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EAN : 9782234086258
104 pages
Stock (10/06/2020)
3.29/5   46 notes
Résumé :
Quelle est cette main inconnue et surpuissante qui attrape Enki Bilal au beau milieu de la nuit et le projette sur un lit de camp ?
Quel est ce lieu mystérieux et hanté dans lequel il a atterri ?
Qui sont ces créatures, minotaure, cheval ou humains déformés, que l’artiste rencontre en essayant de trouver son chemin dans ce labyrinthe sombre et inquiétant ?
Que lui veulent-elles ? Et dans quel état sortira-t-il de cette incroyable nuit ?
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Ma nuit au musée propose à un écrivain une expérience unique, seul dans un musée, la nuit. Après Kamel Daoud, Lydie Salvayre, Adel Abdessemed avec Christophe Ono-dit-Biot, Santiago Amigorena mais aussi Lénonor de Récondo, c'est Enki Bilal qui a tenté et réussi l'expérience. Depuis, Bernard Chambaz, Leila Slimani, Zoé Valdès et Jakuta Alikazovic ont pris le relais.
Immense auteur d'albums de bande dessinée mais aussi scénariste et cinéaste, Enki Bilal nous avait présenté cette expérience en ouverture des Correspondances de Manosque 2020. J'avais laissé son livre dédicacé de côté et je m'y suis enfin plongé pour ressentir toute l'originalité d'un vécu, à l'intérieur du Musée Picasso, à Paris.
Au moment où cela se passe, le musée est en pleine thématique Guernica. Un simple lit de camp est installé pour permettre à Enki Bilal de prendre un peu de repos mais ce lit se transforme vite en baignoire de Marat assassiné par Charlotte Corday : le Meurtre (1934).
Cette nuit, le nu est de rigueur : l'auteur est nu, Picasso, Dora Maar, Goya, les femmes et le bébé venant poser pour Guernica sont nus aussi.
Nu avec Picasso, Enki Bilal, après avoir été happé par une main invisible, marche dans le noir, dans le silence et pense aux prisons franquistes. La première oeuvre qui prend vie devant lui, c'est La femme au vase (1933), bronze impressionnant de Picasso. Alors que l'odeur de la mine de plomb s'impose, odeur qu'il aime bien, Enki Bilal voir La femme qui pleure (1937). C'est Dora Maar, grande artiste, qui est là aussi, avec son appareil photo, et l'accompagne. Bien sûr, l'auteur de Bug dessine et illustre superbement ce petit livre. Il dessine même Hitler à la manière de Picasso, ce que ce dernier n'a jamais fait.
Enfin, avec l'arrivée d'Akilino et du Minotaure, c'est Guernica qui s'impose alors que Goya passe par là car Pablo Picasso aurait été très inspiré par El tres de mayo (1808) pour son tableau dénonçant la meurtrière alliance entre Franco, Hitler et Mussolini. Si Goya ne connaît pas ces personnages de sinistre mémoire, Dora Maar intervient et lui glisse que c'est un peu comme Napoléon pour lui.
Entre temps, Enki Bilal a dessiné Marx, Lénine, Staline et Mao et parle d'autres dictateurs. le bruit des stukas s'amplifie, celui des bombes aussi. L'auteur s'identifie à un modèle devant tenir une pose impossible pour le peintre qui fait poser aussi ces trois femmes, ce bébé, le Minotaure, Akilino, pour un tableau voulant alerter le monde sur un désastre à venir encore plus terrible.
La tension est à son comble. Il faut sortir, se retrouver dans la rue, en jean, et terminer cet écrit très original, mêlant imaginaire, réalité, art, le dehors et le dedans des artistes.
Nu avec Picasso est une belle petite réussite pour Ma nuit au Musée (Stock), réussite bonifiée par les dessins signés Enki Bilal, le tout motivant un retour devant les oeuvres ayant particulièrement impressionné l'auteur puisqu'elles ont repris vie devant lui.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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La collection Ma nuit au musée, aux éditions Stock, dirigée par Alina Gurdiel permet d'allier deux passions, l'art et la littérature.
« le principe est simple: un auteur ou une autrice est invité.e à passer une nuit, tout.e seul.e, dans un musée. de cette aventure, insolite, mystique, angoissante, bouleversante selon les cas, naît un livre. Pas un livre d'art, un essai ou un roman, mais un texte bien souvent extrêmement singulier, tant l'expérience semble conduire les écrivain.es hors de leur zone de confort ».
Tout comme Kamal Daoud, Lydie Salvayre, Adel Abdessemed et Christophe Ono-dit-Biot ou encore Santiago H. Amigorena, avant lui, Enki Bilal a donc pu passer une nuit entière dans ce lieu. Il se verra d'ailleurs, au cours de son délire tracer son nom sur le mur à la suite de ses prédécesseurs !
Enki Bilal, dans Nu avec Picasso nous raconte donc cette expérience hors du commun, cette nuit passée au Musée national Picasso-Paris avec pour seule compagnie les oeuvres du peintre, un moment hors du temps favorable au questionnement, à l'imaginaire, à la fantaisie et à l'écriture, une période propice à la création.
Au milieu des oeuvres du génie espagnol, il s'est laissé emporter, écrasé par le poids de Guernica, tentant d'interpréter la nature de ces créatures que sont ce cheval, ce taureau, ces visages déformés, déambulant au milieu de ces personnages, essayant de trouver son chemin dans ce labyrinthe mystérieux et inquiétant, croisant entre autres, les muses de Pablo, telles Marie-Thérèse Walter ou celle qui était aussi photographe, Dora Maar, le grand maître lui-même et son idole Goya.
Enki Bilal, dans ce texte assez court de moins de cent pages nous offre une véritable aventure, un voyage délirant au coeur de la création, un voyage qui nous conduit dans le dedans et dans le dehors, le passé s'installant dans le présent. Il s'écarte ainsi de son domaine de prédilection qu'est la bande dessinée, croquant néanmoins quelques superbes dessins venant agrémenter de fort belle manière le récit.
Comme le conseille l'auteur en préambule, pour savourer pleinement votre lecture, il est préférable d'avoir à portée de vue plusieurs reproductions et notamment celle de Guernica.
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Tombé dessus par hasard, j'ai pensé que Bilal avait des choses intéressantes à me dire sur Picasso.

