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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Splendeurs et misères des courtisanes commencent là où Les illusions perdues se terminent. Lucien de Rubempré, grâce au soutien du mystérieux abbé Carlos Herrera revient triomphalement dans la capitale française. Ce Paris qui l'avait dédaigneusement rejeté l'accepte maintenant les bras (presque) grands ouverts. Eugène de Rastignac, la comtesse de Sérisy et la duchesse de Maufrigneuse en font leur protégé. Il est même question d'un mariage avec la fille de la duchesse de Grandlieu.

Attention, spoiler !

Les magouilles de l'abbé Herrera visant à faire recouvrer sa fortune à Lucien font beaucoup parler et plusieurs commencent à douter. La mort d'Esther fait s'écrouler ce château de cartes. Il apparaît que cette courtisane se prostituait et soutirait des fortunes au baron de Nucingen pour les distribuer à son amoureux Lucien. le jeune homme, emprisonné, est trop faible et il n'arrive pas à se défendre correctement.

Ce roman De Balzac dépasse grandement l'histoire de Lucien de Rubempré. D'ailleurs, celui-ci, disparaît avant la fin du roman. Ce sont les femmes, des courtisanes, qui, si elles n'occupent pas toujours une place de premier plan, n'en ont pas moins un rôle déterminant. D'abord, le désir de vengeance de Mme de Bargeton et de son cercle d'amies joue pour beaucoup. Toutefois, Esther symbolise la courtisane par excellence : elle réussit à merveille à exploiter la passion du baron de Nucingen. Et ce n'est pas qu'une jolie femme. Elle tente de sa racheter de son ancienne vie de prostituée, hésite à se donner à son soupirant, sa conscience la travaille. Il y a aussi la duchesse de Maufrigneuse qui intervient dans le procès de Lucien et la comtesse de Sérisy qui va jusqu'à obtenir de son mari qu'il use de toute son influence dans l'affaire. D'un autre côté, l'épouse du juge Camesot intrigue pour favoriser l'avancement de son mari. Bref, des femmes avec leur agenda qui tissent le destin des hommes qu'elles croisent…

Ceci dit, Splendeurs et misères des courtisanes est également une histoire de rédemption. Alors que Lucien sombre rapidement dans le désespoir, tout le génie de l'abbé Herrera se met en branle. Il joue de ruse et d'intelligence contre les forces de l'ordre qui le soupçonnent être nul autre que l'ancien bagnard Jacques Collin, alias Vautrin, aussi surnommé Trompe-la-mort. Il porte le roman sur ses épaules dans la dernière partie du roman. Quand son protégé commet l'irréparable, il vit un moment de profonde tristesse et d'abattement mais se reprend vite en main. Mieux, il délaisse le crime pour rejoindre la police.

Balzac a le mérite de dépeindre réalistiquement et extraordinairement bien les Paris du début du XIXe siècle. Oui, oui, les Paris. Celui des pauvres gens, des chaumières, des ruelles sombres, des prisons, etc. Mais aussi celui de l'élite, qu'on retrouve à l'opéra et dans les salons privés. J'en retrouve l'écho dans la Recherche du temps perdu, de Marcel Proust. Malheureusement, soit les lecteurs de l'époque étaient ignares, soit l'auteur aimait s'épandre en descriptions. Parfois, son côté pédagogue m'a agacé, particulièrement quand il se sent obligé d'expliquer en long et en large la justice française, le monde des forçats, etc. Quant à moi, quelques lignes auraient suffi. Cette lourdeur m'a ennuyé plus que tout. Mais bon, les personnages, intéressants, complexes, surprenants, plus grands que nature, ont compensé amplement. Bref, j'ai fixé à mon agenda des rendez-vous avec d'autres tomes de cette fresque qu'est la Comédie Humaine.
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Nous avions laissé ce petit crétin narcissique de Lucien de Rubempré seul et désespéré à la fin des “Illusions perdues” - il y avait de quoi puisque l'andouille avait ruiné par sa bêtise et son égocentrisme son adorable soeur et son brave beau-frère - et c'est avec un plaisir mitigé que nous le retrouvons au début de “Splendeurs et misères des courtisanes” glissé à nouveau dans son rôle de dandy dépensier. Comme Lucien a-t-il effectué cette surprenante remontée ? On se doute bien qu'il n'y est pas arrivé tout seul, allez ! Car le mignon petit chien de manchon s'est trouvé un lion pour protecteur, un redoutable personnage à la carrure du taureau et au tempérament de bête fauve, le mystérieux abbé Carlos Herrera. Non content de propulser son poulain aux premiers rangs de la bonne société, celui-ci a décidé de lui faire épouser une fille de duc ni trop jolie, ni trop laide, mais abondamment dotée. Hélas, Lucien s'est amouraché d'une belle courtisane, la divine Esther dites “La Torpille” pour les intimes... Il ne veut pas s'en passer ? Tant pis, on fera avec ! Mieux encore, on utilisera les charmes de la belle pour enrichir encore davantage le jeune sot et lui ouvrir ainsi un chemin tout tracé vers la gloire et la fortune. A moins que ce ne soit vers la potence, bien entendu.

