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EAN : 9782207303597
288 pages
Denoël (01/04/1983)
3.82/5   38 notes
Résumé :
Retrouver l'itinéraire oublié d'un pèlerinage interdit par la loi peut prendre, parfois, l'allure d'un dangereux jeu de piste...
D'abord il y a la cité des Ventriloques où toute parole est souillure, où l'on se coud la bouche pour se préserver des impuretés verbales.
Puis la ville des Fêtes dont le carnaval ininterrompu n'est qu'une guerre déguisée, un piège funeste où chaque serpentin, chaque mirliton, peut devenir une arme de mort telles ces poignées... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le carnaval de fer est « fertile en manifestations déroutantes. Ne vous effrayez pas, il n'y a aucune sorcellerie là-dessous. Rien qu'un jeu subtil d'échanges magnétiques et gazeux, de permutations moléculaires. […] Gardez toujours cela en mémoire. Rien de ce que vous y verrez n'appartient au fantastique, à la magie. Les théorèmes scientifiques régissant les échanges chimiques […] sont différents de ceux que vous connaissiez jusqu'à maintenant. C'EST TOUT ».

Même si l'illustration de couverture de Gilles Decock (édition de 1983) fait sens et son petit effet, une reproduction du Jardin des délices de Jérôme Bosch aurait représenté à merveille le carnaval de fer de Serge Brussolo. Surréaliste et théâtral, ce roman de SF post-apocalyptique et d'anticipation est une quête obsessionnelle de la vérité, de la réponse à l'équation magique d'un « univers dans un tiroir », sur fond de création du monde, parole divine, fontaine de jouvence, enfer musical…, de suicide collectif et de génocide déguisés... en Monsieur Carnaval, de naufrage dans un océan de nains prêts à vous dépecer, d'un chaudron de sorcière irradiant, d'une macabre flashmob moyenâgeuse...

L'intrigue aurait bien pu se dérouler à Strasbourg à l'été 1518 si ce n'était que cette Guerre ci, qui a eu raison de l'industrialisation et de la technologie, n'était à l'origine de ce retour à l'ère moyenâgeuse, mais peu importe. Peu importe également qui sont David, Sirce, Thérèse, le capitaine Ornoz, Cork, la madone de jouvence, les Maîtres de la Parole avec ses muets et ventriloques aux lèvres cousues ou encore les dieux-aveugles. Peu importe le mot qui résume tout. La force du récit de Serge Brussolo tient dans cet univers onirique et macabre, aux allures du monstrueux Livre de Dave de Will Self et de Féeries pour les ténèbres de Jérôme Noirez. Ce qui importe c'est de tomber le masque sur cette vérité : cette propension de l'Humanité à ne retenir que peu de choses des erreurs du passé.

Le ton est chargé de noirceur et de souillure, il est implacable et d'une rigidité cadavérique mais il n'est guère moralisateur ou fataliste. Les mots puent, sont poisseux et suintants, mais d'une incroyable poésie. le carnaval de fer est une courte danse merveilleusement macabre que vous ne pouvez que lire frénétiquement jusqu'à la dernière page.
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Ce fut mon premier Brussolo, j'aurais du me méfier, l'addiction couvait.

Dans un premier temps je fus déconcerté, voire déçu par cette SF si éloignée des canons de la veine anglo-saxonne dans laquelle je baignais jusqu'alors.
Sans vaisseaux spatiaux à déplacement supra-luminique ni extraterrestres belliqueux, Brussolo nous emmenait ailleurs mais autrement.

Quelle inventivité ! quelle imagination ! à la fois délirantes et cohérentes, chacune de ses trouvailles, aussi insolite et grotesque fut-elle, s'intégrait à la logique intrinsèque d'un univers, ahurissant, baroque et cruel.

J'étais fasciné, envoûté. Je lu rapidement le reste de sa production parue chez Denoël avant de piocher goulûment dans le stock conséquent disponible chez Fleuve Noir, outrepassant l'ukaze auto-infligé m'interdisant à l'époque de m'abreuver à ces flots soupçonnés de médiocrité.
Brussolo contribua énormément à corriger ce préjugé infondé.

J'ai par la suite continué à lire ses parutions chez PLon - Gérard de Villier avec l'entêtement désespéré d'un fidèle désabusé.
Las des redondances stylistiques et d'un canevas général trop récurrent, je résistais, espérant le retour du Brussolo virtuose du "Carnaval de fer"... en vain.
De guerre lasse je finis par l'abandonner.

C'est sans doute la nostalgie de ses fulgurances passées, réveillées par les nombreuses interventions à son sujet sur le site, que je dois d'être revenu vers Brussolo récemment avec un certain apaisement.

Le "Carnaval de fer" contient sans doute de ces travers qui devaient peu à peu saper son travail à mes yeux.
Mais c'était ma première fois, c'était nouveau et c'était si bon.