Et ben non.
Aucun intérêt.
Il faut vraiment être ultra-fan (ce que je suis) et de mauvaise foi (là, quand même pas) pour trouver quelque chose dans ce petit livre.

Ah si : j'y ai découvert un dessin de Picasso que je ne connaissais pas, le Meurtre, inspiré par l'assassinat de Marat. Et dont Bilal me dit qu'il est probablement inspiré à Picasso en 1934 par la Nuit de Cristal. OK, dont acte, merci.

Et pendant qu'on perd son temps à des fadaises, on ne fait pas avancer Bug 3, ce qui fait que je ne le trouverai pas au pied du sapin cette année. Je ne vous dis pas merci, M. Bilal. Chacun son métier, et les vaches seront bien gardées.
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Oeuvre inclassable : entre mini roman, poésie en prose, critique d'art, ce livre est un OVNI (Objet de Voyage Nu Initiatique), d'autant plus qu'il est illustré.

Enki Bilal s'imagine atterrir nu au sein du Musée consacré à Pablo Picasso, le maître du cubisme.
Il ignore comment il est arrivé là, mais il va vivre une sorte d'aventure initiatique pour découvrir le dehors et le dedans des artistes :
"Le dehors, pour chaque artiste, étant son époque, son environnement, familial, social, culturel, politique, géopolitique, l'air qu'il respire aussi et surtout...
A l'opposé, en opposition même, il y a le dedans. Là, nous entrons dans le domaine insaisissable, glissant, fuyant, de la création."

Dans son aventure nocturne, il va bien sûr croiser le maître des lieux, PP Pablo Picasso, en pleine création, ses modèles célèbres, ainsi qu'un minotaure et un cheval, et le peintre Goya dont Picasso était fan.

C'est une balade visuelle, olfactive et sonore dans le monde de la création artistique.
Enki Bilal en profite pour dénoncer les travers de la société de consommation, et le côté sombre de l'âme humaine guerrière, qui aura inspiré l'oeuvre gigantesque (dans tous les sens du terme) de Picasso avec la bataille de Guernica.