Avec ce roman, nous sommes clairement dans un format beaucoup plus feuilletonnant que celui des “Illusions perdues” et du “Père Goriot”, laissant la part belle aux rebondissements multiples et au pur divertissement. A mon sens, c'est à la fois un mal et un bien. Ce que le récit perd en finesse psychologique et en profondeur, il le gagne en vivacité et en dynamisme et ces “Splendeurs et misères des courtisanes” s'avèrent beaucoup plus digestes que les - un poil - interminables “Illusions perdues” qui les précédaient. Heureusement, la méchanceté De Balzac est toujours là, venimeuse et féroce, et c'est avec un vif plaisir qu'on le verra, tout au long de sa narration, se livrer à un matraquage enthousiaste des milieux financiers, politiques et judiciaires. Balzac se moque de tout : l'amour, le sacré, la noblesse, la richesse… Même les quelques scènes pathétiques qui émaillent le récit m'ont semblées lourdes de second degré et, même au coeur de la tragédie la plus noire, le cynisme rigolard ne manque jamais de pointer son nez.

“Splendeurs et misères des courtisanes”, c'est aussi le récit de la première grande passion ouvertement homosexuelle de la littérature française. Rien que pour ça, avouez que ça vaut le détour ! On avait déjà remarqué l'intérêt de Vautrin - réapparaissant ici sous le masque de l'abbé Carlos Herrera - pour les beaux jeunes hommes facilement influençables dans les romans précédents. Ici, cet intérêt se concrétise et se dépouille de toute ambiguïté. Clairement, ce n'est pas pour son charmant intellect que le redoutable forçat a pris sous sa protection le petit dandy superficiel, mais sans conteste pour ses beaux yeux et son joli petit cul. Pas seulement cependant. Si le goût déplorable de Herrera en matière de compagnon peut surprendre, surtout venant d'un homme aussi pragmatique et brillant (Lucien est tout de même une incroyable petite tête à claques), on l'expliquera aisément par une sorte de narcissisme à la Pygmalion. Au fond, Herrera se fout de Lucien, de sa douceur, de sa mollesse, de son égocentrisme naïf. Au delà d'un attrait purement physique, il ne l'apprécie vraiment que comme une extension de lui-même, une façon de prendre sa revanche sur la société, son “Moi beau” comme il le dit lui-même. Autant pour le romantisme.

Pas d'amour, pas de sentimentalité, pas de poésie, mais une vision très noire et pessimiste de l'humanité. Si vous êtes amatrice, comme moi, n'hésitez pas une seconde, sinon replongez vous dans Victor Hugo.
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Arraché au suicide par l'intrigant abbé Carlos Herrera, revoici Lucien de Rubempré à Paris - aussi brillant, aussi heureux qu'il en était parti accablé et défait à la fin des Illusions Perdues. Un protecteur puissant, assez d'argent pour mener un train de parfait dandy, une maîtresse aimante et dévouée, quelques amantes haut placées, un nom aristocratique reconnu... la Fortune enfin semble sourire au jeune homme, qui n'a guère plus qu'à conclure un beau mariage pour assurer sa place dans le grand monde.
Seulement... le protecteur n'est autre qu'un forçat évadé, la fortune qu'il assure à Lucien a des origines bien douteuses, la maîtresse de coeur est une ancienne prostituée qu'un homme dans sa situation ne peut pas afficher, et par ses maladresses, par ses anciens faux-pas, il a suscité quelques haines tenaces qui guettent la moindre faille pour le faire chuter.
Lucien sera heureux, pourtant, pendant quelques années. Mais la nuit où le baron de Nucingen entrevoit par accident le visage de la trop belle Esther, l'amante cachée, les choses commencent à sérieusement se compliquer. le génie tortueux d'Herrera ne sera pas de trop pour se tirer de là, mais ses machinations implacables pourraient tout aussi bien broyer l'être fragile qu'elles ont entrepris de sauver...

