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3,85

sur 1614 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au-delà de la" Machine à explorer le temps" de Wells, le héros de Barjavel commence par explorer le futur proche, puis le futur lointain où ce qu'il voit n'est pas très réjouissant pour notre avenir.
Son analyse le porte à penser que nos malheurs découlent des décisions napoléoniennes ... mais ...

Depuis on appelle ça "le paradoxe du grand'père", paradoxe temporel, qui occupe aussi bien les physiciens que les auteurs de SF
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Comme pour chaque livre, la seule question qui subsite une fois la lecture achevée est de savoir s'il m'a suffisamment plu, interpellé, questionné ou émerveillé pour que je souhaite me replonger un jour dedans et parcourir une nouvelle fois ses pages. La réponse est un grand oui ! J'ai adoré ce roman, surtout pour sa fin pour être honnête que par ce qu'il s'y passe au milieu. Je recommande vivement à toutes et tous de le lire.
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le voyageur imprudent
René Barjavel (1911-1985)
Jouer avec le temps a de tout temps inspiré les écrivains de science fiction : on a lu « La machine à explorer le temps » de H.G.Wells et on retrouve ici René Barjavel qui nous a régalé déjà avec « Ravage » ou encore « La nuit des temps ».
Ici le héros s'appelle Pierre de Saint-Menoux : on fait connaissance avec lui alors que fait rage la Seconde Guerre Mondiale. Mathématicien de son état et professeur au lycée Philippe Auguste, combattant en cette période d'affrontement au grade de caporal, il rencontre le physicien et chimiste Noël Essaillon et sa charmante fille Annette. Essaillon est un homme gourmand des joies de l'esprit et curieux de l'avenir. Les calculs de Saint-Menoux ont conduit Essaillon à une curieuse découverte et la mise au point d'une substance qui permet de voyager dans le temps à partir de la réflexion suivante :
« L'avenir sombre dans la passé dès qu'il a cessé d'être futur. le présent n'existe pas. Vouloir l'éterniser, c'est éterniser le néant. C'est ce que j'ai fait, s'écrie Essaillon. »
Il espère ainsi pouvoir agir sur le bonheur de l'humanité en allant dans le futur voir ce qu'elle est devenue et en revenant dans le passé pour apporter les modifications utiles :
« Je ne prétends pas réformer les hommes et éviter à chacun les souffrances qu'il se fabrique. Mais nous pourrions peut-être éviter à tous quelques grands malheurs collectifs. »
Pierre de Saint-Menoux va donc être l'homme de main d'Essaillon car lui même se sent trop âgé pour tenter l'expérience, du moins dans un premier temps.
le premier bond dans le temps se fait vers l'an 2052, et ô surprise, le nature du courant électrique a changé, complètement changé et les conducteurs classiques ne remplissent plus leur fonction. La catastrophe vient de se produire comme l'avait prévu Nostradamus. C'est la découverte d'un monde d'après cataclysme.
Publié en 1944, ce roman est une sorte de fable qui conduit à une réflexion sur l'humanité en général plutôt que sur la nature du temps. Encore que le paradoxe temporel évoqué dans la post-face de l'auteur publiée en 1958 laisse rêveur ! Une réflexion également sur l'évolution du langage. Et aussi un petit roman d'amour…
La vision que Barjavel a de l'humanité future, dans 100 000 ans par exemple, fait peur ! Que sera devenu l'amour qui semble bien avoir pris là une voie sans issue !
« L'homme est devenu peu à peu, au cours des siècles, la cellule d'un corps social parfait. Il ne voit, n'entend, ne sent que ce qui concerne sa tâche, dont rien ne le détourne. Il ne connaît ni la souffrance, ni le regret, ni l'envie. »
Et la méthode de reproduction a bien changé…!
Dans un style attrayant et joyeux, non dénué d'humour, aux accents souvent rabelaisiens, Barjavel nous offre une belle illustration du paradoxe EPR (Einstein-Podolsky-Rosen) présenté en 1935 qui concerne le principe de localité des particules en physique quantique.
Une fable jubilatoire à lire !
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Imprudence de ne pas avoir lu ce livre à la suite de Ravage et de l'avoir laissé dans le présent, enfin le passé... plutôt le conditionnel ? Bref, fut ma lecture tellement j'ai été absorbé, ravagé par celle-ci. Certes, il n'y a rien de vraiment neuf, mais j'ai adoré. On pressent la tragédie ; Barjavel nous prolonge sa venue, jusqu'aux derniers instants

