Je ne connais que quelques classiques et dystopies actuelles, la science-fiction est un genre qui ne m'attire pas beaucoup. Mais ce livre m'a été prêté. Déjà, j'ai été séduite par la présentation originale de l'objet -livre, aux pages noircies comme s'il allait être consumé, belle mise en abyme d'un des aspects essentiels du livre.
J'ai lu de
Ray Bradbury juste certains extraits des "
Chroniques martiennes". Je ne reviendrai pas sur la signification du titre, amplement donnée par d'autre lecteurs avant moi. Je serai assez rapide aussi pour évoquer le fil narratif, ce livre ayant été critiquė de nombreuses fois . Voilà un pompier lambda d'un monde futur, chargé paradoxalement de brûler les livres et les maisons où ils se trouvent, car ils sont interdits dans cette société glaçante, déshumanisée, où penser est mal vu, puni, où l'image règne. Ce pompier, Montag, commence à s'interroger sur les autodafés auxquels il participe, se rend compte qu'il n'est pas heureux, et sauve des livres.
Un être seul contre tous, en danger. Un mentor qui l'encourage à transgresser le système . Une chasse à l'homme...Des éléments somme toute assez convenus.En plus de la disparition des livres, déjà exploitée.
Cependant, ce roman m'a plu, pour deux raisons essentielles: d'abord, quelle écriture particulière, au charme étrange ! Onirique, poétique,
Jacques Chambon dans la préface avouant la difficulté de traduction qu'elle entraîne. D'autre part, ce livre écrit en 1953 ( en pleine période du maccarthysme ) pointe de façon troublante des dangers sociétaux bien actuels: le virtuel qui s'infiltre insidieusement dans nos vies, la menace de la pensée unique et du totalitarisme, la dévalorisation de la culture et de l'indépendance d'esprit.
La fin est à l'opposé de celle ( qui m'avait déçue) de "
Ravage" de
Barjavel!
Je suis finalement satisfaite d'avoir découvert ce livre, atypique dans son style, et dérangeant, certes pessimiste mais pertinent dans sa vision de l'avenir.