AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782315006304
285 pages
Max Milo (12/03/2015)
3.72/5   9 notes
Résumé :
Il est des périodes propices aux grandes destinées, la première moitié du XXe siecle en est une. Issu d'une famille très modeste Hjalmar Schacht est un enfant brillant. Après une scolarité et des études d'économie exemplaires, il gravit les échelons et se voit attribué plusieurs missions de sauvetage au sein d'une Allemagne dévastée par l'époque. Ce démiurge renverse toutes les situations : hyperinflation, remboursement de la dette internationale, Crise de 29, chôma... >Voir plus
Que lire après Le banquier du diableVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le nom de Hjalmar Schacht ne m'était pas totalement inconnu puisque cité parmi ceux qui ont entouré la prise de pouvoir par Hitler en 1933 et qu'il figure parmi les rares acquittés des procès de Nuremberg à la fin de la seconde guerre mondiale. Pour autant cette biographie permet de resituer le personnage, banquier, financier et économiste avant tout, et de comprendre comment il a pu mettre ses réseaux au service de l'accession au pouvoir de Hitler.
Schacht est un produit de la méritocratie, supérieur intellectuellement, qui a vite fait carrière dans la banque au début du vingtième siècle jusqu'à diriger son propre établissement. A la fin de la première guerre mondiale, alors que l'hyperinflation sévit en Allemagne, Schacht, en tant que commissaire du Reich à la monnaie, va mettre fin à cette spirale en coupant tous crédits aux spéculateurs et en interdisant le remboursement des monnaies parallèles mises en place par de grandes entreprises pour maintenir leur activité.
Président de la Reichbank, il va s'efforcer au cours de longues négociations de ne pas rembourser la dette de guerre imposée à l'Allemagne par le traité de Versailles. Son credo étant que « quand une dette devient excessive, que ce soit pour un pays ou pour une institution comme une banque ou une entreprise, alors elle constitue un problème, non seulement pour le débiteur, mais aussi pour les créanciers ».Ce qu'il met en pratique en ne remboursant que ce qu'il parvient à se faire prêter par l'étranger, en conservant ainsi ses devises pour relancer l'économie allemande.
Lorsque le parti nazi parvient aux portes du pouvoir au début des années trente, l'Allemagne est exsangue, la crise économique a détruit le système bancaire et le chômage est au maximum. Les nazis n'ont pas de programme économique viable. En quelques rencontres avec Hitler et Göring, Schacht va penser qu'il peut soutenir ce parti pour mieux en diriger l'action économique. Ce qu'il va faire une fois les nazis au pouvoir, en tant que ministre de l'économie et de président de la Reichbank. Il créée des titres compensables, destinés à promouvoir l'investissement, met en branle des grands travaux, dont les fameuses autoroutes, et commence à remettre en place une industrie de l'armement. Au fur et à mesure que le régime s'oriente vers une économie de guerre, Schacht est mis de côté quittant le ministère de l'économie en 1937, puis la Reichbank en 1939. Il reste ministre sans portefeuille.
Parfaitement au courant des intentions bellicistes du régime, acceptant les lois anti-sémites, ce compagnon de route du nazisme va passer entre les gouttes des procès de Nuremberg, en mettant en avant avoir organisé une bien faible tentative de renversement de Hitler par l'armée en 1938.
Après guerre son prestige d'économiste lui permettra de conseiller les états en développement.

Le personnage est bien plus intéressant qu'il n'y paraît. Sur le plan économique, ce libéral pro capital, a mené des politiques très interventionnistes et dirigistes. Ce n'était pas un théoricien, mais un réaliste, dont la politique est entièrement liée au contexte. Son aura dans les milieux d'affaire a bien aidé Hitler a remplir les caisses de son parti et lui a ouvert la porte de la Chancellerie. Il a été le complice pas si passif que cela de la politique nazie.

L'auteur a fait le choix, historiquement très discutable, de commencer chacun de ses chapitres par une présentation à la première personne, basée sur les écrits de Schacht (et à l'interprétation de l'auteur). le reste du texte est plus informatif. Sauf dans sa partie finale, où l'auteur se permet des comparaisons politiciennes entre les différentes interventions économiques de Schacht et la situation de la France d'aujourd'hui. En gros, Jean-François Bouchard est favorable à une relance par le dette. Ce que le lecteur attentif avait déjà compris en lisant sa présentation de l'action de Schacht. Mais la présence de ces commentaires personnels dans cette biographie, très agréable à lire autrement, est déplacée.

Merci à l'éditeur Max Milo et à Babelio d'avoir permis la lecture de cette biographie très contrastée.
Commenter  J’apprécie          50
Tout d'abord, merci à Babelio et Max Milo pour cette découverte dans le cadre de l'opération masse critique.

Ayant un bac ES (même si ça commence à dater) et aimant l'histoire, ce livre m'a beaucoup intéressé. J'ai découvert un personnage que je ne connaissais pas (j'avais juste croisé son nom, dans d'autres livres, parmi les personnes jugées au procès de Nuremberg) et qui pourtant mériterait d'être connu, du moins en tant qu'économiste.

