AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Monique Baccelli (Traducteur)
EAN : 9782844850881
96 pages
Allia (18/03/2002)
4/5   6 notes
Résumé :
« Il est facile de décider de se décrire soi-même ou sa propre doublure avec lyrisme.
Il est beaucoup moins facile de le faire de façon achevée, en montrant ses propres couloirs secrets, ses propres contradictions, les innombrables nuances qui définissent une personnalité, en exposant sans jactance ses qualités et sans retenue ses défauts. Et cela, Stendhal l'a fait avec une infaillible maîtrise. »

[Giuseppe TOMASI DI LAMPEDUSA]
Que lire après StendhalVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le fauve sicilien en symbiose avec le plus italien des écrivains français grâce aux éditions Allia. La promesse pour beaucoup d'une réjouissante lecture. Et de fait à la fin il y a de quoi être comblé. « Lezioni su Stendhal » est une conférence informelle donnée par Giuseppe Tomasi di Lampedusa devant un public d'étudiants. Intitulée « Trois auteurs du XIXe siècle » (incluant aussi Mérimée et Gobineau), elle est comprise, comme l'indique une note de l'éditeur, dans un ensemble plus vaste dédié particulièrement à la littérature anglaise. Retrouvées après la mort de Lampedusa les conférences parurent d'abord en 1959 dans la revue Paragone à Florence. Suivre Lampedusa pour rejoindre Stendhal place ici le lecteur dans une forte et stimulante complicité le renvoyant à ses propres lectures ; en situation de "retrouvailles" quand ces dernières remontent à quelques lustres. L'exercice est vivant, fluide dans le déroulé, sans pesanteur dans la forme – libres allées et venues dans la chronologie des oeuvres – hors de toute rhétorique pontifiante, le commentaire est vif et sans affectation. Dès l'introduction Lampedusa évince le style professoral au profit de sa grande proximité avec les principaux personnages - Julien, Fabrice, Mathilde, la Sanseverina et consorts - des grands romans (« le Rouge et le Noir » ; « La Chartreuse de Parme », qu'il vaut mieux avoir lu c'est vrai pour goûter pleinement la finesse du propos) ; il découvre sa proximité aussi avec leur auteur et le reste de son oeuvre, « oeuvres préparatoires, oeuvres mûres, oeuvres inachevées, oeuvres inédites ». De Stendhal Lampedusa aime tout (vitalité, curiosité, exubérance, jusqu'aux exagérations), et de sa production littéraire il connaît à peu près tout rendant dans les dernières pages un hommage appuyé aux « Souvenirs d'égotisme » et à « Vie de Henry Brulard ». Il pénètre le personnage et fraye dans ses contradictions avec acuité, dévoile son esprit antiromantique comme son profond lyrisme, instruit sur son style et sa méthode – l'esthétique stendhalienne est l'objet d'une belle réflexion sur la fabrique et l'art du roman ; mais surtout Lampedusa éclaire le ressort fondamental de l'énergie créatrice polyvalente de Stendhal fondée, selon lui, sur sa doctrine épicurienne, à travers l'illustration de toutes ses autres tentatives : théâtrales (de jeunesse, Stendhal se rêvait dramaturge), écrits sur la musique et la peinture, Racine et Shakespeare, livres de voyages, chroniques, traité, nouvelles, correspondances etc.). Quelques réserves et nuances émises sur les premiers écrits alimentaires (sous pseudos quand Stendhal plagiait ouvertement, « avec génie », les auteurs italiens), quelques faiblesses ou médiocrités soulignées (« De L'amour », oeuvre manquée ; « Napoléon », ennuyeux). À côté des oeuvres majeures analysées, abouties ou non, de celles également non destinées à la publication (Stendhal est un champion de l'inachèvement) - et loin de toute espèce d'adulation insipide -, son enthousiasme pour des réussites telles que « Rome, Naples et Florence », « Les Promenades dans Rome » ou « Vanina Vanini » est si généreusement étayé qu'il donne diablement envie si on ne l'a déjà fait, c'est mon cas, de s'y plonger.
Commenter  J’apprécie          216
le sommet de l'écrirture
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
A travers son Julien Sorel, Stendhal s'est exprimé lui-même, tel qu'il était réellement avec ses ambitieux désirs. Avec Fabrice del Dongo, en revanche, il a donné une vie réelle à l'homme qu'il aurait voulu être, à l'homme noble, riche, aimé, qu'il ne fut pas. Il lui donna la vie, puis il l'enferma en prison, émouvant témoignage de la clarté de son intuition.
Dans ces deux personnages coule perpétuellement la vitalité de Stendhal, son inépuisable curiosité, son goût de la vie, conditionnée par cette recherche. "Si la vie cessait d'être une recherche elle ne serait plus rien." Cette phrase de la correspondance trouve son illustration exemplaire dans les fins des deux romans, si sauvagement syncopées, où l'auteur "achève" sans regrets les deux protagonistes qui ne l'intéressent plus et qui, en réalité, n'existent plus pour lui à partir du moment où, par les conquêtes respectives de Marguerite* et de Clélia, ils ont trouvé et ont cessé de chercher, c'est-à-dire de vivre.
"Wer immer strebend sich bemüht...**" Les célèbres vers de Goethe sont contemporains de Le Rouge et le noir. Le sage de Weimar et le fou de Civitavecchia avaient du reste bien des points de leur Weltanschauungen*** en commun.