J'ai trouvé sa réflexion plus évoluée en comparaison : le récit ne s'arrête pas à une civilisation agraire, tourné uniquement vers le mâle, sorte de retour à des prétendues racines. Il va plus loin, où le genre humain se confond, s'absorbe et se questionne sur son devenir. Finalement, tant de temps ne tend pas à nous rendre tendre... et beaucoup d'ans pour n'enfanter qu'accident !

L'obsession pour le passé peut nous faire commettre des imprudences, alors essayons d'aller de l'avant en se libérant de ce fantôme vert qui nous pourchasse et crie dans nos cauchemars, que nous oublions en nous levant
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. « Le voyageur imprudent » est avec « Ravage » l'un des deux meilleurs livres de Barjavel. Tous deux écrits la même année (1943) et se situant dans la tradition très riche de la science fiction française d'avant-guerre ( à ce sujet, on peut lire « Panorama de la Science-Fiction « , de Jacques van Herp, à rechercher d'occasion sur internet) et non à la Science-fiction de mouvance américaine, à laquelle se rattache directement la SF française contemporaine.
« le voyageur imprudent » traite d'un thème très porteur, le voyage temporel, et Barjavel y a formulé ce qu'on appelle le « paradoxe du grand-père » (à ne pas confondre avec la « clause du grand père » chère à notre président de la république)
Il s'agit de la possibilité ou non de modifier son propre passé, et des conséquences d'une telle modification. Barjavel le formule en fait dans sa post-face ajoutée en 1958 ; je la reprends en citation, mais en cite dès à présent un extrait, pour bien cerner la question (étant rappelé que le héros, souhaitant assassiner Napoléon, n'a réussi qu'à tuer son propre aïeul, soldat dals l'armée de l'Empereur.) :
« Il a tué son ancêtre ? Donc il n'existe pas. Donc il n'a pas tué son ancêtre. Donc il existe.
Donc il a tué son ancêtre. Donc il n'existe pas… »
c'est évidemment une aporie dont il est difficile de sortir ; cependant, et curieusement, Barjavel esquisse un peu plus loin une piste dans ce sens :
« Non, ce n'est pas alternativement que Saint-Menoux existe et qu'il n'existe pas. C'est en même temps. Ses deux destins, ou plutôt son destin et son non-destin sont simultanés. À partir de l'instant où son ancêtre frappé par lui est mort, pas et existe à la fois, car n'existant pas il n'a pas pu tuer et, de ce fait, il existe et tue »
On retrouve ici, formulée d'une autre manière, le célèbre paradoxe du chat de Schrödinger, mais il ne semble pas que Barjavel ait entendu s'inspirer de la mécanique quantique. Au demeurant, il ne voit pas une solution dans sa formulation, mais un développement de son aporie.
Il est vrai que, comme l'a dit Richard Feynman « si vous pensez avoir compris la mécanique quantique, c'est que vous ne l'avez pas comprise »
D'autres auteurs de science-fiction ont cependant trouvé des solutions permettant de modifier le passé tranquillement.
Ainsi, selon Poul Anderson dans « la patrouille du temps », il suffit que l'agent modificateur soit arrivé dans le passé qu'il va modifier un instant avant son intervention pour que son existence dans ce continuum soit assurée, comme un effet sans cause, en vertu de sa propre intervention, et même si cette dernière empêche sa propre naissance, en vertu de la discontinuité temporelle (je ne suis pas sûr de bien comprendre de quoi il s'agit) Donc le passé est modifié, le futur aussi, le responsable de la modification continue à exister, donc la modification ne se remet pas en cause elle-même, et il ne reste plus qu'à attendre Manse Everard et les autres patrouilleurs temporels.
On trouve d'ailleurs de multiples autres patrouilles du temps dans la littérature de SF.
D'autres ont imaginé que l'intervention du voyageur temporel provoque une bifurcation du temps et la création de deux univers parallèles :
-l'un où, pour en revenir au Saint-Menoux de Barjavel, il tue son ancêtre ; il appartient désormais à cette ligne de temps, et ne peut pas revenir dans le futur qui était son présent, puisqu'il n'existe plus dans ce continuum. Mais il peut éventuellement se rendre dans le futur qu'il a créé.
-et l'autre où il n'a pas tué son ancêtre ; il n'y a pas de bifurcation temporelle, pas de création d'une nouvelle ligne du temps. Rien ne l'empêche de revenir où il vient ( enfin si d'autres bifurcations temporelles n'existent pas en aval, dès lors il ne pourra jamais revenir à son futur de départ). Et nous voilà dans les Univers parallèles..
D'autres auteurs ne se soucient pas trop de la question, tel Stephen King dans « 22/11/63 » où le narrateur remonte et redescend allègrement la ligne temporelle. Dans ce dernier livre, il y a une réflexion intéressante sur la difficulté de modifier le passé dans le sens que l'on souhaite, en raison de l'enchevêtrement des causes et des conséquences : le héros s'efforce de sauver JFK, y parvient avec bien des difficultés, et constate alors que son intervention a eu des conséquences catastrophiques. Il ne lui reste alors qu'à retourner dans le passé pour rétablir la situation antérieure. Vanité des voyages dans le temps