Dans cet ouvrage très complet, Jean-François Bouchard nous parle d'Hjalmar Schacht, de sa vie professionnelle et personnelle mais aussi de l'histoire plus générale de l'Allemagne durant la période de vie de cet homme. On y découvre un homme passionné par l'économie, prêt à prendre tous les risques pour sauver les situations économiques les plus critiques dans lesquelles l'Allemagne a pu être plongée pendant une bonne partie du XXème siècle.

Cet homme, Hjalmar Schacht, aux capacités intellectuelles supérieures, a su faire l'unanimité parmi ses pairs, et ce, à travers le monde entier. En effet, on découvre dans ce livre qu'il était très respecté par d'importantes personnalités américaines ou anglaises avec lesquelles il travaillera en début de carrière, mais aussi par des chefs de gouvernement de pays en développement (Egypte notamment) avec lesquels il travaillera en fin de carrière afin de les aider dans leur volonté d'indépendance vis-à-vis des deux grands blocs alors en place. C'est d'ailleurs cette reconnaissance de l'économiste qu'il était qui permettra son acquittement lors du procès de Nuremberg, car, même s'il n'a jamais été membre du parti nazi, c'est principalement grâce à lui et à son plan de sauvetage de l'économie allemande qu'Hitler a pu accéder au pouvoir.

