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EAN : 9782371000360
160 pages
NOUVEL ATTILA (14/09/2018)
3.61/5   28 notes
Résumé :
« On ne pense pas de la même façon le ventre vide et le ventre plein ».
Omar et Greg sont deux enfants d'ouvriers. Deux jeunes nés et grandis dans des ZUP. Le petit fils d'Algérien engagé dans l'armée française, chasseur de skins à l'adolescence, est travailleur social ; l'Italo-Tunisien, cheminot homo formé à la lecture de Jaurès et de Che Guevara, est devenu militant de carrière. Après mille expériences entre Reims et Vaulx- en-Velin, Bordeaux et Marseille,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Plein de chemins mènent au FN - je parle bien du FN de JM le Pen, et pas des nouveaux partis d'extrême droite issus des idées et conquêtes du "patriarche".

On le voit à travers les parcours respectifs d'Omar et Greg, tous deux issus de milieux modestes, ayant grandi dans des quartiers mixtes, l'un surtout beur, l'autre plutôt blanc (malgré des origines tunisiennes, côté paternel).
Guère motivés par l'école, ils se sont formés plus tard, en autodidactes, et ont suivi des trajectoires politiques différentes pour finalement se retrouver proches de 'Jean-Marie' (sic), et devenir amis.

L'ouvrage est aussi agréable à lire que les autres recueils de témoignages de François Beaune. Ce sont des vies de "gens du peuple", comme moi, donc je peux m'identifier (notamment parce que nous sommes de la même génération, celle de 'Touche pas à mon pote').
Riche d'anecdotes et de réflexions pertinentes, ce texte me semble avoir néanmoins deux défauts : trop hachuré, en raison d'une alternance trop fréquente entre les deux voix, et une fin confuse - peut-être parce que j'adhérais moins aux idées des deux narrateurs ?

Ce genre de témoignage est sain, il me renvoie à mes propres ambivalences politiques, tout comme certains personnages de Virginie Despentes (notamment dans sa trilogie 'Vernon Subutex').
Cela me rappelle aussi cet échange marquant entre Marco et un vieux pote qui bosse aux Chantiers navals dans 'Le Combat ordinaire, tome 2', de Manu Larcenet :
« Moi j'ai pas peur. Et, vu les dernières élections, je suis pas le seul !
- ?!! C'est [JM] le Pen qui est arrivé en tête, ici, non ?
- Si. Et largement, en plus. Alors tu vois, rien n'est perdu.
- Mais... Qu'est-ce que tu racontes ?! Me dis pas que t'as viré facho ?!! Me dis pas que tu crois à leur baratin !
- J'ai pas viré facho... Je veux juste que ça change...
(...)
- Et tu crois quoi ?!! Qu'ils vont sauver le chantier en virant les étrangers SAUF tes potes ?! C'est n'importe quoi !!!
- TA GUEULE ! ME SORS PAS TON DISCOURS DE PARISIEN ! TU SAIS PLUS COMMENT ÇA SE PASSE ICI ! TU SAIS PLUS COMMENT ON VIT ! VIENS PAS ME DONNER DES LEÇONS CHEZ MOI !! (...) Tu veux pas parler, Marco. Tu veux juste me prouver que j'ai tort. Et le pire, c'est que t'as peut-être bien raison. Mais je m'en fous. »

Ces lectures m'aident à moins juger, à être plus tolérante. J'ai moins d'indulgence (voire zéro), en revanche, pour les nantis qui se tournent vers l'extrême-droite. Peut-être qu'un bon livre m'aiderait à comprendre ce qu'ils en attendent, de quoi ils ont peur...

