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EAN : 9782253087823
94 pages
Le Livre de Poche (04/09/2004)
3.88/5   17 notes
Résumé :
Résumé:
Corde au cou, un homme contemple la rivière qui coule sous le pont où il va bientôt être pendu.
Quelques secondes... une éternité. Le courant de sa conscience voyage, dans ce battement ténu qui le sépare d'une mort inéluctable. A moins qu'il ne réussisse à plonger, à se libérer de ses liens, à gagner la rive et la forêt ?
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Ce qui se passa sur le pont de Owl Creek est un court récit d'un écrivain et journaliste américain du XIXème siècle, que je découvre ici, Ambrose Bierce.
Qui est-il, cet homme qui s'apprête à mourir, qui va mourir ou peut-être pas ? Corde au cou, il contemple la rivière qui coule sous le pont, à l'endroit où il va bientôt être pendu. Il suffira qu'un des soldats se tenant devant lui retire l'une des traverses du pont sur laquelle repose encore ses pieds, pour que le vide emporte les jambes puis tout son corps ployé vers l'eau, pour que le cou se rompt comme on casse la branche d'un arbre.
Rien n'est dit sur les raisons pour lesquelles on s'apprête à pendre cet homme…
Il s'appelle Peyton Fahrquhar, semble avoir environ trente-cinq ans. C'est un planteur aisé, d'une vieille famille très respectée de l'Alabama. Nous sommes en pleine guerre de Sécession, lui-même est un sécessionniste de la première heure convaincu de ses engagements politiques, même s'il ne fait pas la guerre. Il est civil. Mais là-bas, en ces temps de guerre, il arrive qu'on pende aussi des civils, accusés de sabotage ou d'exaction contre l'ennemi. Comme saboter un pont qui sépare la rive nord de la rive sud…
L'ennemi du point de vue de de cet homme qui va mourir, ce sont ses soldats qui tiennent le pont d'Owl Creek, comme une frontière, un point stratégique. Aujourd'hui c'est la ligne de démarcation qui délimite la vie de la mort d'un homme. Ces soldats, ce sont ceux qu'on appelle les Yankees, rattachés à l'Union, aux valeurs défendues par le gouvernement fédéral des États-Unis d'Amérique.
Quelques secondes... une éternité.
Le courant de la conscience voyage déjà, dans ce battement ténu qui le sépare d'une mort inéluctable. À moins qu'il ne réussisse à plonger, à se libérer de ses liens, à gagner la rive et la forêt ?
Quelques secondes…
Le temps de penser peut-être à sa femme, au bonheur, à l'amour, aux étreintes, à ce visage aimé qui attend peut-être là-bas, qui pleure sans doute déjà… Ah ! La revoir, la retrouver vite !
Il n'y a pourtant rien de tragique dans cet instant qui dure, qui résonne longtemps, comme l'onde après avoir jeté un caillou dans une eau calme… C'est un temps qui devient élastique, comme si brusquement tout tournait au ralenti, le paysage, les oiseaux, le bruit des feuilles dans les arbres, les hommes sur le pont, les souvenirs qui reviennent à la surface de l'eau… C'est peut-être là toute l'ironie du sort de cet homme, livré à l'absurde instant où croire que tout est possible comme une corde qui casse au moment fatal, devient brusquement un ciel bleu dans ce paysage d'Alabama.
C'est la force suggestive de ce texte ramassé dans cet instant ultime, comme suspendu au-dessus du vide, sous les pieds de cet homme…
Une once de fantastique et d'étrangeté s'inviterait presque qu'on ne serait pas surpris… C'est comme un rêve et l'homme se dit peut-être, je vais me réveiller et elle sera là à mes côtés, nous allons nous étreindre comme aux premiers jours…
C'est un petit bijou de littérature dans sa puissance et sa justesse à évoquer l'immanence d'un instant et qui emporte le lecteur dans ce pouvoir de suggestion, comme la rivière sous le pont d'Owl Creek emporte les rêves, quelques bridilles et feuilles tombées d'un arbre et les toutes dernières illusions.
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Le spectre de la guerre de Sécession hante l'oeuvre d'Ambrose Bierce. Les souvenirs traumatiques de sa jeunesse sur le front s'incarnent parmi les ponts et les forêts américaines, autour de champs de bataille dont le fracas assourdissant trouve une forme d'écho dans certaines scènes et chutes cruelles, susceptibles de plonger le lecteur dans une horreur muette.

Merveilleusement précises et rythmées, les descriptions vivides sont empreintes de l'humour noir caractéristique de l'auteur, mais donnent aussi souvent le point de vue des personnages. Ainsi parcourt-on d'étranges sous-bois en clair obscur dans « Chikamauga » et « La mort de Halpin Frayser », où la lumière ne sert qu'à dévoiler des tons rouges sang et les faciès abominables de cadavres animés. La psychologie tourmentée des héros se manifeste via des détails emplis de sens : dans la nouvelle éponyme, un son de montre est distordu et amplifié par la détresse du condamné à mort, comme le battement du « Coeur révélateur » chez Poe.

