Non pas plus difficile à appréhender que le Gargantua, au contraire, puisque les conventions de langue plus proches de la nôtre, et la structure linéaire plus continue : mais il ne rentre pas dans l'idée qu'on nous fabrique de l'auteur. Un livre avec de la nostalgie, parfois du sentiment, un livre qui termine dans la seule élévation d'un silence. Récit d'une navigation vers l'inconnu fantastique.
Encore une fois, l’œuvre doit se comporter, en son temps même, comme si chacun de ses mots ne pouvait s’appuyer sur la convention habituelle, et n’être compris que par sa mise en scène : et c’est cela la chance unique de Rabelais, d’avoir subi cette contrainte, au moment même où catalysait la langue, parce que c’est cela qui nous permet de le lire aujourd’hui.
Le Tiers-Livre est une traversée, le chemin d'une descente dans l'acte de parole, et le rapport au monde qui s'en induit. Il bute à la fin, par un artifice de construction qui prouve comme cela seul devait compter, sur la figure brûlée du fou, où se met à l'épreuve de la destruction mentale de toute conception du monde qu'on peut se faire en propre.
C'est le mouvement propre de la langue, dans ce débord par heurts et surgissements, et son pragmatisme même, qui décèle à rebours, dans une grande écriture, ce qu'elle niait des conventions qui, parfois longtemps après elle, l'ont elle-même donnée à lire. Ce qu'explore seul Baudelaire, trois cents ans après Rabelais, des nuances rythmiques d'une phrase en douze pieds, lève dans la prose ancienne des trappes, indique des clés par quoi nous comprenons la puissance qu'elle prend sur nous, par hypnose et assujettissement, ou simple jeu d'harmonie et d'architecture.
Il y avait, devant la maison de mes grands-parents, à Damfix, la rivière. Et un peu plus loin, sur la rivière, les tours blanches d'une abbaye en ruine : Maillezais. C'était un temps sans télévision, où voitures et michelines, sur les petites routes de Vendée, croisaient encore les vaches qu'on faisait traverser en barque le marais. Et qu'on sortait sur la rue, dans les villages, avec une pelle, pour ramasser à leur passage le crottin de cheval.
A l'occasion du salon "Rendez-vous de l'histoire" à Blois, rencontre avec François Bon autour de son ouvrage "Sapiens à l'oeil nu" aux éditions CNRS.
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Note de musique : © Scott Holmes
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