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EAN : 9782072933547
208 pages
Gallimard (11/03/2021)
3.69/5   13 notes
Résumé :
Juillet 1871. Paris. Perquisition rue des Juifs, dans le Marais. Une concierge, un coiffeur, une orpheline, une prostituée, une raccommodeuse de dentelles, un relieur et une repasseuse aident un bronzier communard à échapper aux recherches d’un commissaire de police. Automne 1871. Josée Meunier quitte la rue des Juifs pour rejoindre Albert Theisz, le bronzier, à Londres. Réfugiés, ils ne possèdent que leur amour, leurs souvenirs, et leur désir de Paris, lieu de leur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
A travers quelques portraits, nous découvrons ce que sont devenus d'anciens communards. le récit débute en juillet 1870, lorsque des âmes intrépides, charitables et/ou amoureuses d'un même immeuble réussissent à les cacher de la perquisition d'un policier un peu obtus. Nous les suivons dans leur exil et leur retour tant attendu après leur amnistie, en 1881.
Unité de lieu, unité de temps et unité d'action, l'autrice a rempli le contrat.
A la fin de l'ouvrage il est précisé (en est-il besoin ?) que les faits et les personnages sont réels mais que l'histoire - à l'intérieur de la grande Histoire - est romancée.
Albert et Josée, héros malchanceux ont bien existé, leur amour est (peut-être) inventé.
Ce récit fourmille de détails sur la vie (souvent brève) des petites gens de la fin du XIXème siècle, même si des personnes célèbres sont aussi 00évoquées (Marx, Vallès).
Cependant, les dialogues, les potins de l'immeuble m'ont parfois lassée.
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« Ceci, dont vous achevez la lecture, est un roman ». Sur ces mots s'ouvre le dernier chapitre de Josée Meunier, 19, rue des Juifs, avant que l'auteur ne donne toute une liste d'éléments de réalité dont s'est inspirée l'écriture du récit, pour conclure ainsi : « La nécessité d'en savoir plus m'a poussée à inventer le reste »… Belle leçon de Michèle Audin, laissant ainsi entendre que l'imagination romanesque a le pouvoir de dire le vrai de l'Histoire ! Et, en effet, le livre respecte ce programme, qui raconte comment Josée Meunier a caché, en juillet 1871, dans son appartement avec son mari l'ouvrier bronzier Albert Theisz, recherché pour son rôle au cours de la Commune, avant de favoriser sa fuite à Londres, et de l'y rejoindre, poussée par l'amour. Puis d'évoquer une existence londonienne, très difficile, faute d'un travail régulier pour Albert, mais aussi de nombreuses rencontres avec d'autres exilés ou militants politiques, dont quelques célébrités : Jules Vallès, Leo Frankel, Karl Marx ou « Fred » Engels… ; une existence comme en suspens, dans l'attente de l'amnistie espérée, ponctuée par les échanges de lettres avec Georgette, leur ancienne voisine de la rue des Juifs, qui leur dépeint l'affreux retour à l'ordre, aussi bien qu'elle leur relate les petites histoires de l'immeuble et le jeu du chat et de la souris mené avec quelques benêts de policiers… Outre la célébration, tout au long du roman, de la geste communarde, de cet immense espoir de liberté et de révolution sociale maté dans le sang, le récit magnifie aussi le personnage de Josée, symbole de l'émancipation féminine, en femme capable de quitter son mari pour rejoindre celui qui n'est pas encore son amant et vivre avec lui son destin d'exilé. Et puis, merveille, l'écriture de Michèle Audin emporte comme dans tous ses précédents romans l'adhésion du lecteur, tant elle sait donner vie à une foison de personnages, alternant scènes et dialogues, utilisant avec brio le procédé oulipien de la liste, comme dans sa description de la perquisition du 19, rue des Juifs, au tout début du roman, ou plus loin, lorsqu'elle évoque la simultanéité des actions des différents habitants de l'immeuble, à la manière du Georges Perec de la Vie mode d'emploi. Avec une sensibilité extrême au génie des lieux, au génie des hommes… Si Michèle Audin a publié, par ailleurs, chez Libertalia, des enquêtes historiques passionnantes au sujet de la Semaine sanglante ou de l'ouvrier militant Eugène Varlin, c'est bien dans ce roman qu'elle rend toute son âme à l'aventure de la Commune, qui inspire encore aujourd'hui tant de réflexions politiques… A lire d'urgence, en attendant le Grand soir, les lendemains qui chantent !
