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sur 544 notes
C'est sous la forme d'un journal que le narrateur nous relate les évènements. Depuis son arrivée sur cette île déserte , il vit comme il peut. Il y a trouvé une église , une piscine , et un musée, somptueuse maison disposant d'une quinzaine de chambres , de salons plus fastueux les uns que les autres et de plusieurs souterrains dans lesquels il a trouvé diverses machines . A quoi peuvent elles bien servir ? il n'en a pas la moindre idée . Cet homme habitué à la solitude est en fuite . Il a été condamné par erreur à perpétuité- raisons politiques?- et cherche à échapper à ses poursuivants.Un matin il est réveillé brutalement par l'arrivée impromptue d'une quinzaine de personnes. Comment sont elles venues ? Il n'a entendu aucun bruit de bateau.Parmi elles une femme va attirer son attention, il apprendra qu'elle s'appelle Faustine et il va tomber amoureux de cette femme. Lui le solitaire va éprouver soudain le besoin impérieux de se faire voir par elle au risque de se faire dénoncer et attraper . Mais qu'importe l'amour, l'amour que ne nous fais tu pas faire !
Cependant plusieurs faits troublants lui demeurent incompréhensibles. A nous de le suivre jour après jour, nuit après nuit dans son enquête. le mystère sera t'il élucidé in fine?
Une construction implacable, une force créatrice soulignée et applaudie dans la préface de Borgès , un court roman que je n'ai pris aucun plaisir à lire mais qui ne peut que plaire aux amoureux de Jules Verne . A chacun son plaisir ...
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La Invención de Morel
Traduction : J. P. Mourey

Court roman qui n'atteint pas les cent-trente pages, "L'Invention de Morel" s'inspire d'un fantastique à la H. G. Wells ou encore à la Jules Verne, celui du "Secret de Wilhelm Störitz." Mais sous l'argument fantastique, perce une réflexion complexe sur l'homme et la liberté.

Le narrateur, qui fuit on ne sait quel régime policier - quelques allusions à Caracas font penser au Vénézuéla - s'est réfugié sur une île que lui a désignée un Italien vivant à Calcutta. Sans nom, l'île a été abandonnée par ceux qui y ont bâti un musée, une piscine et une sorte de complexe hôtelier. A quelle époque ? Sans doute dans les années vingt, très vague point de repère temporel offert en pâture aux puristes du détail. Les légendes - mais sont-ce bien des légendes ? - ont alors pris leur essor : une "peste" étrange, plus proche de la lèpre ou de la gangrène que de la peste d'ailleurs, affligerait tout ce qui ose demeurer dans l'île, qu'il s'agisse de simples voyageurs ou des animaux et de la flore qu'elle abrite.

Mais le narrateur en est arrivé à un tel point de rejet - et de peur - de la société, qu'il met tout en oeuvre pour atteindre l'île et s'y cacher. Bientôt, à sa profonde stupeur, il constate que, contrairement à ce qu'on lui en a dit, l'île est habitée par une vingtaine ou une trentaine de personnes, hôtes et amis d'un certain Morel. Parmi ces gens, Faustine, une belle femme dont Morel paraît amoureux, va régulièrement se promener sur les rochers, charmant peu à peu le narrateur. Celui-ci fait tout pour attirer son attention mais, curieusement et en parfait accord avec l'attitude des autres "invités", Faustine ne le voit pas - un peu comme s'il lui était invisible ...

Aux efforts courageux du narrateur pour tenter de rationaliser son aventure, succède sa chute subtile et lente dans la folie. de bout en bout, le lecteur n'a, bien sûr, que le point de vue du narrateur pour se faire sa propre idée de la situation. Les réflexions pertinentes succèdent aux gestes fous, voire grotesques - comme la création de ce parterre de fleurs destiné à proclamer au grand jour l'amour du malheureux envers Faustine et devant lequel elle passe, là encore, comme s'il n'existait pas ...

Mais l'histoire faussement fantastique est aussi prétexte à une réflexion sur la place de l'individu dans la société, sur le droit de pensée et de conscience qu'elle lui laisse et sur les recours qu'elle lui autorise lorsque, justement, elle lui dénie ces droits. le bilan final est peu réjouissant : Bioy Casares ne voit que la folie comme seul exutoire au refus de se fondre dans la norme. A moins que la fin de son héros, très symbolique, n'ouvre sur une vie désincarnée et à jamais libre, loin d'un corps abandonné en un peu réjouissant sacrifice.

