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EAN : 9782369426110
496 pages
Nouveau Monde (25/01/2018)
3.67/5   9 notes
Résumé :
En 1885 le prêtre Eugène Bossard publie une étonnante biographie historique de Gilles de Rais (1404-1440), sire de Tiffauges et de Machecoul, rédigée à partir de documents d’époque et qui reste aujourd’hui une référence.
Seigneur de Bretagne et féroce adversaire des Anglais aux côtés de Jeanne d’Arc, Gilles de Rais est surtout connu sous le nom de « Barbe-Bleue ». Par les horreurs qu’il perpétra, il deviendra la figure fantastique du criminel sexuel et du mon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je reconnais que même si comme tout un chacun , j'vais déjà entendu parlé de Gilles de Rais, je ne connaissais pas grand-chose du bonhomme.
Curieusement, le hasard de mes lectures de jeunesse m'avaient surtout permis de découvrir le côté « compagnon de Jeanne d'Arc ». En effet, jeune adolescente, j'avais dévoré la série des Catherine de Juliette Benzoni et où ce personnage apparait dans les premiers tomes de la série. Un peu plus tard, j'avais aussi lu « Gilles et Jeanne « de Michel Tournier, un petit livre (par la taille) qui abordait le même thème, mais qui m'avait laissé sur ma faim si je me souviens bien..
C'est un auteur du 19eme siècle qui nous nous livre cette biographie a celui dont la légende se confond parfois avec celle du conte Barbe Bleue.
Minutieux à l'extrême, l'abbé Bossard a mené un véritable travail de fourmi pour fournir le plus de faits réels et confirmés pour étayer son récit.
Il nous fait suivre la terrible transformation d'un homme qui avait tout pour briller en son époque, mais qui est devenu un monstre.
L'abbé Bossard nous fait revivre les différentes étapes de la vie de Gilles de Rais seigneur de Tiffauges, que ce soit une jeunesse ou il finit par devenir un des compagnons d'armes de Jeanne d'Arc pour ensuite devenir un seigneur breton connu pour sa prodigalité qui va bientôt écouter ses plus vils instincts.
L'auteur ne nous épargne pas les détails, car il consacre une bonne partie de son livre au procès de gilles de rais et de ses complices. Ce procès mené par un tribunal ecclésiastique, fut, comme il le souligne à plusieurs reprises d'ailleurs, un modèle d'équité contrairement à celui de Jeanne d'Arc
J'ai bien aimé cette plongée dans un Moyen Age qui sort de la guerre de Cent ans. Les us et coutumes sont bien retranscris ainsi que les moeurs de l'époque.
J'ai eu quelquefois un peu de peine avec le style de l'auteur, qui a tendance à s'éparpiller par moments, même si cette lecture a été très intéressante pour ma part.
L'abbé Bossard a essayé de comprendre ce qui s'est passé dans la tête de Gilles de Rais, n'hésitant pas à se positionner et à attribuer une partie de la responsabilité à l'éducation permissive que ce dernier a eue.
A lire si on est vraiment intéressé par le sujet, car les chapitres sont denses.
Encore merci à Babelio et aux Editions nouveau Monde pour l'envoi de ce livre qui m'a permis d'élargir mes connaissances sur un personnage dont le nom a traversé l'histoire.

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Gilles de Rais, 1404-1440. Courte vie pour tant de renommée.
Jusqu'à la mort de Jeanne d'Arc (1431), c'est un de ses plus fidèles compagnons d'armes, avec les Seigneurs de la Hire ou de la Trémoille pour les plus connus. Pour cette période chacun peut prendre tel ou tel livre d'histoire, et y trouver l'essentiel. Par la suite, le Seigneur de Tiffauges et Machecoul devient un autre personnage plus connu par la légende sous le sinistre surnom de Barbe-Bleue. Je dis légende car je ne peux dire conte, tant ses agissements sont avérés et plus terribles que ce qu'on peut imaginer dans l'horreur.


C'est tout naturellement sous le titre de « Gilles de Rais » que l'abbé Eugène Bossard (1853-1905) originaire du pays des Mauges entre Vendée et Anjou, se lança dans un ouvrage qui fait référence aujourd'hui pour nombre d'historiens, car au-delà de ses presque 500 pages, c'est sur une documentation particulièrement fouillée et complète que repose cette somme d'informations.
