Six minutes

« On leur conseillait de porter plainte contre leur conjoint, mais entre le moment où une femme racontait que son mari menaçait de la tuer et celui où elle était entendue par un juge, six mois pouvait s'écouler.  Alors que six minutes suffisaient amplement pour qu'un homme étrangle son épouse. »

C'est sur le terrain de la violence conjugale que nous amène cette fois-ci Chrystine Brouillet, dans ce quinzième tome de la série des enquêtes de Maud Graham qui nous plonge dans la tête d'hommes narcissiques, jaloux et contrôlants, et des femmes qui ont eu le malheur de croiser leur chemin. Diana vient de s'installer depuis peu à Québec, ayant dû fuir il y a sept ans un mari violent, un criminel qui ne manque pas de moyens et de contacts pour la retrouver. Rachel, une jeune femme au début de la vingtaine, n'en est pas à ses premières fractures, mais elle n'est pas prête à porter plainte contre son mari, malgré les conseils du personnel soignant et de Maud Graham. Les deux femmes vivent avec une peur constante et cela ne s'arrange guère lorsqu'un homme qu'elles connaissent est retrouvé mort... L'auteure réussit à nous faire ressentir ce qu'il en est de vivre en regardant constamment par-dessus son épaule, avec ce roman juste, efficace et sans jugements.

Jusqu'où la haine des femmes peut-elle entraîner les hommes frustrés ? C'est à ce thème qu'est consacré ce roman policier bien construit , avec un entrecroisement d'histoires malheureusement trop près de la réalité et une montée de tension parfaitement maîtrisée. La question de violence conjugale est traitée de façon très réaliste ce qui donne lieu à des scènes difficiles à supporter, même si l'autrice ne se plait pas à en rajouter.

La série Maud Graham a débuté dix-huit ans avant cet épisode et son autrice a gagné en maturité et profondeur. Son enquêtrice fétiche a aussi muri, compose bien avec son âge et continue de s'intéresser aux phénomènes sociaux au-delà des strictes enquêtes policières. Et pour une fois, on ne nous présente pas un personnage principal à la vie ravagée, plus ou moins alcoolique, aux pensées sombres et glauques. C'est pour ces raisons, et aussi pour son penchant assumé pour la bonne chère, que j'aime suivre ses aventures

Chrystine Brouillet fait de la violence conjugale le thème central de cette quinzième aventure de Maud Graham. Par la bouche de ses personnages, elle dénonce le manque de moyens qui sont mis au service de la justice et des organismes qui luttent contre la violence conjugale.

Dès les premières minutes de ma lecture, j'ai ressenti la peur qu'éprouvaient ses femmes violentées par leurs conjoints. Et ce sentiment, je l'ai conservé tout le long de ma lecture – je me suis même surprise à me croiser mentalement les doigts afin que toutes les victimes puissent s'en sortir saines et sauves.

J'ai apprécié que l'auteure nous fasse plonger dans les pensées de ces hommes violents et déséquilibrés : j'ai trouvé cela fascinant de constater à quel point leur réalité peut être distordue et leurs pensées, irrationnelles.

La construction du roman est efficace, le suspens dure jusqu'à la fin. Les derniers paragraphes de la conclusion sont du pure Maud Graham ; Il faudra bien que je m'y fasse… Après tout, l'auteure décrit Maud Graham comme « une femme ordinaire exerçant un métier hors de l'ordinaire ». Il est bien normal que son doux penchant pour la gourmandise surgisse de temps en temps, non?

Je n'ai pas trop aimé :
* Encore le thème de la violence conjugale ! : Chrystine Brouillet ne peut-elle pas se renouveler un peu ?
* Déroulement de l'histoire très attendu.
* Beaucoup de parlottes inutiles, qui n'apportent rien à l'histoire : une grande partie est consacrée aux repas, ce qui présente un intérêt très moyen.
* Par contre la fin est trop rapide, donne l'impression d'avoir été bâclée.

Peut-être est-ce parce que je sors du dernier Norek, mais j'ai ressenti comme un fossé, et j'ai eu beaucoup de mal à apprécier, bien au contraire !

Six minutes est une autre enquête de Maud Graham et porte sur la violence conjugale. Surtout sur les femmes qui la vive, qu'elle survivent aux épreuves ou non.
J'ai toujours aimée Chrystine Brouillet, plus souvent qu'autrement j'achète ses bouquins dès qu'ils sortent. Mais au fil des ans je me suis mise à aimé de moins en moins. Pas par manque d'imagination ou de talent, simplement parce qu'au fil de mes lectures, que se soit celle de Chrystine Brouillet ou d'autres auteurs de roman policier, je suis devenue plus aguerrie sur le sujet. Et comme la structure des romans de cette auteure n'a jamais changée, les histoires changeant mais restant toutes assez prévisible dans une structure narrative qui se répète toujours, j'en étais venues à m'ennuyer ferme à chacunes de ces nouvelles lectures. Donc j'ai pris une très longue pause et lue autre chose.
Cette éloignement avec l'auteur m'a fait du bien et donc, la lecture de Six minutes fut plaisante. Que l'histoire soit prévisible ne m'a pas dérangée, je m'étais même un peu ennuyée de Maud Graham. Donc ce roman vaut la peine. Si vous avez un doute, reposer le et revenez y plus tard!