Temps est le premier tome des Univers multiples, une trilogie de hard science-fiction signée
Stephen Baxter. Reid Malenfant a décidé de se lancer à la conquête des astéroïdes pour en extraire des métaux précieux susceptibles de financer l'expansion de la vie à travers la galaxie, mais sa rencontre avec Cornélius
Taine, eschatologiste, le pousse à bouleverser ses plans initiaux.
Il était peut-être présomptueux de ma part de songer que j'étais apte à me plonger dans un roman de ce genre, moi qui ne suis ni une dévoreuse d'oeuvres de SF, ni dotée de connaissances très poussées en science, malgré une certaine curiosité et inclination à l'égard de l'astronomie et de la conquête spatiale.
Quoi qu'il en soit, ce livre m'a dépassée, tant au niveau des théories qu'il met en scène que… Eh bien, de tout. Plus j'avançais dans ma lecture (qui s'est très vite faite en diagonale), plus j'écarquillais les yeux au rythme des « WTF ?! » qui résonnaient dans ma tête.
Après avoir vu cet ouvrage qualifié de mélange entre science-fiction et philosophie, je m'attendais à un récit à mi-chemin entre
Interstellar (
Christopher Nolan) et Lucy (
Luc Besson), mais on est plus proche d'un crossover entre Midnight Special (Jeff Nichols) et Mimzy, le messager du futur (Robert Shaye).
Car oui, la « clé », ce sont les enfants. Des enfants spéciaux, super intelligents, capables d'inventer n'importe quoi à partir de n'importe quoi. Peut-être que ça tient la route, j'ose croire que l'auteur sait mieux que moi de quoi il parle, mais j'ai eu du mal à l'accepter. M'enfin, j'avais déjà décroché depuis un moment.
En fait, ce roman m'a rappelé Idéalis (
Christopher Paolini), à qui j'avais reproché ses pans de scénario avortés, comme si l'auteur avait changé d'idée et/ou de direction en plein milieu de son histoire (ce qu'il confirmait d'ailleurs dans ses notes explicatives).
Ici aussi, il y a trop d'éléments, et trop de sous-intrigues qui ne mènent nulle part, si ce n'est à des rétro-pédalages, sauf que si, chez Paolini, ces changements relevaient de la maladresse, je n'en dirais pas autant chez
Stephen Baxter. Ils me semblent avoir été faits consciemment… et bon sang que c'était long ! Et lourd ! Et tellement superflu !
On va aller sur tel astéroïde. Sauf que d'abord, on va créer une radio pour communiquer avec le futur. Et du coup, on a reçu un message qui nous envoie sur un autre astéroïde. Où y a un truc bizarre. Et où le caillou se fait coloniser par des céphalopodes intelligents (oui, oui). du coup, on y va aussi. Et le plan d'expansion à travers la galaxie ? Oh, bah c'est bon, on a vu ce que ça donne en accéléré en sautant à travers un trou de ver, du coup on peut le laisser de côté et passer à la suite. Ah, y a pas de suite, parce que pendant que les adultes font des trucs (dont je n'ai absolument pas compris la pertinence), les enfants sortis d'on ne sait d'où ont pris le contrôle des opérations ?
Et on en arrive au paradoxe temporel. Pourquoi les gens de l'aval ont poussé Malenfant à détourner sa mission vers Cruithne ? Parce qu'ils avaient besoin
de l'intelligence des céphalopodes pour conférer aux enfants celle qui leur permettra de mettre leur plan à exécution ? Sauf que les enfants commencent à apparaître avant. Et les céphalopodes, eux, font leur vie dans leur coin…
Le plus déconcertant, là-dedans, c'est que la fin est bonne. Très bonne. L'idée qu'elle véhicule, le pourquoi, le comment, tout ça, ça ne m'a pas déplu, bien au contraire. le problème, c'est le cheminement pour en arriver là. Comme si l'auteur avait voulu inclure dans son intrigue toutes les théories possibles et imaginables, même quand elles desservent la fluidité du récit. D'accord, il y a « multiples » dans le titre, mais c'est justement cette multiplicité qui m'a dégoûtée de l'histoire.
Oui, oui, dégoûtée. Comme sous-entendu plus haut, j'en attendais beaucoup, or dès que j'ai vu défiler le futur dans le trou de ver, j'ai lâché prise. Je crois que c'est la première fois que je ressens et que j'écris ces mots, mais j'aurais pu adorer ce livre s'il était passé directement de son introduction à sa conclusion. Tout le reste n'est qu'une manière inutilement complexe (à mon goût) d'y parvenir, autant de parties qui auraient pu être condensées, voire supprimées.
À cela viennent s'ajouter des protagonistes qui m'auront laissée de marbre. Emma, Malenfant, Cornélius, Maura… Ils n'ont pas vraiment de personnalité, ils sont surtout là pour débattre et émettre des hypothèses (toujours plus d'hypothèses…), ce qui ne les rend ni attachants ni intéressants.
Amateurs de hard-SF, vous y trouverez peut-être votre compte, mais en ce qui me concerne, j'ai conclu cette lecture vraiment désappointée. Je m'étais préparée à découvrir quelque chose de totalement différent, et au final, seule la fin aura été à la hauteur de mes espérances. le reste, en revanche, fut d'une pénibilité indescriptible.
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