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3,79

sur 544 notes
C'est en tombant par hasard sur l'adaptation en BD par Jean-Pierre Mourey que j'ai été comme "obligé" de lire ce roman. Je dis "par hasard", mais c'est plutôt la caution de Jorge Luis Borges qui m'a incité à entrer dans cette oeuvre.
Je retrouve une littérature fascinante à la limite du fantastique, avec une écriture à la fois accessible et poétique. Les thèmes abordés dans ce roman sont difficiles à résumer à l'issue d'une première lecture : l'amour, la solitude et la folie (à comparer avec "Robinson Crusoe"), les techniques et la morale (voir "L'île du Docteur Moreau), la mort et la vie éternelle... On retrouve les techniques scénaristiques des auteurs fantastiques et en particulier Borges : la mise en abîme, le personnage central très mystérieux (intellectuel en fuite, mais pour quelle raison ?), les implications vertigineuses des paradoxes...
La charpente du récit est très précise, voire mathématique : deux parties égales, un certain nombre de sous-chapitres identifiables. Chaque événement, et chaque expression sont avancés sans hasard. Tout est vérifiable, justifiable, rigoureux. C'est du grand art littéraire. C'est tellement riche qu'une seule lecture est certainement limitative : on ne peut pas découvrir toutes les ficelles de l'histoire et de l'écriture. Comme lire et relire "La bibliothèque de Babel"...
Il s'agit donc d'un roman d'une grande qualité, à éviter sous aucun prétexte dans toute culture fantastique, mais aussi dans la découverte de la littérature sud-américaine et plus en général du XXè siècle.
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Casares partage avec son ami Borges le goût pour la construction savante et la mystification. Ce petit roman est une pure merveille: Et si vous deviez choisir entre l'amour et la vie? entre le réel et l'imaginaire? Un hymne à la puissance de la littéraure. Sublime!
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L' INVENTION DE MOREL d' ADOLFO BIOY CASARES
Un homme en fuite condamné à mort ou à l'enfermement ( on ne le sait pas) se réfugie sur une île assez inhospitalière. Elle semble inhabitée bien qu'une importante structure la domine, le musée, La Chapelle et la piscine. le héros narrateur survit péniblement dans cet environnement délicat où tout semble abandonné. Un jour, pendant une promenade il aperçoit une femme, très belle, il n'ose l'aborder et va l'observer régulièrement jusqu'à l'apparition d'un homme. Intrigué, il va se trouver en face d'eux et ils ne semblent pas le voir! Alors notre héros va prendre plus de risques, entrer dans le musée et découvrir que la femme est Faustine et l'homme, Morel. Ses investigations l'amèneront à comprendre l'incroyable invention du dit Morel. Amoureux de Faustine, persuadé que Morel est là pour le retrouver, il va balayer touts les hypothèses jusqu'à la vérité.
Préfacé par Borges, voilà un vrai bijou qui nous immerge dans le fantastique le plus invraisemblable faisant penser au meilleur de Poe avec un zeste d'absurdité à la Kafka! Un texte intrigant qui bien sûr n'est pas sans rapport avec l'île du docteur Moreau de Wells.
Adolfo Bioy Casares est un écrivain argentin né en 1914 mort en 1999. Il a reçu le prix Cervantes en 1990.
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Et bim d'un coup j'ai eu envie de découvrir ce récit d'Adolfo Bioy Casares, "L'invention de Morel", que j'ai failli lire d'une traite (douce illusion...).

Grand copain de Jorge Luis Borges (ils ont même co-écrits quelques romans ensemble), je m'attendais à trouver dans ce texte une plume similaire à cet auteur et ce fût le cas. Je pourrais rapprocher le style d'Adolfo Bioy Casares à celui que j'ai découvert récemment de Julió Cortazar, dans sa fluidité et son léger "réalisme magique", plus fantastique chez Adolfo.

Pour ce qui est de l'histoire, on suit dans "L'invention de Morel" un homme échappé de justice reclus sur une île déserte bien étrange, qui voit débarquer un jour des estivants qui eux semblent prendre leur pied à danser sous la pluie. En gros.

C'est un très court texte d'un peu plus de 100 pages pour lequel j'ai eu le ressenti suivant :
- durant les 2 premiers tiers on est autant paumé que le personnage principal, et j'ai beaucoup aimé. On a plein d'infos qui brouillent les pistes, on se demande qui joue quel rôle, et surtout ????? sur cette île.
- vers la page 60 on a LA grosse révélation, tres sympa, dans un style que j'aime bien mais qui ne m'a pas retourné la tête non plus.
- et enfin le dernier tiers que j'ai un peu moins apprécié, car toute l'intrigue et les mystères redeviennent tangibles et palpables (même si pas tout à fait en fait), et c'est ce qui a je trouve un petit peu cassé le mood dans lequel on était installé depuis le début du récit. En plus il n'y a pas d'autres retournements de situations. Dommage.