Le tic-tac se fait tout aussi angoissant dans « La montre de John Bartine », où le temps devient plus que jamais synonyme de fatalité, dans tous les sens du terme. Les morts sont ici à l'honneur, et invitent les vivants à les rejoindre dans leur « tombe sans fond », le temps de cette lecture qui résonne dans l'au-delà.
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"An occurrence at Owl Creek" ou "Ce qui passa sur le pont d'Owl Creek" est une nouvelle de l'écrivain américain Ambrose Bierce, célèbre pour son goût du fantastique et son maniement de l'ironie, qui a été publiée en 1890.
Marqué par la Guerre de Sécession à laquelle il participa dès l'âge de 19 ans, ce fut un sujet très présent dans ses oeuvres car il assista à des massacres.
L'absurdité de la mort est le thème de cette nouvelle, bien qu'il ne soit pas traité de façon tragique - grâce au ressort de l'ironie.
L'histoire se résume en quelques mots: durant la Guerre de Sécession, que les Américains appellent "Civil War",Peyton Farquhar, un homme de 35 ans environ, va être pendu, sans que le lecteur ne connaisse le motif de cette sentence. Il se tient sur le pont d'Owl Creek, la corde autour du cou. L'action qui, dans la réalité, ne dure que quelques secondes, va en fait dans le texte durer beaucoup plus longtemps. C'est très onirique. Qui n'a jamais éprouvé cette sensation que le rêve qu'il ou elle faisait durait de longues minutes voire plus alors que la durée d'un rêve n'excède généralement pas quelques secondes, le cerveau fonctionnant au ralenti.
Il n'y a pas d'autre action réelle que cette pendaison mais le lecteur pénètre l'esprit de Peyton et suit le flot de ses pensées et émotions tel un monologue intérieur mais raconté à la troisième personne et entrecoupé de quelques passages de discours direct.
Ce qui occupe son esprit, c'est l'éventualité d'échapper à la mort qui semble pourtant inéluctable. le monde intérieur du personnage s'oppose donc à la réalité extérieure et va même jusqu'à son déni. Pour mieux y faire face, sûrement.
Nous voyons ici la capacité de l'esprit de s'évader de la réalité.
Deux éléments m'ont plu dans le condensé efficace que nous offre cette nouvelle et sa modernité pour un texte qui date de plus de 150 ans.
Je qualifierai cette oeuvre de belle et vraie littérature: les descriptions des personnages et du décor sont superbes, très photographiques.
Le découpage du texte est très moderne: le récit va s'interrompre à un moment intense pour passer par exemple à un flash-back au chapître suivant, comme dans ces feuilletons dont les épisodes s'arrêtent juste au moment crucial, fort émotionnellement, créant chez le lecteur/spectateur à la fois de la frustration et le désir de connaître la suite.
Le lecteur s'interroge sur le dénouement possible. Et la fin est surprenante, inattendue, ce qui est également très moderne.
L'autre élément majeur est la puissance évocatrice de ce texte sur le plan visuel. J'ai mentionné plus haut l'aspect photographique des descriptions. En effet, on imagine aisément qu'il puisse en être tiré un film, ce qu'a fait Robert Enrico en 1962: il en a tiré un court-métrage au titre différent "La rivière du hibou", ce qui se conçoit. En effet, la rivière d'Owl Creek joue un rôle important. D'une part, le courant de la conscience du condamné s'écoule comme la rivière sous le pont. D'autre part, la rivière va jouer un autre rôle que je ne peux dévoiler ici sans gâter le plaisir du futur lecteur de ce texte.
Après avoir lu une première fois cette nouvelle en V.O., j'ai tenté une expérience inédite pour moi: j'ai téléchargé le livre audio (gratuit), lu par Vincent de l'Epine, ce qui a accentué la puissance du monologue intérieur du personnage. une expérience à renouveler et que je vous encourage à partager.
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Le premier ouvrage qui m'a permis de découvrir la diversité des écrits de Bierce, cet auteur selon moi négligé au vu de la qualité de ses écrits, de ses capacités à passer de l'obscurité et du cynisme à humour noir certes mais tellement satisfaisant...
A recommander pour découvrir cet auteur mais à déconseiller aux dépressifs...
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Le conte 'Owl Creek' de l'américain Ambrose Bierce est extraordinaire et compte pour moi parmi les meilleurs contes que je connaisse.
Dans beaucoup de ses récits Bierce a le sujet des horreurs de la guerre, mais il traite ce sujet d'une manière magistrale.

Je crois que ce conte est dans l'édition Tales of Soldiers and Civilians (1891)
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Suddenly he saw before him a strange moving object which he took to be some large animal—a dog, a pig—he could not name it; perhaps it was a bear. He had seen pictures of bears, but knew of nothing to their discredit and had vaguely wished to meet one. But something in form or movement of this object—something in the awkwardness of its approach—told him that it was not a bear, and curiosity was stayed by fear. He stood still and as it came slowly on gained courage every moment, for he saw that at least it had not the long, menacing ears of the rabbit.

Soudain, il vit devant lui un étrange objet mouvant, qu’il prit pour un grand animal — un chien, un cochon, il n’en était pas sûr ; peut-être était-ce un ours. Il avait déjà vu des images d’ours, mais n’avait jamais reçu de mauvais échos à leur sujet et il avait éprouvé le vague désir d’en rencontrer un. Cependant, quelque chose dans la forme et le mouvement de cet objet — quelque chose dans la bizarrerie de son approche — l’avertit que ce n’était pas un ours, et son élan de curiosité fut stoppé par la peur. Il se tint figé et, alors que l’être venait lentement à lui, son courage croissait à chaque instant, car, au moins, cet être ne possédait pas les oreilles longues et menaçantes du lapin.
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