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3,76

sur 715 notes
Un ouvrage qui m'a complètement réconciliée avec son auteur. Acheté sur un coup de tête, simplement parce que le nom de Truman Capote apparaissait, je dois dire que je n'ai vraiment pas été déçue, loin de là...

Le lecteur découvre ici non seulement la vie (enfin du moins, en partie) de celle qui allait devenir la femme de Charles Chaplin, à savoir Oona O' Neil mais aussi, son aventure amoureuse avec celui que plus tard, nous connaîtrons sous le nom de J.D. Salinger (Jérôme de son prénom). Ce roman se déroule juste avant la Seconde guerre mondiale, que le lecteur vit en direct grâce aux lettres fictives que Jérôme envoie à Oona. Il y trouve aussi la vie mondaine d'une petite starlette extrêmement riche et la vie trépidante qu'elle menait entourée de ses amies et de celui qu'elle considéra longtemps comme étant son meilleur ami, à savoir mon très cher Truman Capote.
Bien plus qu'une simple autobiographie, cet ouvrage est avant tout un roman sur ce que Salinger aurait très bien ou dire à Oona et inversement, puis celui que tout le monde connaît sous le nom de Charlot lui dira par la suite. Une histoire d'amour, avortée et déchirante dans le premier cas et attendrissante et passionnée dans le second.
Une chronique sur la vie au front en parallèle de ce qui se passait à Hollywood et tout cela donne ce superbe ouvrage.

Accompagné de photographies d'époque, je dois saluer le brio de l'auteur qui s'est extrêmement bien renseigné sur chacun de ses protagonistes pour donner l'impression à son lecteur de vivre ses merveilleuses scènes, déchirantes pour certaines, en direct. A découvrir !
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Frédéric Beigbeder, s'aperçoit qu'il ne vit plus qu'à côté de personnes jeunes qui ont une génération de moins que lui et sa compagne est née l'année où il s'est lui-même marié. Il veut rester branché, et parle le « jeune », connaissant tout le répertoire de Rihanna, « je pensais sincèrement qu'en ne fréquentant que des adolescents qui parlaient de Robert Pattinson plutôt que de Robert Redford, j'allais vivre plus longtemps c'était du racisme antimoi. » P 19 (passionnant n'est-ce pas ?)
Se penchant sur l'étude des couples ayant une différence d'âge importante (plus de vingt et un ans selon sa liste), il va s'intéresser à son auteur préféré J. D. Salinger, qui publiera le roman culte « L'attrape coeur » et sa rencontre avec Oona O'Neill, fille du célèbre Eugène O'Neill, qui a quitté le domicile conjugal quand elle avait deux ans, ce dont elle ne se remettra jamais.
Quand ils se rencontrent, Oona a quatorze ans et demi et lui dix-huit. Entourée de ses deux copines, richissimes aussi, Gloria Vanderbilt et Carol Marcus, on les appelle « le Trio des héritières »… les premières « it-girls » de l'histoire du monde occidental, cachées derrière un rideau de fumée », avec Truman Capote en chaperon, elles passent les nuits à faire la fête, l'alcool coulent à flots, les cigarettes aussi dans des établissements de luxe dont le fameux Stork Club où ils dansent et papotent pendant des heures …
Jerry tombe amoureux fou d'Oona, ils échangent des baisers, ils dorment ensemble, elle se laisse caresser mais ne va pas plus loin, ce qu'il accepte… il est complexé en face de ces jeunes milliardaires oisifs, elle est même élue « reine de l'année ??????
Mais la guerre est là, Jerry s'engage alors qu'Oona commence déjà à s'éloigner de lui, il va débarquer en Normandie alors qu'elle part jouer les starlettes à Los Angeles où elle rencontre Charlie Chaplin et je vous laisse découvrir la suite…

Ce que j'en pense :