J'ai bien aimé découvrir le style de l'auteur à travers ce texte, mais je pense qu'il ne me restera pas longtemps en mémoire. Hâte de me plonger dans un récit un peu plus étoffé de celui-ci, afin d'être plus longtemps immergé dans son style (ce qui pèche peut-être un petit peu aussi dans "L'invention de Morel"). Une expérience à retenter, en somme.
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C'est sur une île déserte que le narrateur échoue volontairement. Loin, pense-t-il, de toute présence humaine et de ceux qui, dit-il, le persécutent, il a néanmoins la surprise d'observer bientôt, sur cette île que la présence humaine a marqué d'une chapelle, d'un musée qui est en fait une villa, et d'une piscine, un groupe d'une quinzaine de personnes. Fuyant d'abord ces personnes dont il craint qu'elles ne soient ses persécutrices, le narrateur prend le temps cependant de s'y intéresser. Bientôt, il tombe sous l'emprise amoureuse d'une femme, Faustine. Celle-ci, malgré les efforts du narrateur, ne semble pas le remarquer ; il en va de même pour les autres membres du groupe.

La deuxième partie du roman donne quelques éléments d'explications : en réalité, ce groupe de personnes n'est que le fruit de l'invention de l'une d'elles, un ingénieur français dénommé Morel. Prenant exemple sur les inventions technologiques qui recréent la voix (téléphone) ou l'image (la photographie), Morel a inventé une machinerie complexe qui enregistre tout ce qui appartient au monde sensible. de la vue à l'ouïe en passant par le toucher, l'odorat et les sensations que peut éprouver le corps (la chaleur, le vent ...), cette machine a capté pour l'éternité la vie de ce groupe d'amis, venu sur l'île pour une semaine. Et, répondant à la vieille crainte de certains peuples d'Afrique ou d'Amérique du sud, l'image ainsi créée a capturé les âmes de ceux qu'elle a enregistrés.

La première partie de ce court roman hérite d'une atmosphère très lourde, où l'absurde rencontre le fantastique. le narrateur explore l'île et ses constructions, suffoque dans les marais où il dort par peur d'être pris par ce mystérieux groupe, tâche de survivre laborieusement. Puis, les explications de Morel arrivant, le roman entre plutôt dans une dimension philosophique, interrogeant les notions de réel, de matérialité, de solitude aussi. Les sens ici se font traîtres et seule l'intelligence, mais aussi le doute, du narrateur, permettent encore de discerner un semblant de réalité. Par réalité, on entendrait ici ce qui est présentement, ce qui a une réalité temporelle.

Malgré cette altération durable des sens, le narrateur ne fait pas le choix de quitter l'île. L'amour qu'il porte à Faustine en est l'une des raisons. C'est là un autre paradoxe que propose le roman. Car, bien qu'absolument seul dans sa temporalité, le narrateur éprouve pourtant un sentiment pour une femme qui a existé et qui, comprend-il, n'existe probablement plus. Son amour est celui de la passion, non celui de la nostalgie des temps passés ou du regret de ce qui aurait pu être.

Enfin, ce roman interroge aussi la dualité entre la mort et la vie éternelle. Certes, l'invention de Morel permet l'éternité, mais elle ne l'offre qu'aux images. Les chairs, elles, sont destinées à la putréfaction (cf. la main du narrateur qui pourrit après que celui-ci l'ait enregistrée avec l'invention). Il y a là une référence au christianisme, dans lequel la mort n'est que le passage vers la vie éternelle. Cette vie éternelle, dans le christianisme comme dans le roman, est associée à la félicité éternelle. Faustine, Morel et les autres sont prisonniers d'une semaine idéale ; le narrateur, lui, consent à se faire prisonnier de l'image de Faustine. En laissant son journal intime au lecteur, il devient définitivement un personnage de fiction.
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Troublant voyage aux côtés de cet homme. Nous le découvrons par l'intermédiaire du journal qu'il tient, ultime témoignage de l'expérience singulière qu'il a vécu. Fugitif, il s'est retiré dans un lieu où nul ne penserait à le chercher. C'est la condition de sa survie, il semble risquer la prison à vie ou pire… l'échafaud. Il s'affaire donc à relater minutieusement les étapes qui l'ont conduite à venir sur cette île. On ne disposera pas de son nom, cela est d'ailleurs assez secondaire à bien y penser, ni des raisons qui l'ont amené à s'isoler. Il semble lucide quant à sa propre situation, capable de jugement, ce qui contraste d'autant avec les observations qu'il nous livre.

Déroutée pendant une bonne partie de la lecture, incapable de discerner si cet homme affabule ou s'il est totalement rationnel, les pages du roman se tournent dans l'espoir que la suite apportera enfin quelques éléments afin que l'on puisse percer le mystère de la situation atypique qui nous est décrite.

Force est de reconnaître que Adolfo Bioy Casares nous emmène loin de nos premières suppositions. L'intrigue est réellement ménagée et permet au lecteur d'accompagner les suppositions multiples du narrateur face au cas de figure auquel il est confronté. Relu dans la foulée afin de mieux appréhender les quelques points qui m'avaient questionné lors de la première découverte de ce récit… J'en sors satisfaite.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Un fugitif recherché par la police sur une île déserte interagit avec la réalité. 

