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EAN : 9782841610327
227 pages
Albouraq (01/04/2006)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Bennabi fait partie du cercle restreint de penseurs qui ont appliqué leurs capacités d'analyse à la compréhension des mécanismes sociologiques qui produisent les civilisations et les dysfonctionnements qui entraînent leur déclin. Le grand problème auquel il a été confronté le long de son itinéraire, a été de savoir comment arracher les musulmans au déterminisme de leur histoire.

Médiateur entre la civilisation de l'Islam et celle de l'Occident, il es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Malek Bennabi était un intellectuel, militant, musulman algérien. Il a lutté contre le colonialisme, pour la libération de l'Algérie mais aussi pour la renaissance de l'ensemble du monde musulman.

Dans « Vocation de l'Islam », il analyse les tenants et les aboutissants de la décadence du monde musulman, il en expose les causes et les manifestations. Son constat est rude et sans appel, tout est dû à l'état d'esprit du musulman, homme "post-almohadien" (nom donné par Bennabi au musulman décadent dont il situe la naissance au moment de la chute de l'empire almohavide) qui s'est fait coloniser parce qu'il est colonisable. Mais parce que son but est de construire et non de détruire, ce constat n'engendre ni la haine ni la frustration mais l'envie de se battre pour s'améliorer. Fidèle à l'enseignement coranique selon lequel Dieu ne change pas la situation d'un peuple s'il ne change pas ce qu'il y'a en lui-même, Malek Bennabi avance que rien ne viendra de l'extérieur mais de l'intérieur. La « boulitique » ne sert à rien si le musulman ne s'engage pas dans un programme de « re-civilisation », de développement intellectuel, social, moral, dans une démarche de réforme de son âme.
Par rapport à l'Occident, décrit comme « la plus grande réussite et en même temps le plus grand échec » de l'humanité, les musulmans ne doivent ni être arrogants, ni être béats d'admiration et en récolter les idées « mortelles ». Ce livre insiste sur la réforme intérieure des musulmans et sur sa colonisabilité. Cependant, jamais il ne nie la grande part de responsabilité du colonialisme dans le chaos musulman. Seulement, il insiste sur le fait qu'il existait, depuis que le déclin du monde musulman s'est précipité, des germes dans le corps musulman qui ont rendu possibie cette colonisation. le but ? Se débarrasser de cette maladie, d'abord pour le bien des musulmans, mais aussi car l'Occident sombre également dans le chaos à cause de sa civilisation matérielle et que les musulmans doivent absolument redevenir dignes de l'Islam et proposer une alternative à l'apocalypse qui vient, pour le bien de toute l'humanité, car l'heure est plus que jamais à l'Unité, à l'harmonie entre les civilisations. Telle est la Vocation de l'Islam.

« Vocation de l'Islam » est un appel à la responsabilisation, la réforme et l'engagement, dont le fond et la forme sont à même de faire vibrer le coeur de chaque musulman. En moins de 300 pages, Malek Bennabi a livré une réflexion extrêmement riche sur la décadence du monde musulman. Il serait très difficile d'exposer l'intégralité des enseignements de cet ouvrage en un commentaire. En effet, pour appuyer son argumentaire, le livre est en outre parsemé d'analyses et d'études de cas d'histoire contemporaine et plus ancienne, de témoignages directs, d'illustrations et d'exemples édifiants et même bouleversants, sur la décadence du monde musulman et l'esprit décadent du musulman colonisable principalement, mais également sur le chaos du monde occidental , sur le colonialisme, sur les caractéristiques propres de l'Islam et de l'Occident, sur les rapports entre civilisations et leurs perspectives d'avenir (intuitions qui se vérifient aujour'hui), sur l'histoire du réformisme musulman, sur des faits liés à l'actualité de l'époque de Malek Bennabi et concernant le monde arabo-musulman mais pas uniquement, il propose également une certaine vision de l'histoire, de la vie, de l'homme qui est puisée directement dans la Tradition Islamique ' C'est un grand esprit qui a écrit ce livre.
«Vocation de l'Islam » n'est donc pas qu'un appel adressé aux musulmans, c'est aussi une plongée dans un mode de pensée alternatif, riche et rigoureux, qui contribue à la rencontre entre civilisations, une rencontre véritable, respectueuse, extrêmement instructive, et fructueuse.