Frédéric Beigbeder imagine les échanges épistolaires entre Jerry à l'entraînement puis au front et Oona et son mariage, et les lettres en fait sont assez bien tournées. L'exercice est à ce niveau-là est plutôt réussi.
Il décrit aussi très bien le débarquement en Normandie, la boucherie, la mer rouge de sang, mais aussi le temps qu'ils ont mis pour arriver en Allemagne avec des jours et des jours perdus dans la forêt avec la bataille de Hürtgen, « située à la frontière entre la Belgique et l'Allemagne, au sud-est d'Aix-la-Chapelle, la forêt de Hürtgen fut surnommée par les soldats l'usine de viande », bataille qui est « une erreur stratégique du commandement américain aujourd'hui reconnue par les historiens » , la découverte des camps, les déportés faméliques… la vision de l'horreur alors que pendant ce temps, Oona sirote des cocktails, nage dans la piscine de la grande villa de Chaplin, fait des enfants. Ils sont aux antipodes tous les deux.
L'auteure nous fait aimer son écrivain favori, Salinger dont il connait bien l'oeuvre (le héros de l'attrape coeur ressemble beaucoup à Frédéric Beigbeder entre parenthèse) ; on découvre Jerry derrière J. d'Salinger, l'être hypersensible, mal dans sa peau et sa conduite pendant la guerre, les nouvelles qu'il publie à partir du front. C'est un personnage attachant, fragile mais sympathique, qu'on a envie de protéger alors qu'Oona est plutôt horripilante dans son genre.
C'est le premier roman de Frédéric Beigbeder que je lis. le personnage public, écrivain passionné de cinéma m'amuse certes mais dans un roman, c'est très irritant et j'ai eu très envie de donner une paire de claque à cet ado qui n'a pas envie (ou a peur) de vieillir.
Il aurait pu faire, un roman bien meilleur s'il était resté plus en retrait, mais son but était, en fait, de comparer le couple Oona-Charlie et son propre couple pour expliquer sa théorie. C'est d'autant plus dommage que l'écriture est assez belle, il y a des phrases superbes, des fulgurances parfois et une sorte de prémonition, sur la nécessité d'une nouvelle guerre mondiale pour diminuer la population de la planète, l'attentat de Charlie Hebdo semble lui donner raison.

Note : 7/10 pour m'avoir donné envie de feuilleter à nouveau « L'attrape coeur que j'ai lu il y a un ou deux ans.


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Beigbeder clame haut et fort sont admiration pour Salinger. Logique donc qu'il en face un livre. Comme souvent chez lui, il faut aussi parler de l'écrivain branché (lui même), fêtard, qui à du mal à accepter que les belles années commencent a être derrière lui. Alors oui c'est un poil fatiguant de lire cela, et n'a pas un grand intérêt.
Pourtant Beigbeder, et c'est la aussi le paradoxe peut être aussi passionnant lorsqu'il ne se regarde pas le nombril. L'histoire entre Salinger et Oona (fille d'Eugène O'Neill) en est la preuve. Et même si au final, le roman est inégal, on ne peut s'empêcher d'avouer que ce « Oona et Salinger » possède de vrais bons moments. Beigbeder en sale garnement arrive à nous rouler une nouvelle fois. Pas si mal !
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Frédéric Beigbeder aime parler de lui et ce qu'il raconte n'est pas forcément intéressant. On se moque de savoir qu'il préfère les filles jeunes aux femmes de son âge – il n'est pas le seul, de loin s'en faut –, on se fiche de son comportement de vieux c… qui adopte un langage « jeune », et on regrette d'avoir acheté ce livre (par cher, une occasion chez Gibert) pour lire les élucubrations séniles d'un pseudo écrivain.

Mais, il y a un mais, tout ce baratin mondain vise à introduire un auteur auquel Frédéric Beigbeder s'identifie et admire, J. D. Salinger. A partir de lettres réelles ou fictives, il raconte l'amour contrarié de l'auteur de L'attrape-coeurs pour Oona O'Neill (qui épousera finalement Charlie Chaplin), fille du prix Nobel de littérature, Eugène O'Neill, et surtout, il dépeint l'horreur de son débarquement en Normandie. Et là il fait mouche.