.C'est Sartre, je crois, qui a dit que la chose la plus difficile au monde était de faire ce que l'on veut (c'est tout ce que j'ai retenu de l'existentialisme), parce qu'on ne connait pas les conséquences de ce que l'on fait.
n- pourrait encore faire observer que le paradoxe a une limite biologique. En effet, j'ai deux parents, quatre grands-parents, huit arrière-grand-parents...et ainsi de suite. Comme dans le conte du grain de riz et de l'échiquier, la progression est exponentielle, et il en résulte qu' en l'an mil (et même beaucoup plus près de nous) j'ai un nombre d'ancêtres plusieurs milliers de fois supérieur à la population totale de la terre. C'est évidemment impossible, toutes les lignées se recoupent, l'ensemble des hommes vivant aujourd'hui descend de l'ensemble des hommes vivant au Moyen-Âge ayant eu une descendance, nous sommes tous cousins, et nous descendons tous de Charlemagne et de Saint-Louis.
Donc si je tue l'un de mes lointains ancêtres, il est probable que cela ne changerait pas grand-chose pour moi, puisqu'en réalité son ADN ne se retrouve pratiquement pas dans le mien.
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Voyager dans te temps, un rêve que beaucoup de gens ont un jour eût. Mais quelles seront les conséquence sur le cours de l'histoire ? Barjavel avec ses personnages du roman nous fait visiter le futur, en l'année 100.000 ainsi que le passé où nous rencontrons Napoléon Bonaparte en chair et en os.
Roman à mettre en toutes les mains. On peut rêver, non ?
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Par des temps où l'on en vient à vous seriner que tout voyage est imprudent autant l'effectuer dans le temps. Paru en 1944, toujours actuel ! le présent n'est-il pas le résultat déjà dépassé des passés ? Pour s'évader de la médiatisation outrancière d'un épiphénomène avant tout lié à la surpopulation de l'espèce invasive dont les carnages sont passés sous silence, quoi de mieux que ce voyage dans le temps avec René Barjavel ?