J'ai poursuivi ma découverte de François Beaune avec 'Dans ma Zup'. Même esprit, mais plus léger, plus anecdotique.
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Je remercie énormément les éditions Points et Babelio pour l'envoi, via la masse critique de juin, de l'ouvrage : Omar et Greg de François Beaune.
Ce dernier fait le portrait croisé d'Omar et Greg. Ce sont deux enfants d'ouvriers. Deux jeunes qui sont nés et ont grandis dans des ZUP.
D'un coté, Omar : petit fils d'Algérien engagé dans l'armée française, chasseur de skins à l'adolescence, il est travailleur social Et de l'autre Greg, l'Italo-Tunisien, cheminot homo formé à la lecture de Jaurès et de Che Guevara, qui est devenu militant de carrière.
Après mille expériences entre Reims et Vaulx- en-Velin, Bordeaux et Marseille, tous deux se retrouvent un jour à proposer au Front national un projet politique aberrant : faire entrer la communauté musulmane au FN.
Omar et Greg est donc un récit, nous découvrons deux hommes qui existent et qui font partie du FN.
Pourquoi ?
Comment en sont t il arrivés là ?
Au fur et à mesure, cela ne s'est pas fait tout de suite mais ils ont décidés de s'engager au fil des rencontres, des différentes mésaventures qui leur est arrivé.
J'ai apprécié ce témoignage, qui me tentait depuis sa sortie et que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai sauté de joie (oui... encore ;) en découvrant que j'allais le recevoir :)
C'est un ouvrage très pertinent, loin des clichés habituels sur les personnes militants ou votants pour le FN. Même des gens bien font partie de ce parti !
J'ai souhaité lire cet ouvrage par curiosité, et certains passages font réfléchir.
A un moment, Omar s'interroge sur le sens du racisme et cela m'a parlé. Il a du mal à comprendre pourquoi un blanc qui insulte un arabe c'est plus grave qu'un arabe qui insulte un blanc ! Pour beaucoup un blanc qui se fait traiter de « sale blanc » c'est normal, par contre si cette même personne insulte un arabe ça devient une affaire d'état ! Ce n'est pas logique, et j'ai apprécié cette réflexion très pertinente d'Omar. le racisme reste du racisme, qu'il soit dirigé vers une personne de couleur ou une personne « blanche » ! Tout comme un con reste un con quelque soit sa couleur de peau ou sa religion...
Ces deux portraits sont très intéressants et montrent à quel point certains cherchent leur place avec une interrogation obsédante sur ce que c'est qu'être français.
Omar et Greg est une fresque sociale pertinente, et j'ai apprécié ma lecture.
Ma note : 4,5 étoiles
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Omar et Greg de François Beaune… Quand la réalité est bien plus fécondes que les croyances distillées par les discours!

