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sur 604 notes
L' ALEPH de JORGE LUIS BORGES
Recueil de 17 nouvelles dans lequel on retrouve tous les thèmes favoris de Borges, la mort, la complexité du monde et son absurdité. Il aborde tous les genres du policier au fantastique, du conte métaphysique au mystère insondable.
L'immortel est mon préféré, un tribun romain se retrouve seul dans un lieu où des Troglodytes contemplent la cité des Immortels sans la voir!
L'histoire du guerrier et de la captive évoque un général qui attaque une ville puis deviendra son défenseur d'un côté et et d'autre part une femme vivant une vie horrible refusant de se faire aider.
Le Zahir est un objet qui fascine et dont l'esprit ne peut se détacher, Borges s'amuse à raconter cette malédiction du narrateur.
L'Aleph est la dernière nouvelle, et dans l'univers de Borges, il représente « le lieu où se trouvent sans se confondre, tous les lieux de l'univers vus de tous les angles » En l'occurrence, c'est à la cave sur la dix-neuvième marche !!
Lire Borges c'est s'immerger dans un univers assez complexe, difficile à définir, mélange de simplicité et d'érudition dans lequel on se perd facilement.
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Ma première impression, quand j'ai commencé à lire Borgès, fut un mélange de perplexité et de fascination. Je n'étais pas un lecteur débutant, j'avais déjà parcouru de nombreuses oeuvres. Mais je n'avais jamais rien lu de tel ! la perplexité venait sans doute d'une feinte maladresse, une sorte de mise en scène qui nous présentait un narrateur incertain, pas très sûr de ce qu'il racontait, qui ne connaissait pas tous les détails de l'histoire qu'il nous rapportait.
Et c'est un premier trait caractéristique de Borgès, qui fait donc du narrateur un réel personnage, même quand il n'est pas un protagoniste de l'histoire, comme c'est le cas dans « le Mort », le second récit de ce recueil. Ainsi se justifie les ellipses de la narration, le lecteur ne saura pas tout, parce que le narrateur ignore bien des choses lui aussi. Ceci est sans doute à relier à une idée récurrente de cet auteur qui dit souvent que le véritable auteur d'un récit c'est l'humanité tout entière. On lira ainsi avec intérêt l'un des plus courts récits de L'Aleph qui s'intitule « Les Deux Rois et les Deux Labyrinthes », dans lequel on trouve une sorte d'enchâssement vertigineux qui rejette le narrateur toujours plus loin vers le passé dans la genèse du récit.
Dans ce même conte, car cela s'apparente réellement à un conte, voire à une fable, ne serait-ce que par son titre, on discernera également une autre caractéristique à la fois de la thématique de notre auteur, et aussi de son écriture. J'ai toujours hésité entre plusieurs dénominations pour désigner ses récits et lui-même affirme qu'il ne soucie pas le moins du monde de savoir s'il s'agit de nouvelles ou de contes… donc, ce second trait c'est le jeu souvent organisé entre des entités opposées (êtres vivants, choses ou idées). Chez Borgès, en effet, les extrêmes opposés se rejoignent et se confondent. Ce jeu donne lieu à des retournements inattendus, l'objet d'une aspiration ardente peut ainsi s'inverser, comme c'est le cas dans la première nouvelle, « L'Immortel ». Ou bien deux personnages qui rivalisent et ne cessent de se quereller ne sont peut-être qu'un seul dans une autre nouvelle du même recueil dont je tais volontairement le titre pour ne pas trop divulgâcher …
Il y a donc chez cet auteur une pensée qui cultive l'ambivalence, voire l'ambiguïté… et cela questionne le lecteur, ce qui est une excellente chose.
Cette ambivalence m'amène à un dernier trait qui apparaît encore dans L'Aleph, mais aussi bien sûr dans ses autres oeuvres, dans Fictions par exemple. le narrateur que met en scène Borgès ne s'interdit pas de porter des jugements de valeur, de feindre de faire le moraliste. Mais là encore, il serait prudent de ne pas le prendre trop au sérieux. Si nous ne le savions pas déjà, notamment par les mises en garde de Proust, il nous rappellerait qu'il faut distinguer le narrateur de l'auteur. Ainsi, que penserons-nous de cette phrase : « Cet ouvrage était un scandale, car la confusion et l'émerveillement, opérations réservées à Dieu, ne conviennent point aux hommes. » ? sachant que Borgès était athée…
J'ai simplement voulu partager ici quelques points de mon enthousiasme pour cet auteur, l'un de mes préférés sans doute et j'espère que cela donnera envie de le lire ou de le relire.
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Dans ce recueil-ci, il y a davantage de nouvelles à histoire, donc moins conceptuelles. Ce sont souvent des petites biographies de personnages entre le 19e et le 20e siècle.