Si le beau Lucien ne m'avait pas vraiment manqué, quel plaisir de retrouver Jacques Collin, le Vautrin du Père Goriot, plus ambigu que jamais sous son nouveau visage de prêtre espagnol ! Sous son aile, Lucien devient d'ailleurs moins sujet qu'objet du roman, ce qui lui convient considérablement mieux. Un personnage séduisant mais passif sur lequel se cristallisent les passions des autres caractères, qui prennent face à lui toute leur ampleur, découvrent par lui leur potentiel tragique encore insoupçonné.
Deux grands amours, ici, rédempteurs et destructeurs à la fois : celui de la belle Esther, simple prostituée qui pour Lucien se fera sainte puis martyre ; celui de Jacques, criminel aussi brillant qu'implacable, à qui ce joli garçon révèle un coeur et une capacité terrible à souffrir. le premier, un peu convenu, joue avec les codes assez classiques du sordide et du sublime - il touche, pourtant, par le charme de cette femme depuis longtemps sacrifiée à l'autel des plaisirs masculins, foncièrement généreuse, déchirée entre deux visages contradictoires et inconciliables d'elle-même que son dangereux mentor manipule un peu trop bien. le second, beaucoup plus rare, a toute l'ambiguité, l'audace et la puissance de son principal personnage, il déjoue les codes sociaux établis, les rapports de classes, de sexes et de genres, il manipule celui dont il a fait son idole, domine absolument et s'offre tout entier. Peut-être plus spirituel que charnel, il est odieux parfois, par l'emprise absolue qu'il entend exercer, magnifique malgré tout, par le bouleversement total qu'il entraîne chez cet homme d'airain.

Splendeurs et Misères, pourtant, est loin de se limiter à une double histoire d'amour, aussi complexe et intéressante soit-elle. de manière tout aussi intéressante et complexe, s'y exposent également les rapports entre la Société et ses laissés pour compte, pègre et prostituées, victimes dangereuses d'un ordre inique qui écrase sans pitié ses éléments les plus fragiles, retourne contre lui-même ceux qu'il n'a pas tués. Au terme d'un palpitant duel policier entre l'ancien forçat et un trio de redoutables espions, puis d'une bataille juridique à mille rebondissements, y aura-t-il seulement un vainqueur dans cette affaire ? Au lecteur de se faire son idée, sachant que ce qui est dit diffère bien souvent de ce qui est donné à voir... Ambiguité assez balzacienne, qu'amplifie ici les besoins du roman feuilleton, dans la forme duquel l'oeuvre est contrainte de se couler.
Les rivaux De Balzac sont désormais Eugène Sue et Dumas : on y perd parfois un peu en finesse, en précision, mais on y gagne aussi en efficacité narrative, avec une succession de chapitres très courts, un peu trop parfois, dont les effets de suspense rendent vite la lecture assez addictive !

