Maria Borrély étant une romancière native de ma région et décédée dans la ville où je suis née (Digne), j'avais un peu honte de n'avoir encore rien lu d'elle jusqu'à ce jour. Aussi, ai-je commencé par ce très court ouvrage, et pourtant, ô, combien rempli de philosophie ! Je me demande encore comment un si petit ouvrage peut dire autant de belles choses à la fois...et pourtant, le thème de ce dernier est loin d'être réjouissant.
L'histoire est celle de quatre hommes, Joseph, Bonavita, Bosset et Chardousse qui, en perdant leur emploi à l'usine, bref leur emploi tout court et en devenant chômeurs, ne se sont plus sentis hommes. Sans cesse tiraillés par la faim, le froid, et surtout ne se sentant plus utiles puisqu'ils sont devenus des rebus de la société. Ils sont pourtant pleins de bonne volonté puisqu'ils ne demanderaient qu'une chose : retrouver un emploi, n'importe lequel afin de pouvoir trouver un toit où dormir et de quoi manger mais comment prouver que l'on est travailleur lorsqu'on a le ventre vide, l'estomac sur les talons et que l'on tient à peine sur ses jambes ? du coup, ces hommes, qui n'ont plus rien dans leurs mains, en viennent-ilsn, enfin du moins, pour trois d'entre eux (je ne vous dirais pas pourquoi le quatrième n'est pas concerné, à vous de le découvrir) à vivre de ce que les bonnes âmes leur donnent et, paradoxe, à rêver de se faire enfermer en prison, ne serait-ce que pour avoir trois repas par jour.
Un livre poignant, poétique, que je ne peux pas qualifier de léger en raison de la trame de l'histoire mais qui l'est pourtant au niveau de l'écriture qui est fluide, avec des phrases et des chapitres brefs mais avec des mots parfois très durs. Une réflexion sur la vie et la mort mais aussi sur la condition de l'homme et sur le fait que lorsqu'il est réduit à errer toute la journée afin de ne pas mourir de faim, il n'est rien ! Un magnifique petit ouvrage, à découvrir !