Le propos, complexe, est traité avec une élégante simplicité. Bioy Casares adopte un style réaliste, sans aucune digression, pour évoquer une question morale et philosophique qu'on n'est pas près de résoudre. A ne réserver qu'aux inconditionnels. ;o)
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« Je jouais une partie de croquet, lorsque j'ai su tout à coup que l'action de mon jeu était en train de tuer un homme. Puis, l'homme, c'était moi irrémissiblement ». Dès le premier rêve du narrateur, l'intrigue est posée : il se joue quelque chose et la fin de partie pourrait être fatale.
Le narrateur est un fugitif qui trouve le repos sur une île qu'il croît inhabitée. Mais au bout de quelques jours passés à organiser sa survie, il surprend une femme, tournée vers la mer. de plus en plus de gens apparaissent. Tous ne jurent que par un certain Morel, qui les a conviés à une fête, aussi extraordinaire qu'éphémère.
Le narrateur est déboussolé. Les visiteurs semblent insaisissables. Des fantômes ? Les acteurs d'une farce organisée pour le capturer ? À moins qu'il soit victime d'hallucinations ? Il finira par trouver la solution. Avec cet extrait, je vous donne un indice. « Par hasard je me rappelai que l'horreur que certains peuples éprouvent à être représentés en image repose sur la croyance selon laquelle, lorsque l'image d'une personne se forme, son âme passe dans l'image, et la personne meurt ».
Livre étonnant, à la prose un peu vieillie, qui m'a rappelé tant de souvenirs de lecture tels que l'île mystérieuse, Robinson Crusoë et d'autres ouvrages, encore plus intrigants, dont je ne peux révéler le titre sous peine de vous révéler le secret de Morel.
Bilan : 🌹

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Le truc, c'est que j'ai mis un certain temps avant de comprendre où Bioy Casares essayait de m'emmener.

J'ai même eu du mal à comprendre le récit, un récit à la limite du fantastique mais dans lequel nos repères sont uniquement basés sur ce que nous transmet le narrateur.

J'ai lu très peu de romans argentins (peut-être quatre), mais celui-ci diffère énormément de ce que j'ai pu voir jusqu'à présent. On dirait un mauvais trip sobre sous acide, sobre mais complexe dans la langue, dans la richesse de la langue, dans les possibilités qui existent. Un cauchemar sans fièvre aux allures de paradis inquiétant.

Est-ce que le narrateur a des visions ? Est-ce qu'il est au purgatoire ? Comment les éléments naturels, météorologiques, les espaces géographiques de l'île peuvent-ils se confondre autant ? Comment les personnes qui semblent peupler l'île peuvent-elles se conduire sans logique aucune ?

La réponse n'arrivant qu'aux 3/4 du roman, il faut accepter de se faire malmener, d'être dans un inconfort éternel semblable à celui qu'est en train de vivre l'homme.

Bioy Casares aborde l'immortalité, le suicide, le perpétuel recommencement. On dirait un subtil mélange entre la série Lost et Seul au monde, avec cette ambiance toujours prompte à tordre une réalité, cette réalité qu'on a du mal à laisser de côté.

Et, je serais donc bien infoutu de vous dire si j'ai aimé ou pas. Par contre c'est une très bonne expérience de lecteur, vraiment, pour son originalité et sa façon de dérouter !

À vous d'voir !

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Un véritable petit chef d'oeuvre que ce court roman fantastique !

Ce récit à la première personne du narrateur, réfugié sur une ile pour échapper à la justice, est complétement envoutant et se pose en digne successeur des grands récits fantastiques du XIX eme siècle. D'ailleurs, il m'a souvent rappelé le Horla de Maupassant.

L'ile fournie un cadre parfait à l'histoire : lieu isolé, oppressant et replié sur lui même (aspects que l'auteur exploite très bien). le nom de Morel est d'ailleurs inspiré du fameux docteur Moreau de L'ile du Docteur Moreau d'H.G. Wells. Adolfo Bioy Casares excelle à y installer une ambiance qui flirte entre l'étrange et le glauque.

Les émotions du personnage principal : solitude, amour, doute, espoir, angoisse, malaise sont également magistralement transmis au lecteur.

Le roman est court (comptez une centaine de pages). D'abord lent, il va régulièrement gagner en rythme et en intensité au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la vérité. La fin est bien pensée et n'est pas dénuée d'une certaine poésie.

En résumé, un petit roman que je recommande sans modération à tous les amateurs de fantastique.

