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EAN : 9782823602098
204 pages
Editions de l'Olivier (06/03/2014)
3.94/5   8 notes
Résumé :
« Désormais je peux parcourir ces rues sommaires comme un homme sans passé, sans avenir. C’est ce que je suis : je n’existe pas. »

En Argentine, un soir de réveillon, un homme seul observe à sa fenêtre le paysage désert d’une station balnéaire.

Il ne connaît personne, et personne ne le connaît. En simulant sa propre mort, il a quitté femme, enfants et travail. Du fond de sa mémoire ressurgit son enfance : une petite ville des années 196... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'Argentine que décrit Carlos Bernatek, le roman se passe pour partie pendant le mondial de football 1978, est-elle comme il l'écrit, reprenant l'expression de Primo Levi, cet anus mundi, le trou du cul du monde qui recycle les merdes de l'humanité ?
L'accueil des Nazis cherchant à se refaire une virginité n'est que la suite logique d'une société qui s'est construit sur le massacre des indigènes vivant sur place et la relégation de leurs descendants au 36ème dessous de la société. La dictature militaire n'est qu'un avatar de cette histoire chaotique dont n'avait pas besoin la société argentine poussée à faire fleurir ses penchants les plus vils.
Oui, même si l'on décèle un humour féroce sous les mots de Carlos Bernatek, banzaï n'est pas une partie de plaisir.
Le narrateur cherche à fuir cette société, à s'en défaire. Mais pour aller où ?
« Parfois, je me demande ce que je veux, Bon Dieu, et je me réponds : je veux une vie, mais pas n'importe quelle vie ; j'en ai déjà eu une de ce genre-là et je m'en suis débarrassé. Je ne veux pas la paix, je veux le chaos, le bourbier. L'adrénaline, pas la lymphe ; et jamais au grand jamais l'ennui. Quatre-vingt pour cent de la vie est ennui. »
La nostalgie de son enfance, cette période où les journées ne sont que découvertes, est loin. Il est devenu adulte. Il ressent que sa prochaine étape est la mort. Mais combien de temps encore, cela va-t-il durer ? C'est la raison pour laquelle, comme ces Nazis qui se dissimulent sous une fausse identité, il décide de saisir l'opportunité d'un accident, d'usurper l'identité de la victime et de se faire passer pour mort.
Il devient Garnier.
Le titre du roman banzaï fait référence aux Kamikazes japonais décidant de s'immoler sur les navires américains avec leur avion.
La relativité du temps est la même. Garnier est rentré dans la logique du Kamikaze. Comme le pilote, il sait qu'il va tomber, mais au fonds, quelle est sa notion du temps ? Est-elle la même que celle du marin qui attends le point d'impact ? Pendant ce court laps de temps, que vit le Kamikaze, qu'magine-t-il ? A quoi pense-t-il ? Revit-il sa vie antérieure ?
Bernatek se livre à cet exercice dans banzaï. Plus rien n'a d'importance que lui-même. Que ce qu'il vit par procuration pour le temps qu'on l'autorisera à la faire.
Les Nazis vivant sous de fausses identités se font prendre un à un par des agents du Mossad ou des groupes de chasseurs, mais ils ne savent jamais quand ni comment. Ils ne peuvent se défaire aux yeux de ces justiciers, de ce qu'ils ont été à un moment de leur vie. En dépit de toutes les apparences qu'ils se donnent :
« Evidemment, le passé revient de temps en temps rendre visite à ces petits vieux qui saluent aimablement leurs voisins et achètent leur pain en souriant à la boulangère. »
« (…) moi je me contentais d'exécuter les ordres, comme disaient les nazis en 45 à Nuremberg, ou comme on disait en 83 en Argentine ou dans n'importe quel pays où vivent des assassins officiels. Il y a toujours quelque part dans le monde un bourreau devant un tribunal s'efforçant de minimiser sa responsabilité. Les autres, ceux qui n'arrivent jamais devant un juge, deviennent d'aimables petis vieux sans passé. le devoir d'obéissance. »

De même le narrateur n'attend rien que la fin.
« En réalité, à ce stade, ce qui m'inquiétait le plus, c'était la crasse qui allait rester sur l'Alfa Romeo après un trajet aussi merdique. »
« Je me suis rasé chaque matin en essayant d'esquiver les questions que mes yeux renvoyaient dans le miroir. »
Et à la fin du roman, il comprend.