Comme j'adore relier entre eux mes centres d'intérêt, et connaissant l'admiration que vouait Oscar Wilde à Balzac comme l'effet assez violent que ce roman en particulier eut sur lui [attention, SPOILERS sur les deux bouquins dans la suite de ce paragraphe !] ("La mort de Lucien de Rubempré est le plus grand drame de ma vie", aurait-il dit... avant de connaître le vrai sens du drame), je n'ai pas pu m'empêcher de noter au passage les parallèles nombreux qui existent entre Lucien et Dorian Gray.
Deux très beaux garçons, blonds, angéliques, sensibles et influençables, sont dévoyés par un séduisant démon (Lord Henry / Jacques Collin), tombent plus ou moins volontairement dans la dépravation et le crime, causent la mort d'une femme qui les aime trop (Sibyl Vane / Coralie (également comédienne) et Esther), voire la chute de celui à qui ils doivent tout (Basil Hallward / Jacques Collin) et, rattrapés par leur conscience, finissent par se donner la mort.
La chose a sûrement déjà été étudiée - les similitudes, en tout cas, sont vraiment intéressantes, et il faut bien noter au passage que le blondin angélique d'Oscar est sacrément plus accrocheur que celui d'Honoré :-)
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Splendeurs et misères des courtisanes est un roman d' Honoré de Balzac .Ce
livre fait suite à "Illusions Perdues". Dans ce livre, l' auteur met en scène les
aspects souterrains ( les bas-fonds) de la société, en explorant le monde du
crime et de la prostitution .
le monde du crime est dominé par un personnage diabolique et satanique du
forçat évadé, Don Carlos Herrera qui connaîtra une forme de rédemption sociale
dans sa dernière incarnation.
Dans le monde de la prostitution, on trouve une jeune prostituée, Esther, rache-
-tée par son amour pour Lucien de Rubempré.
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Je conclus avec Splendeurs et Misères des courtisanes la lecture de "La trilogie (non officielle) Vautrin", débutée par le père Goriot et poursuivie avec Illusions Perdues.

Si le lien entre les deux précédents livres m'avait paru assez ténu, Splendeurs et Misères des courtisanes permet de jeter des ponts bien plus solides entre ces trois ouvrages. Et c'est évidemment le personnage de Jacques Collin, alias Vautrin, alias Trompe-la-Mort, alias don Carlos Herrera qui établit ces liaisons.
Son importance est telle que Balzac en fait le véritable "héros" de Splendeurs et Misères des courtisanes, sans qui rien de toute l'action du livre n' aurait été possible. D'où une légère déception de ma part, puisque ma lecture était avant tout motivée par mon envie de retrouver Lucien de Rubempré. En effet, bien qu'étant le personnage qui motive tout ce qui se passe dans le livre, il n' apparaît réellement que par petites touches.

C'est que le petit Lucien est devenu un de mes péchés mignons, un personnage que, malgré (mais c'est sûrement plutôt à cause de) ses faiblesses et sa lâcheté, je n'ai pu m'empêcher d'adorer ! (Décidément ce Lucien ne laisse indifférente aucune femme croisant son chemin^^)
C'est pourquoi il peut sembler paradoxal que j'aie savouré la fin de mon petit Lucien. Quel moment ! Alors même qu'il n'y avait pas le moindre effet de surprise pour moi puisque je connaissais déjà sa destinée, je me suis délectée de ses derniers instants. Balzac a su donner un dénouement juste parfait, à la hauteur du personnage et faisant miroir à la rencontre de Lucien avec le faux abbé Jacques Collin dans Illusions Perdues.
En résumé, j'aurais aimé passer plus de temps en compagnie de Lucien avant le grand adieu néanmoins digne de lui.

Il n'était cependant pas désagréable de suivre Jacques Collin dans ses machinations. le personnage gagne en consistance par rapport à sa première apparition dans le Père Goriot. Quant à l'autre personnage essentiel du roman, Esther van Gobseck, je dois avouer qu'elle m'a laissée malheureusement assez insensible malgré les efforts De Balzac pour nous la rendre sympathique, au contraire du banquier Nucingen, vieil homme qu'il nous décrit comme ridicule et par ailleurs détestable, mais qui m'a pourtant touchée par son amour infortuné.
De manière générale, ce roman est une mine d'or pour ceux qui aiment disséquer le tissu complexe des relations qu'entretiennent les personnages entre eux. La description faite du milieu judiciaire et pénitentiaire de la 1ère moitié du XIXe siècle est également intéressante.

Je vous laisse sur ces mots d'Oscar Wilde qui sont absolument délicieux : " Une des plus grandes tragédies de ma vie est la mort de Lucien de Rubempré. C'est un chagrin qui ne me quitte jamais vraiment. Cela me tourmente dans les moments de ma vie les plus agréables. Cela me revient en mémoire si je ris. "
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Lucien de Rubempré de retour dans la capitale après Les illusions perdues s'affiche au bras d'une courtisane, Esther, mais celle-ci sous les critiques décide de mettre fin à ses jours. Sauvée in extremis par l'abbé Herrera, elle est envoyée dans un monastère où elle découvre la religion, puis retourne dans la société pour devenir la maîtresse cachée de Rubempré. Car celui-ci doit convoler en justes noces avec une héritière aristocrate et richissime, sous la houlette de l'abbé (qui n'est autre que Vautrin, l'escroc vu dans le père Goriot notamment).

