Les jours en couleurs

je vous aime, je vous donne mon amour, mes mains, mon corps, mes rêves, je serais à vos pieds, transparent, regardez je ne cache rien, tout est là pour vous, à vous, en vous, je serais victorieux, humble, conquérant, vous seriez ma déesse, mon unique, je composerais pour vous des poésies sans fin avec toutes les couleurs du monde, tous les sons, tous les mots, je vous dirais amour dans toutes les langues, tous les dialectes, je poserais mes lèvres sur les eaux de sources et je vous apporterais leur fraîcheur, je vous ai vue une fois, une fois seulement et j'ai su que c'était vous, vos yeux ne mentent pas, je rentrerais au fond de vous, yeux fermés, nous vibrerions du même frisson, la terre serait notre maison, nous aurions des milliers de lits, des milliers de nuits, je vous donnerais mon corps, vous me donneriez votre corps et nous les offririons à la vie, en plein midi, sous le soleil radieux de juillet, sur un lit de bruyère, entre le ciel et la terre, je verrais dans vos yeux le bleu infini de l'infini cosmos, vous verriez dans mes yeux et les montagnes brunes, et les mers vertes, et les granits roses, et les pierres marquées à l'histoire du monde, par un battement de cils je saurais la vérité, il n'y aurait plus de faux, de noir, de négatif, je saurais en touchant votre peau, en écoutant battre votre coeur, je saurais votre amour, ce serait le bonheur, je vous jure que c'est comme ça le bonheur, il y aurait des musiques qui n'ont jamais été composées et je jouerais de la flûte grave, de la flûte en sol, vous de la guitare ou de la mandoline et des heures durant ce serait le même chant d'amour, la même magie entourant nos têtes remplies d'images et de tranquillité, notre musique monterait vers les étoiles dire aux autres mondes qu'ici on a trouvé le bonheur, notre musique rendrait muets les autres hommes, les animaux, la vie s'arrêterait pour écouter pareil sons, je vous aime, je vous aime, je vous aime, je vous aime, j'écrirais je vous aime sur votre peau, sur vos seins, sur la terre brune labourée, sur les feuilles jaunies de l'automne, sur les lacs et les étangs j'écrirais je vous aime avec ma bouche sur chacune de vos lèvres, sur vos hanches et vos épaules, je serais moi sans rien d'autre qui ne serait pas vous, je vous aime, regardez-moi, je ne sais dire que ces mots, entendez-les, écoutez-les, il y aurait des heures remplies de trois mille six cents battements d'amour, je ne sais plus respirer sans votre voix, sans votre peau, sans votre main qui dessine avec une branche sur la poussière d'un chemin [...] je vous aimerais rien que de ma vie, de mes mots, de mon sang, je ne serais qu'à vous jusqu'à la fin du dernier atome d'oxygène venu du fond de ma dernière respiration, je vous aime...

Souvent, depuis son appartement de petit employé, Thomas contemplait en rêvant la ville et le grouillement des voitures, pareilles à des cellules folles. Et puis ses propres cellules à leur tour ont commencé une danse de mort, lui mettant le feu à la peau...