Interpellant, l'histoire de cette rencontre véridique entre deux citoyens issus de l'immigration, algérienne pour le premier, tunisienne pour le second et ayant passé leur enfance dans des ZUP, ces zones à urbaniser en priorité.
Omar a un lourd passé de ‘fracasseur' de Skins, de violent redresseur de torts. Il est devenu travailleur social dans des mouvements anti-racistes puis en religion. Greg, adolescent mal dans sa peau a brisé le carcan familial ? Fâché à tout jamais avec son père, il a trouvé un lieu où vivre sa révolte, les permanences politiques d'un Jean-Marie qui représente son idéal. Tous les deux ont reçus de la vie leurs lots de bosses, de coups donnés et rendus mais leur vraie souffrance, c'est de ne pas obtenir de réponses satisfaisantes à leur volonté idéaliste d'être citoyen français et reconnus comme tels.
Leurs parcours, leur rencontre ont été recueillis par François Baune, auteur à qui il faut reconnaître une énorme qualité d'écoute. Son récit nous déroule la prise de conscience progressive de la quête identitaire de Omar et de Greg, chacun, différemment, se glissant dans les interstices, les failles parfois, des institutions et systèmes politiques ou religieux qui régissent le Vivre ensemble ou s'y opposent.
Le style choisit par François Baune, s'il n'est pas toujours agréable à lire, ne déclenchant aucune joie, aucun sourire littéraire, est néanmoins d'un accès aisé et d'une efficacité sans faille. L'auteur, très clairement et de manière répétée durant tout le livre, procède par la juxtaposition croisée de flashs souvenirs permettant à Omar et Greg de se raconter, étape par étape, jusqu'à leur rencontre dont naîtra un combat commun... mais hors du commun ! Imaginez-vous un peu : Omar, devenu responsable des jeunes musulmans à la Mosquée de Marseille, propose à Greg, ancien cheminot devenu collaborateur professionnel du FN, de concrètement viser l'intégration des jeunes musulmans dans ce parti d'extrême droite.
Cette volonté de créer des liens entre ces pôles opposés est le fruit de leur croyance que ce n'est pas en diabolisant l'autre qu'on apprendra à le connaître mais que c'est, bien plus sûrement, en se rapprochant de l'autre, pourtant si différent, qu'on pourra le et se comprendre !
On s'en doute, cette vision révolutionnaire d'une telle réponse à apporter à la crise identitaire que traverse la France actuelle, comme tant d'autres pays, n'est pas du goût de tous ceux qui doivent leur place aux appareils politiques ou religieux. François Baune, à travers le récit du combat de Omar et Greg, va démonter les mécanismes d'écartement, de rejet, d'anéantissement de tout qui, au sein d'un parti, se met à penser, réfléchir et passer à l'acte concret, poussé par son idéal. La politique, tous partis confondus est une histoire de discours creux, de maintien de la situation et de la gestion du peuple par les oligarques sans la conscience et l'assentiment de la base... La critique est dure, étonnante mais vivifiante. On ne peut faire l'impasse sur les questions qu'elle pose. Car, c'est certain, après avoir lu ‘Omar et Greg', on n'écoute plus les interviews des hommes politiques de la même façon. On cherche à disséquer les slogans creux et, avant de donner sa voix, on cherche des engagements concrets et durables en lien logique avec le déclaré !
Omar et Greg', un livre qui décille, une leçon d'histoire, de démocratie, une oeuvre d'ouverture intelligente. A lire, sans retenue.
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Omar et GregFrançois Beaune le Nouvel Attila 14 septembre 2018.
Résumé de l'éditeur:
Omar et Greg sont deux enfants de la ZUP. le premier, né à Orgeval, un quartier de Reims, est chasseur de skins, avant de s'impliquer dans l'anti-racisme, puis d'entrer en religion. le second grandit à Vaulx-en-Velin, trouve à 15 ans sa famille de substitution dans un parti nationaliste, et finit par en devenir salarié.

C'est à Marseille qu'ils se croisent. Deux types inconciliables en apparence. Deux idéalistes cabossés, deux redresseurs de torts jamais vainqueurs, jamais vaincus. Entre eux naît une amitié hors norme. Et une alliance politique pour le moins inédite. Avec, au coeur de leur projet, une obsession : qu'est-ce qu'être français ?

Un jour, ils rencontrent l'écrivain François Beaune. Lui, écoute les gens, se met à leur place, restitue leur voix, au plus près de ce qu'elles peuvent dire du monde. Omar et Greg est l'histoire vraie de deux citoyens engagés et enragés qui, par leurs contradictions, incarnent un destin français.

François Beaune est né en 1978 à Clermont-Ferrand, a grandi à Lyon et vit à Marseille. Depuis son premier livre, Un homme louche, suivi par Un ange noir, Une vie de Gérard en Occident et La Lune dans le puits (www. histoiresvraies.org), et jusqu'à son dernier, L'Esprit de famille, il oeuvre à la création de l'Entresort, une galerie de portraits et de personnages attachants capables d'incarner le monde actuel, dont Omar et Greg sont les nouvelles recrues. Il a aussi travaillé pour plusieurs metteurs en scène et réalisé des reportages radio.

Ajoutez la citation de Milena Agus en exergue:"Je crois que si l'on veut qu'une personne nous reste antipathique, il nous faut absolument refuser de la connaître. "
Vous connaissez maintenant le contexte de ce récit à deux voix. Je ne peux que saluer François Beaune pour aller au devant d'autres personnes, d'autres idées et de nous faire découvrir leur cheminement personnel. Une lecture qui apporte un éclairage différent sur ce parti extrême. A lire pour savoir de quoi et de qui l'on parle. Intéressant.
Un grand merci aux éditions le Nouvel Attila via NetGalley pour ce partage.
#OmarEtGreg #NetGalleyFrance
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J'ai relativement de la chance en ce moment avec mes lectures en service de presse. Toujours grâce à NetGalley.fr qui m'avait permis récemment de découvrir l'excellent roman Un gentleman à Moscou, j'ai eu l'occasion cette fois de lire en avant-première cet ouvrage de François Beaune : Omar et Greg, qui sortira le 14 septembre prochain dans toutes les bonnes librairies (et sans doute également dans les mauvaises).