Merci monsieur Brussolo.
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Fantasie style Tolkien avec la quête, par un couple de pèlerins, du saint Graal ici le « le mot qui résume tout »
C'est un monde assez fantastique que Brussolo nous propose là très loin de la SF même si elle se rappelle à notre souvenir tardivement mais si peu. Des idées très fertiles d'un univers de steampunk ou des machineries se mêlent à un monde médiéval ésotérique ancien mais post-apocalyptique
Les fées, nécromanciens, les bonhomme bizarres de la fantasie ne m'intéressent plus guère mais ici on se prendre par la richesse de l'imagination de Brussolo
Un monde composé de peuples, ethnies, races divergentes en tout une gestalt
Des nains rassemblés en une fourmilière gigantesque qui gréent des bateaux aussi irascibles que ceux de Tolkien. de sacrés personnages. Là Applaudissements ! Bis encore !
Des sectes quasi religieuses composées de « parleurs » et de « muets » mais aussi de ventriloques.
Des êtres insécables vivant en symbiose
Des pythonisses fontaines de jouvence et d'autres cartomanciennes
Des androïdes collants, un peuple amphibien
Un décor de carnaval vénitien diabolique avec une ambiance festive et ininterrompue mais mortelle un monde de la mer aux possibilités extraordinaires
Un monde toujours plus horrifique
C'est superbe !
Mais car il y a un mais...
Brussolo a bâclé sa narration comme un cochon.
Elle manque d'épaisseur et le style fait défaut il n'est pas toujours approprié au sujet et parfois suinte un humour un peu bêbête
Certaines parties ne sont pas suffisamment traitées et cela laisse un arrière-goût de travail non fini. Il y aurait eu encore beaucoup à dire mais Brussolo passe à autre chose s'il était pressé de conclure.
Ah le bougre je lui en veux
le traitement littéraire, stylistique disons n'est pas du tout à la hauteur de la richesse de la créativité du sujet. Celle-ci aurait mérité beaucoup mieux

On a l'impression que le personnage principal David contemple un monde exposé devant lui avec ses parties toutes plus étonnantes les unes que les autres. Une suite de tableaux et une suite d'actions ou événements subis par les personnages mais le tout semble décousu et le personnage principal ne croit pas à son histoire. Ses démonstrations, explications, énervements sont trop didactiques et artificiels.
Vraiment dommage !
Il faut un certain temps pour oublier ces petits détails(très) irritants et se laisser bercer par ce monde fabuleux.
Vraiment dommage !
L'auteur en outre oublie parfois la quête de David et les pérégrinations de celui-ci n'ont plus pour objet que nous montrer une suite de tableaux diaboliques mais originaux : David tombe de Charybde en Scylla comme dans un tableau de Jérôme Bosch (dixit). Après le pire il y a encore le pire.
Vraiment dommage !
Brussolo aurait dû, Soit choisir de ne pas tout narrer mais le faire en profondeur sur quelques thèmes, soit garder le tout et cela aurait fait une saga à la Franck Herbert un équivalant de « Dune »

Même la fin laisse à désirer ! Ah la la la !
Aurait pu faire nettement mieux, même bien mieux.
Vraiment dommage !
Si j'étais Brussolo je reprendrais tout ça pour lui donner l'épaisseur et l'éclat que cela mérite. Il est encore temps n'est-ce pas ! Allez au boulot !
Vraiment dommage !


« Les lèvres du juste savent être bienveillantes, les méchants n'ont que perversité à la bouche : il y a un temps pour se taire et un temps pour parler »
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David, un vieil homme solitaire, prend un train qui l'amène à la Cité des Oracles. Dès son arrivée, il est attendu et espionné par Sirce, une mystérieuse jeune femme qu'il ne connaît pas et par un homme sans nom drapé dans une longue cape de cuir écarlate, un Maître de la Parole, qui reste à distance sans jamais le perdre de vue. Dès sa première nuit à l'hôtel, David découvre les affres de la « rigor mortis », cette étrange paralysie occasionnée par le brutal durcissement de ses vêtements. Et ce n'est que le début d'une longue quête initiatique qui le mènera en d'improbables lieux tels « La Cité des Fêtes », célèbre pour ses innombrables divertissements plus cruels les uns que les autres ou l'île d'Eli, but ultime de son étrange pèlerinage...
« Le Carnaval de fer » est une sorte d'OLDI (Objet littéraire difficilement identifiable). Tout à la fois roman de science-fiction (il y a du Jeffrey Ford chez Brussolo ou peut-être l'inverse d'ailleurs), fantastique, ésotérique, conte philosophique, psychanalytique, largement barbouillé d'horreur et de folie. Brussolo semble nous entraîner dans le monde torturé de ses cauchemars les plus monstrueux. le personnage du pauvre David, perdu dans les arcanes des couloirs du temps et de l'espace, jouet de système politiques et sociaux plus déments les uns que les autres, objet de convoitise et de manipulation de la part de personnages aussi douteux qu'inquiétants. le lecteur, à condition qu'il ne soit ni cartésien ni rationaliste, se laisse prendre par cette ambiance lourde et dérangeante. Peurs, obsessions et fantasmes ne manquent pas. L'ennui, c'est qu'il doit passer d'une horreur à l'autre, d'une scène onirique à une autre tout en suivant une intrigue linéaire et simpliste qui démarre bien mais arrive assez vite à un certain essoufflement. le style, très descriptif, manque un peu de rythme et finit par agacer un peu. Bien que ce titre ne soit pas le meilleur de ce prolifique auteur, il reste intéressant ne serait-ce que pour la richesse et l'étrangeté d'une imagination hors du commun.

Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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De très bons passages, qui sont d'une imagination qui caractérise bien Serge Brussolo. Par exemple une mer et un fleuve sont en fait une multitude de nains gnomes serrés les uns sur les autres (comme dans le RER) et qui frappent de leurs mains les coques des navires, ce qui les fait naviguer ...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"Jadis on utilisait des oiseaux-feu d'artifice. Des bêtes magnifiques au plumage très fourni. Au-delà d'une certaine altitude leurs plumes s'enflammaient en plein vol sous le frottement de l'air, en raison d'une substance fulminante sécrétée par certaines glandes de l'épiderme. A l'apogée de leur ascension ils se changeaient en torches de flammes, les races déterminant la couleur de l'explosion. Aujourd'hui l'abus des cérémonies a provoqué l'extinction de l'espèce, et il a bien fallu trouver autre chose.
- Les poissons ?
- Oui. A présent les feux d'artifice se déroulent sous l'eau, et les spectateurs les contemplent du haut du ciel, confortablement installés dans la nacelle de leur ballon. Le public des aérostats prétend que regarder en bas est plus agréable que de lever la tête et se tordre le cou pour lorgner les nuages en une position somme toute terriblement antinaturelle... [...]"
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Enfant, on lui avait raconté que son père était devenu fou lorsque, ôtant son casque, il avait entendu pour la première fois le cri atroce des planètes tombant dans l'espace. Ce bruit, prisonnier de la bande plastifiée d'une cassette enfouie au fond d'un tiroir, David n'avait jamais osé l'écouter. Bien plus tard, après la mort de son géniteur, il avait découvert dans ses papiers personnels une pierre plate, vitrifiée et phosphorescente. Très belle. A l'aide d'un laser portatif une main inconnue y avait malhabilement tracé ces quelques mots :
Le cosmos est un décor de toile peinte,
roulé il tient dans une valise.
Par la suite, cette simple phrase avait symbolisé pour David l'équation magique résumant toute collection : un univers dans un tiroir...
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La Cité des Oracles est placé sous le régime des changements. Gardez toujours cela en mémoire. Rien de ce que vous y verrez n'appartient au fantastique, à la magie. Les théorèmes scientifiques régissant les échanges chimiques du lieu sont différents de ceux que vous connaissiez jusqu'à maintenant. C'est tout.
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Le lit du fleuve, asséché, se trouvait occupé par une foule immense. Une marée humaine de nains des deux sexes, debout au coude à coude, armée de pygmées dont la houle de têtes courait entre les rives fortement encaissées de l’ancien torrent jusqu’à l’embouchure de la mer. C’était comme le déferlement d’innombrables cohortes dont les pieds auraient disparu dans la vase du fond. Enracinés jusqu’à mi-mollet ils ne bougeaient pas, ne parlaient pas, sentinelles figées en un impossible garde-à-vous. Des milliers, des millions d’individus, épaule contre épaule, emplissant la tranchée creusée jadis par l’écoulement des eaux.
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Il avait mis le doigt dans l'engrenage d'une machinerie démente. Collectionneur gâteux hier, il se réveillait aujourd'hui dans la peau d'un pèlerin dépossédé de sa Mecque ou de son Saint-Jacques ! Il n'avait plus qu'à marcher. Marcher, sans trop chercher à savoir ce qui là-bas, derrière les collines, courait sur ses talons...
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Videos de Serge Brussolo (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Serge Brussolo
ATG#94 : le Retour de Brussolo
Serge Brussolo fut l’un des premiers invités de l’ATG ! Pratiquement 7 ans plus tard, Serge écrit toujours d’excellents romans mais c’est pour une plongée dans un passé plus lointain qu’il est de retour : la Rome antique !
Misteur D, encadré par L.U.D.M.I. et Lord Ton Père, ont écouté religieusement le professeur Serge Brussolo qui nous a emporter vers les rives du Tibre.
J’espère que vous serez aussi passionnés que nous le fûmes et merci encore à Serge pour ce moment de pur bonheur !
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