Au niveau de la forme, j'ai été un peu gênée par les discours à la première personne imaginés par l'auteur et qui servent à démarrer les chapitres. En effet, au début je pensais que c'étaient de véritables paroles prononcées ou écrites par Schnacht, ce qui aurait été fort intéressant mais au final, je découvre que c'est une liberté prise par l'auteur et une invention de sa part que je trouve quelque peu dérangeante. Cependant, l'alternance entre ces "discours" et les parties explicatives donne du rythme à l'ouvrage. En dehors de ça, j'ai tout de même bien apprécié cette lecture qui m'a fait découvrir un grand économiste du XXème siècle.
Commenter  J’apprécie          20
Il s'appelait Hjalmar Schacht. C'était un virtuose de la finance : pas un spéculateur mas un économiste génial qui a pris en mains l'avenir et plus précisément les comptes de l'Allemagne en pleine crise.
Avec brio, détermination et pragmatisme, il va affronter la dette abyssale, l'hyperinflation, les records de chômage et, à trois reprises, sauver l'Allemagne de la ruine.
Bien évidemment mais indirectement il a servi Hitler, sans jamais adhérer au parti nazi, ce qui lui valut l'acquittement au procès de Nuremberg.
Une lecture instructive sur le plan historique et qui fait écho aux problèmes économiques que nous connaissons.
Commenter  J’apprécie          60
Dans un premier temps, je voudrais remercier les éditions Max Milo et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce livre lors de la dernière Masse Critique.
"Le banquier du diable" est un livre qui nous permet de faire connaissance avec Hjalmar Schacht, un des plus grand économiste du XXème siècle qui est pourtant méconnu du grand public. Passionnée d'histoire et plus particulièrement d'histoire contemporaine, j'avoue que je ne connaissais pas du tout Schacht. Pourtant, c'est un génie de l'économie dont les théories pourraient trouver un écho chez nos économistes et politiciens actuels.
J'ai donc aimé ce livre car il m'a permis de découvrir ce grand monsieur, à la personnalité si intéressante. Chaque chapitre est divisé en deux : dans un premier temps, l'auteur imagine des paroles telles que Schacht aurait pu les prononcer et dans un second temps, une analyse des évènements vécus par Schacht. La première partie m'a gênée car même si elle éclaire sur la personnalité de ce personnage, elle ne sert pas à grand chose..... le deuxième bémol que je formulerais concerne certains passages qui ne sont pas accessibles à tous... en effet, le livre nous parle beaucoup d'économie, normal pour le portrait d'un grand économiste, mais du coup, ce livre ne peut pas être lu par des non initiés, j'entends par là des personnes ne connaissant rien en économie.
Je recommande la lecture à tous les curieux en histoire, en économie et à tous ceux qui veulent faire connaissance avec un grand nom méconnu de l'économie au XXème siècle.
Commenter  J’apprécie          10
Livre passionnant sur le banquier d'Hitler, Hjalmar Schacht. Sa transposition à l'époque contemporaine.
Mais surtout cet ouvrage éclaire l'après guerre où tout n'était pas détricoter entre le bloc de l'Est et de l'Ouest. Avec les bons et les méchants nazis de l'autre.
Ce livre expose l'expérience keynésienne grandeur nature qui réussie au dépend de la finance à atteindre l'objectif d'Hitler. le placer en héro.
Faire disparaitre le chômage, réduire la dette publique, relancer l'activité économique par les travaux d'état, protectionnisme pour une balance commerciale positive, inspirer confiance aux capitaux américains et anglais pour relancer les entreprises allemandes (et la militarisation de l'Allemagne), créer une monnaie fictive. Schacht est un magicien qui échappe à la peine de mort à Nuremberg après une longue incarcération en Allemagne pour avoir trahi Hitler.
Les européens auraient dû faire main basse sur ce type pour le mettre à la Banque Centrale Européenne qui étrangle les pays adhérents au titre du retour à l'équilibre de la dette publique abyssale au risque de fabriquer le retour de la barbarie nazie.
Puissions apprendre de nos erreurs et l'inscrire dans notre patrimoine génétique. Ce type aurait dû être cloné.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Sauf à demander aux créanciers une remise partielle de cette dette, la seule solution consiste alors à imposer à la population du pays de payer un surcroît d'impôts, ou de subir une baisse de la richesse distribuée par l’État afin de rembourser aux créanciers une fraction plus importante de cette dette excessive. En considérant que cet effort de rigueur et d'austérité s'élève à 2% du PIB, ce qui est véritablement considérable, on constate immédiatement qu'il faut vingt ans d'efforts pour parvenir à l'objectif. Et sans doute davantage que vingt années : en effet, les restrictions imposées à la population vont probablement occasionner des épisodes récessifs au cours desquels la richesse produite, le PIB, va se contracter, d'où un allongement encore plus grand de la période prévisible d'austérité.
Commenter  J’apprécie          20
Lorsque le seuil de tolérance au chômage est atteint, il faut agir, agir vite et agir fort. Il ne sert à rien de temporiser, de tenir des discours d’excuses mettant en avant les difficultés économiques, la conjoncture mondiale, ou que sais-je encore. Il ne sert à rien de mettre en place, comme je l’ai souvent déploré, des politiques répressives contre les chômeurs, que l’on culpabilise, voire que l’on sanctionne parce qu’ils ne trouvent pas d’emploi. S’il n’y a pas d’emploi, il est illusoire d’inciter les chômeurs à trouver du travail : il n’y en a pas, c’est tout. Autant chercher le Graal : il n’existe pas. Dans ces conditions, stigmatiser les chômeurs parce qu’ils sont incapables de trouver un emploi qui n’existe pas est une hérésie, voire une torture mentale. Une telle attitude, pourtant courante chez les gouvernants incompétents qui se révèlent incompétents qui se révèlent incapables de créer de l’emploi, n’aboutit qu’à augmenter le niveau de frustration au sein de la population.
Commenter  J’apprécie          10
Bien peu réalisèrent à quel point le dispositif imaginé par le traité de Versailles, s’il avait été appliqué, aurait ruiné l’Europe tout entière. En effet, l’Allemagne devait payer, au titre des réparations de guerre, cent trente-deux milliards de marks-or, à raison de deux à trois milliards de marks-or par an. Soixante années de paiements ! Bien évidemment, ces paiements devaient se faire en devises ou en or. Comme l’Allemagne n’avait pas de devises, il fallait qu’elle s’en procurât par ses exportations, et donc qu’elle redevînt une puissance économique très fortement exportatrice. Ce faisant, elle devait inéluctablement faire concurrence aux pays à qui elle devait payer les réparations, et gagner des marchés extérieurs à leur détriment.
Commenter  J’apprécie          10
Cet homme avait donc pour nom Hjalmar Schacht ; ou plutôt, selon son état civil complet, Hjalmar Horace Greeley Schacht. Curieuse initiative de la part des parents Schacht que d’avoir placé leur rejeton sous le parrainage du journaliste Horace Greeley qui, à l’époque de la naissance de leur bébé, le 22 janvier 1877, avait déjà depuis longtemps quitté les feux de l’actualité. D’ailleurs, il n’y avait jamais brillé que d’une lumière fort incertaine. Horace Greeley fut le fondateur d’un journal, le New York Tribune, qui gagna en son temps le statut enviable de quotidien ayant la plus grande audience aux États-Unis, mais ce n’est pas à ce titre qu’il est resté dans l’histoire.
Commenter  J’apprécie          10
Si l’on établit le bilan de ceux qui ont gagné et de ceux qui ont perdu, le plan Dawes est en effet un grand succès pour Schacht. Le paiement des réparations est rééchelonné, la dette est réduite et ne doit plus être remboursée que sur trente-six ans au lieu de soixante, et surtout, le plan impose une réorganisation de la Reichsbank qui donne à l’institution une totale indépendance par rapport au pouvoir politique. On peut donc dire que les Banques centrales d’aujourd’hui, si elles ont gagné leur indépendance par rapport aux gouvernements, le doivent en grande partie à Hjalmar Schacht, le banquier de Hitler !
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Jean-François Bouchard (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-François Bouchard
Arcelle Appolon lit le texte Enfin de Jean-François Bouchard, tiré du recueil ''Bonjour voisine'' dirigé par Marie Hélène Poitras (Mémoire D encrier, 2013)
autres livres classés : seconde guerre mondialeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..