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3,86

sur 1594 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Par des temps où l'on en vient à vous seriner que tout voyage est imprudent autant l'effectuer dans le temps. Paru en 1944, toujours actuel ! le présent n'est-il pas le résultat déjà dépassé des passés ? Pour s'évader de la médiatisation outrancière d'un épiphénomène avant tout lié à la surpopulation de l'espèce invasive dont les carnages sont passés sous silence, quoi de mieux que ce voyage dans le temps avec René Barjavel ?


Autant j'avais émis des réticences pour Ravage, autant je suis fan inconditionnel de celui-ci. Vraiment il y a tout, jusqu'à toucher le néant et le paradoxe du temps. Oserai-je en une ellipse : Jules Verne sans les longueurs ? Alors même si vous n'avez pas le temps : prenez-le ! C'est la tournée à René ! "Le présent, est-ce le moment où je déguste cette merveilleuse liqueur ? Non ! Tant qu'elle n'a pas atteint mes lèvres c'est l'avenir. Quand la sensation de son goût, de sa chaleur, qui m'emplit la bouche, quand ce plaisir atteint mon cerveau, il a déjà quitté mon palais. C'est le passé. L'avenir sombre dans le passé dès qu'il a cessé d'être le futur. le présent n'existe pas." p.45


P.S. Oui, oui : en Mars 1958 Barjavel complète par un magistral post-scriptum : "Etre ET ne pas être, voilà la question. A moins que ce ne soit une réponse..." p.245
Elémentaires particules qui donnent toute sa noblesse à cet incontournable !
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J'ai tout simplement adoré ce roman. Barjavel est un grand. A lui l'expression Etre et ne pas être ! Un peu de noélite ? Volontiers, quelles découvertes allons nous faire en voyageant dans le temps, cher professeur !
Il y a tous les ingredients dans ce livre : le scientifique extrêmiste, la belle âme amoureuse, l'élève studieux grisé par les découvertes, le futur, le passé (modifié et modifiable à souhait), la vieille servante ressucitée effrayée par ces expériences et une reflexion sur le temps qui va jusqu'à démontrer l'impossible.
Une très belle découverte.
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« Un voyageur imprudent » de Barjavel publié un peu après le célèbre « Ravage » en est une suite… ou un prequel ! Oui comment le placer dans le temps ? Futur, passé, présent… Dur à définir à la sortie de ce livre ! Un roman qui se veut rempli de pensées philosophiques sur le temps, l'évolution de l'humanité, l'amour, la science… Un roman qui surpasse de très loin le plus connu « Ravage » même si on retrouve la misogynie dérangeante de l'auteur !

Nous nous situons donc dans les années 40, temps de guerre, Vichy et compagnie. Temps sombres où un professeur de mathématique rencontre un autre savant qui a découvert une matière qui permet de figer le présent. Avec cette matière, il devient possible de voyager dans le temps !

Les voyages dans le temps m'ont toujours passionné… A commencer par « Retour vers le futur » qui a bercé mon enfance ! Il y a eu aussi les écrits de Wells (que je n'ai pas lu) et puis donc ce Barjavel que j'étais impatient de commencer ! Des voyages en 2052 (quel hasard !), à la fin du XIXe et du XVIIIe mais aussi au Me.

Et c'est en 100 000 après JC que la fantaisie de Barjavel nous frappe. On avait bien vu qu'il était visionnaire pour 2052 alors on ne peut s'empêcher de s'inquiéter pour notre avenir évolutif… L'humanité devient C'est tout simplement fascinant et flippant à la fois surtout que Enfin, je ne dévoilerai rien du dénouement de l'histoire mais je pense qu'on ne pouvait trouver plus belle fin ! Une des meilleures que j'ai lue certainement…

A côté de cela, il y a aussi l'histoire d'amour entre le héros et la fille du scientifique fou… Une histoire pas si simple au milieu de tout ce monde de sciences. Barjavel arrive également à glisser de sacré rebondissement qui nous fait accélérer le rythme cardiaque