* Lapsus d'après le contexte il s'agit plutôt de Mathilde. Lampedusa pensait sans doute en même temps à Faust.
** Celui qui toujours cherche à s'élever.
*** Vision du monde.

Stendhal, Les oeuvres, p. 10 - 11
Commenter  J’apprécie          80
Dépourvu de tout artifice, étranger à toute parole recherchée, ennemi du rythme intentionnel, avare d'adjectifs, le style de Stendhal est le style de la prose du XVIIIe siècle, avec la seule différence que Voltaire, par exemple, ne voulait exprimer que des raisonnements, alors que Stendhal avec la même économie de moyens, se propose de transmettre au lecteur des sentiments.
Son génie pour alléger, pour supprimer les redondances, pour "rester dans le sujet", touche au prodige. Un exemple est universellement connu. Quand Fabrice, après d'innombrables épreuves et intrigues, réussit à pénétrer dans la chambre de Clélia, les conséquences de cette victoire s' expriment en cinq mots : "Aucune résistance ne fut opposée." [...]
Mais il y a mieux encore. Stendhal a réussi à résumer une nuit d'amour par un point-virgule :
"La vertu de Julien fut égale à son bonheur ; il faut que je descende par l'échelle, dit-il à Mathilde, quand il vit l'aube du jour paraître."

Stendhal, Les oeuvres, p. 19
Commenter  J’apprécie          80
C'est dans "Rome, Naples et Florence" que nous rencontrons pour la première fois dans la technique littéraire de Stendhal cette façon de faire coïncider et de réduire presque à une seule les trois personnes qui collaborent pendant la lecture d'un livre : l'auteur, le personnage et lecteur. (p. 40)
Commenter  J’apprécie          50
Un style qui dans sa sécheresse peut sembler facile mais qui est au contraire le fruit d'une recherche laborieuse et d'un continuel travail d'élimination: un style, surtout, qui demande avant tout une exceptionnelle abondance, non seulement de souvenirs et d'expériences mais d'idées, car s'il y avait le moindre manque de matière vitale, celui-ci sauterait immédiatement aux yeux.
Commenter  J’apprécie          30
Mais il y a mieux encore. Stendhal a réussi à résumer une nuit d'amour par un point-virgule :

La vertu de Julien fut égale à son bonheur ; il faut que je descende par l'échelle, dit-il à Mathilde, quand il vit l'aube du jour paraître.
Commenter  J’apprécie          40

Lire un extrait
Videos de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Giuseppe Tomasi di Lampedusa
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Quel grand classique de la littérature est resté dans les tiroirs de son auteur qui jamais ne parvint à le faire éditer puisque c'est un an après sa mort qu'il fut enfin publié ?
« le Guépard » de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, c'est à lire en poche chez Points/Seuil.
autres livres classés : essais critiquesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (17) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Guépard - Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Dans quelle région italienne se passe le récit ?

En Lombardie
En Sicile
En Toscane

10 questions
63 lecteurs ont répondu
Thème : Le Guépard de Giuseppe Tomasi di LampedusaCréer un quiz sur ce livre

{* *}