On retrouve quand même quelques histoires à idée, notamment sur le thème du labyrinthe.

Ce recueil m'a paru moins bon que les précédents, mais il n'est pas mauvais pour autant.
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Un recueil de nouvelles sur la mort, l'immortalité, leslabyrinthes, la civilisation, la barbarie, le fini et l'infini. Un voyage dans le temps et l'espace avec des passages magnifiques. Mes préférés: le premier L'IMMORTEL, réflexion puissante sur l'immoralité et le dernier L'ALEPH qui lui fait écho avec un aperçu d'universalité.
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"Aleph" Jorge Luis Borges


« Quand la fin se rapproche, les souvenirs ne sont plus des d'images , il ne reste que des mots ... Je suis Homer, bientôt je ne serai rien, comme Ulysse, peu de temps je serai tout. Je suis mort » (L'immortel, pp. 24-25)

Les lettres de l'alphabet, dont «Aleph» est le premier (dans l'alphabet hébreu) ​​sont des graines, des symboles, des figures de notre immortel "verbe"humain.

« La Chambre des Asterion » (pp.65-68), est un symbole de la prison de la vie dont les barreaux sont le manque de communication entre « les visages de la foule » et l'autre (il, Asterion-Minotaure), est le labyrinthe intérieur la solitude et l'orgueil, mais aussi le désir ardent de l'acceptation de la rédemption par le Thésée en service ("Croiriez-vous, Ariane?" dit Thésée. "Le Minotaure s'est à peine défendu").

Le charme de Borges n'est pas dans l'interprétation, parfois pas simple et pourtant toujours subjective, de ses références littéraires, mais dans l'évocation que la lecture ou la mémoire puise dans l'oubli, comme dans ce beau passage (pages 47-48) de «l'histoire du guerrier et du prisonnier»:

"Il venait des forêts inextricables du sanglier et du vert, il était blanc, courageux, innocent, cruel, fidèle à sa tête et à sa tribu, pas à l'univers.
Les guerres l'ont amené à Ravenne et là il voit quelque chose qu'il n'a jamais vu ... Il voit un tout qui est multiple sans désordre; voit une ville, un organisme composé de statues, temples, jardins, maisons, marches, vases, colonnes, régulier, open-space ... Peut-être juste de voir une seule arche, avec une inscription incompréhensible lettres romaines éternelles.
Brusquement, cette révélation l’aveugle et la transforme: la Ville. Il sait que ce sera un chien, un enfant et qu’il ne le comprendra jamais, mais il sait aussi que cela vaut plus que ses dieux et sa foi jurée et tous les marais d’Allemagne.
Droctulft abandonne les siens et se bat pour Ravenne. Il meurt et grave sur sa tombe des mots qu'il ne comprendra jamais:

Contempsit caros, dum nos amat ille, parentes,
hanc patriam reputans esse, Ravenna, suam. "
.........................................................................
"Quando s'avvicina la fine, non restano più immagini del ricordo, restano solo parole... Io sono stato Omero; tra breve sarò Nessuno, come Ulisse; tra breve sarò tutti: sarò morto."(L'immortale, pp.24-25)

Le lettere dell'alfabeto, di cui 'Aleph' è la prima (nell'alfabeto ebraico) sono semi, simboli, cifre del nostro umano-immortale 'verbo'.

'La casa di Asterione' (pp.65-68), è simbolo della vita-prigione le cui sbarre sono l'incomunicabilità tra 'i volti della folla' ed il diverso (lui, Asterione-Minotauro), è il labirinto interiore di solitudine e superbia ma anche di struggente desiderio di redenzione-accettazione da parte del Teseo di turno ("Lo credresti, Arianna?" disse Teseo. "Il Minotauro non s'è quasi difeso").

