Pourquoi donc
Lucien Becker est-il si peu connu, alors même qu'il a écrit des
poèmes universels, a poétisé si magnifiquement l'amour, la femme, son corps, comme peu d'autres poètes ?
Certes, sa poésie est empreinte de gravité, de solitude, de tristesse, mais toujours aussi de l'omniprésence de l'amour, " rien que l'amour ", même quand il est tenté par le néant, quand la mort l'interpelle. Et puis, c'était un solitaire, peu attiré par les mondanités, qui visiblement ne recherchait pas la lumière. C'est sans doute la raison pour laquelle Il reste assez confidentiel.
Pour autant sa poésie mérite mieux que l'oubli, elle mérite de vivre hors des bibliothèques poussiéreuses. Elle évoque le quotidien, les fulgurances de la vie, du sentiment amoureux, du désir charnel.
La découverte, par hasard, de ses quelques 250
poèmes écrits en 25 ans fut pour moi une révélation ; des phrases simples, des mots de tous les jours, une musique élaborée, souvent brûlante, une plénitude rare.
Je l'ai découvert avec
" Les mots ont été créés pour qu'en fermant les yeux
je puisse venir à toi sans faire un mouvement. "
Puis
" La femme est une flamme. Il faut s'y brûler. "
" Chaque regard est le point final que l'homme met à sa solitude. "
Finalement, quatre vers représentatifs des thèmes chers à Becker
" Dans une chambre une femme m'attend
dont le corps à vif va s'ouvrir au mien
dans un instant d'une plénitude telle
que rien ne peut la limiter, pas même la mort. "
Rien que l'amour pour triompher de la mort.
Ce recueil regroupe outre sa
poésie complète, quelques entretiens et des lettres échangées avec
Bachelard, Camus, Char, Sédar
Senghor, pour ne citer que les plus célèbres.