Le début du livre résume assez précisément ce que j'évoque en introduction.
La suite prend une tournure beaucoup plus particulière, car en ecclésiastique qu'il est, l'auteur cherche vraiment ce qui a pu se passer dans l'esprit d'un homme jeune et plein d'avenir, très riche et aux honneurs promis par une carrière militaire déjà accomplie. Car après la mort de Jeanne, c'est inconsolable, qu'il parcourt l'ouest de la France pour présenter ce qu'on appellerait aujourd'hui un “ son et lumière ” et qu'alors on nommait un “ mystère ”, pour raconter entre autres la prise d'Orléans par la Pucelle, à grands frais de costumes chamarrés et de décors grandeur nature. Faut-il rappeler qu'à l'époque, l'information était quasiment inexistante et le peuple n'avait que le ouï-dire pour savoir ce qui se passait, avec les déformations inévitables dans les récits oraux. À tant dépenser partout en mystères, fêtes, ripailles et banquets, la fortune fondit à vue d'oeil et c'est en ses châteaux de Machecoul, Tiffauges, Champtocé ou Clisson que Gilles se retrancha. La suite est sans doute la pire car il lui fallut s'entourer d'un noyau d'“amis “ , charlatans, alchimistes, de sinistre réputation avec lesquels il voulait accomplir le “ grand oeuvre ” : changer le plomb en or... Pour cela rien n'était suffisant, rites païens, apostasie, hérésie, et jusqu'au sacrifice de dizaines voire centaines d'enfants garçons ou filles. le comble de l'horreur étant atteint et sa réputation établie, c'est sans résister qu'il se laissa arrêter et conduit à Nantes pour y être jugé.
La troisième partie est la plus longue mais sans doute la plus intéressante, le procès de Gilles. Car c'est surtout face à un jury ecclésiastique et devant une foule nombreuse qu'il dût répondre de ses crimes. Et l'esprit et la plume de l'auteur font merveille, car à aucun moment de son récit, Eugène Bossard ne prend parti pour ou contre l'accusé. C'est en quelque sorte en “ journaliste judiciaire “ qu'il nous livre les faits, les minutes du procès comme s'il les avait collectées lui-même chaque soir. Tous les attendus sont livrés en langue d'autrefois, avec de nombreuses citations en latin (que cette nouvelle édition aurait pu traduire). Pour rester dans le ton “ religieux “ de ce texte, c'est à un véritable travail de bénédictin que l'abbé Bossard s'est livré pour réunir tant de textes, témoignages, édits royaux... La fin nous est connue, Gilles de Rais, malgré tout, était animé d'une foi immense dont il ne se départirait jamais, quitte à en faire preuve pour ne pas être excommunié - ce qu'il craignait plus que la mort - après avoir avoué tous ses crimes et et fait pénitence, eût au bout du compte ce dernier présent de la justice humaine, (ce qui semble apaiser notre abbé), et mourut pendu et brûlé à Nantes à la fin de l'année 1440.
Je ne vous cache pas que certains passages étaient difficiles à lire, au-delà même de l'horreur des faits, mais également de la longueur des chapitres, car il est bavard notre abbé et sa plume court très vite, dût-il à l'occasion se répéter ou revenir en détail sur un passage qu'il considère comme incomplet ! Mais notre pardon lui est acquis pour la qualité de son témoignage même à 400 ans d'écart.
Merci à Nouveau Monde Éditions dans sa collection Chronos, et à Babelio pour cet envoi de l'opération Masse Critique de février, et ma sélection de livres pour une prochaine opération sera peut-être plus pointue pour un choix plus léger ;-)

Voir aussi en bande dessinée, de Jacques Martin & Jean Pleyers :
Les aventures de XAN/JHEN - L'or de la Mort et Barbe-Bleue.
M.G.
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Gilles de Rais… j'ai appris son existence par hasard, et c'est également par hasard que je me suis intéressée à lui. Enfin, par hasard… façon de parler.