Même s'il avoue, un peu naïvement au début du livre, qu'un auteur se doit de marquer les esprits et forcer le trait, Frédéric Beigbeder, en racontant la guerre de Salinger, fait comprendre et ressentir, avec quelques phrases qui ne manquent pas de puissance, pourquoi la guerre est un traumatisme insurmontable pour celui qui l'a vécue. Salinger, devenu agoraphobe et misanthrope, a habité, après la guerre et jusqu'à sa mort, dans une ferme au milieu de la forêt, un lieu retranché du monde.
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Il n'était pas besoin d'attendre Oona et Salinger pour comprendre que Frédéric Beigbeder est un être multiple, pétri de contradictions -qui ne l'est pas ?-, comme un Oscar Wilde moderne, provocateur né qui dissimule une bonne dose de pudeur et de timidité derrière un cynisme de façade. Enfin, bref, une fois de plus Beigbeder parle de lui dans ce roman mais ce n'est qu'une part négligeable d'Oona et Salinger, autant livre pour midinettes (l'auteur en est une et ne s'en cache pas) qu'évocation profonde d'une époque des clubs chic de New York aux champs de bataille de la seconde guerre mondiale. S'il est un dandy souvent agaçant dans ses prises de parole comme dans ses livres, Beigbeder écrit parfois avec une lucidité effrayante et n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat sur des sujets franchements tabous en France (le débarquement et la libération de la France par les troupes américaines). le portrait croisé d'Oona O'Neill et de Salinger est touchant : l'alchimie complexe entre deux êtres que beaucoup de choses rapprochent et que beaucoup d'autres éloignent. Il est fascinant de voir à quel point l'écrivain s'immisce dans cette relation chaste et vouée à l'échec, avec une élégance de style et une analyse fine des sentiments de l'un et de l'autre. Il y a certaines pages où un ange passe (Oona en était un avec la cruauté de ceux qui ont beaucoup souffert du manque d'amour, en l'occurrence de son père). Et Capote, Hemingway et Chaplin, seconds rôles remarquables, complètent cette "faction" (mélange de faits réels avec la fiction) d'une grande richesse dont la gravité et la dérision se mélangent constamment. Oona et Salinger ne convaincra pas ceux qui considèrent l'auteur comme un vulgaire poseur. Il séduira les autres, convaincus depuis longtemps non seulement de son talent littéraire mais aussi de la complexité d'un homme qui ne s'intéresse pas qu'à sa petite personne et dont la curiosité au monde, passé ou présent, tranche par sa clairvoyance aigüe dans une vision qui n'est jamais consensuelle ni simpliste.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Emouvant et beau livre que ce « Oona & Salinger » de Frédéric Beigbeder, que je viens de refermer. Je crois que c'est l'un des livres que j'ai mis le plus de temps à lire non pas parce qu'il ne me plaisait pas, mais parce qu'après en avoir dévoré plus de la moitié d'un coup, j'ai voulu le faire durer, fondre comme une confiserie dans la bouche.

Car l'ouvrage, qui pourrait paraître n'être qu'une sucrerie, seulement centré sur une histoire d'amour à sens unique supplantée par une autre histoire d'amour, qui s'ouvre sur une introduction où l'auteur raconte son refus de vieillir, justifiée et expliquée par « L'Attrape-coeur » de Salinger, le tout saupoudré à nouveau par des aphorismes plus ou moins autocentrés (mais très intéressants) du même auteur lors de ses vagabondages, va bien au-delà : une fois la couche de sucre traversée, l'ouvrage se révèle assez profond, et se dévoile dans toute sa subtilité et surtout sa sensibilité.