J'avais lu ce livre il y'a quelques années et en le parcourant à nouveau, je me suis rendue compte qu'il était encore plus riche que je ne le pensais. Malek Bennabi était un véritable acteur et témoin de son siècle, la richesse de cet ouvrage n'est que le reflet de la richesse de l'ensemble de son oeuvre, dont l'édition en français est curieusement lacunaire. Bref, à lire absolument pour chaque musulman et toute personne désireuse de comprendre de l''intérieur les drames du monde musulman.
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Ce livre me fut donné par un ami marocain qui avait constaté mon intérêt pour la culture et la religion islamique . L'auteur y analyse l'évolution du monde musulman et cherche les causes de ce qu'il considère comme une stagnation . Même si cet ouvrage est un peu ancien (1955) il conserve un intérêt pour éclairer certains aspects de l'état actuel de l'Islam qui est devenu , hélas, pour certain l'unique grille de lecture du monde , pour d'autres la figure même du fanatisme.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'Europe rationaliste, qui a créé la machine, se voit incapable de poser correctement les problèmes humains. Tout rapport non mesurable échappe à sa science parce qu'il échappe à sa conscience. On sait façonner la matière mais on ne sait pas la rendre utile à l'homme. Le processus de production en Europe ne définit pas l'objet par rapport à l'homme mais définit l'homme-outil en fonction de l'objet fabriqué.

L'Europe est devenue technicienne, mais a cessé d'être morale. On ne sait plus découvrir les perspectives humaines au-delà du chiffre, de la quantité, au-delà des limites d'un monde qui est uniquement défini en termes de matière. Une civilisation trouve son équilibre entre le spirituel et le quantitatif, entre la finalité et la causalité. Aussitôt que l'équilibre est rompu dans un sens ou dans l'autre, c'est la chute verticale. La civilisation musulmane perdit son équilibre au moment où elle n'observa plus ce juste rapport entre la science et la conscience, entre les données matérielles et l'ordre spirituel: elle sombra dans la pure anarchie métaphysique, dans le chaos maraboutique, qui ont fait sa décadence.

Aujourd'hui nous assistons à une autre expérience qui aboutit un autre déséquilibre: la civilisation occidentale, qui a perdu le sens du spirituel, se trouve à son tour au bord de l'abîme.

Il ne s'agit donc plus pour le monde musulman de séparer les valeurs mais d'accoupler la science et la conscience, l'éthique et la technique, la physique et la métaphysique, afin de réaliser un monde selon la loi de ses causes et l'impératif de ses fins. Mais pour refaire une jeunesse au monde, il faut un homme nouveau capable d'assumer son existence moralement et matériellement, comme témoin et comme acteur. L'homme post-almohadien est, certes, trop vieux, trop caduc, mais le monde musulman n'en inclut pas moins une grande part de cette jeunesse nécessaire. (p. 148)
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En notant « la rapidité énorme avec laquelle le monde de l'Islam se meût spirituellement vers l'Ouest », Iqbal ne fait peut-être que mentionner un aspect particulier d'un phénomène qu'Ibn Khaldoun avait saisi dans sa généralité : « Le peuple conquis, affirme le grand historien médiéval, adopte les formes, les idées et les manières du peuple conquérant ». La technologie moderne appe1le cela « la loi de l'adaptation ». Devant un pareil phénomène, nous avons vu Iqbal lui-même se troubler lorsqu'il s'agissait de prendre position, par exemple, quant au problème de la femme. On le voyait hésiter entre la coutume orientale qui sépare la femme de la réalité par un voile ou par un moucharabieh, et la conception occidentale d' « émancipation » inconditionnelle qui la met de plain-pied avec la réalité. Cette attitude témoigne du trouble général de la conscience musulmane moderne, déroutée entre deux solutions qui lui paraissent également déplorables. Il semble que l'on soit, dans de nombreux domaines, à la recherche d'une troisième solution, plus compatible à la fois avec l'esprit de l'Islam et les nécessités de l'époque ; et dans toute recherche, il y a une hésitation, une angoisse. Il faudrait trouver là, sans doute, la cause de ce trouble des meilleurs esprits, d'où résulte une sorte de pause dans l'évolution des idées, puisque la société musulmane ne peut plus revenir en arrière au stade post-almohadien et ne peut se lancer plus avant, aveuglément, dans son mouvement « vers l'Ouest ».