Cette biographie, écrite par Eugène Bossard, prêtre vendéen passionné par sa région, sortie en 1885 raconte donc l'histoire du 'vrai' Barbe-Bleue, de sa naissance, sur laquelle on ne sait pas grand chose, jusqu'à sa mort, sur laquelle on a une foultitude d'informations diverses grâce (ahem) à son procès.
J'ai beaucoup aimé le style d'écriture de ce cher Abbé Bossard, qui se plaît à interpréter les sentiments de notre triste héros, rendant la lecture plus légère, moins 'didactique'. Cela crée une forme d'intimité avec Gilles de Rais, que l'on voit sombrer de plus en plus au fil des pages. (Je l'aurais bien attrapé par le col pour lui donner quelques claques, à certains moments, histoire de le raisonner)
Cet homme immensément riche à l'origine, s'est ruiné dans de "folles dépenses" pour avoir de la vaisselle en or, des objets d'art, une troupe personnelle de théâtre, une collégiale, et même une armée de 200 hommes (après tout…). Sa famille et ses vrais amis ont tenté de le raisonner, mais, fier comme il était, il n'a écouté que les conseils flattant son orgueil. Solution ? Faire de l'alchimie, bien sûr ! Et, puisque ça ne fonctionnait pas trop, pourquoi pas de la magie noire ? Pourquoi pas invoquer des démons en leur promettant tout (en dehors de sa vie et de son âme, il le répètera souvent) en échange d'or, de science, et de puissance ? Hélas, les rares apparitions furent assez peu concluantes (on n'oubliera pas l'invocateur couvert de blessures et de sang, ni ce bon vieux François Prélati frappé si fort qu'il aurait attrapé une fièvre grave)…
Et puis, les crimes. Notre fidèle abbé ne nous dit pas tout et il l'avoue lui-même : "[on] passe forcément sous silence certains détails d'une immoralité telle qu'[on] n'oserait les répéter, même en citant les graves documents du procès." (p.258-259). Comme le dit Jacques Chiffoleau (l'auteur de la préface), ce sont donc surtout les crimes sexuels qui sont omis, alors étant donné que certains passages sont assez explicites, je n'imagine pas toute la réalité des faits
J'aurais aimé, cependant, pouvoir lire toute la confession de Gilles de Rais, et connaître les détails de ce qu'il a raconté devant le tribunal, mais la biographie reste très complète et passionnante. Quelques citations latines non traduites directement, comme l'a fait remarquer quelqu'un d'autre, mais à ce qu'il m'a semblé, elles étaient généralement expliquées en d'autres mots par l'abbé.
Il est très critiquable, ce Gilles de Rais, et très critiqué par Eugène Bossard, et pourtant (j'espère qu'on ne m'en tiendra pas trop rigueur)… je ne l'ai pas détesté. En vérité, j'ai eu de l'empathie pour lui, manipulé par une foule de flagorneurs qui a eu tôt fait de l'abandonner après l'avoir plumé. (surtout Roger de Bricqueville et Gilles de Sillé grrr). Bien sûr, ses meurtres dépassent tout entendement tant ils sont violents, mais j'ai été émue par ses remords et par ses larmes, même s'ils n'ont pas suffi à lui faire remonter la pente. Et surtout, son repentir, cet abandon de l'orgueil qui lui collait à la peau, le montrant tel qu'il était, pauvre pécheur, est magnifique.
Enfin bref, je ne peux que conseiller cette biographie qui est toute aussi instructive qu'agréable à lire. :)
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J'avoue avoir eu quelques appréhensions en commençant cet ouvrage : je craignais qu'il ne me tombe des mains parce trop érudit, trop didactique, essentiellement dirigé à l'attention d'un public averti, d'historiens et d'intellectuels avisés , que je ne m'y perde en dates et faits dont je suis ignorante. En somme, je craignais m'ennuyer ferme ... de plus, une bio écrite par un ecclésiastique en 1885... vous comprendrez mes doutes.. Mais comme je suis consciencieuse de nature et que je n'aime pas parler de ce que je n'ai fait que survoler, je me suis attelée sagement à la lecture de cette biographie de près de 500 pages...
Et , j'en suis encore étonnée et quelque peu fière ... j'en suis venue à bout sans déplaisir, sans ennui, sans temps mort.
