« À Paris autrefois, c'est-à-dire il y a seulement quelques temps les fêtes foraines avaient droit de cité. La fête ça existait. La musique de carton des manèges à vapeur vous appelait de très loin, et la rumeur heureuse des tours de chevaux de bois et des tours de cochons mêlés au rugissement des lions de chez Pezon, c'était beau, tendre et violent et comme toute fête un petit peu triste en même temps. Les gens allaient à la fête comme ils allaient au bois, au muguet, à Luna-Park ou à Robinson. Aujourd'hui, on dirait que les fêtes, c'est seulement les fantômes des fêtes d'autrefois (…). » Jacques Prévert, « Fête à Mennecey, in Textes divers Oeuvres complètes Bibliothèque de la Pléiade. Gallimard.
« C'était l'anniversaire de l'Infante. Elle n'avait que douze ans d'âge, et le soleil brillait dans les jardins du palais. Bien qu'elle fût une princesse authentique, et l'Infante d'Espagne, elle n'avait chaque année qu'un anniversaire, comme les enfants des pauvres gens, si bien que tout naturellement le pays entier attachait de l'importance à ce qu'à cet occasion elle passât une bien belle journée. Les hautes tulipes rayées, raidies sur leurs tiges, formaient comme de longues rangées de soldats qui, à travers le gazon, jetaient aux roses des regards de défi, disant : « Nous ne sommes pas moins magnifiques que vous l'êtes à présent. » Les papillons pourprés voletaient alentour, les ailes poudrés d'or, et rendaient visite à chaque fleur l'une après l'autre ; les petits lézards se faufilaient pas les crevasses du mur pour se prélasser au soleil chauffé à blanc ; et les grenades se fendaient et craquaient sous la chaleur, exposant leur coeur tout rouge et sanglant. Même les citrons jaune pâle qui pendaient en telle abondance au treillage délabré, et le long des arcades sombres, semblaient plus richement colorés dans la merveilleuse lumière du soleil ; et les magnolias dépliaient l'ivoire de leurs grands pétales en forme de globes et emplissaient l'air d'un parfum lourd et sucré. (…) Oscar Wilde, « L'anniversaire de l'Infante, in Une maison de grenades. Traduction de F. Dupuigrenet Desroussilles, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard.
« La chose fut exquise et fort bien ordonnée.
C'était au mois d'avril, et dans une journée
Si douce, qu'on eût dit qu'amour l'eût faite exprès.
Thérèse la duchesse à qui je donnerais,
Si j'étais roi, Paris, si j'étais Dieu, le monde,
Quand elle ne serait que Thérèse la blonde ;
Cette belle Thérèse, aux yeux de diamant,
Nous avait conviés dans son jardin charmant.
On était peu nombreux. Le choix faisait la fête.
Nous étions tous ensemble et chacun tête à tête.
Des couples pas à pas erraient de tous côtés.
C'étaient les fiers seigneurs et les rares beautés,
Les Amyntas rêvant auprès des Léonores,
Les marquises riant avec les monsignores ;
Et l'on voyait rôder dans les grands escaliers
Un nain qui dérobait leur bourse aux cavaliers. (...) » Victor Hugo, « La fête chez Thérèse », Les contemplations, Livre I.
Toute fête est un aveu. Si les nôtres ne glorifient plus un avenir et se suffisent à elles-mêmes, c'est que nous n'attendons plus rien de l'avenir.
Régis Debray
10 sept. 2013
Talk-show politique animé par Thomas Simonian - Stéphane Baumont (politologue et universitaire) et Guillaume Truilhé (Toulouse Infos) décryptent la rentrée politique et les enjeux de la Municipale à venir.