Il fascino di Borges non è però nell'interpretazione, a volte non semplice e comunque sempre soggettiva, dei suoi rimandi letterari, ma nell'evocazione che lettura o ricordo traggono dall'oblìo, come in questo bellissimo passo (pag. 47-48) della 'Storia del guerriero e della prigioniera':

"Veniva dalle selve inestricabili del cinghiale e dell'uro; era bianco, coraggioso, innocente, crudele, leale al suo capo e alla sua tribù, non all'universo.
Le guerre lo portarono a Ravenna e là vede qualcosa che non ha mai vista ... Vede un insieme che è molteplice senza disordine; vede una città, un organismo fatto di statue, di templi, di giardini, di case, di gradini, di vasi, di capitelli, di spazi regolari e aperti... Forse gli basta vedere un solo arco, con un'incomprensibile iscrizione in eterne lettere romane.
Bruscamente, lo acceca e lo trasforma questa rivelazione: la Città. Sa che in essa egli sarà un cane, un bambino, e che non potrà mai capirla, ma sa anche ch'essa vale più dei suoi dèi e della fede giurata e di tutte le paludi di Germania.
Droctulft abbandona i suoi e combatte per Ravenna. Muore, e sulla sua tomba incidono parole che non avrebbe mai comprese:

Contempsit caros, dum nos amat ille, parentes,
hanc patriam reputans esse, Ravenna, suam."
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Recueil de nouvelles pour la plupart fantastiques et ayant pour point commun de rallier des points (temporels, spatiaux) apparemment éloignés, voilà un livre qui offre des textes de différents niveaux, certains très abordables, d'autres nécessitant peut être une belle culture soutenue pour pouvoir être pleinement savourés. Quelques pépites furent plaisantes à lire, en se laissant emporter par le tourbillon induit par ces boucles reliant passé et présent (e.g. L'homme sur le seuil ). Personnellement, à choisir dans ce registre, Poe a néanmoins ma préférence.
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Une lecture qui me réjouissait autant que je ne l'appréhendais.
Étant une adepte de la littérature de Garcia Marquez, le réalisme magique qui caractérise l'oeuvre m'attirait beaucoup. J'ai également entendu d'autres comparaisons avec Lovecraft : le recueil marquait encore un point de plus. J'ai donc sauté le pas, lorsque j'ai vu le recueil sur ma liste de lecture de cet été, pour mon cours de littérature.
MAIS.
Finalement, je suis assez mitigée et frustrée par cette lecture, qui m'a laissé plutôt indifférente, et que je n'ai pas su apprécier à sa juste valeur, à mon grand désarroi. Effectivement, l'abondance d'érudition et de références peut paraitre alléchantes pour toutes celles et ceux qui adorent se cultiver, mais dans le cas de l'Aleph, cette accumulation m'a perdu.
Par ailleurs, la caractérisation alambiquée des personnages les rend finalement assez inaccessibles au lecteur, et peinant à s'identifier à l'un deux, on décroche constamment (d'autant plus que les personnages changent toutes les vingt pages !). J'avais l'impression de passer à côté de pas mal de détails, qui font l'intérêt de la nouvelle en question.
J'espère trouver d'avantage de plaisir et percer les mystères de cette oeuvre, dans le cadre de mon cours à la rentrée.
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La première fois que j'ai entendu parler de Jorge Luis Borges, c'était il y a de nombreuses années en lisant “Le Nom de la Rose” d'Umberto Eco. L'écrivain argentin est l'inspiration derrière le personnage de Jorge de Burgos, le vieux moine aveugle, conservateur de la vénérable bibliothèque de l'abbaye et gardien de toutes les connaissances.
J'ai attendu mon premier voyage à Buenos Aires pour aborder son oeuvre, et lire ses recueils de nouvelles « Fictions (Ficciones) » et « L'Aleph (El Aleph) ». J'ai aussi visité l'ancienne Bibliothèque Nationale, aujourd'hui devenue Centre Nationale de la Musique, dont Borges fut le directeur. C'est là semble-t-il qu'Umberto Eco fit la rencontre du bibliothécaire. La nouvelle « La Bibliothèque de Babel » dans « Fictions » est plus que probablement l'inspiration de celle de l'abbaye du « Nom de la Rose ». Certains y ont aussi vu une vision anticipée d'internet et du worldwide web.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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A lire!