Escroquerie en passe de réussir, si le baron de Nucingen ne tombait pas amoureux d'Esther, devenant la proie de l'abbé qui veut en profiter pour spolier l'homme d'affaires. Et n'envoyait pas Contenson, vite aidé des policiers Corentin et Peyrade à la recherche de la belle. Ceux-ci sont vite conscients que rien n'est clair : Rubempré n'a pas de fortune personnelle et le baron se fait rouler dans la farine (avec un plaisir manifeste, il faut le dire, le vieil homme n'avait jusque-là pas connu l'amour).

Écrit sur presque 10 ans, Splendeurs et misères des courtisanes est sans aucun doute le roman le plus feuilletonnesque De Balzac, comprenant quatre parties bien distinctes et 273 personnages (j'avoue, ce n'est pas moi qui les ai comptés). Si le roman comporte quelques longueurs, Balzac navigue avec aisance entre les différents milieux décrits dans le livre : l'aristocratie, le monde des affaires, la bourgeoisie parisienne et celle de province, la police et les services secrets, les bas-fonds parisiens et bien sûr le monde des demi-mondaines même si celles-ci sont la portion congrue du livre, puisque l'auteur s'intéresse plus à la lutte entre Vautrin/Herrera et les policiers qu'aux jeunes femmes de petite vertu.
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Ce roman clôt la trilogie formée par le Père Goriot et Illusions Perdues, et parachève le tableau de la conquête de la vie par l'argent. Il a dévoré l'amour filial, la poésie et la créativité et ici, le tour de l'amour est venu. On trouvera de très belles figures féminines, des intrigues poignantes et une tragédie moderne, divisée en brefs chapitres (Balzac publiait ce roman en feuilletons dans la presse). Il est donc plus facile au lecteur de le lire à petites doses, qu'Illusions Perdues, composé de gros blocs narratifs malaisés à diviser.
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Il y a quelques semaines j'avais entrepris la lecture de « Le Père Goriot » et de « Illusions perdues ». Lectures enthousiasmantes. Aussi me fallait-il conclure avec Splendeurs…
On abandonne alors quelque peu le monde des parvenus pour un monde plus glauque: celui des brigands et des prostituées, élégamment nommées courtisanes.
« Une peinture des moeurs » de l'époque comme se plait à le souligner Balzac lui-même.
Cette facette de « La Comédie Humaine » est pour ce qui me concerne moins intéressante. Je n'ai pas retrouvé toute la puissance et l'élégance des précédents récits. Ici, on a tendance à se perdre rapidement dans le fouillis d'une intrigue aux ressorts rocambolesques et dans une foison de personnages aux noms multiples. Un polar du XIXème siècle.
C'est bien sûr toujours le monde du paraître et des parvenus, mais surtout le monde du faux: fausses dettes, faux évènements, faux témoignages, faux personnages; mais vrais tourments pour Lucien…Tout est manipulation orchestrée par le bagnard Collin alias Vautrin alias Carlos Herrera, personnage central du roman.
La portée politique de ce volet est nettement moins évidente que les récits précédents; on assiste plutôt à une chronique de faits divers et judiciaires. Les cibles désignées De Balzac sont cette fois les aristocrates qui ne sont nobles que par le nom et les bonnes âmes philanthropiques.
Voilà pour mon appréciation, cette fois tempérée, au premier degré de ce roman. Reste inégalables le style De Balzac et son art de la description de toutes choses.
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Six mois se sont écoulés depuis que j'ai lu Illusions perdues, mais ce cher Lucien est toujours resté quelque part dans mes pensées, et je me suis souvent demandé qu'est-ce qu'il est devenu.
Et le voilà qui revient à Paris triomphant et riche, au grand étonnement de tous. Il récupère son titre de Rubempré, s'attire l'affection de quelques grandes dames aristocrates et songe même à en épouser une.
Dans ce récit, nous avons une multitude de personnages, mais Balzac les a chacun extrêmement bien travaillé. Son talent réside dans le fait qu'on ressent pour chaque personnage une émotion différente. Lors de la lecture, on a vraiment l'impression de les côtoyer, de connaître leurs états d'âme et de partager un bout de leur existence fictive.
Il y a d'abord Lucien, pour lequel j'ai toujours eu des sentiments partagés entre l'indulgence - étant donné tous ses déboires depuis ses débuts à Angoulême - et l'agacement face à son caractère égoïste, inconstant, faible et ambitieux. Je lui reproche encore et toujours sa paresse et sa vanité, qui le perdront ! Et quel échec, mais chut je n'en dirais pas plus ! D'ailleurs, il s'efface un peu dans cette histoire au profit de l'abbé Carlos Herrera, alias Jacques Collin, alias Vautrin, alias Trompe-la-mort, qui à mes yeux est le personnage principal. Sous ces différentes identités se cache un des personnages les plus diaboliques et cruels que j'ai rencontré dans mes lectures.
Le titre parle des courtisanes, mais celle qu'on ne saurait oublier ici est Esther. Je n'ai ressenti que de la pitié pour cette pauvre créature, aveuglée par l'amour et en même temps l'objet des machinations machiavéliques et des convoitises de tout le monde !
Balzac taillade toute cette société parisienne du XIXème siècle et leurs faiblesses: comment ne pas trouver ridicule le baron Nucingen, qui croit acheter choses et gens avec son argent mais qui est pris dans les affres de la passion amoureuse ? Et même, ces maris et femmes, qui restent stoïques, voire indifférents, devant l'adultère avéré de leur conjoint ?
Il nous décrit aussi minutieusement le système judiciaire et le droit criminel de l'époque, l'argot des rues, les conditions de vie des courtisanes etc. Sur ce point, il me rappelle un peu les sujets évoqués par Victor Hugo dans Les Misérables, mais la poésie et la plume engagée en moins.
Le style d'écriture est très riche, grandiloquent, fouillé mais complexe. Ce ne fut pas facile tout le temps, même pour moi, lecteur aguerri, d'autant plus que le rythme était lent, les descriptions plus détaillées et longues. Seuls deux aspects m'ont agacé: le style allemand-juif contrefait par Balzac pour le baron Nucingen, et les multiples allusions à ces autres ouvrages.
Si je n'ai pas été aussi époustouflé que le premier tome, je garderai de très bons souvenirs de cette lecture. A lire ? Oui si vous aimez l'univers balzacien !


Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Je me découvre une passion sur le tard pour Balzac que jusque là je considérais comme un auteur barbant, conventionnel et fait pour être étudié au lycée. J'avais lu "le père Goriot" pendant mes études et je n'avais pas été emballé. Mais cet été 2018, je m'y suis remis après avoir entendu Michel Houellebecq en parler et pour une allusion dans le film "Pierrot le Fou" de Jean-Luc Godard. J'ai donc lu "César Birotteau" que j'ai adoré et ces trois derniers jours, j'ai donc lu avec beaucoup de plaisir cette histoire de courtisanes et le plaisir continue. C'est croustillant, plein de verves, de personnages hauts en couleur. Balzac est un génie mais il faut quand même s'accrocher car il n'explique pas tout, il faudrait un glossaire des personnages. J'avoue que parfois je me suis perdu mais ce cher Honoré ne laisse pas tomber ses lecteurs. En une page, il nous remet sur les rails et c'est reparti.
Ce roman est l'histoire d'une machination inventée par quelqu'un qui veut se faire passer pour un curé (c'est le Vautrin du Père Goriot) et qui décide de prendre un jeune provincial sous sa coupe et de remettre une courtisane (pour ne pas dire une prostituée) dans le droit chemin.
Au passif, je n'ai pas compris pourquoi l'auteur tente d'expliquer au lecteur pendant pas mal de pages et façon encyclopédie le fonctionnement du système judiciaire français. Mais à part ça, ce n'est que du bonheur littéraire. Je n'ai presque rien lu De Balzac mais je me demande si cette histoire de courtisanes (dans laquelle s'imbrique bien d'autres histoires) n'est pas le point culminant de l'oeuvre de la Comédie Humaine.

lecture : novembre/décembre 2018
sur Kindle (équivalent 694 pages)
note : 4/5
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