, canne ou bombe, lui conviennent…Elle s'adapte la haine, à l'époque, aux gens, aux courants, aux nouvelles sources de diffusions, aux anciennes rancoeurs. Les histoires sur elle, la font rire la haine. Si toi, tu ne sais rien, elle, en revanche, connaît très bien le coeur sombre des Hommes, et elle se réjouit la haine, parce qu'elle va continuer de régner, la haine. Elle reste Reine depuis que le monde est monde, répandant le Mal, avec ferveur…Elle fera le prochain carnage et tu n'en sauras rien, tu es un ignorant face à elle, tu ne la vois pas, juste, tu constates son passage, par les dégâts qu'elle laisse derrière…Et, elle est déjà ailleurs, de toute façon, à séduire d'autres personnes, à sévir sur d'autres lieux, à prendre d'autres coeurs…La haine est baladeuse. Aujourd'hui, elle s'aide d'une canne de commandement, élégante et solide, superbement travaillée…

Ce court roman est incisif. Haine, c'est deux temps, deux villes, deux personnages, deux manières de comprendre la complexité de son emprise. En miroir, même avec des enjeux et des circonstances différentes, deux siècles de distance, deux cultures distinctes, on suit Harcha et Jack Wildwood se débattre et puis, succomber…Avec de multiples références littéraires, un objet symbolique, une ambiance mystérieuse, et tout ce qui réveille le démon en chacun d'eux, on suit de près la haine, ce sentiment si dévorant, dans une histoire prenante…C'est dérangeant mais l'auteur, José Manuel Fajardo, maîtrise le sujet avec brio, et nous entraine dans des ruelles obscures et des failles psychologiques, où il ne fait pas bon se perdre…Derrière la fiction et ces monstres de Classiques, il montre la réalité de la violence inouïe doublée d'un sentiment ravageur, et on se retrouve, impuissant, devant une telle déferlante furieuse…

Une lecture bouleversante.

Sa haine était devenue aussi naturelle que sa respiration, un sentiment dépourvu de toute connotation morale, une seconde peau dont il n'avait même pas conscience.
Lien : https://fairystelphique.word..
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Rien de nouveau sous le soleil, sauf la littérature.

Le romancier espagnol José Manuel Fajardo jette un pont entre Londres au XIXe siècle, ville cernée de brouillard, et Paris au XXIe siècle, dans les pas d'un jeune homme, Harcha, qui vit dans un des quartiers les plus chauds de la capitale.

Une exploration littéraire de cette haine qui envahit tout. Un court roman qui nous plonge dans l'absurdité de la violence cyclique de nos sociétés contemporaines.

« Alors tu ne sais rien. Tu crois savoir, ce qui est pire que l'ignorance. »

Haine, c'est deux temps, deux mouvements et deux façons différentes mais qui se complètent bien de comprendre la complexité de son emprise.

Bardé de références littéraires en tous genre, l'auteur nous montre le chemin tortueux que prend la haine, ce sentiment si dévorant, dans une histoire prenant et érudite…

José Manuel Fajardo, maîtrise le sujet avec brio car derrière la fiction et ces monstres de littérature, il nousmontre la réalité de la violence inouïe doublée d'un sentiment ravageur, et on se retrouve, impuissant, devant une telle déferlante de fureur en tous genres.

Une lecture dérangeante mais passionnante !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Sa haine était devenue aussi naturelle que sa respiration, un sentiment dépourvu de toute connotation morale, une seconde peau dont il n’avait même pas conscience.​
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Sa haine était devenue aussi naturelle que sa respiration, un sentiment dépourvu de toute connotation morale, une seconde peau dont il n’avait même pas conscience.​
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La trahison, c’était impardonnable.
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