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EAN : 9782246260516
248 pages
Grasset (20/05/1987)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Un homme rêve à bord du Capitole, le train des hommes d'affaires. Mais il n'a ni attaché-case à portée de la main, ni journal financier sous les yeux: il s'agit d'un écrivain qui regagne sa tour d'ivoire. Fuyant "le superflu et la dispersion" des villes, il court retrouver "les horizons et le silence"du Quercy.
Vingt ans plus tôt, des amis lui ont prêté un pigeonnier en ruine, sur le Causse de Limogne , à charge pour lui de le remettre en état. Et une passion... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les écrivains des années 60 – 70 occupent une place un peu bâtarde à la charnière entre deux époques. le monde a changé profondément et brutalement. Beaucoup ont raté à la marche, ou au contraire ont essayé de la sauter avec trop d'enthousiasme. Dans les deux cas l'oubli les a vite engloutis. Quant à ceux déjà installés, c'est une autre question. Certains, tels Romain Gary, regardent d'un oeil un peu sardonique le monde des convenances morales chavirer sur ses bases. Et d'autre, comme notre ami Borgeaud (Prix du journalisme international de Rome 1962, Prix Renaudot 1974), décident qu'ils en ont marre de ces conneries, et se retirent tranquillement dans leur pigeonnier.

Et ce n'est même pas une plaisanterie, car le livre raconte la vie et les expériences de l'auteur dans un ancien pigeonnier en ruine qu'il avait acheté et retapé, au fin fond des Causses, une dizaine de kilomètres au sud d'Agen. Il décrit sa découverte des lieux, les travaux pour restaurer ce qui était l'étable d'un mulet, en faire un lieu habitable – selon les standards de l'époque s'entend, et initialement sans électricité ni eau courante. La vie qu'il y mène est solitaire majoritairement, mais avec tout de même la compagnie d'une chatte débonnaire, le passage de quelques amis, et surtout ses voisins.

Il n'évoque que rapidement la vague des néo-hippies de mai 68 tentant le ‘retour à la terre', dans le plus pure style maoïste – tout plaquer pour aller planter des légumes ou faire du fromage de chèvre, et découvrir que les maisons sans eau courante ni électricité ni chauffage c'est quand même pas fou. Ceux sur lesquels il est intarissable, ce sont les ‘vieux paysans'. Ceux dont les familles arpentent bien souvent depuis des siècles ces mêmes terres, s'assoient dans les mêmes pièces – voir aux mêmes tables – pour prendre des repas à peine plus soignés.

Quand il arrive dans le pays, plusieurs familles s'entêtent encore à labourer son sol sec et pierreux. Un à un les enfants, devenus grands, partent à la ville. Les parents restent, vieillissent. Derniers vestiges de l'âge des paysans, qui le fascinent par leur simplicité. C'est donc la chronique d'une vie à Aubiac où, sans rentrer dans sa vie personnel, l'écrivain nous fait partager sa vie quotidienne, et surtout celle des derniers vestiges d'un monde en train de disparaitre, le monde des campagnes françaises, dont je n'ai vu que les vestiges des vestiges. Mon fils en verra-t-il seulement les vestiges des vestiges des vestiges ?

Cela même n'est pas sûr…
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Souvent le troupeau s'en va au delà des limites, dans les champs voisins, disparaît de ma vue. Pourtant, j'entends ses grelots dont le timbre fêlé est enfantin et triste. C'est une musique pastorale qui enrichit le silence et accroît ma certitude de savoir plus ou moins proche le jour où la mort me retirera du jeu planétaire, comme un pion. C'est une expression de l'éternité. Puis le magma laineux, la couverture de Pénélope revient sans déchirure dans le champ, talonnée par deux chiens faméliques chacun contrariant la manœuvre de l'autre. Seule discordance un peu trop fréquente à mon gré: la voix aigüe de Lucienne qui rappelle à l'ordre tout ce qui tient sur jambes et pattes afin de ramener à l'étable cette mouvance, comme un nuage à ras de terre, avant que la nuit ne tombe. Les chiens ont leur stratégie, les fillettes la turbulence brouillonne, la mère les protestations. Une fois l'agitation disparue, le calme autour du pigeonnier est tel qu'il fait l'effet d'un baume sur moi, mais c'est aussi l'occasion d'une angoisse sourde. Le plateau du Grès, ma doline, me paraît alors un lieu idéal pour le rassemblement d'esprits légendaires, fantomatiques mais bienveillants, entre chien et loup.
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Dès que je fus assez grand pour être livré à mes choix, j'ai cherché à ne pas habiter n'importe où, surtout à ne plus vivre dans un décor commun. Non que je cherchasse le luxe, un château, mais seulement un gîte assez grand pour mes trésors personnels, quelques livres essentiels, mes colifichets d'adolescent, ma galerie de grands hommes, quelques photographies, le rappel au-dessus de mon lit de ma piété qui a tenu fortement à mes fibres et qui s'en est allée.
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