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EAN : 9782268105758
216 pages
Les Editions du Rocher (25/08/2021)
3.14/5   32 notes
Résumé :
Marius, aristocrate aussi désenchanté que catholique, travaille pour un fleuron international du « développement durable ». Le PDG de l'entreprise, en bon cynique, le met en concurrence avec Priscilla, une Anglaise aussi ambitieuse que féministe. L'enjeu ? Le poste de directeur général. La guerre programmée aura-t-elle lieu ?
Avec la complicité de Sean, haut dirigeant lassé du capitalisme, Marius et Priscilla font un pacte et orchestrent une stratégie pour sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Michel Houellebecq en proclamant « Je me sens mieux depuis que j'ai découvert Marin de Viry », m'a incité à acquérir simultanément Anéantir et L'arche de mésalliance.

S'inspirant des « précieuses ridicules », c'est une satire de la langue de bois pratiquée par les cabinets conseils et de la foire d'empoigne de leurs dirigeants pour conquérir un pouvoir aussi futile que précaire.

Dans le quartier de la Défense, à l'ombre de sa grande arche, les Big Four déploient leurs efforts pour conquérir de nouveaux comptes clés puis les fidéliser en leur distillant des conseils rédigés dans une prose incongrue, politiquement correcte, prudemment précédée d'un « disclaimer » niant par avance toute responsabilité.

Pimentez le tout d'une dose de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) ou mieux de RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations), incitez l'entreprise à devenir « entreprise à mission », suggérez lui un peu de mécénat et le CEO, ou le COO et le CODIR, ravis d'être à la mode ne discuteront plus le montant des honoraires.

Marius et Priscilla ont ainsi mission de vendre un projet MBP à Sean, le big boss de StyX.

Le tout sous la houlette de Giacomo Moscovit, CEO de MBP, qui en bon Machiavel, divise pour régner et promet simultanément à Marius et Priscilla le poste de COO, signe prémonitoire d'un duel entre l'aristocrate français, et la féministe britannique.

Je ne vais pas dévoiler l'intrigue, qui est d'ailleurs aussi improbable (et donc réussie) que celle des « précieuses ridicules », mais nos modernes Mascarille, Jodelet et Magdelon offrent un rare plaisir de lecture et un regard cruel sur les incohérences des « best pratices » des organisations internationales.

Ayant souvent navigué entre les tours de la Défense depuis bientôt cinquante ans et ayant occasionnellement profité d'un bureau avec vue sur l'araignée de Calder et l'église Notre-Dame de Pentecôte, je me suis régalé en tournant ces pages qui restituent avec beaucoup de vérité les clients, les prestataires et les collaborateurs que j'observe lors de remises de rapports ou autres « Executive Summary ».

Que la lectrice ou le lecteur peu au fait des hiérarchies entre CEO et COO, directeur Exécutif et Non Exec, Associé et Senior Advisor ne s'inquiète pas ; il est inutile de connaitre la nuance entre un baron et un marquis pour apprécier Proust et « A la recherche du temps perdu ».

Un autre volet de l'ouvrage est le combat féministe mais notre romancier, plus optimiste qu'Abel Quentin dans « Le voyant d'Etampes », constate que certaines positions tranchées et psychorigides évoluent (naturellement) vers une position aussi conciliante qu'horizontale.

Marin de Viry conclut en emmenant ses personnages et ses lecteurs sur les traces de Moïse et d'Ulysse. Avant lui, Cicéron écrivait « Si hortum in bibliotheca habes, deerit nihil » … « Si tu possèdes une bibliothèque et un jardin, tu as tout ce qu'il te faut ».