Si au départ, le sujet principal est la brève relation entre Jerry Salinger et Oona O'Neill, celui-ci restant subjugué par celle-là toute sa vie, avec la même intensité, malgré la distance qui les séparera toujours, physique d'abord (elle se refusera toujours à lui), géographique et sentimentale ensuite (elle le quitte alors qu'il est parti faire la guerre en Europe pour épouser Charlie Chaplin, de 36 ans son aîné. Salinger continuera à lui envoyer des lettres pendant un certain temps), il en change ensuite pour adopter plusieurs formes.

Celle d'un remarquable roman de guerre, d'abord. Frédéric Beigbeder reconstitue le débarquement, et les différentes batailles qui ont suivi la libération de la France avec toute sa brutalité et son atrocité (pour citer quelques exemples, la chute du premier rang de soldats drogués, pour enlever toute peur, sur les plages normandes, dont les vagues sont restées rouges pendant plusieurs jours ; le comportement inadmissible de certains GI's ; les combats inutiles, qui ont conduit à une boucherie, dans le froid insoutenable de la forêt allemande) ainsi que les traumatismes, en premier lieu chez Salinger, qui en ont été la conséquence, et qui ont d'ailleurs conduit ce dernier, en partie, à se retirer (« Ce qui provoque le traumatisme du vétéran, ce n'est pas l'indifférence ni le manque de reconnaissance, c'est que la vie a continué. de retour à New York en 1946, Jerry fut effondré de revoir le gros portier de son immeuble promener son chien tous les jours comme il le faisait avant la guerre. Ainsi les gens avaient continué de manger leur breakfast, de faire leurs courses chez l'épicier du coin, et de promener leur toutou autour du pâté de maisons. le décalage, voilà la cause principale de la dépression du combattant. La vie a suivi son cours, c'est pour cette vie qu'ils se sont battus (…). Si Salinger a quitté New York, c'est parce qu'on ne le laissait plus rentrer nulle part. Adolf Hitler a eu la même amertume de vétéran traumatisé à partir de 1919. Démobilisé et défait, frustré et désoeuvré, vaincu et loser, Jerry s'est enfui pour ne pas devenir dictateur »).