Le monde musulman donne ainsi l'impression de se trouver dans un no man's land historique, entre le chaos post-almohadien et l'ordre occidental. Mais cet ordre n'exerce plus l'influence fascinante et l'attraction irrésistible qu'il exerçait naguère, à l'époque de Mustapha Kemal et d'Iqbal. Actuellement, l'Occident n'offre plus, à son tour, que le spectacle d'un autre chaos où l'esprit musulman, à la recherche d'un « ordre », ne trouve pas le modèle à imiter, la source d'inspiration extérieure pour guider sa marche progressive, de sorte qu'il en vient à se retourner vers ses propres valeurs. On peut ainsi remarquer dans les lectures et les discussions des jeunes musulmans les signes d'un intérêt nouveau pour l'Islam, et qui n'a nullement le sens d'un repli : l'Islam semble, au contraire, s'ouvrir d'une manière plus consciente sur le monde moderne auquel il veut s'adapter.

Il sait que l'Occident ne peut lui fournir toutes les solutions comme il l'avait pensé à l'époque kémaliste – mais qu'il y trouvera les résultats d'une immense expérience qui garde, malgré toutes ses erreurs ou à cause d'elles, une valeur inestimable. Cette expérience – prodigieuse leçon de l'histoire pour comprendre le destin des peuples et des civilisations – est particulièrement intéressante pour l'édification de la pensée musulmane, car elle est celle d'une des plus parfaites réussites du génie humain en même temps que de son plus grave échec. (pp. 107-108)
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C'est ainsi que l'idéal islamique; idéal de vie et de mouvement a sombré dans l'orgueil et particulièrement dans la suffisance du dévot qui croit réaliser la perfection en faisant ses cinq prières quotidiennes sans essayer de s'amender ou de s'améliorer : il est irrémédiablement parfait, Parfait comme la mort et comme le néant. Tout le mécanisme psychologique du progrès de l'individu et de la société se trouve faussé par cette morne de satisfaction de soi. Des êtres immobiles dans leur médiocrité et dans leur perfectible imperfection deviennent ainsi l'élite d'une société morale d'une société où la vérité n'a enfanté qu'un nihilisme.
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L’Europe est devenue technicienne, mais a cessé d’être morale. On ne sait plus découvrir les perspectives humaines au-delà du chiffre, de la quantité, au-delà des limites d’un monde qui est uniquement défini en termes de matière.

Une civilisation trouve son équilibre entre le spirituel et le quantitatif, entre la finalité et la causalité. Aussitôt que l’équilibre est rompu dans un sens ou dans l’autre, c’est la chute verticale.

La civilisation musulmane perdit son équilibre au moment où elle n’observa plus ce juste rapport entre la science et la conscience, entre les données matérielles et l’ordre spirituel: elle sombra dans la pure anarchie métaphysique, dans le chaos maraboutique, qui ont fait sa décadence.

Aujourd’hui nous assistons à une autre expérience qui aboutit un autre déséquilibre: la civilisation occidentale, qui a perdu le sens du spirituel, se trouve à son tour au bord de l’abîme.

Il ne s’agit donc plus pour le monde musulman de séparer les valeurs mais d’accoupler la science et la conscience, l’éthique et la technique, la physique et la métaphysique, afin de réaliser un monde selon la loi de ses causes et l’impératif de ses fins.

Mais pour refaire une jeunesse au monde, il faut un homme nouveau capable d’assumer son existence moralement et matériellement, comme témoin et comme acteur.
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Vidéo de Malek Bennabi
Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "Que sais-je de l'Islam" de Malek Bennabi aux Editions Héritage.
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