Ce troisième livre de Fatma Bouvet de la Maisonneuve, médecin psychiatre, évoque avec une certaine colère la vie des parents qui sont souvent seuls face aux institutions éducatives et médico-sociales. L'auteure raconte, et fait raconter par les mères de ces enfants en souffrance, la difficulté de se faire entendre.
L'ouvrage se décompose en deux grandes parties: d'une part "l'enfant en souffrance à l'école" et d'autre part "traiter sans maltraiter". Le tout s'égrène en six chapitres qui se lisent aussi facilement qu'une fiction car les récits présentés ici paraissent parfois tellement irréels qu'on peine à croire que des parents ont pu les vivre. Pourtant, il n'y a que du vécu dans ce livre.
Il est donc question d'enfants atteints de dyslexie, de troubles de l'attention, d'hyperactivité, d'autres sont précoces et développent une phobie scolaire, d'autres encore sont touchés par des maladies graves et une dernière succombera à une leucémie.
Tous ces enfants ont en commun des parents, notamment des mères issues de catégories sociales aisées, qui se sont battus contre les institutions et ont surtout subi ce que l'auteure appelle de la maltraitance médico-éducative. Elle déplore l'absence de lien entre les professionnels de l'éducation et les professionnels de la santé; entre les enseignants et les soignants. Plus encore, elle dénonce l'absence d'empathie, de douceur et de tact dans les relations avec ces parents. Elle s'insurge contre ces institutions qui ont tendance à culpabiliser les mères.
Pour autant, elle ne généralise pas ces situations dramatiques, ces jugements hâtifs et ces diagnostics erronés par manque d’attention, de compétence, de reconnaissance. Si les cas dévoilés sont effectivement loin d'être majoritaires, ils sont trop importants pour les ignorer.
C'est un livre qui donne envie à la fois de se révolter mais aussi d'agir. Pourtant, même si l'auteure propose quelques pistes, elle ne fait que les effleurer sans véritablement les explorer comme il faudrait, et c’est ce que j’ai regretté.
Mais peu importe, l'essentiel est dit et il fallait le dire. Il reste maintenant à changer les choses et à faire reconnaître par les pouvoirs publics cette maltraitance éducative, scolaire et médicale.
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La psychologisation à tout va de la société actuelle fait dire un nombre incalculable d’âneries à certains professionnels du psychisme, ce qui nous discrédite, nous autres « psy », et cela est bien dommage lorsque nous pourrions être si utiles aux moments adéquats.
Sommes-nous enveloppés d’une couche de protection émotionnelle que la dépression décape pour mettre à vif notre sensibilité et nous montrer l’insupportable des faits ?
Des études récentes, dont celles du prix Nobel d’économie James Heckman, montrent que la qualité de vie durant la petite enfance, santé comprise, influence l’avenir des futurs adultes.
Si la France accuse un véritable retard en matière de prévention de la maltraitance thérapeutique, c’est bien parce que celle-ci est mal identifiée ou banalisée ou qu’elle suscite la peur des représailles du patient ou des familles qui s’en plaindraient.
D’abord, je souhaite que les familles dont l’enfant se porte mal comprennent que leur difficulté à vivre le quotidien n’est pas une vue de l’esprit et que leurs problèmes sont partagés par de nombreux parents et enfants qui endurent les mêmes souffrances. Ensuite, je veux formuler l’hypothèse selon laquelle cette situation s’apparente à une forme de maltraitance médico-éducative. Enfin, je vais essayer de vous apporter quelques solutions. Car, oui, ces solutions existent tant au niveau institutionnel qu’au niveau privé.