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EAN : 9782264062727
384 pages
10-18 (02/01/2015)
3.81/5   103 notes
Résumé :
Rien ne destinait Gunnar Kaufman à devenir le nouveau prophète noir américain. Garçon brillant et drôle de la middle class , Gunnar connait une enfance heureuse épargnée par le racisme. Mais le jour où ses parents divorcent, la famille part habiter l’east side de Los Angeles et commence alors pour les enfants Kaufman l’initiation à la vie du ghetto faite de coups, d’humiliations et de recherches identitaires. Gunnar apprend à être Noir, ses rêves d’harmonie ethnique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Une couverture accrocheuse et colorée ainsi qu'une quatrième de couverture bien ficelée, les deux éléments combinés m'ont donc convaincue d'ajouter American Prophet à mon « petit » palmarès de ce début d'année 2015 (oui je souffre de la fameuse et déprimante panne de lecture).
Le livre se présente comme l'autobiographie de Gunnar Kaufmann, jeune afro-américain qui malgré lui a été promu nouveau messie de la communauté noire américaine. Sa philosophie : le suicide comme libération ultime des siècles d'asservissement communautaire. Why not…quand il n'y a plus d'espoir, reste le harakiri.
Après cette introduction on ne peut plus farfelue (et qui donne tout de suite le ton du roman), nous voilà plongé dans le récit des jeunes années de notre compagnon de route, « échoué » avec sa famille dans les beaux quartiers résidentiels de Los Angeles : pas vraiment l'archétype du jeune afro-américain cool du ghetto. En plus d'être mal à l'aise dans son corps, Gunnar doit composer avec une mère fière de lui rappeler à tout bout de champ l'histoire ô combien exceptionnelle des ancêtres de leur famille : esclaves affranchis, militants pour les droits civiques…jusqu'à son père, flic très intégré et quasi inexistant, bonjour le poids familial à se trimballer. Et puis un jour, Gunnar et sa famille doivent quitter leur ghetto doré et échouent dans le ghetto, le VRAI cette fois : on y parle le langage châtié du ghetto, on s'habille ghetto, on mange ghetto, on vit ghetto : douche froide pour Gunnar qui va devoir s'adapter au prix d'efforts (et de bizutages) incessants, allant même jusqu'au harcèlement par deux nymphettes du quartier qui vont jusqu'à le violer (ce qui n'est pas pour lui déplaire). Bref ce n'est pas une partie de plaisir. Mais Gunnar fait son nid et grâce à ses dons de poète des rues et de basketteur, se crée une réputation non négligeable.

