Ce livre est écrit en 1948, dans un village pour partie détruit par les bombardements. Chacun fait son examen de conscience ou plutôt l'examen de conscience de ses voisins et certains n'hésitent pas à dénoncer, provoquant emprisonnements et fusillades...
La destruction partielle de la ville oblige le partage des habitations entre plusieurs familles.
Nous sommes donc avec les Archambaud, mari ingénieur, caméléon qui sut se faire à la présence ennemi, qui partage la maison avec Gaigneux, responsable communiste et Watrin, professeur veuf mais veuf heureux puisque cocu notoire et qui se réjouit de tout ce que la vie offre (post traumatisé par les bombardements, il s'est réfugié dans un réjouissement constant paraissant niais aux autres mais dont la compagnie permet de relativiser).
Dans ce livre plein d'humour,
Marcel Aymé montre l'hypocrisie de la France au sortir de la guerre où la majeure partie se prétend résistant et où la dénonciation des collabos réels ou prétendus est un sport national.
Chaque personnage est central, la plume de
Marcel Aymé est juste et drôle... le personnage de Leopold, ancienne bête de cirque à la force herculéenne et tenancier de bistrot, est le plus emblématique. Pendant la guerre, il a désaltéré les gosiers allemands et après les bombardements accueille sur réquisition, les cours des élèves de collège et découvre Racine avec une émotion exacerbée. Andromaque l'obsède, il se veut poète... Un jour qu'il est injustement accusé par un communiste de cacher un collaborateur notoire, c'est le début de ses ennuis. Personne ne l'imagine coupable ce qui embarrasse le parti qui ajoutera des couches de mensonges pour justifier cette délation abusive. Archambaud, en offrant l'asile au collaborateur recherché, ne plaidera pas la cause de Leopold au risque de se voir lui-même prendre...
Je me suis amusée dans cette lecture.
Pour prolonger le plaisir, je vous invite à voir le film de Claude Berry, actuellement proposé sur Netflix, avec des acteurs mythiques.