Ainsi pouvons-nous changer le passé ? Qu'arrive-t-il quand nous le changeons ? L'évolution, la cruauté, l'histoire de l'Humanité s'inscrit elle dans un dessein qui ne saurait être modifié ? C'est toutes ces questions qui sont explorées dans cet excellent bouquin que je recommande ! Et pas besoin d'avoir lu Ravage même si la fin de ce dernier et dévoilée !
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« le voyageur imprudent », deuxième volet des "Romans Extraordinaires" de René Barjavel. Il s'agit là d'une « uchronie » plutôt bien ficelée.
Certes, le genre n'est pas nouveau et Wells - pour ne citer que le plus connu - avec « La machine à explorer le temps » avait ouvert la voie du voyage dans le temps avec quelques autres à la fin du siècle précédent.

La filiation du « Voyageur imprudent » avec « La machine à remonter le temps » est quasi évidente et clairement assumée par Barjavel. Malgré tout, l'art de Barjavel aura été d'élargir le propos : puisqu'on peu voyager dans l'avenir, pourquoi ne pas voyager également dans le passé…et pourquoi ne pas tenter de modifier quelque peu celui-ci afin d'éviter à l'Histoire de l'humanité quelques convulsions dévastatrices dont elle a le secret ?

L'histoire commence par la rencontre de Pierre Saint-Menoux, un mathématicien mobilisé dans les chasseurs pyrénéens au début de la seconde guerre mondiale, et le savant Noël Essaillon, le scientifique qui supervise les explorations dans le futur.
Elle se poursuivra par une visite dans le passé et la tentation par le couple Saint-Menoux/ Essaillon de modifier celui-ci afin « d'éviter à tous quelques grands malheurs collectifs ». Saint-Menoux fera donc le déplacement à la veille du 16 septembre 1793, au moment du siège de Toulon mis en place par Bonaparte Bonaparte qui n'est alors qu'un simple officier de l'armée révolutionnaire.
Le tuer à ce moment là évitera-t-il les développements historiques futurs vers Napoléon Bonaparte et l'Empire ? C'est justement pour le savoir que Saint-Menoux est venu l'abattre… C'est compter sans la présence sur les lieux de Durdat, grand père de l'imprudent voyageur.

C'est par ce « roman extraordinaire » que je suis entré à quinze ans dans le monde tel que le voyage spatio-temporel nous permet de l'imaginer, voire de le modifier ; et je reste un inconditionnel du genre…
L' « uchronie » : un exercice difficile dont Barjavel nous offre ici une illustration saisissante.
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l peut se lire dans la continuité de Ravage..D'ailleurs Barjavel p127 lui-même nous y invite par un aparté..

Toujours été fascinée par le voyage dans le temps, les machines et combinaisons expérimentales, j'ai vite été emmenée avec Saint-Menoux et son scaphandre, les boutons à actionner, jusqu'à, ( même... si.... je le pressentais) flirter avec l'imprudence, car tout voyage ne présuppose-t-il pas un moment de lâcher-prise ?

Les bonds dans le temps sont autant de promesses et de risques : y aller c'est envisager aussi d'y rester, d'y séjourner, de prolonger les voyages, à se projeter aussi ne passe-t-on pas à côté de ce qui se déroule au présent ? Faut-il alors poursuivre ?