Si vous êtes adeptes de bons mots, de phrases percutantes débitées à la seconde, d'humour corrosif et d'anti héro sérial loosers, alors American Prophet est fait pour vous. C'est un régal pour l'esprit, une vraie partie de tennis littéraire. Je dis d'ailleurs bravo à la traductrice qui a su restituer et préserver toute la saveur du style subversif de Paul Beatty. J'ai pleinement apprécié ce voyage au pays du ghetto, imprégnée par les particularités de la culture afro américaine si peu mise en avant. Pas de misérabilisme, ni d'auto apitoiement, Paul Beatty ne ménage d'ailleurs pas les siens en ne faisant pas dans la dentelle, tout le monde en prend pour son grade, blancs comme noirs. J'ai beaucoup appris, beaucoup souri, un bon bilan de lecture. Si je devais déplorer quelque chose ce serait la fin que j'ai trouvée un chouia bordélique et bâclée. Mais ce serait bien dommage de passer à côté de ce petit traité d'irrévérence.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Paul Beatty, né en 1962 à Los Angeles, est un écrivain afro-américain. Diplômé d'un Master of Fine Arts du Brooklyn College en écriture créative, il a également obtenu une maîtrise en psychologie à l'université de Boston. En 1990, il est couronné Grand champion de slam du café des poètes de Nuyoricana et gagne à cette occasion un contrat d'édition pour la publication de son premier recueil de poésie, Big Bank Takes Little Banka. Son deuxième livre de poésie, Joker, Joker, Deuce, suit trois ans plus tard. Son premier roman, American Prophet, date de 1996 et vient d'être traduit en français.
Parenthèse liminaire, le titre original de l'ouvrage The White Boy Shuffle a été traduit en français ( ?) par American Prophet ! Non seulement le ridicule ne tue pas mais il a encore de beaux jours devant lui.
Quand le roman débute, Gunnar Kaufman son jeune héros, est le dernier descendant d'une longue lignée de Noirs américains dont il nous rappelle les grotesques mésaventures, comme cet aïeul qui migra vers le Sud en pleine période d'esclavagisme ou cet autre qui courut s'enrôler dans les troupes des Etats Confédérés durant la guerre de Sécession, bref une famille jamais du bon côté du manche de l'Histoire en marche. Et il faut que croire que la malédiction les poursuit puisque Gunnar, sa mère et ses deux soeurs, déménagent de Santa Monica quartier chic et Blanc vers Hillside, ghetto de Los Angeles.
Dans cet environnement difficile dont les codes lui sont inconnus, le jeune Gunnar va devoir se faire une place au milieu des gangs entre Bloods et Cripps. Lui qui ne rêve que de poésie, se révèlera aussi basketteur de talent, s'ouvrant les portes des Universités mais aussi les coeurs des petites frappes de son quartier. Entre ses deux potes, Nicholas Scoby, fan de jazz et Psycho Loco leader d'un gang, Gunnar va tenter de se trouver une place dans ce monde. Contre sa volonté il va se retrouver porte-voix, prophète donc, « d'une ethnie à l'abandon » après avoir pris conscience de sa condition à l'annonce du verdict dans le procès de Rodney King, « ce jour-là, pour la première fois de ma vie, je me suis senti comme un moins-que-rien. ».
Un bien beau et bon roman en vérité. Passées les toutes premières pages qui assomment un peu le lecteur surpris par le style de l'écrivain, le reste du livre se dévore avec une hâte retenue. Hâte, car poussé par la tchatche et la faconde de Paul Beatty vous êtes embarqué par une lame de fond dont l'origine remonterait au jazz pour se poursuivre avec le rap ; retenue, car il vous faudra ingurgiter les nombreuses références au vécu des Noirs américains, références historiques ou culturelles, obligeant à ralentir la lecture pour mieux en appréhender le sens.
Mais rassurez-vous, Paul Beatty sait y faire. Rien n'est lourd ou chargé d'un bien-pensant convenu, au contraire. L'écrivain qui a également publié dans le passé une anthologie de l'humour afro-américain l'utilise ici plus souvent qu'à son tour, en faisant de l'autodérision cette arme typique des minorités pour retourner en leur faveur des situations défavorables. On rit souvent devant ses propos peu enclins au politiquement correct, ses réflexions incongrues.
Drôle, vachard mais lucide avec sa communauté « l'Amérique noire a renoncé à ses besoins dans un monde où les espérances ne sont qu'illusions », instruit aussi, le roman fourmille de détails ou informations historiques et au-delà l'humour, l'auteur sait utiliser les mots et la langue pour nous donner un texte de très grande qualité.
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"Ton problème

Comment…

Le témoin de Jéhovah, le scientologue,
le politologue, le sociologue,
le savant fou, l'édito des journaux,
les infos, l'animateur à la radio,
l'urbaniste, l'inspecteur d'académie
le psychologue, le pasteur, le sans-abri
le conseiller spécial du président
le pape, le chauffeur de bus, le commerçant
le gesticulateur du soir à la télé

peuvent-ils prétendre connaître mon problème
s'ils ne connaissent même pas mon nom ?"


Entre poésie et fiction, ce roman touchant par son réalisme nous propose une vision toute différente du ghetto et de la vie qu'il engendre aux Etats-Unis.

Bienvenu dans une Amérique où le noir est encore un animal, où le blanc domine, effraie, s'embourgeoise alors que le nègre, n'ayons pas peur des mots, crève sous des yeux satisfaits.