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Dans l'un de ses précédents romans, Comme une rivière bleue, Michèle Audin avait décrit la Commune de Paris à partir des quartiers de Paris où celle-ci avait connu les activités et faits les plus marquants et significatifs ; elle avait restitué l'histoire à hauteur des destinées individuelles, obscures, celles des sans-grades.
Dans Josée Meunier , 19 rue des Juifs, l'auteure reprend ce mode de récit en le circonscrivant à un immeuble , celui du 19 rue des Juifs , situé dans le quatrième arrondissement de Paris .Elle prend pour point de départ une perquisition menée par un certain Victor Berlioz, commissaire de police de son état : il ressort quelque peu bredouille de sa descente de police, il n'a pu , en effet, cueillir des suspects et n'a recensé qu'une concierge, Madeleine, un coiffeur, Mlle Georgette, couturière, Madame Dubois, une ouvrière en cartonnages.
Pourtant, l'immeuble du 19 rue des Juifs fut le lieu d'où s'échappèrent Josée Meunier et d'autres membres de sa famille pour rejoindre en exil à Londres Albert Theisz, bronzier et ardent partisan de la Commune.
A travers une correspondance entre les membres de la famille de Josée restés à Paris et cette dernière, Michèle Audin fait ressentir les nostalgies et douleurs des Communards vaincus, coupés de leurs racines, peinant à amortir le choc de la répression des Versaillais contre La Commune : Les nouvelles les plus anodines coexistent avec celles de la grande histoire : « On recommence ici à mourir comme avant les massacres de mai. Plus de coups de chassepot ou de mitrailleuse. Nous avons eu des accidents de charrette une femme de la rue des Rosiers qui s'est jetée dans la Seine parce que son mari est emprisonné sur un ponton dans la rade de Brest (…) Nous ne savons rien de la petite madeleine Alary qui est partie il y a deux mois. Etienne a été condamné à la déportation. »
Les descriptions des relations entre Communards exilés ne sont toutefois pas empreintes d'une excessive complaisance. Ainsi, Michèle Audin pointe-elle les reproches que se font ces personnes entre elles : qui était la plus révolutionnaire, la plus lucide ? Un trait d'humour est restitué ; c'est le récit des noces du journaliste Charles Longuet à Londres, qui célèbre ses noces avec la fille de Karl Marx, ni plus ni moins….
Michèle Audin parvient à nous restituer les espoirs de ces personnages, leurs craintes, leur foi en l'utopie. Ecrit à l'occasion du cent cinquantième anniversaire de la Commune, Josée Meunier, 19 rue des Juifs contribuera, sans nul doute, à donner à La Commune cette dimension fictionnelle et romanesque ; on s'attache à ce groupe, leurs vies prennent toutes leurs significations à la lumière de l'impact de la Commune, comme tentative de libération humaine.


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La commune est une période de l'histoire que je connais peu et c'est peut-être pour cela que j'ai trouvé le livre un peu compliqué à lire.
Pourtant on s'attache aux personnages, on (re)découvre les difficultés de l'exil, le désir de revenir à Paris, revoir ses amis, sa famille, tous les lieux qu'on connait.
On imagine la répression et on apprécie la solidarité et la malice de certains habitants.