C'est le bonheur que je souhaite aux lecteurs de ce roman caustique et savoureux.
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Marius et Priscilla sont tous deux mis en concurrence par leur « CEO » pour le poste de directeur général de Make a Better Place (MBP), une entreprise de la Défense. Mais cette stratégie va peut-être être déjouée par ces deux fines lames. ● A priori, ce livre avait tout pour me plaire. le pitch me renvoyait à des livres de Patrice Jean ou de Houellebecq, avec un délicieux air suranné et réac. ● Mais quelle déception ! La base même du roman est totalement invraisemblable. Où Marin de Viry a-t-il pris qu'on faisait du gros business en aidant les populations défavorisées du Kenya ? Il n'y a que des ONG ou le PNUD pour faire ça, et ça leur coûte bien plus que ça ne leur rapporte. ● C'est vraiment à croire que l'auteur ne connaît rien de rien à l'entreprise privée, dont le but est avant tout de faire du profit ! ● Enseignant à Sciences Po, ancien communiquant de Villepin, M. de Viry aurait peut-être d'abord pu enquêter sur les entreprises qui peuplent La Défense et qui n'ont absolument rien à voir avec celles qu'il met en scène. ● du coup, tout l'édifice qu'il construit dans son roman, l'intrigue tout entière, tout s'écroule sous l'effet de ce défaut premier et ses coups de patte à la modernité ne griffent que le vide. Et son style excessivement alambiqué ne rattrape pas l'échec de ce roman.
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L'arche c'est celle de la Défense , celle du monde impitoyable des affaires , des trahisons , des coups bas des compromis pour arriver au sommet et surtout pour y rester .
Tout est permis même la mise à mort symbolique car que reste-t- il quand on perd le pouvoir ?
Et puis il y a une note d'espoir , les couples les plus improbables se forment ne tenant pas compte du nombre d'années les séparant .
Un roman à l'humour caustique , décapant , aux nombreux jeux de mots et cerise sur le gâteau très bien écrit , je le souligne .
Un agréable moment de lecture et pour conclure ' rira bien qui rira le dernier ' , cette phrase est le parfait résumé .
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L'Arche, ton univers impitoyable
L'Arche, glorifie la loi du plus fort
L'Arche, et sous ton soleil implacable
L'Arche, tu ne redoutes que la mort
Dès les premières pages ce letmotiv s'est imposé à moi. Que je suis contente de ne pas avoir eu dans ma carrière à fréquenter ce monde froid, glacial, où vous croisez un tueur à chaque coin de tour!! Un roman glaçant qui, je l'avoue, m'a laissée de marbre. Que voulez-vous j'ai passé l'âge et l'envie de me mettre la tête au court-bouillon .. Honte à moi sans doute mais j'assume. Par contre la qualité de l'écriture est au rendez-vous, les amateurs de ce genre littéraire vont se régaler j'en suis certaine. Marin de Viry manie la satire et le vitriol de main de maitre !
Merci aux éditions du Rocher pour ce partage via netgalley
#LArchedelamesalliance #NetGalleyFrance
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Un roman qui a pour cadre un univers minéral et déshumanisé des tours de bureaux de la défense autour d'une arche, voulue par F Mitterand et qui choque manifestement le goût esthétique de l'auteur. Deux cadres d'une entreprise, Marius et Priscilla sont pressentis par le patron pour devenir Directeur Général et mis en concurrence pour occuper le poste. Les descriptions des activités, des objectifs, des stratégies, des personnalités des protagonistes sont un régal de Novlangue spécifique aux milieux d'affaires stigmatisant de manière très humoristique la vacuité du vocabulaire de communication qu'elle utilise. Les aspirations individuelles génèrent une guéguerre d'influences croisées qui occupe l'essentiel du temps des personnages et masquent la réalité objective de l'entreprise qu'on ne parvient pas à appréhender. Conscients et lassés de leur situation « hors sol », Priscilla, Marius et Sean se recentrent sur des relations plus humaines et terre à terre, en s'octroyant du temps pour l'amitié, l'amour, la bonne chère…
Très belle satire des milieux d'affaire avec une écriture très élaborée et bourrée d'humour.
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critiques presse (1)
LeFigaro
21 octobre 2021
Un employé catholique s’éprend d’une anglaise féministe de son entreprise. Féroce.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Elle faisait l’amour avec simplicité. Elle Ie faisait sans les gémissements de pubs pour parfums, comme ses maîtresses russes et lettonnes. Sans les cris rauques de psychanalysées, comme ses maîtresses intellectuelles de gauche. Sans les discours d'accompagnement obscènes, comme ses maîtresses fraîchement divorcées. Sans la restriction mentale de celle qui se reproche de coucher avec un male quinquagénaire dominant, comme ses maîtresses féministes. Sans fermer les yeux et sans crisper les jambes, comme une de ses maîtresses un peu bigote. Sans faire semblant de s’extasier sur sa puissance sexuelle, comme une professionnelle. Sans effeuiller des dessous ruineux, comme ses maîtresses moyen-orientales. Sans étaler sa science des postures, comme une convertie à une sagesse indienne qu'il avait fréquentée à Harvard. Sans lire mentalement le Journal du dimanche par-dessus ses épaules, comme une épouse légitime. Sans calculer les dividendes futurs de son consentement, comme les ambitieuses. Sans esprit de performance orgasmique dument répertoriée dans la mémoire de sa montre connectée sur une communauté de femmes comparant leurs pics de jouissance, comme ses collègues américaines. Elle faisait l’amour en pensant à ce qu’elle faisait. Elle I'avait voulu, et maintenant quelle l’avait, elle voulait en tirer le meilleur, avec simplicité et application.

C’était pour Sean une expérience éblouissante de retour à la nature, comme d'acheter un poisson entier plutot qu’un filet sous vide, mais en beaucoup plus intense. L’expérience allait bien avec la rugosité de son chateau féodal en ruine.
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Il n'avait plus d’avenir à MBP, c'était fini. À son âge, ce serait le dernier vrai poste de sa carrière. Il reviendrait beaucoup plus souvent chez lui. Il aurait sur le dos Rosemonde van der Treck, sa légitime épouse. Ce fut la deuxième fois qu'il pensa au suicide, pas à celui d'un autre, mais au sien. Car Rosemonde le tiendrait enfin. Rosemonde préparait le logis pour que le retour de Frank devienne un enfer. Rosemonde avait une femme de ménage malgache, mais elle tenait absolument à passer I'aspirateur elle-même quand Frank revenait à la maison.