Dans ce décors retrouvons le jeune Gunnar Kaufman, poète à ses heures perdues et à l'intelligence sans limites. Il est, dit-il, de ces nègres que personne ne peut se piffrer. Sa jeunesse fut une longue peine jusqu'à son adolescence. Ce qui l'a sauvé ? le ghetto, les clans, les gangs… Et le basket. Il mesure 1m95, mais se rajoute volontier 3cm devant les jeunes filles. Il est grands, costaud, et il joue divinement bien. Ses sauts sont dignes des plus grands basketteurs.

Après deux ou trois raclées dont il se souviendra, par lesquelles il faut passer, pense-t-il, il finit par s'accoquiner avec la terreur de la cité. Sa mère s'efface alors doucement du texte dans lequel elle a son importance dés les premières pages.

Gunnar va alors devenir un icône, une star des noirs américains. Il sera pris en exemple, on suivra ses conseils, il sera le nouveau messie que l'Amérique attendait tant.

Entre clichés démontés, terreur et cruauté, le roman est construit sur les bases solides de l'histoire, pas si lointaine, d'un continent à la dérive.

Gunnar est avant tout un poète, ne l'oublions pas, et comme tout poète il va voir le monde avec des yeux différents, avec des réflexions bien à lui. Ce n'est pas un hasard si c'est dans sa peau qu'on se retrouve, si c'est dans ses veines que l'on voyage.

"Noir

Noir, c'était détester les beignets de poulet avant même d'apprendre que j'étais censé les aimer. Noir, c'était être un négre qui ne fréquente pas les autres négres. Les seuls Noirs que je connaissais par leur noms étaient soit des sportifs, soit des musiciens : Jimi Hendrix, Slash de Guns'Roses [...].

Se demander "à quel point" Tony Grimes le skateur pro du quartier était noir, ça aussi c'était noir."

C'est avec des anecdotes comme l'essayage de chaussures en magasin, l'accusation de la police dés le plus jeune âge, les fantasmes collectif autour du ghetto, que l'auteur nous met face à certaines folies imaginées par la "bourgeoisie", la classe supérieur.

Quand un jeune noir passe d'une classe remplie de noirs à un lycée rempli de blanc, le choc est frontal, le choc est brutal. C'est avec une frénésie non dissimulée que les scènes sont écrites, démembrées d'une réalité certaine.

C'est avec des clichés comme Oncle Tom, le goût prononcé des bananes et l'odeur des noirs que le narrateur fait des pichenettes aux lecteurs. Pichenettes qui énervent et dérangent bien souvent.

Avec la musique jazz dans les oreilles, des images psychédéliques dans la tête et une photo de David Sanborn contre le mur, il est difficile de ne pas ressentir toute cette puissance qui sort du récit, toute cette vie anarchique, décalée et anti-conformiste qui transpire de chaque page.

Le jazz et la poésie, deux arts qui s'accouplent parfaitement, même dans un roman sur les noirs où les clichés sont dénoncés.

C'est à lire avec plaisir, à écouter avec joie, et à se souvenir, évidement. Car c'est ici une partie de l'histoire qui est écrite. Une partie ségrégationniste où le peuple noir commence à se lever et suivre le chemin que propose Gunnar. Aussi loin ira-t-il.

Ouvrage disponible dans les éditions du Passage du Nord-Ouest à partir du 6 Septembre 2013.
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Lu dans le cadre de la « voie des Indés »

« American prophet » est le premier roman de l'américain Paul Beatty, poète et slameur confirmé, couronné Grand champion de slam du café des poètes de Nuyorican en 1990. Sous la forme d'un roman d'initiation déjanté, « American Prophet » raconte la vie de Gunnar Kaufman, de son déménagement à Hillside, un ghetto de Los Angeles, à son involontaire élévation au statut de nouveau prophète de la communauté Noire mondiale.
Cela donne un roman bourré d'humour grinçant, d'une tonalité caustique dévastatrice et irrésistible comme une punchline bien sentie. « American Prophet » recèle également son lot d'exubérance. le trait est simplement un peu forcé, comme dans une farce tragi-comique, une fantaisie du ghetto.