P.S. : Évitez de lire la quatrième de couverture qui dévoile une partie de l'intrigue.
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L'Invention de Morel/Adolfo Bioy Casares
Un homme en fuite, le narrateur, trouve refuge sur une île apparemment déserte.
Une villa immense domine le rivage et toute une machinerie y fonctionne à l'énergie marémotrice. Une machine pour quoi faire ? Là est la première question.
Et puis notre déserteur, tout en se cachant, aperçoit ce qui semble un groupe de personnes en train de participer à une fête. Tout ce beau monde l'ignore superbement.
La scène de jour en jour se reproduit à l'identique…L'homme ne comprend pas et se pose des questions. Peu à peu il s'aperçoit que la véritable situation n'est pas celle qu'il a décrite auparavant au début du récit et il écrit :
« Il me semble que la situation que je vis ne soit pas celle que je crois vivre ! »
Quelle est donc cette situation qui lui donne l'impression d'assister à une éternité à répétition ?
L'amour du fugitif pour la belle Faustine qu'il découvrira plus tard sur la plage sera le passeport pour découvrir le secret de Morel et accéder à la machine fantastique qui a enregistré à tout jamais huit jours de la vie d'un groupe. Faustine fuit-elle réellement le fugitif comme il le croit dans un premier temps ?
La préface de Borges ne donne pas vraiment la clef de ce récit fantastique d'une originalité assez déstabilisante. La crainte de la mort ressentie par Morel serait-elle la motivation l'ayant amené à la construction de cette machine ? Morel a-t-il voulu ainsi accéder à l'immortalité ?
D'aucuns verront dans ce conte parabolique un rapport étroit avec l'allégorie de la caverne de Platon : ce que nous voyons est-il bien la réalité ou seulement une illusion, un reflet, un rêve ?
La quête du fugitif n'aura de cesse qu'il ait découvert le mécanisme de l'invention de Morel afin de ne pas perdre Faustine.
Le lecteur aura fort à faire pour suivre ce récit original et complexe quoique bref.
Une relecture s'impose pour bien saisir toute l'histoire et rétablir le puzzle de l'intrigue.
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Un roman fantastique très court , environ 80 pages, mais très long à démarrer. Un homme s'exil sur une île déserte afin d'échapper à la justice de Calcutta. Il va découvrir de mystérieux personnages après de long mois passé sur les lieux. Tout le décors qui au préalable est dans un état d'abandon déplorable se retrouve dans un faste inattendu ..Comment expliquer c'est ces apparitions.
Pour ceux qui connaissent la série très célèbre des années 60, La Quatrième Dimension, j'ai vraiment eut le sentiment de me trouver propulsée dans un épisode en noir et blanc.Vu que le roman a été écrit en 1940, on peut se dire qu'il aurait pu inspirer la série .. L'auteur m'a un peu perdu par moment dans des termes trop techniques ou une description trop longues, et il se penche beaucoup sur le côté psychologie du personnage principal, mais j'avais très envie de connaitre la fin de cette énigme.
J'ai passé un bon moment de lecture..
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Un petit livre assez inclassable, qui nous égare comme à plaisir dans ses deux premiers tiers, pour nous offrir une vertigineuse explication dans le dernier et nous incite à retourner sur nos pas pour relire (revivre ?) la première partie. Comment le décrire mieux qu'en citant la préface de Borges : "Adolfo Bioy Casarès [...] déploie une Odyssée de prodiges qui ne paraissent admettre d'autre clef que l'hallucination ou le symbole, puis il les explique pleinement grâce à un seul postulat fantastique, mais qui n'est pas surnaturel." Je ne saurai trop vous recommander de perséverer dans votre lecture comme je l'ai fait, malgré le léger, mais temporaire inconfort ressenti au contact du récit du narrateur et de son Odyssée de prodiges.


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Que voilà un drôle de récit… À travers une robinsonnade, l'auteur nous livre une sorte de quête de l'eden.

Réalité hallucinatoire? Paradis? Enfer? Marchands d'illusions? 116 pages pour le savoir… ou pas.

Casares prophétique en 1940 sur les dangers du virtuel… il fallait l'imaginer!

L'ostinato rigore du grand Léonard, telle est la devise du héros anonyme de cette bien curieuse invention de Morel.


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Le passé reviendra-t-il lorsque les rêves n'y seront plus ? Étrange conte poétique,fantastique, philosophique que ce récit d'Adolfo Bioy Casares. Ïle perdue ? Jardin d'Eden ? Entre le cauchemar de la réalité et l'éternité de la mémoire à quel versant de la colline devrions nous nous livrer ? Projection, illusion, la grande machine des images est elle éternelle ? Création ? Invention ? Délire ? Clone, avatar ? Où est l'âme, où se situe notre appartenance aux images auxquelles nous nous accrochons ? Ancrer dans nos mémoires, sommes nous condamner à revivre ou à échouer éternellement  ? Sommes nous metteur en scène, auteur, acteur, de nos terreurs, de nos désirs ? L'invention de Morel est labyrinthique. Et c'est étrange, en effet, que de voir et d'entendre, ainsi se superposer, lors de cette lecture, les images de note mémoire. Calcutta..Marienbad.. On naît d'un rêve comme on est parfois de mémoire…
https://www.youtube.com/watch?v=t5DSNWPyk4s

Astrid Shriqui Garain
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