Un roman à thèse, ensuite (que l'on appréciera ou pas). Beigbeder est catégorique : « Je ne comprends pas pourquoi les hommes mûrs attirés par la chair fraîche choquent certaines personnes alors que c'est le couple idéal prôné par Platon dans « le Banquet ». On croit que les vieux libidineux sont attirés par des seins fermes et des cuisses fuselées alors que c'est la bonté qui les excite le plus (ce qui n'est pas incompatible avec les seins fermes et les cuisses fuselées). La gentillesse est la drogue des pépères pervers. Avec l'idée de façonner. L'homme a besoin de se sentir important depuis que la femme s'est libérée de lui ».
Cette thèse sera close par une intéressante mise en abyme : l'hommage de l'auteur à sa femme (plus jeune que lui, en sera-t-on étonné ?), nouveau moment de grâce et de délicatesse, fait à petites touches, et qui vaut d'être mentionné car il place ce « Oona et Salinger » loin des premiers ouvrages de l'auteur, plus cyniques et superficiels.
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Lire "Oona et Salinger", c'est remonter le temps.
Croiser les ombres de personnages connus (Truman Capote, Jerry Salinger, Scott Fitzgerald évoqué, Charlie Chaplin, Eugène O'Neill -un récit édifiant du père d'Oona-, Ernest Hemingway...), percevoir le pouls qui les animait et que Frédéric Beigbeder nous transmet au-delà des années.
Pénétrer le "Stork club", s'asseoir à la table six, écouter, regarder trois jeunes "pauvres petites filles riches" : Gloria Vanderbilt, Carol Marcus et Oona O'Neill dont l'auteur se préoccupe avec attention et affection.
Il la fait voir, entendre, imagine ses reparties de timide adolescente, ses doutes, ses hésitations, sa souffrance de fille abandonnée dont le nom O'Neill est en ces années un titre de gloire et un sujet de curiosité parfois indécente.
Non loin de cette table, un jeune homme ténébreux la voit : J.D. Salinger.
Au premier regard, l'alchimie a lieu. Une histoire d'amour s'ébauche entre deux taciturnes dont le silence parle plus que les mots.
Histoire qui n'aboutira pas et c'est en cela que le romanesque lui donne ses titres de noblesse.
Frédéric Beigbeder nous en déroule le fil avec bon sens, délicatesse, respect et de multiples réflexions sur cette relation imaginée notamment dans de superbes lettres de Salinger à Oona, lettres fictives puisque l'auteur n'a pu y avoir accès.
L'amour sera encore abordé lors de l'évocation du couple que formeront Oona et Charlie Chaplin (37 ans de différence). D'autres voies s'ouvrent, la relation amoureuse n'est pas qu'une.
Mais le plus percutant dans ce livre n'est pas uniquement dans cette partie du récit, il l'est surtout dans l'évocation des années quarante et de la deuxième guerre mondiale dont on apprend encore et encore.
Le débarquement à Utah Beach, les dérives, la description de la boucherie occultée de la forêt de Hürtgen en 1944, la libération du camp de Kautering IV près de Dachau, le retour de Salinger au pays (belle analyse), le choc post-traumatique, la culpabilité devant l'intervention tardive des américains, le plongeon de Salinger dans une solitude revendiquée, autant de règlements de compte à L Histoire que l'on commémore régulièrement sans toutefois en connaître tous les dessous (entre autres, cité dans ce livre, ces films de guerre si propres... trop propres...).
La magnifique rencontre de Salinger et Hemingway est un régal à lire, à vivre et Beigbeder s'y entend à nous faire vibrer.
Il écrit ici des pages sublimes sur cette période.
Pages sublimes et effrayantes, pages qui donnent la nausée et la peur de la folie des hommes.
Pages noires lorsque Frédéric Beigbeder, d'une lucidité impitoyable, attire notre attention sur un XXIe siècle allant vers on ne sait quoi de dramatique, voire une troisième guerre qui résoudrait bien des problèmes... tout se répète...
Quelques lignes aussi sur la jeunesse "mouton", égoïste, candidate parfaite aux dérives montrent un pessimisme digne des auteurs américains qu'il admire tant.
J'aime ces arrêts où l'auteur nous parle, replace les choses, nous rend complices et repart en nous entraînant avec lui, clairement, sans fioritures stylistiques lourdes et inutiles (il s'en moque d'ailleurs délicieusement dans un court pastiche).
Puis le livre bascule sur l'après-guerre et sur le mauvais procès intenté à "Charlot" (la conclusion de Frédéric Beigbeder est bien envoyée. La bêtise humaine est infinie...)
Le dernier chapitre : oui, pourquoi pas, un peu de l'auteur et le hasard et la coïncidence, etc... apporte un soupçon de légèreté à ce livre magnifique qui, au-delà d'une relation amoureuse contée, ne cache rien ni de l'Histoire, ni de l'Homme, ni des hommes.

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Bien que souvent agaçant par bien des cotés, le personnage Beigbeder me fascine assez, et j'avais notamment adoré L'amour dure 3 ans, qui, avant d'être un film (que j'ai vu récemment à la télé), est aussi un livre écrit par Beibgbeder himself (on n'est jamais mieux servi que par soi meme) et qu'à mes yeux, il représente sans doute le meilleur livre de son auteur, truffé d'aphorismes justes et hilarants, et avec un personnage principal, le fameux Marc Marronnier, double inversé de l'auteur, touchant et sensible sous ses masques de dandy blasé et misogyne.