L'autre force de ce roman c'est bien entendu sa justesse d'analyse. On aurait tort de réduire ce livre à sa dimension sociologique mais on ne doit pas pour autant la taire. C'est un grand livre sur la condition des Noirs aux Etats-Unis. Un livre dans la lignée de « S'il braille, lâche-le » de Chester Himes ou « Effacement » de Percival Everett. Paul Beatty pulvérise dans des pages assassines et drolatiques les idées reçues sur les Noirs ou le Ghetto. Les préjugés raciaux et sociaux, des racistes haineux comme des bourgeois bohèmes progressistes et propres sur eux, ressortent en miette de ce roman imparable.

« American Prophet » est un roman tragi-comique qui allie fulgurance poétique et pertinence d'analyse. Il parvient, par son humour caustique et une galerie de personnages hauts en couleur, à nous faire rire et à nous émouvoir. En somme une très recommandable lecture.
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«Chez les Noirs, d'habitude, on réserve les lamentos pour les funérailles. J'ai vu des gosses se prendre sans moufter des coups de matraque, des pare-chocs et même des balles. Car seules deux occasions vous autorisent à verser une larme : manquer d'un seul petit numéro la grosse cagnotte du loto ou perdre un proche. Deux cas dans lesquels pleurer est acceptable, mais une fois et une fois seulement. Pas le temps de broyer du noir, parce que le lendemain, le nègre, y doit retourner marner.»

Et Gunnar Kaufman, broyer du noir c'est pas son truc (jeu de mots facile j'avoue). Messie-en-devenir, descendant d'une famille d'afro-opportunistes, basketteur-poète et doué d'une intelligence sans borne, Gunnar son truc, c'est plutôt de broyer les préjugés, la servitude et de renvoyer les manipulateurs de la "négritude" dans les champs de coton !
«Et l'Histoire a ajouté mon nom à la bande de messies déjantés qui répondent présent à l'appel de Satan: Jim Jones, David Koresh, Charles Manson et le général Westmoreland. Toute la bande et puis moi. Les pages qui suivent constituent mes mémoires.»

Ce «moi» c'est Gunnar Kaufman donc, enfant au «coeur en fer-blanc emballé dans un placage en cuivre bruni.» Sa condition de «noir cool» de la "white middle class" de Santa Monica ne plaisant guère à sa maternelle, celle-ci aura vite fait de le catapulter lui et ses deux soeurs, dans le ghetto de Los Angeles. Là, au milieu de consoeurs blacks, gangsters latinos et autres épiciers coréens, les premières raclées lui apprendront sans concession à devenir un nègre véritable et fier!

De cette prise de conscience sur sa condition de nègre, on assiste alors, dans une mélopée jazzy, à la naissance de cet American Prophet, un brin fêlé, guidant une ethnie perdue vers cette Terre tant Promise. Entre épisodes de préjugés racistes et réalité du ghetto, la poésie est à l'oeuvre. Non seulement parce que le personnage de Gunnar est un poète, mais surtout parce que Paul Beatty, l'auteur, est un slameur confirmé et sait, de ce fait, jouer avec les mots. On saute d'une phrase à l'autre d'un langage soutenu à un dialecte des rues pour le moins argotique. Et cette alliance, plus qu'alternance, est pure merveille !
(bravo donc à la traductrice Nathalie Bru qui a su retranscrire cela.)

«Picoti Picota tape le nègre et puis s'en va.»

Dans une fresque de personnages décalés qui accompagnent ce Luther-King-revu-et-corrigé, la prose se veut tour à tour cynique et optimiste, émouvante et violente, engagée et innocente. Paré de réflexions idéologiques sur la condition et le devenir de l'homme noir dans la société nord-américaine, le texte et truffé de références au Mouvement des droits civiques et à la culture afro-américaine notamment, dont un "lexique" d'une quinzaine de pages à la fin du livre s'avère particulièrement utile et éclairant.

Roman coup de poing de cette rentrée, American Prophet est un hymne à la tolérance où les préjugés, autant sur les petits blancs proprets que les blacks bagarreurs du ghetto prennent une sacrée dérouillée.