Autant j'avais émis des réticences pour Ravage, autant je suis fan inconditionnel de celui-ci. Vraiment il y a tout, jusqu'à toucher le néant et le paradoxe du temps. Oserai-je en une ellipse : Jules Verne sans les longueurs ? Alors même si vous n'avez pas le temps : prenez-le ! C'est la tournée à René ! "Le présent, est-ce le moment où je déguste cette merveilleuse liqueur ? Non ! Tant qu'elle n'a pas atteint mes lèvres c'est l'avenir. Quand la sensation de son goût, de sa chaleur, qui m'emplit la bouche, quand ce plaisir atteint mon cerveau, il a déjà quitté mon palais. C'est le passé. L'avenir sombre dans le passé dès qu'il a cessé d'être le futur. le présent n'existe pas." p.45


P.S. Oui, oui : en Mars 1958 Barjavel complète par un magistral post-scriptum : "Etre ET ne pas être, voilà la question. A moins que ce ne soit une réponse..." p.245
Elémentaires particules qui donnent toute sa noblesse à cet incontournable !
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La "noëlite" est une substance permettant de voyager dans le temps, inventée par le physicien Noël Essaillon. Elle va permettre au voyageur d'aller voir dans quel monde vivront ses lointains petite-enfants, au-delà de 5 siècles. Un monde surprenant, où la machine n'a plus autant de place. Et une nouvelle force y est née.
Un roman empli de science, d'amour et d'humanité. Un best-off de chez Barjavel, auteur qui ne m'a jamais déçue.
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Encore un ressenti plus qu'une critique. Comment pourrais-je critiquer un auteur comme Barjavel, "mon" Barjavel.
Une fois de plus le charme a opéré. Je me suis glissée dans cette aventure que je qualifierais de "roman d'anticipation philosophique". J'ignore si cette catégorie d'ouvrage existe mais c'est un ressenti! :)
Que ferions nous si nous avions la possibilité de voyager dans le passé et dans le futur? Essayerions nous de changer quelque chose? Est-il possible et souhaitable de le faire?
Avec son style inimitable, simple, élégant poétique,sensuel, cinglant et humoristique René Barjavel pose toutes ces questions là avec, au final, toujours cette immense tendresse pour l'être humain avec ses défauts et ses faiblesses.
Merci d'avoir existé et d'exister encore Monsieur Barjavel. L'éternité existe bel et bien.
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Ah ! Saint-Menoux et ses aventures "imprudentes" !
Regorgeant de trouvailles, plus originales les unes que les autres, ce livre est l'un de mes livres favoris, d'autant plus qu'il est écrit par mon auteur préféré, René Barjavel, et que l'un de mes thèmes de prédilection se trouve au centre de ce livre : le voyage dans le temps . Bref, ce livre a tout pour plaire ; et il m'a plu.

René Barjavel (ou plutôt Noël Essaillon, l'infirme brillant) nous explique en détail ce qu'il pense du temps, le présent, les paradoxes... Même si tout cela avait déjà été abordé avec Wells, en détails, dans "la Machine à explorer le temps", on redécouvre le sujet et c'est un régal.

Et viennent les inventions fascinantes (noëlite, vibreur...) qui nous emmènent loin dans le temps, de l'an 100 000, où "l'humanité" n'est plus qu'une société parfaite, mais sombre, à 1793, avec le grand Napoléon Bonaparte, en passant par 2052, pour nous apporter de nouvelles informations sur Ravage.

En résumé, ce livre est une pépite de la science fiction, du début à la fin, cette fin magnifique, si triste, mais arrêtons nous là, je ne veux pas "divulgacher" !

"Qu'est ce que le présent dans notre petit univers ? Pendant que je pense la phrase que je vais vous dire, elle fait partie de l'avenir. A mesure que je la prononce, elle tombe dans le passé. le présent, est ce le moment où je déguste cette merveilleuse liqueur ? Non ! Tant qu'elle n'a pas atteint mes lèvres, c'est l'avenir. Quand la sensation de son goût, de sa chaleur, qui m'emplit la bouche, quand ce plaisir atteint mon cerveau, il a déjà quitté mon palais. C'est le passé. L'avenir sombre dans le passé dès qu'il cesse d'être futur. le présent n'existe pas. Vouloir l'éterniser, c'était éterniser le néant. C'est ce que j'ai fait !"
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