Qui est-il ? Qu'a-t-il fait ? Comment s'est il retrouvé là ? Délire-t-il ? Quand cela se passe t-il ? Cela restera un grand mystère. 

D'abord, il y a la description de cette île si mystérieuse, avec son sous-sol, son musée, ses étranges machines, ses bruits, ses marées, ses deux lunes et deux soleils, son bois mort etc…

Une île qui semble peuplée, est-ce de fantômes ? Il les voit se déplacer, interagir entre eux, s'éprend éperdument de la femme au foulard mais eux, ils ne le voit pas, est-ce lui le fantôme ?

Il ne peut ni interagir avec eux, ni les toucher. Il se fait des réflexions, émet des hypothèses qu'il réfute pour de nouvelles et s'obstine à s'approcher de cette femme dont il est tombé amoureux, et lui invente un jardin, il leur invente un avenir, tout au fond de sa tête. 

Et ce Morel qui passe tant de temps avec la femme aimée, qui est-il ?

Et cette semaine se répète, les mêmes mots, mêmes gestes, aux mêmes endroits, aux mêmes instants. 

Lors d'une intervention de Morel, il avouera aux autres protagonistes son invention qui en outrera plus d'un, le narrateur comprendra et restera malgré tout obsédé du début à la fin par Faustine et la force de ses propres émotions, de son imaginaire, de sa pensée. 


Ce roman m'a plu pour ces nombreux thèmes fascinants : La mort, la vie parallèle, la peur, le désir, la promesse d'une vie meilleure dans l'au-delà, l'immortalité, la dégénérescence, les visions étranges, l'île mystérieuse, et cette invention spectaculaire. 

Pour l'ambiance oppressante de l'île et les réflexions sur la nature de la réalité… le narrateur est-il en dehors, dessous, dessus ? 

Cette semaine revécu sans cesse, qu'il décortique.

Et l'invention de Morel bien-sûr. 

Ce fût une très bonne lecture déroutante et intrigante !!! 

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Imaginez une île à l'abandon. Sur cette île à l'abandon, imaginez une somptueuse villa un peu défraîchie. Dans cette somptueuse villa un peu défraîchie, imaginez un souterrain. Dans ce souterrain, imaginez une gigantesque machine aux mécanismes étranges, indéchiffrables. Maintenant, regardez le tout : vous avez "L'Invention de Morel".

Aucun résumé ne peut embrasser toute l'étrangeté de cet incroyable récit. L'auteur installe dès les premières lignes une atmosphère sombre, où l'illogisme est constant, où toutes nos perceptions doivent être remises en question. Sous la forme d'un journal intime écrit par un naufragé anonyme, l'explication de ce mystère se déroule petit à petit, tranquillement, sans jamais nous perdre ou nous ensevelir sous un flux de bizarrerie.

Métaphysique, dédaléen, fascinant, "L'Invention de Morel" est un petit bijou, sans doute un des meilleurs romans de littérature fantastique que j'aie pu lire jusqu'ici.
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La technologie "futuriste" dépeinte dans ce petit roman de science-fiction relève en quelque sorte de l'hologramme ou de la réalité virtuelle, ce qui en 2022 n'a rien de très original, mais avait surement de quoi surprendre lors de sa publication en 1940. le sujet de la transhumance, abordé dans le livre, me semble particulièrement avant-gardiste pour l'époque, et les réflexions philosophiques qu'il suscite ne sont pas inintéressantes. En dehors de ces thèmes, toutefois, je n'ai pas trouvé que le livre avait très bien vieilli. La narration est plutôt pénible et la représentation des relations amoureuses est ridiculement problématique!



J'ai trouvé le personnage et sa paranoïa insensée plutôt exaspérants, et l'intrigue, assez prévisible. Il y a des longueurs malgré le fait que le livre ne fasse qu'une centaine de pages. Une nouvelle plus courte aurait été plus percutante, selon moi. Je voulais vraiment aimer cette histoire, mais finalement, j'ai été plutôt déçue.
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C'est un petit livre d'une centaine de pages, qui, paradoxalement, fascine assez vite parce qu'on ne comprend pas grand chose, et qu'on aimerait savoir de quoi il retourne ! Les événements vont "s'éclairer" petit à petit, c'est à dire que dans l'esprit du lecteur des hypothèses vont apparaître qui pourraient expliquer ce qu'il lit ; il peut s'agir d'un rêve, des pensées d'un fou, d'une hallucination ou d'une allégorie. On lit le journal d'un homme qui s'est réfugié sur une île: il semble qu'il ait été pourchassé - il aurait été condamné pour un crime dont il se dit innocent - et se retrouve dans ce lieu qu'il croit désertique. Mais très vite des hommes et des femmes vont apparaître, qui parlent français entre eux et semblent ne pas le voir ni l'entendre. Lui, tombe amoureux de la belle Faustine, mais il y a un autre homme près d'elle, un certain Morel, celui qui a invité ses amis à passer une semaine sur l'île; île qui semble maudite, ceux qui y accoste mourant rapidement. L'imagination fantastique de l'écrivain a trouvé une autre solution au mystère, l'intrigue est bien menée et l'écriture fluide et efficace. Une découverte intéressante de la littérature argentine.
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