Et comment passer à côté du graphisme de la couverture, tout simplement superbe !
American Prophet de Paul Beatty, c'est sorti le 5 septembre, au Passage du Nord Ouest

«Comme le bon révérend King
"J'ai fait un rêve" moi aussi,
mais en me réveillant
je l'oublie et
je me souviens que je suis en retard au travail.»
Lien : http://vagabondssolitaires.w..
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critiques presse (1)
Liberation
10 septembre 2013
On comprend que Paul Beatty n’est pas facile à réduire au silence et que American Prophet tout entier est un combat contre la censure et forcément aussi l’autocensure.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
« Gunnar, où tu étais ?
- Je canardais le quartier. Maman, je deviens tellement noir que j’ai honte. » Je voulais lui expliquer que la vie ici, c’était comme essayer de tenir en équilibre sur un tronc au beau milieu d’une rivière. On ne cherchait pas à savoir pourquoi le tronc tournait ni qui le faisait tourner. On continuait juste de battre des pieds, bras bien écartés, pour ne pas tomber. (…) Je voulais m’assoir à côté d’elle et lui faire comprendre par cette métaphore la profondeur de ma lassitude. Je voulais avaler mes œufs au plat et parler la bouche pleine. Lui dire à quel point la stabilité de mon ancienne vie me manquait, mais que je m’étais habitué à courir ainsi sur place, tout en sachant que rien n’avait d’importance sinon continuer à m’agiter. Je voulais lui dire tout ça, mais j’avais une haleine de chacal mouillé saupoudré de soufre.
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"J'étais le seul Noir,de l'école primaire black, blanc, jaune, établissement multiculturel des blancs de Santa Monica. Là-bas, j'ai connu deux multiculturalismes : celui de la salle de classe, où l'on nous enseignait que les notions de race, de sexe et d'orientation sexuelle n'avaient aucun sens, et celui de la cour de récré, territoire sur lequel régnaient les spécialistes des blagues de pédés, de paysans et de Polonais. Certes cruel mais au moins drôle. Une fois encore, même parée des meilleurs intentions, la rigide pédagogie QCM s'avérait inapplicable dans les faits." p53
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Scoby, les yeux rouges, commençait à renifler. Il craquait sous la pression. En voyant sa main trembler, j’ai réalisé que parfois la pire chose pour un nègre, c’est la réussite. La réussite vous accule. Vous n’avez nulle part où aller vous réfugier, pas de Forteresse de la Solitude comme Superman, pas d’ermitage en Nouvelle-Angleterre pour génies xénophobes comme Bobby Fischer ou J.D. Salinger. Les nègres à succès, une fois rentrés chez eux, ne peuvent pas se fondre avec insouciance dans la populace. La société américaine les renvoie aussi sec dans le troupeau.
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Fatigué des fanfaronnades raciales, Dexter a levé la main et mis aussitôt un terme au Brouhaha. Je voulais le trouver antipathique – un charlatan, ça sautait aux yeux – mais je n’en revenais pas qu’un enfoiré d’une telle laideur, et si couvert d’eczéma que lorsqu’il fronçait les sourcils de petits flocons de peau tombaient sur son pupitre, puisse captiver son public d’un seul geste. J’entendais le froissement de ses globes oculaires lorsqu’il levait les yeux de son programme monothématique pour embrasser le public du regard. Il paraissait tellement angoissé que l’envie me démangeait de lui lancer un biscuit pour les chiens.
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le psychologue, le pasteur, le sans-abri,
le conseiller spécial du président,
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Video de Paul Beatty (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Beatty
"Prière pour ceux qui ne sont rien" de Jerry Wilson. Editions su serpent à plumes "La réceptionniste du New-Yorker" de Janet Groth. Editions du Sous-Sol "Sans lendemain" de Jake Hinkson. Editions Gallmeister "Tuff" de Paul Beatty. Editions Cambourakis
Retrouvez toutes les vidéos ici : http://goo.gl/23DkUZ
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