Cette histoire est narrée comme un conte à la poésie langoureuse. La langue est simple mais méticuleuse. le récit est court et pourtant, en tournant la dernière page, on garde l'impression d'avoir vécu une vie, ses longueurs et ses impatiences, ses merveilles et ses émois, d'avoir vu les saisons défiler et les années marquer leur empreinte dans les coeurs. Une nostalgie douloureuse habite cette histoire, similaire à la nostalgie qui hante son personnage principal, Hervé Joncour, qui achète et vend des vers à
soie, enchaîne les voyages à l'autre bout du monde, depuis la France jusqu'à ce Japon qui s'ouvre à peine et gronde de querelles intestines. En France, Hervé Joncour, qui vend des vers à
soie, abandonne derrière lui à chacun de ses voyages une épouse aimante à la voix de velours, et qui l'attend toujours. Au Japon, Hervé Joncour, qui achète des vers à
soie, découvre un désir interdit, se charge d'une attente impossible, s'abandonne à la mélancolie de ce qui ne peut exister. Tiraillé entre les deux pôles d'une existence dont il est le témoin passif et contemplateur, Hervé Joncour amasse en richesse ce qu'il perd en joie. Ce récit d'une finesse rare se déroule tel un fil de
soie et se conclut dans une poésie tragique qui rappelle la fragilité des êtres, des liens, et du temps qui passe.