Rosemonde le passait particulièrement dans les pièces où Frank lisait, se reposait, regardait un film, travaillait. Elle traquait son mari avec son aspirateur au volume sonore assourdissant, sous prétexte d’hygiène. Quand elle taraudait son époux avec son aspirateur, elle avait l'air d'un diablotin muni d'une fourche poussant les damnés vers un gouffre ou un chaudron, comme dans un tableau de Jérôme Bosch. Frank, sous l'effet du deuxième whisky qu'il s'était accordé après la quatrième lecture de l'enregistrement fatal, s'assoupit quelques secondes et se rêva aspiré violemment, en compagnie des moutons de poussière et des poils de leur setter irlandais gisant sous le canapé, dans la colonne en plastique du tube de l’aspirateur de Rosemonde. Il finissait sa course folle fracassé contre le filtre encrassé, et il n’y avait plus rien. Il se réveilla. Non, il ne se suiciderait pas. Il se battrait pour que Rosemonde aille aspirer ailleurs, et il espérait vaincre. Pour un homme qui, comme le disait sa biographie, avait « géré un périmètre consolidé de quinze milliards d'euros », c’était un combat nouveau et honorable.
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Un mignon grec peut avoir un nez en trompette, mais pas un leader corporate.

Deux types de nez rendent éligible aux fonctions suprêmes : d'une part, le nez de boxeur, qui signale une virilité ascendante, celle de l’homme de la rue qui s'est battu pour en arriver là, qui a pris des coups dont la marque au milieu du visage inspire le respect au commun des mortels, au nez intact et à l'hlstoire personnelle pacifique ; et d'autre part le nez à la serpe, comme taillé dans le marbre d'un seul trait, qui signale une virilité descendante, et laisse à penser que son porteur appartient à une aristocratique et immémoriaie race guerrière, et qu’il est donc dans l'ordre des choses, quand on appartient au peuple, de sortir de la tranchée derrière lui en manifestant son enthousiasme de suivre un tel chef.

Deux charismes, deux autorités, deux légitimités, mais deux seulement. Sean avait un peu le nez d'Ernst Jünger, celui d'un homme pour qui la guerre est un sport aristocratique dans lequel on consomme beaucoup de paysans, d'ouvriers et d’artisans, et qui pense que la jouissance de faire prendre des risques aux autres est largement justifiée par le risque qu’on prend soi-même, mais en vivant en seigneur.

Pour aller au bout du raisonnement, songea Marius, le nez est une paire de couilles visible par le public.
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La Grande Arche a été vendue par François Mitterrand à un parterre de privilégiés parisiens, acquis d'avance, comme un geste architectural d'une haute portée historique, symbolique et esthétique. On peut poser l’hypothèse psychologique que ce président de la République a été, pendant ses deux mandats, en crise mimétique permanente avec les rois de France. Ce serait bien naturel pour un notable provincial de formation maurrassienne, dont le destin convenu eût été de jouer au bridge au Rotary tout en pratiquant calmement l’adultère avec des beautés régionales. Ayant avancé en crabe jusqu'au sommet et, après l'avoir atteint, ayant échoué en presque tout, du déficit budgétaire en passant par l'indépendance de la France, il a voulu faire oublier les conséquences catastrophiques de son règne en les aplatissant sous des ouvrages pharaoniques. La Grande Arche, les pyramides de Pei et la Grande Bibliothèque - signatures de ses deux septennats - ont en commun leurs formes abstraites et leur affectation de simplicité grandiose, qui resteront dans l'histoire de l'art comme le style hiératique grotesque.
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Priscilla noircissait des rapports pour des institutions internationales. Elle se transformait parallèlement en châtelaine entrepreneuse. Il ne lui manquait plus qu’un hennin et un lévrier pour réincarner le féminisme du XIII’ siècle.

Paulina préparait un doctorat de lettres comparant les figures de Moïse et d'Ulysse dans la littérature du XIX’ siècle. Son directeur de thèse, un universitaire à barbe taillée et veste de tweed, lui demanda quelles raisons la poussaient à prendre ces deux figures, et quels espoirs elle nourrissait en les comparant. Elle lui répondit que sans eux, son mari n’avait pas de sens, et qu’elle pensait que ces deux figures étaient déterminantes pour beaucoup d'hommes qui refusaient d'obéir aux forces d'un destin qui ne leur était pas agréable.

Son professeur se caressa le menton une bonne minute, puis approuva son projet, qui était pourtant très risqué du point de vue de la carrière de Priscilla et de sa propre réputation. Mais il était à deux ans de la retraite. Il pouvait participer à cette charge héroïque. Il était temps de mourir au monde.
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