Ici, on oublie une bonne partie du cynisme et du dandisme habituel de l'auteur pour épouser les contours, selon les propres termes de l'auteur, d'une "faction" : on veut signifier par là que toute la trame de départ est authentique, mais que Beigebder a brodé autour des dialogues de son imagination. Il en va ainsi, notamment, de tous les passages épistolaires du livre, Beigbeder n'ayant pas eu droit à visualiser ces lettres, comme il l'expliquera à la fin du livre dans un des passages explicatifs, un peu comme un "making off" du roman.

Le roman de Beigbeder se propose donc de nous faire découvrir cet auteur mystérieux qu'est Salinger, au détour de son histoire d'amour avec Oona O'Neill, jeune beauté de 15 ans, qui finira dans les bras de Chaplin, tandis que l'auteur de "L'attrape-coeur" ira se perdre sur les champs de batailles de la seconde guerre mondiale.

L'histoire de Salinger et d'Oona O'Neill (la fille du dramaturge Eugene O'Neill, très connu aux USA, moins par chez nous) débute bien tard dans le livre, car Beigbeder semble avant tout désireux d'expliquer sa démarche narrative à son lecteur et ces explications ne paraissent pas toujours essentielles au lecteur, ce dernier préférant certainement plonger plus rapidement et plus longuement dans cette histoire et cette Amérique littéraire au charme si particulier, qui nous amène sur les traces de Charlie Chaplin, d'Orson Welles en passant par Ernest Hemingway et le si précieux ( dans tous les sens du terme) Truman Capote.

Bref, "Oona & Salinger" alterne plusieurs genres, à savoir l'hommage littéraire, la chronique people et le document historique, et tout ce mélange de genre manque un peu trop de fluidité et de cohérence, et surtout le style de l'auteur - moins cinglant que d'habitude- vire parfois à la mièvrerie et ne sonne pas toujours très juste.

Après, Frédéric B conserve évidemment le sens de la formule qui fait mouche. de même,certains passages de Salinger sur sa vision de la guerre sont assez prenants, avec des phrases qui sonnent justes.

Mais il n'en demeure pas moins, qu'à la fin de ma lecture, je ne suis pas convaincu à 100% de l'absolue nécessité de ce livre, qui reste souvent aussi narcissique et mégalo que son auteur, à part peut-être permettre à son auteur de trouver des arguments irréfutables qui légitiment sa propre histoire d'amour avec une fille bien plus jeune que lui.

Bref un roman à la fois intéressant et irritant, autrement dit, du Beigbeder tout craché, à réserver sans doute uniquement aux fans!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est bizarre, Frédéric Beigbeder, je n'ai jamais réussi à le prendre au sérieux, ni à le considérer comme un réel écrivain.
Va savoir pourquoi ! Sans doute son côté people, jeunesse dorée, grand ado de la quarantaine….
Pourtant je l'aime bien, je le trouve sympathique et j'ai gardé un bon souvenir d' « Un roman français », moins des autres. Et puis peut-être que je n'aime pas tellement les auteurs qui parlent trop d'eux.
Doc j'ai commencé « Oona & Salinger » sans savoir du tout à quoi m'attendre.
Et bien, c'est pas mal. L'auteur imagine ce qui a bien pu se passer entre ces deux là
Il y a un sérieux travail de recherche sur les auteurs et acteurs américains des années quarante.
On sent sa fascination pour le monde du show-biz
Bien que peu sensible à la vie des stars, j'ai apprécié l'implication qu'il a mise dans l'écriture de ce livre et le sérieux (bien que plein d'humour) avec lequel il a traité le sujet.
La nostalgie, la comparaison entre les époques et les réflexions sur la vie reviennent souvent.
Le ton est léger, agréable, contemporain.
Du bon travail.
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Je n'aime pas trop Beigbeder, mais je me suis dit que j'allais quand même lire le livre dont le sujet m'intéressait.
Et malgré mes efforts, je n'ai pas été emballée par Oona & Salinger pour tellement de raisons que je vais certainement en oublier.