Ce livre donne envie de découvrir les autres créations de la collection "Ma nuit au musée" des éditions Stock.
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Je vous propose un petit exercice. Imaginez que vous puissiez choisir un musée où vous auriez l'envie de passer la nuit. Un phantasme à votre portée. Laissez-vous enfermer pour la nuit, seul. Un plateau repas, un gobelet plastique et une bouteille d'eau, un lit de camp d'aspect très militaire. Là, chargez-vous d'un maximum de sensations, gavez-vous des oeuvres que vous serez le seul à pouvoir contempler jusqu'à l'aube.
Pourquoi nu ? Intérieur, extérieur, laisser ce qui nous raccroche à la vie dehors. Arriver comme le jour de sa naissance et tout apprendre.
Si vous n'avez pas un talent reconnu (mais après tout, peut-être n'est-ce pas votre cas) vous vous contenterez d'imaginer cet exercice. Et si vous vous appelez Enki Bilal, vous allez en tirer un récit à la fois de la richesse du vécu et du pouvoir de l'imaginaire. Est-ce cela que veut signifier Enki Bilal dans sa notion du dehors et du dedans ?
Tout d'abord, il entre dans le musée brutalement, avec la force de celui que l'on veut interner. le musée, lui, est bien réel, c'est le musée Picasso, cet enfermement est bien réel mais il y est invité. D'abord une frustration pour commencer la soirée. Ne pas avoir apporté une bonne bouteille. Une occasion en or, telle qu'il va la vivre mérite d'être arrosée. Et ensuite l'imagination va faire son chemin. Picasso est là, Dora Maar également. Il y a aussi Goya, il y a la femme qui pleure, le minotaure et scène d'une intensité exceptionnelle, la rencontre de Marat et Charlotte Corday. le crime revisité. le lit de camp devenu baignoire.
Quel talent ce Bilal. Ce mercredi il débarque chez François Busnuel avec, entre autres, un auteur talentueux, Joann Sfar. Vivement mercredi La Grande Librairie.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Picasso, tourné vers sa toile, écarte les bras, l’air de dire : « Voilà, ça, c’est de moi, ma révolte contre l’association sombre Franco-Mussolini-Hitler. » Il savoure, pressentant qu’avec ces trois-là il couvrirait un bon siècle d’engagement d’artiste inattaquable et consensuel. Dora l’admire aussi pour ça, et moi je m’incline.
(pages 75-76)
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Je regarde la lourde porte plus refermée qu’une bouche cousue. Pas la peine d’essayer de l’ouvrir. Ça se voit de là où je suis, mon lit.
Finalement, être dans un dedans en ces temps troubles vaut mieux qu’être dans un dehors, je me dis.
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Mon nez, donc. Là, il ne sent rien. Il inhale un air dont la neutralité fait peur. Comme le silence enfermé dans du silence, cet air fait de particules de néant n’est tout simplement pas.
Il me permet de respirer pourtant, je l’entends dans mes poumons, accomplissant son rôle.
(page 20)
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L’actualité et l’Histoire qui travaillent les artistes et les secouent… Il faut mêler les événements, chercher leur sens dans la profondeur du temps. Une violence historique du dehors aurait provoqué une violence hystérique du dedans ? Picasso en est-il conscient ?
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Que dit ce visage à la langue phallique décomplexée, aux yeux exorbités qui me fixent, aux dentelles du bonnet qui retiennent des cheveux comme les dents retiennent une gueule ouverte ? Que peut donc hurler Charlotte Corday, la Girondine, en m’assenant, tous seins dehors, ce coup de couteau de soixante-dix centimètres de long ?
(pages 30-31)
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Videos de Enki Bilal (94) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Enki Bilal
Augustin Trapenard reçoit Enki Bilal pour "Shakespeare – Bilal. Une rencontre", paru aux Editions Marie Barbier. L'ouvrage se penche sur l'adaptation de "Roméo et Juliette" de William Shakespeare par Enki Bilal en 2011. A ses côtés, Camille de Peretti présente "L'Inconnue du portrait", édité chez Calmann-Lévy, dans lequel elle imagine l'histoire de la femme peinte par Gustav Klimt dans son "Portrait d'une dame". Yannick Haenel, lui, évoque "Bleu Bacon", publié chez Stock, et Thomas Schlesser "Les Yeux de Mona", édité chez Albin Michel.
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