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Parmi les écrivains magiciens, de ceux qui nous hypnotisent avec leur tours de passe passe et nous font croire qu'il est possible de voir l'univers entier, celui-ci est sans doute le plus puissant mais le plus inquiétant aussi (surtout si vous êtes français car sa lecture assidue vous a convaincu qu'il n'aime guère les français - parce que comme tout argentin il se pense anglais?-). Il vous amène dans une banlieue triste, vous rapporte des ragots (jalousies, mesquineries, coucheries...). Il vous demande de descendre l'escalier d'une cave, et là, au bas de la dix-neuvième marche, un peu sur la droite, il vous montre un aleph:
A la partie inférieure de la marche, vers la droite, je vis une sphère aux couleurs chatoyantes, qui répandait un éclat presque insupportable. (…). le diamètre de l'Aleph devait être de deux ou trois centimètres, mais l'espace cosmique était là, sans diminution de volume (....). Je vis la mer populeuse, l'aube et le soir, les foules d'Amérique, une toile d'araignée argentée au centre d'une noire pyramide, un labyrinthe brisé ( c'était Londres) je vis des yeux tout proches, interminables, qui s'observaient en moi comme dans un miroir, je vis tous les miroirs de la planète et aucun ne me refléta, je vis dans une arrière-cour de la rue Soler les mêmes dalles que j'avais vues il y a trente ans dans le vestibule d'une maison à Fray Bentos, je vis des grappes, de la neige, du tabac, des filons de métal, de la vapeur d'eau, je vis de convexes déserts équatoriaux et chacune de leur grains de sable, je vis à Inverness une femme que je n'oublierai pas, je vis la chevelure violente, le corps altier, je vis un cancer à la poitrine, je vis un cercle de terre desséchée sur un trottoir, là ou auparavant il y avait eu un arbre, je vis dans une villa d'Adrogué un exemplaire de la première version anglaise de Pline, celle de Philémon Hollan, je vis en même temps chaque lettre de chaque page (enfant, je m'étonnais que les lettres d'un volume fermé ne se mélangent pas et ne se perdent au cours de la nuit), je vis la nuit et le jour contemporain, un couchant à Quérétaro qui semblait refléter la couleur rose d'une rose à Bengale, ma chambre à coucher sans personne, je vis dans un cabinet de Alkmaar un globe terrestre entre deux miroirs qui le multiplient indéfiniment, je vis des chevaux aux crins denses, sur une plage de la mer Caspienne à l'aube, la délicate ossature d'une main, les survivants d'une bataille envoyant des cartes postales, je vis dans une devanture de Mirzapur un jeu de carte espagnol, je vis les ombres obliques de quelques fougères sur le sol d'une serre, des tigres, des pistons, des bisons, des foules, des armées, je vis toutes les fourmis qu'il y a sur terre, un astrolabe persan,je vis dans un tiroir du bureau (et l'écriture me fis trembler) des lettres obscènes, incroyables, précises, que Beatriz avait adressées à Carlos Argentino, je vis un monument adoré à Chacarita, les restes atroces de ce qui avait été délicieusement Beatriz Viterbo, la circulation de mon sang obscur, l'engrenage de l'amour et la transformation de la mort, je vis l'Aleph, sous tous les angles, je vis sur l'Aleph la terre, et sur la terre de nouveau l'Aleph et sur l'Aleph la terre, je vis mon visage et mes viscères, je vis ton visage, j'eus le vertige et je pleurai, car mes yeux avaient vu cet objet secret et conjectural, dont les hommes usurpent le nom, mais qu'aucune homme n'a regardé : l'inconcevable univers.

J'ai relu ces lignes 40 ans après, j'avais retenu l'image 'des chevaux aux crins denses sur une plage...' mais bizarrement je les pensais au bord de l'Adriatique (dans ma mémoire court circuit avec un tableau de de Chirico, un des rares où ne passent pas des trains à l'horizon sous des crépuscules jaunes et verts?).
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