Une quête pour les curieux, pour ceux qui voudraient explorer non pas quelques decennies, quelques siècles..mais bien davanatge des centaines de milliers d'années...et qui pose d'autres questions d'ordre métaphysique et éthique : quête du bonheur, l'amour, le progrès et la science, l'existence, la relation au monde, du monde et aux temps..
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Beaucoup connaissent ravages ou la nuit des temps de Barjavel, mais peu connaissent cette petite merveille. Je trouve que ce roman va bien au delà de "la machine à remonter le temps". L'idée ici n'est pas juste une visite du future, mais une perdition du personnage principal, de l'humanité, de tout ce qui constitue pour l'humain une certitude...
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Une des mes premières lectures d'adolescent ou se mélangent le romansque et la science fiction . L'auteur y évoque un futur très éloigne, il crédite son périple de réalité et de vraisemblances. A l'époque où Barjavel écrit son roman, la notion même de voyage dans le temps est très peu explorée , ce qui le rend d'autant plus intriguant et intéressant. le roman salur l'imaginaire de l'auteur et stimule celle du lecteur . A lire absolument
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Imprudence de ne pas avoir lu ce livre à la suite de Ravage et de l'avoir laissé dans le présent, enfin le passé... plutôt le conditionnel ? Bref, fut ma lecture tellement j'ai été absorbé, ravagé par celle-ci. Certes, il n'y a rien de vraiment neuf, mais j'ai adoré. On pressent la tragédie ; Barjavel nous prolonge sa venue, jusqu'aux derniers instants

J'ai trouvé sa réflexion plus évoluée en comparaison : le récit ne s'arrête pas à une civilisation agraire, tourné uniquement vers le mâle, sorte de retour à des prétendues racines. Il va plus loin, où le genre humain se confond, s'absorbe et se questionne sur son devenir. Finalement, tant de temps ne tend pas à nous rendre tendre... et beaucoup d'ans pour n'enfanter qu'accident !

L'obsession pour le passé peut nous faire commettre des imprudences, alors essayons d'aller de l'avant en se libérant de ce fantôme vert qui nous pourchasse et crie dans nos cauchemars, que nous oublions en nous levant
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. « Le voyageur imprudent » est avec « Ravage » l'un des deux meilleurs livres de Barjavel. Tous deux écrits la même année (1943) et se situant dans la tradition très riche de la science fiction française d'avant-guerre ( à ce sujet, on peut lire « Panorama de la Science-Fiction « , de Jacques van Herp, à rechercher d'occasion sur internet) et non à la Science-fiction de mouvance américaine, à laquelle se rattache directement la SF française contemporaine.
« le voyageur imprudent » traite d'un thème très porteur, le voyage temporel, et Barjavel y a formulé ce qu'on appelle le « paradoxe du grand-père » (à ne pas confondre avec la « clause du grand père » chère à notre président de la république)
Il s'agit de la possibilité ou non de modifier son propre passé, et des conséquences d'une telle modification. Barjavel le formule en fait dans sa post-face ajoutée en 1958 ; je la reprends en citation, mais en cite dès à présent un extrait, pour bien cerner la question (étant rappelé que le héros, souhaitant assassiner Napoléon, n'a réussi qu'à tuer son propre aïeul, soldat dals l'armée de l'Empereur.) :
« Il a tué son ancêtre ? Donc il n'existe pas. Donc il n'a pas tué son ancêtre. Donc il existe.
Donc il a tué son ancêtre. Donc il n'existe pas… »
c'est évidemment une aporie dont il est difficile de sortir ; cependant, et curieusement, Barjavel esquisse un peu plus loin une piste dans ce sens :
« Non, ce n'est pas alternativement que Saint-Menoux existe et qu'il n'existe pas. C'est en même temps. Ses deux destins, ou plutôt son destin et son non-destin sont simultanés. À partir de l'instant où son ancêtre frappé par lui est mort, pas et existe à la fois, car n'existant pas il n'a pas pu tuer et, de ce fait, il existe et tue »
On retrouve ici, formulée d'une autre manière, le célèbre paradoxe du chat de Schrödinger, mais il ne semble pas que Barjavel ait entendu s'inspirer de la mécanique quantique. Au demeurant, il ne voit pas une solution dans sa formulation, mais un développement de son aporie.
Il est vrai que, comme l'a dit Richard Feynman « si vous pensez avoir compris la mécanique quantique, c'est que vous ne l'avez pas comprise »
D'autres auteurs de science-fiction ont cependant trouvé des solutions permettant de modifier le passé tranquillement.
Ainsi, selon Poul Anderson dans « la patrouille du temps », il suffit que l'agent modificateur soit arrivé dans le passé qu'il va modifier un instant avant son intervention pour que son existence dans ce continuum soit assurée, comme un effet sans cause, en vertu de sa propre intervention, et même si cette dernière empêche sa propre naissance, en vertu de la discontinuité temporelle (je ne suis pas sûr de bien comprendre de quoi il s'agit) Donc le passé est modifié, le futur aussi, le responsable de la modification continue à exister, donc la modification ne se remet pas en cause elle-même, et il ne reste plus qu'à attendre Manse Everard et les autres patrouilleurs temporels.
On trouve d'ailleurs de multiples autres patrouilles du temps dans la littérature de SF.
D'autres ont imaginé que l'intervention du voyageur temporel provoque une bifurcation du temps et la création de deux univers parallèles :
-l'un où, pour en revenir au Saint-Menoux de Barjavel, il tue son ancêtre ; il appartient désormais à cette ligne de temps, et ne peut pas revenir dans le futur qui était son présent, puisqu'il n'existe plus dans ce continuum. Mais il peut éventuellement se rendre dans le futur qu'il a créé.
-et l'autre où il n'a pas tué son ancêtre ; il n'y a pas de bifurcation temporelle, pas de création d'une nouvelle ligne du temps. Rien ne l'empêche de revenir où il vient ( enfin si d'autres bifurcations temporelles n'existent pas en aval, dès lors il ne pourra jamais revenir à son futur de départ). Et nous voilà dans les Univers parallèles..
D'autres auteurs ne se soucient pas trop de la question, tel Stephen King dans « 22/11/63 » où le narrateur remonte et redescend allègrement la ligne temporelle. Dans ce dernier livre, il y a une réflexion intéressante sur la difficulté de modifier le passé dans le sens que l'on souhaite, en raison de l'enchevêtrement des causes et des conséquences : le héros s'efforce de sauver JFK, y parvient avec bien des difficultés, et constate alors que son intervention a eu des conséquences catastrophiques. Il ne lui reste alors qu'à retourner dans le passé pour rétablir la situation antérieure. Vanité des voyages dans le temps