Déjà, de quoi parle-t-on? d'un type d'à peine 20 ans qui tombe amoureux d'une fille de 15 avec laquelle il ne se passe rien. Doit-on vraiment faire un roman là dessus ? Même si le garçon en question c'est Jerry avant Salinger et que le père de la jeune fille a reçu le prix Nobel.

- Comment parle-t-on? Comme les malheureux participants d'une téléréalité. Sauf que ça se passe dans les années 1940 entre des gens globalement éduqués dont on peut imaginer qu'ils avaient un peu plus de trente mots de vocabulaire en stock.

"-Finis ta bière Oona, commande une vodka martini et dis-moi des choses importantes. Je ne veux pas bavarder, j'essaie de te connaître. Que s'est-il passé putain?"
(Loft Story 2000 était à peu près du même acabit)

- de qui parle-t-on? Officiellement d'Oona, future Mme Chaplin, de Salinger, futur auteur de l'Attrape coeur, de Truman Capote et même d'Hemingway. Dommage qu'ils soient mêlés à ça.


"Truman Capote n'avait d'yeux (bleus) que pour le serveur, un jeune Antillais aux dents écartées qui ressemblait à Yannick Noah bien avant la naissance de Yannick Noah"
(p.35 Au secours !!! c'est trop avant-gardiste pour moi cette écriture)

Mais le problème c'est qu'on parle aussi de Beigebder qui aime les très jeunes femmes et qui s'en justifie misérablement. Il nous raconte sa rencontre avec sa femme, dans un récit à la fois pathétique et déplacé, qui a le mérite d'être honnête à défaut d'être littéraire.


- Quel est le propos de fond? Bon, je pourrais dire la littérature, l'amour, le couple, la désillusion par ce qu'on a quand même la chance d'avoir des conseils pour séduire une fille et une réflexion sur l'importance de la télécommande dans un couple d'aujourd'hui. Disons que c'est...déroutant


"sa façon de résister à ses avances était mille fois plus érotique que n'importe quelle nuit avec une salope à gros seins prénommée Samatha" (p.111).

(oh que j'aime l'élégance surannée de ce style)


Enfin, on y trouve en peu de psychologie de comptoir aussi, car au fond, Beigbder se sert de son roman pour justifier sa passion pour les jeunes femmes

"Un corps neuf et une âme confiante, c'est tout ce dont un vieillard a besoin"
(p.296)

Dans sa grande bonté, Beigbeder nous rappelle que la guerre c'est mal et que le débarquement fut une boucherie ...et là je dis "merci Frédéric!" punaise, je croyais que ça avait été propre, moi le débarquement en Normandie (comme l'attestent les kilomètres de croix blanches qui ont été installées depuis).

Et pourtant je n'ai pas envie de descendre entièrement ce livre, j'ai envie de sauver quelque chose, sûrement parce que j'ai un coeur, une conscience...bref...ce livre a néanmoins une qualité.

Je reconnais à Beigbeder une belle introduction, dans un pur esprit de loose, autour d'une non-rencontre avec Salinger, parce qu'il se défile. Je ne peux rester insensible à cet acte manqué, de la même manière que je ne peux rester insensible à ce que j'ai lu entre les lignes. L'incipit sur son jeunisme est drôle et sincère, et je crois que Begbeider reconnaît dans ce roman (qui n'en est pas vraiment un) qu'il ne sera jamais un grand écrivain, qu'il restera toute sa vie du côté de ceux qui les admirent sans jamais les égaler, qu'il sera plus célèbre pour sa vie dissolue, ses histoires avec les filles de, ses rails de cocaïne, ses interventions au Grand Journal que pour ses romans. Beigbeder a compris qu'il n'écrira jamais le livre qui change la vie d'un lecteur, je n'ai pas d'extraits pour en attester, mais sa manière de se présenter à l'opposé de l'ermite Salinger en dit long pour moi...

Pardonnez-moi, avec cette critique je n'ai pas voulu atteindre les admirateurs de Beigbeder (Je les respecte tous ) mais tout simplement dire ce que je pensais.

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