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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L'histoire débute un soir de réveillon dans une médiocre station balnéaire proche de Buones Aires.Un homme attend une femme qui ne viendra pas.L'homme est un homme sans nom,qui a tout quitté ,femme,enfant,maison ,travail,pour se délester de tout,y compris son identité.Temoin d'un accident de la route ,il remplace la pièce d'identité du mort par le sien,comme quoi, officiellement il n'existe plus.Il se dit"Désormais je peux parcourir ces rues sommaires comme un homme sans passé,sans avenir.C'est ce que je suis,je n'existe pas".Mais il va être rattrapé par son passé et sa mémoire.Cet homme ,qui se fait appeler Garnier,qui apprécie Heiddeger et Courbet,se passionne pour des personnages menant une double vie,vivant sous fausses identités,précisément des nazis connus réfugiés en Amérique du Sud.Dans sa nouvelle vie ,il va en croiser d'autres,par commencer son voisin Venosa ,qui tient un négoce de plombier,et qui l'entrennera dans une autre trame.C'est un récit intelligent,dense à l'humour caustique,remarquablement bien écrit et traduit,quoi dire de plus!
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Intense ... un condensé de romans un resumé de la condition humaine, prenant ,et evidemment tres bien écrit , de quelqu'un d autre de tonino benacquista( et un petit passage relevant du discours de fabien caro )bien que cela ne soit pas le meme genre plus depressif dans banzai. ce livre m a surprise jusqu à la fin rageante et brutale.
Le personnage cherche son exception et finalemnt comprend que sa quete ne viendra que de lui meme .


Et comme d habitude je ne resiste pas à me faire un peu de "pub " et mettre un de mes poemes.
Sur la plaine
Hurlant dans un gris papier .
Le loup cherche sa meute
Lambeaux de fratrie
Il cherche son landeau bleu.

Les mères de famille poussent leurs fardeaux
Les bébés babillent innocents d un jour
Corrompus dejà l heure suivante
Les mots mauvais et les nuages qui eclatent
Du glacier à la mer aux plaines hurlantes.

Et moi je songe aux vagues clapotantes
Où rugissent les beaux voiliers
Un beau bateau.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La route n'est pas un lieu, c'est la trajectoire d'un mouvement. Les tracés m'ont toujours fasciné, cette bande capricieuse d'asphalte sur la terre, la piste interminable qui fait communiquer la terre entière, les stations-services, les restos routiers, les bars à putes qui s'illuminent dans la nuit et, la journée, retrouvent leur nature de taudis sordides ; les croisements de chemins où surgissent des baraques, des installations précaires qui demain peut-être formeront des villes, des cabanes qui vendent des produits locaux, des ateliers de réparation. Je pourrais vivre uniquement sur la route, en prenant n'importe quelle direction.
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On a dû montrer à ma femme un corps calciné, méconnaissable, et peut-être les résidus de mes papiers…
(...)
Désormais, je peux parcourir ces rues sommaires comme un homme sans passé, sans avenir. C’est ce que je suis, je n’existe pas.
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Il va croupir dans la prison d'Azul, à une époque terrible. Enfermé là, il va apprendre un peu d'espagnol, et commencer à comprendre la logique démente du pays où il a jeté l'ancre. Il fait même des déclarations politiques contre la dictature, c'est le seul privilège que lui octroie le retentissement de l'affaire ; ils ne peuvent plus le faire disparaître, son cas est arrivé jusqu'aux oreilles du Vatican. Cela ne les empêche pas de le torturer et de le faire souffrir selon les méthodes habituelles des prisons argentines.
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