Eugene Bossard avait une belle plume, imaginative, ce qui donne à sa thèse l'attrait d'un roman. Comme le souligne Jacques Chiffoleau, historien du Moyen-Age, qui signe la préface de cette bio, les parti pris cléricaux de Bossard pèsent, il est vrai, sur ses démonstrations ; on voit bien, en effet, combien il veut démontrer le rôle positif et déterminant des hommes d'église dans le procès de Gilles de Rais, combien ceux-ci, aveugles aux pressions des puissants, ont oeuvré de façon juste et équilibrée. Jacques Chiffoleau dit également combien l'imagination de Bossard peut l'entraîner vers des extrapolations et combien il peut rejeter avec assurance certaines assertions au profit des siennes , de tout cela, nous ne pouvons que lui faire confiance ( d'où l'intérêt évident de toujours lire les préfaces, toujours instructives et utiles).
Je ne saurais recommander cet ouvrage qui est un témoignage de son temps sur un personnage qui reste toutefois mystérieux et qui a fait naître maintes légendes et contes populaires.
Merci à la Masse Critique de Babelio et aux Éditions Nouveau Monde pour l'envoi de cet ouvrage
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
En terminant, si le regard se porte sur la carrière militaire qu'il a parcourue si rapidement, un sentiment doux et triste envahit l’âme; triste, à la pensée que le chemin de la gloire aboutit à la honte; doux, car le spectacle de son dévouement pour le France et pour Jeanne d'Arc, auquel le dévouement et l’héroïsme de tous les siens donnent encore un plus vif éclat, détourne un moment les yeux de la vue de ses crimes.
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Qui s'occupe, en effet, du mendiant qui passe ? Il est pareil à l'oiseau nomade, que le chasseur tue impunément ; car le mendiant vagabond ne laisse guère plus de traces de ses pieds sur le chemin que l'oiseau voyageur ne laisse trace de ses ailes dans les airs.
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Gilles fut contraint de reconnaître que l'alchimie, qu'il avait regardée comme le moyen de s'enrichir, n'avait été, au contraire, qu'un nouveau chemin, et le plus sûr et le plus rapide, pour aller à une ruine complète. Comme il voulait faire croire qu'il créait de l'or, il avait à coeur de faire dire qu'il en faisait réellement. Son orgueil ne pouvait s'habituer à la pensée que l'on pût se moquer de l'inutilité de ses efforts ; d'où sa prodigalité le jetait dans des folies plus insensées encore que les pratiques de l'alchimie. Jamais générosité ne fut plus ridicule.
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Les petits paysans, partis le matin à la garde des troupeaux et qui ne sont pas revenus le soir ; les enfants ravis dans les fermes elles-mêmes, sont des environs de Tiffauges, de Machecoul et de Champtocé. De là , les habitants de ces contrées, conçoivent de graves soupçons, engendrés par le chagrin, développés par leurs observations, nourris même par des indiscrétions et des paroles légères de Gilles ou de ses familiers. Personne cependant n'ose ouvrir la bouche pour se plaindre ; on gémit , mais c'est en secret ; on se parle, mais c'est tout bas ; on accuse, mais en regardant autour de soi. Qui donc oserait élever la voix contre un grand seigneur ?
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Le souvenir profond et durable, qu'il a laissé dans la mémoire des peuples de l'Ouest, nous amène à parler d'une tradition populaire, qui n'a d'autre fondement que les créations capricieuses du conte et de la légende. Cette tradition, universellement répandue d'abord en Vendée, en Bretagne et en Anjou, et qui, avec le temps, s'est étendue même aux provinces les plus éloignées de la France et de l'Europe, attribue à Gilles de Rais le meurtre de sept femmes qu'il aurait, dit-on, épousées légitimement. Nous verrons plus tard, en traitant de la légende de Barbe-Bleue, ce qu'on doit penser de cette croyance populaire : il suffit maintenant de constater que la tradition est en désaccord avec l'histoire. Gilles, en effet, ne fut marié qu'une seule fois, et sa femme , Catherine de Thouars, survécut de plusieurs années au supplice de son mari. On ne peut donc rapporter à Gilles ce trait de la tradition, au moins avec cette précision nette qu'offre la légende.
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