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j'ai passé un excellent moment en compagnie des communards réfugiés à Londres. Sous forme épistolaire, on a envie d'aller à la poste voir si Georgette ou Josée y ont envoyé un courrier. Elles décrivent si bien les habitants du 19 rue des Juifs dans le marais à Paris. Cela me donne envie de lire d'autres ouvrages de Michèle Audin et de mettre mes pas dans ceux de Maxime Lisbonne, Nathalie Lemel, Lissagaray, Auguste Blanqui, Alexis Trinquet, et, même cet affreux antisémite de Rochefort.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un jour ils ont parlé de M. Flaubert, ce bourgeois réactionnaire dont Georgette aime tant les livres, et, en regardant le lit d’enfant dans ce qui est devenu la chambre d’Albert, elle lui a raconté la mort du petit Félix, le premier enfant des Meunier. Il avait deux ans, il toussait, les parents avaient d’abord cru à un rhume, mais il toussait trop, sa respiration était de plus en plus courte. Josée s’était affolée, elle avait pris son enfant dans les bras, enroulé dans une couverture, c’était en décembre, un décembre glacial, et elle avait couru, oui, couru, jusqu’à l’hôpital Sainte-Eugénie, deux kilomètres à perdre haleine, le petit Félix, le visage bleuâtre, pendu à son cou, le regard désespéré. C’est le croup, avait dit l’officier de santé. L’enfant avait détourné la tête pour repousser la cuillère d’ipécacuana, et il avait cessé de respirer. Des années après, nous avons lu L’Éducation sentimentale et elle m’a dit qu’elle trouvait les femmes riches bien heureuses, elles ne tombent amoureuses que parce qu’elles s’ennuient, leurs enfants ne tombent malades que lorsqu’elles tombent amoureuses, et, dans ces histoires de riches, les enfants qui ont le croup ne meurent pas, et nous, les travailleurs manuels, nous ne pouvons pas avoir des états d’âme comme en ont les bourgeois dans ces romans ? (p.52)
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Et ce n'est pas vrai, dit-elle, tu n'es pas rien, tu es un ouvrier bronzier, tu as organisé les sociétés ouvrières, tu as fait fonctionner la poste à Paris; il dit qu'ici, il n'est plus rien, même pas un bon ouvrier.
Nous avons notre histoire, mais, dit-elle, tu dissimules la tienne au fond de tes souvenirs, tu vas la laisser se perdre;
ne recommence pas, dit-il, je ne peux pas;
ne crois pas que les versaillais vont raconter ce que tu as vu, toi;
je le sais bien et je sais aussi que sans doute tu as raison, mais crois-moi, je ne peux pas, et pour la première fois, il lui dit qu'il a essayé, déjà, avant même qu'on le lui demande, quand j'étais caché chez toi, j'ai vraiment essayé et, je t'assure, je ne pourrai pas écrire.

Alors, raconte-moi, et j'écrirai, moi.

(p.120)
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Jacques a dit qu'il y avait beaucoup d'histoires à raconter ici, ce qui était une façon d'arrêter la conversation. C'est alors pourtant que Josée a parlé de l'étage du dessus, où elle avait habité quelque temps avec sa mère. c'était la première chose personnelle qu'Albert lui entendait dire. Elle l'a regardé et a ajouté que, de là, on voyait le génie doré de la Bastille par-dessus les toits, et Albert a corrigé doucement, le Génie de la Liberté, oui, la liberté, a-t-elle dit. Il aurait voulu lui raconter que le matin il avait pleuré en voyant un petit nuage blanc traverser le morceau de ciel bleu au-dessus de la cour, mais elle a dit qu'il était tard et Jacques a dit que demain il y avait du travail, alors ils ont débarassé la table en silence et elle a lavé la vaisselle. (p.51)
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— Mais je parle de 48. On s’est donc débarrassés du roi. C’était la dernière fois.
— Presque, a dit Pierre.
— Espérons, a dit Albert. Et cette fois, les barricades étaient victorieuses.
— C’était la dernière fois, a dit quelqu’un.
— Parce que les bourgeois étaient avec nous. Passez-moi vos assiettes, a dit Jacques.
— Ils n’étaient pas vraiment sur les barricades. C’est quand même toujours nous qui nous faisons casser la gueule, a dit Pierre.
— Et remercier par des coups de pied au derrière.
— Ils disent « le peuple » et ils pensent « nous ».
— On a planté des arbres de la liberté. Nous avons même eu un curé qui a parlé de la république démocratique et sociale avant de bénir notre peuplier, à Saint-Paul. Et puis, à peine quatre mois ont passé, et il y a eu Juin.
— L’ambiance avait changé, a dit Madeleine.
— Le quartier était hérissé de barricades. Cette fois, le père Caput se battait place Royale, qu’on appelait place des Vosges, avec des centaines d’insurgés du quartier. Ils avaient défait cinq compagnies du 18e léger et tenaient la place. Le combat avait été rude. Il y avait des amas de corps en uniforme ou en blouse dans le jardin, derrière les grilles.
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On recommence ici à mourir comme avant les massacres de mai. Plus de coups de chassepot ou de mitrailleuse. Nous avons eu des accidents de charrette une femme de la rue des Rosiers qui s’est jetée dans la Seine parce que son mari est emprisonné sur un ponton dans la rade de Brest (…) Nous ne savons rien de la petite madeleine Alary qui est partie il y a deux mois. Etienne a été condamné à la déportation. »
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