François Beaune est un journaliste et écrivain que je ne connaissais pas, même si j'ai découvert pendant ma lecture qu'il était l'auteur d'un roman intitulé Un homme louche que j'avais lu il y a plusieurs années et qui ne m'avait pas particulièrement plu. Comme quoi, il ne faut jamais se contenter de la première impression avec un écrivain !

Ici, François Beaune nous propose une rencontre avec deux hommes au parcours à la fois typique et atypique de beaucoup de concitoyens français :

« On ne pense pas de la même façon le ventre vide et le ventre plein ».

Omar et Greg sont deux enfants d'ouvriers. Deux jeunes nés et grandis dans des ZUP. le petit fils d'Algérien engagé dans l'armée française, chasseur de skins à l'adolescence, est travailleur social ; l'Italo-Tunisien, cheminot homo formé à la lecture de Jaurès et de Che Guevara, est devenu militant de carrière. Après mille expériences entre Reims et Vaulx- en-Velin, Bordeaux et Marseille, tous deux se retrouvent un jour à proposer au Front national un projet politique aberrant : faire entrer la communauté musulmane au FN.

L'itinéraire de ces deux citoyens engagés et enragés témoigne de la manière dont la France accueille et forme (ou pas) ses enfants de l'immigration : quartiers, racisme, religion, éducation, sexualité, engagement, rapport à l'autre … Omar et Greg cherchent leur place avec une interrogation obsédante sur ce que c'est qu'être français.

L'écrivain François Beaune, connu pour ses Entresorts et ses Histoires vraies, a connu Omar et Greg dans le quartier de la porte d'Aix, à Marseille. Il les a rencontrés, écoutés, enregistrés, et en a tiré cette fresque sociale, récit d'une amitié hors norme et portrait croisé de deux citoyens qui, par leurs contradictions, incarnent un destin français.

Le livre commence doucement, je n'ai pas tout de suite accroché, peut-être parce que je n'avais pas de sympathie particulière pour les deux protagonistes. le récit de leur jeunesse respective à Reims et dans le Rhône n'est pas passionnant, même s'il est symptomatique de la société française et de son évolution, entre montée des tensions sociales et « ethniques » et déclassement des classes moyennes et populaires.

La suite m'a plus emballé, avec le récit de leur engagement militant : d'abord dans deux camps opposés, l'un à gauche au Parti Socialiste et à SOS Racisme, l'autre au Front National ; puis ensemble, à la tête d'une initiative un peu folle de créer un pôle « patriotique social » au FN, avec en toile de fond une tentative de réconciliation du Front National avec les musulmans de France.

Je ne partage évidemment pas toutes les opinions d'Omar et Greg, mais j'ai aimé le récit de leurs combats politiques et la part d'honnêteté intellectuelle que je dois leur reconnaître en lisant leurs propos tels que François Beaune les relate. Même sans me reconnaître dans leurs idées, je dois saluer la cohérence de leur parcours et une certaine noblesse dans leurs combats.

Au-delà de la personnalité et du parcours des deux protagonistes qui donnent leur nom au livre, c'est le portrait d'une France blessée, divisée, contrastée, en souffrance, un panorama de cette France dite périphérique, déclassée, délaissée dont on nous parle en permanence dans les médias en feignant de s'y intéresser mais sans s'attaquer aux causes du phénomène. C'est en cela que ce livre est passionnant, par son interrogation sur ce qu'est la France, sur ce que c'est d'être français. Omar et Greg sont deux exemples de ce peut être la citoyenneté française, avec des parcours différents, des croyances différentes, mais un même sentiment d'appartenance à une même communauté, une même nation.