.C'est Sartre, je crois, qui a dit que la chose la plus difficile au monde était de faire ce que l'on veut (c'est tout ce que j'ai retenu de l'existentialisme), parce qu'on ne connait pas les conséquences de ce que l'on fait.
n- pourrait encore faire observer que le paradoxe a une limite biologique. En effet, j'ai deux parents, quatre grands-parents, huit arrière-grand-parents...et ainsi de suite. Comme dans le conte du grain de riz et de l'échiquier, la progression est exponentielle, et il en résulte qu' en l'an mil (et même beaucoup plus près de nous) j'ai un nombre d'ancêtres plusieurs milliers de fois supérieur à la population totale de la terre. C'est évidemment impossible, toutes les lignées se recoupent, l'ensemble des hommes vivant aujourd'hui descend de l'ensemble des hommes vivant au Moyen-Âge ayant eu une descendance, nous sommes tous cousins, et nous descendons tous de Charlemagne et de Saint-Louis.
Donc si je tue l'un de mes lointains ancêtres, il est probable que cela ne changerait pas grand-chose pour moi, puisqu'en réalité son ADN ne se retrouve pratiquement pas dans le mien.
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Encore un ressenti plus qu'une critique. Comment pourrais-je critiquer un auteur comme Barjavel, "mon" Barjavel.
Une fois de plus le charme a opéré. Je me suis glissée dans cette aventure que je qualifierais de "roman d'anticipation philosophique". J'ignore si cette catégorie d'ouvrage existe mais c'est un ressenti! :)
Que ferions nous si nous avions la possibilité de voyager dans le passé et dans le futur? Essayerions nous de changer quelque chose? Est-il possible et souhaitable de le faire?
Avec son style inimitable, simple, élégant poétique,sensuel, cinglant et humoristique René Barjavel pose toutes ces questions là avec, au final, toujours cette immense tendresse pour l'être humain avec ses défauts et ses faiblesses.
Merci d'avoir existé et d'exister encore Monsieur Barjavel. L'éternité existe bel et bien.
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