AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246819356
352 pages
Grasset (09/05/2019)
3.77/5   11 notes
Résumé :
En 2017, la publication de Manuel à l’usage des femmes de ménage a permis au public de découvrir en Lucia Berlin une grande auteur injustement tombée dans l’oubli. Un deuxième recueil de textes courts confirme aujourd’hui la place qu’elle occupe désormais dans le panthéon des lettres américaines, à l’égal d’un Raymond Carver ou d’une Alice Munroe.
Les vingt-deux nouvelles rassemblées dans Un soir au paradis nous emmènent à nouveau sur les lieux où a vécu Lu... >Voir plus
Que lire après Un soir au paradisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La conscience de l'éphémère

Lucia Berlin dévoile le théâtre de sa vie dans les décors somptueux d'une nature intacte ou les quartiers mal famés et immondes au Mexique,au Chili,au fin fond de l'ouest américain ou à New-York...
Elle parsème ces histoires de mots d'espagnol,ce qui contribue à nous mettre dans l'ambiance et accentue le ressenti des choses.Nous sommes au milieu de scènes familiales d'un autre temps,la vie est rude ou à l'inverse luxueuse, mais la femme est invariablement celle qui porte le poids des traditions et des diktats.
D'une grande lucidité et en avance sur son temps,elle décortique les rapports hommes-femmes,le quotidien des classes sociales et en fait ressortir un mélange détonnant de beauté, de solitude,de fatalisme.
Nulle tristesse et nul apitoiement cependant. Des constats,des renoncements mais surtout des nouveaux départs,la force d'avancer envers et contre tout.
Forte,elle l'a été. Courageuse, intelligente, déterminée, malgré les ratages,l'alcool,la drogue, les enfants,les drames de l'existence : demain est un autre jour.
Son humour grinçant,son acuité verbale,sa liberté de ton m'ont vraiment séduite.

"Le courage de mes convictions ? Je n'arrive même pas à garder une impression au-delà de cinq minutes. C'est comme la radio à bord d'un pick-up. Je roule à fond de train...Waylon Jennings,Stevie Wonder...passe sur une grille antibétail et paf ! C'est un évangéliste de Clint ,Texas.Votre vie est un échec.Avec l'accent chuintant."

Certaines nouvelles m'ont particulièrement touchée comme " le gardien de mon frère ",où il est question d'un féminicide et de remords.
"Perdue au Louvre",une déambulation existentielle.

Elle avait raison quand elle écrivait " Lorsqu'on lit un roman,les événements et les personnages prennent une valeur allégorique et éternelle. "

Commenter  J’apprécie          452
Avec ce second recueil de nouvelles Lucia Berlin nous transporte à Puerto Vallarta où Ava Gardner vedette de la "Nuit de l'iguane" fricote avec un beau gosse du cru, pas très loin d' Acapulco, à l' époque où Elvis roucoulait dans des films sirupeux, mais aussi au Chili, au Mexique, ou dans des lieux moins funs du sud des États-Unis, Nouveau Mexique, Texas et puis New York, San Francisco et même l'incontournable détour par la France et Paris.
Transformée et déformée la dimension autobiographique est omniprésente. A chaque nouvelle on retrouve des constantes, les mêmes prénoms, voire les mêmes situations, le parcours personnel de l'auteur marqué par sa passion pour la langue espagnole, ses mariages décevants, la présence de ses 4 enfants et l'alcool.
Les nouvelles sont plutôt courtes, les héroïnes sont souvent des femmes au foyer, délaissées, se consacrant aux tâches ménagères alors que les maris, artistes, sculpteurs, jazzmen ou drogués mènent leur barque, indifférents. Parfois les situations sont loufoques, voire violentes entrant en résonance avec des épisodes douloureux de la vie de l'auteur, un enfant disparaît, une femme est assassinée et le crime reste impuni.
Ce qui est troublant dans ces nouvelles - comme dans celles de Raymond Carver - c'est l'esquisse. le quotidien est assez banal, sans relief particulier, des détails triviaux sont donnés puis soudain, dans la phrase suivante, l'essentiel est dit, inattendu, définitif et conférant à l'ensemble sa vraie dimension. "Elle conservait aussi les papiers des plaquettes de beurre pour graisser les moules à gâteaux. Pourquoi suis-je aussi mesquine? Je l'adorais."
L' écriture est fluide, émaillée de mots et expressions espagnoles et de références aux fleurs jusqu'à l'obsession . C'est tout l'univers riche, complexe et dramatique de Lucia Berlin que l'on retrouve.
Commenter  J’apprécie          92
Quels que soit les aléas de la vie que connaissent les héroïnes des nouvelles de Lucia Berlin, quelles que soient les lieux qu'elles habitent, temporairement ou non, elles ne se plaignent jamais et se débrouillent toujours pour  préserver l'essentiel : l'amour, que ce soit celui des hommes (souvent infidèles) et des enfants.
Artistes, stars américaines lors d'un tournage, professeure connaissant de fins de mois difficiles, Lucie Berlin, observe avec empathie et débusque toujours la fêlure des êtres. Vingt-deux textes qui confirment tout le talent de cette novelliste qui s'est souvent inspiré de sa vie.
Commenter  J’apprécie          114
J'ai lu un livre d'elle il y quelques mois. J'ai retrouvé dans celui-ci ces histoires touchantes, ce style bien à elle fluide et drôle. Elle raconte des moments de sa vie avec détachement et pudeur. Elle nous parle de la vie, la maladie, la solitude, la famille.
Commenter  J’apprécie          40
Dans ce second recueil de nouvelles, on retrouve le style de Lucia Berlin, avec des héroïnes cabossées par la vie. du Chili à New York, en passant par Paris ou le Mexique, nous suivons les traces de ces femmes qui font ce qu'elles peuvent, au milieu d'amants toxiques, enfants à charge, ou de trop grande quantité d'alcool, pour s'en sortir.
Un petit côté Oates parfois (le côté angoisse sous-tendu en moins), Carver a d'autres (moins masculin que lui).