J'ai relevé de nombreuses citations en lisant ce livre, et je vous propose d'en découvrir quelques unes, pour mieux comprendre le propos de ce livre assez particulier mais passionnant :

Sur l'immigration :

L'immigration, ça existera toujours. Tu mets un enfant qui sait marcher au milieu d'une pièce, tu fais plus attention, le gosse il est déjà à l'autre bout de la rue. Les gens sont faits pour marcher, voyager, bouger. Les migrations, en soi, c'est naturel. Maintenant quand ces vagues sont créées dans les intérêts de Bouygues, Bolloré, Vinci, Total, qui ne payent pas leurs impôts en France, et qu'on envoie nos soldats se faire crever pour leurs projets à l'étranger, on doit réagir. Il faut arrêter toutes ces guerres coloniales. le devoir universel de la France, c'est de tout faire pour instaurer la paix. Alors que là c'est nous qui déclarons la guerre.


Sur le système qui divise :

Je crois que le système diviseur joue sur les cordes sensibles, un coup sur la religion, un coup sur les ethnies, un autre sur les classes sociales. Un anarchiste, un skinhead, un Maghrébin, tous ceux-là se tapent dessus, alors que le système est en train de s'engraisser et tire tous les marrons du feu.


Sur les politiques culturelles dans les banlieues :

C'est un drame de faire des gens acculturés, qui n'ont aucun sentiment d'appartenance à ce pays. L'éducation nationale est dévoyée, parce que la pensée dominante, majoritaire, est de gauche, et eux visent à virer tout ce qui est patriotique, à faire de nos gosses des citoyens déstructurés, sans appartenance charnelle avec la France. Exactement ce qu'on a vécu dans les centres sociaux. Toutes les MJC où j'ai été, où j'ai grandi, on ne t'apprend pas la culture française, au contraire, on te maintient dans ta culture d'origine, djembé, rap, raï, on accentue l'appartenance ethnique, on fait la promotion des cultures communautaires. Les animateurs sont pas payés pour faire de toi un bon Français, mais pour te tenir au calme.


Sur la jeunesse :