Lu avec grand plaisir. Je ne sais pas si un troisième recueil est prévu (Quid des nouvelles non publiées ? Et puis le succès semble être moindre que pour le premier tome).
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (2)
LaLibreBelgique
17 mai 2019
Sa plume racée, parfois tranchante, aime extirper la noirceur sans jamais succomber au défaitisme ou à l’accablement, préférant se placer du côté de la lumière, si faible que soient ses signaux.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
10 mai 2019
Un nouveau périple en compagnie de la grande nouvelliste américaine décédée en 2014.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
C'est tout ce qu'on s'est dit,et pourtant j'étais restée longtemps. Des moments horribles,de ceux où l'on sait qu'on devrait parler,ou écouter, et où seul le silence résonne.
Commenter  J’apprécie          310
A El Paso, en ce temps-là, l'an 1943, on entendait beaucoup parler de la guerre. Mon grand-père collait des photos d'Ernie Pyle dans des albums toute la journée, Mamie priait. Ma mère, bénévole pour la Croix-Rouge à l'hôpital, jouait au bridge avec les blessés. Elle ramenait des soldats aveugles ou manchots à dîner. Mamie m'avait lu dans le livre d'Isaïe qu'un jour, tous forgeraient de leurs épées les socs de charrue, mais je je n'y avais pas réfléchi. Je me contentais de m'ennuyer de mon père, qui était lieuntenant quelque part à l'étranger, et que je glorifiais.... Okinawa. Fillette, j'ai pensé pour la première fois à la guerre en entrant au Gavilan Café. Je ne sais pas pourquoi. Je me souviens seulement avoir pensé alors à la guerre. (Les vanity-cases musicaux)
Commenter  J’apprécie          40
Quand j'étais enfant, j'essayais de saisir l'instant précis où le sommeil m'emporterait. Immobile des mon lit, j'attendais, mais l'instant d'après c'était le matin. En vieillissant, j'ai réessayé par intermittence. Parfois, je demande à des personnes si elles ont jamais tenté la même chose, mais on ne me comprend jamais. J'avais plus de quarante ans quand j'ai réussi, et je ne l'avais même pas fait exprès. Par une chaude nuit d'été. Les phares des voitures balayaient le plafond. Ronron des tourniquets d'arrosage d'un voisin. J'ai surpris le sommeil. Au moment où il venait gentiment me recouvrir comme un drap frais, légère caresse sur mes paupières. J'ai senti le sommeil m'emporter. Le lendemain matin, j'étais heureuse en me réveillant et je n'ai jamais eu à recommencer.
(Perdue au Louvre)
Commenter  J’apprécie          20
Vous savez ce qui se passe, quand une amie est amoureuse. Enfin, je suppose que je m'adresse à des femmes, des femmes fortes, des femmes mûres. (Sara avait soixante ans.) Nous prétendons que c'est formidable d'être autonomes, que nos existences sont bien remplies. Mais nous la désirons toujours, la recherchons. La Passion. Lorsque Sara avait valsé dans ma cuisine en riant - "Je suis amoureuse, tu te rends compte?" - j'avais été contente pour elle. Nous l'étions tous. Leon était séduisant. Instruit, sexy, structuré. Il la rendait heureuse. Plus tard, comme elle, nous lui avons pardonné. Des rendez-vous manqués, des mots désobligeants, un peu de désinvolture, une gifle. Nous voulions que tout soit pour le mieux. Nous voulions encore croire à l'amour.
(Le gardien de mon frère)
Commenter  J’apprécie          20
Il est des sujets dont on ne parle pas. Je ne veux pas dire les sujets difficiles, comme l'amour, mais les gênants, comme le fait que les funérailles sont parfois marrantes, ou ce qu'il est distrayant de voir des bâtiments en feu. Les funérailles de Michael furent magnifiques. (Poussière tu retourneras)
Commenter  J’apprécie          40

Video de Lucia Berlin (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lucia Berlin
Lucia Berlin Manuel à l'usage des femmes de ménage
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (66) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..