Quand on renie l'Histoire, quand tu as pour référent Cyril Hanouna ou Nabila, le mépris des politiques et la misère dans des centaines de ghettos, quand il y a pas d'avenir, pas de vision globale, à un moment tu fais quoi ? La jeunesse, elle cherche un idéal, trouver une place dans la société, accomplir quelque chose et s'accomplir. le jeune, il est responsable de ses actes, mais il est pas coupable. Les coupables c'est ceux qui ont créé cette situation, qui alimentent la division, qui laissent partir ces jeunes en les montrant du doigt avec leurs pseudo-lois ridicules de déchéance de nationalité, comme si ça allait empêcher un type de se faire sauter. Les coupables c'est les Valls, les Hollande, les Sarkozy, les Macron.
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critiques presse (1)
LeMonde
03 décembre 2018
Leurs mots, tels quels. Par courtes anecdotes d’une ­demi-page, parfois moins, que François Beaune monte en alternance, Omar et Greg se racontent. Leur amitié, leur engagement – leur identité vagabonde, leur position instable dans le monde d’aujourd’hui.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Pendant longtemps mes grands-parents ont été interdits de territoire algérien, puis l'Etat a levé l'interdiction. Après il a fallu se réconcilier avec la famille. (...)
Quand tu quittes ton pays avec des convictions, il est très difficile de se renier. Il reste des douleurs, des souffrances personnelles. Ça a mis plus de quinze ans à se tasser, et encore c'est pas fini. Imagine, quand tu as cinq frères, et que deux sont dans un camp, trois dans l'autre.
Le côté FLN de ma famille disait à mon grand-père, "mais pourquoi t'es allé vivre dans ces bidonvilles, te faire traiter comme un chien [en France] ?! Après l'indépendance, tu serais resté, tu aurais gardé tes terres, tu aurais vécu comme un notable ! Est-ce que la France t'a jamais donné les compensations qu'elle t'avait promises ?"
(...)
A l'origine de notre lignée, il y avait deux frères. L'état civil français leur a donné des noms. L'un a été appelé Guellil, qui veut dire mal habillé, puis Djellil, et l'autre Guétécha, le porteur de queue de cheval, en référence à ses longs cheveux, pour simplifier, mais aussi avec l'arrière-pensée de nous diviser, de scinder les familles.
Notre vie familiale chaotique, elle remonte jusque-là, et la suite est pas triste. On a subi de plein fouet les événements dans les trois départements de France qui sont ensuite devenus l'Algérie. Parce que chez nous il y a ceux qui ont fait le choix de la France, et ceux qui ont fait le choix de l'Algérie. C'était soit les maquis soit l'armée.
Je crois que c'est ça entre autre qui a forgé tous les paradoxes de ma vie. Je suis un homme avec beaucoup de contradictions, qui ont une histoire, et des racines dans ce conflit fratricide.
(p. 51-53)
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J'avais une prof de maths, j'étais son désespoir. J'avais 1,5 de moyenne ! Mais sur le bulletin, que j'ai gardé précieusement, elle marquait "Malgré ses difficultés, Omar est toujours présent." Et c'est vrai que j'ai jamais loupé un cours, je passais ma vie au fond de sa classe.
"Omar, elle me disait, tu veux pas apprendre les maths, hein ?" Je lui répondais "Madame, 1+1 ça fait 2, mais 1A + 2B je suis perdu, il faut pas mélanger les chiffres et les lettres !"
Il y avait du respect entre nous. Elle allait au CDI, et elle m'amenait des magazines, 'Le nouvel Obs', 'L'Evénement du Jeudi'. A chaque cours, pour que je m'ennuie moins. C'est avec ces magazines, sans le savoir, que j'ai commencé à forger ma conscience politique.
(p. 14)
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Après quelques verres, l’ambiance est aux confidences. Stéphanie nous raconte ces jeunes qu’elle suit au quartier des Rosiers, les familles aussi, pour lesquelles elle s’échine à faire mettre tous les papiers à jour. Puis elle parle de moi, de ce métier d’écrivain et de cette manie que j’ai de collecter des histoires, de fouiner un peu partout. En fait si j’ai bien compris, toi tu fais le lien, c’est ça ? Tu fais remonter l’info aux Parisiens pour que les mecs qui nous dirigent comprennent mieux qui on est ? Comme un passeur qui relie les deux mondes, en vrai c’est pas un peu ça ton taf ?
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L’immigration, ça existera toujours. Tu mets un enfant qui sait marcher au milieu d’une pièce, tu fais plus attention, le gosse il est déjà à l’autre bout de la rue. Les gens sont faits pour marcher, voyager, bouger. Les migrations, en soi, c’est naturel. Maintenant quand ces vagues sont créées dans les intérêts de Bouygues, Bolloré, Vinci, Total, qui ne payent pas leurs impôts en France, et qu’on envoie nos soldats se faire crever pour leurs projets à l’étranger, on doit réagir. Il faut arrêter toutes ces guerres coloniales. Le devoir universel de la France, c’est de tout faire pour instaurer la paix. Alors que là c’est nous qui déclarons la guerre.
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Mon premier engagement au FN, c'était par haine, et d'ailleurs pas spécifiquement des étrangers. C'était une haine de tout, de mes parents, de ma condition sociale, du système, de mes propres frustrations. Il y avait pas que les Arabes. J'étais aussi emmerdé par des Blancs. Mais à Vaulx[-en-Velin], dans mon quartier, on était surtout emmerdés par des jeunes issus de l'immigration, c'est sûr. Après tu es dans une phase de contestation extrême, tu t'aimes pas, tu te cherches des potes, une voix, et la seule qui nous parlait c'était [JM] Le Pen, tout naturellement, celui qui nous ressemblait.
(p. 57)
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Videos de François Beaune (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Beaune
A l'occasion des "Correspondances de Manosque" François Beaune vous présente son ouvrage "Calamity Gwenn" aux éditions Albin Michel.
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