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EAN : 9782021491067
304 pages
Seuil (27/01/2023)
4.21/5   12 notes
Résumé :
Entre mi-mai et début juillet 1944, des centaines de milliers de Juifs de Hongrie sont déportés à Auschwitz-Birkenau. Pour montrer à leur hiérarchie la « bonne mise en œuvre » de cette opération logistique d’envergure, des SS photographient les étapes qui mènent de l’arrivée des convois jusqu’au seuil des chambres à gaz, ou au camp pour la minorité qui échappa à la mort immédiate. Ces photographies, connues sous le nom d’« Album d’Auschwitz », ont été retrouvées par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'avais entendu Tal Bruttmann et ses deux co-auteurs en entretien : https://www.youtube.com/watch?v=55fy1rdrDLc
Je suis allée chercher le livre aussitôt.
Je l'ai ouvert, aux pages des photos. Première violence. « Nous regardons dans les yeux des gens qui font face à un malheur d'une ampleur inconcevable, à l'angoisse, à la terreur et à la mort. Nous voyons des gens qui pourraient peut-être encore vivre aujourd'hui mais qui ont été atrocement assassinés peu après les prises de vue, et dont il ne restait plus guère, quelques heures plus tard, que quelques vêtements et effets personnels. »
A cette violence s'ajoute le fait que nous, nous savons, contrairement à ces gens, ce qui va se passer dans les heures qui suivent leur arrivée sur la rampe d'Auschwitz.
J'ai délaissé le livre : il ne se lirait pas comme un roman. Il nécessiterait du temps, de l'attention, un état d'esprit.

Le livre est une étude approfondie de « l'Album de Lili Jacob » aussi appelé « l'Album d'Auschwitz ». Les photos qui le constituent sont connues depuis longtemps. Elles ont été montrées, dès le premier procès d'Auschwitz, en 1947. Serge Klarsfeld, qui signe la préface de l'ouvrage, a réussi en 1980, à en retrouver la propriétaire aux Etats-Unis, et l'a convaincue de le remettre au Musée de Yad Vashem.
Lili Jacob, déportée juive hongroise, a découvert cet ensemble de photos dans le camp de Dora, quand elle a été libérée le 11 avril 1945. Elle a reconnu sur certains clichés, des membres de sa famille, elle s'y est vue aussi. Elle a emporté et conservé l'album. Elle l'avait donc présenté au premier procès d'Auschwitz où elle avait été appelée pour témoigner. Mais elle avait refusé de s'en défaire jusqu'à sa rencontre avec Serge Klarsfeld.

Les trois auteurs de l'ouvrage ont replacé l'album de Lili Jacob dans son contexte ; Ils détaillent d'abord le fonctionnement d'Auschwitz, ses constructions, son évolution, sa hiérarchie, ses ingénieurs, ses responsables successifs, son « personnel » et retracent la carrière de Rudolf Höss, commandant du camp (dont Robert Merle a fait le personnage principal de « La mort est mon métier »). « Rudolf Höss joua un rôle notable, pour ne pas dire le rôle central, dans la transformation du KZ Auschwitz en le plus grand camp de concentration du national-socialisme. »

Ils évoquent les activités parallèles à l'extermination, et l'importante organisation qu'elles nécessitaient : récupération et tri des affaires personnelles des déportés, comptabilité de leurs effets et objets précieux, expédition vers le territoire allemand de ce qui pouvait avoir une utilité, etc…

Ils donnent des chiffres inconcevables. « Au cours de ces cinq journées (à compter du 21 mai 1944) ce sont au moins 19 transports, soit un total de plus de 62.500 personnes qui étaient arrivées à Auschwitz- Birkenau (…) Environ 80 % d'entre elles, c'est-à-dire plus de 50.000 hommes, femmes et enfants, furent assassinées immédiatement après leur arrivée dans les chambres à gaz. » Simone Veil a parlé souvent de ces convois de Hongrois qui se sont succédé à une fréquence infernale.

Ils rapportent aussi des extraits de déclarations faites par des participants du massacre, dans les années qui ont suivi la guerre. Des phrases d'une précision brutale qui ne laissent rien dans l'ombre.

Enfin, ils retracent la déportation des Juifs de Hongrie, de leur recensement jusqu'à leur arrivée à Auschwitz, et les préparatifs intenses du camp dans cette perspective. « le Sonderkommando qui devait s'occuper de différentes tâches à Auschwitz, comme la crémation des corps ou la récolte de l'or dentaire, fut augmenté pour atteindre un peu moins de 900 hommes. »

Les auteurs font la description et le portrait des deux photographes, auteurs de ces photos de l'arrivée des convois venant de Hongrie à l'été 1944. Les pages de l'album sont ensuite intégralement reproduites.

Et les auteurs de l'ouvrage les analysent dans leur ensemble et individuellement.

Un travail monumental, par les recherches documentaires d'une part, et surtout par l'étude détaillée de chaque cliché qui a permis de reconstituer tout le processus, le parcours méthodiquement défini qui attendait les déportés, de leur descente des wagons jusqu'à la chambre à gaz et à la crémation.

Mon étonnement a été de ne pas voir de violence en tant que telle, dans ces photos. Des foules, des visages, des regards, anxieux, parfois hagards ou épuisés, mais pas de terreur ou de panique. Pensant aux témoignages de rescapés qui parlent de hurlements, de bousculades, de coups, d'hommes en armes avec des chiens-loups effrayants, à l'arrivée sur la rampe, je m'attendais pourtant à des images d'une brutalité absolue.
Mais Tat Bruttmann et ses co-auteurs sont arrivés à la conclusion que cet album était destiné à faire office de rapport aux autorités et qu'il fallait montrer que toute « l'opération » se déroulait dans le calme et l'ordre, de façon fluide et efficace. Donc, pour les besoins du rapport, on a fait sortir du champ tout ce qui aurait pu suggérer un défaut d'organisation, un manque de maîtrise.
Mon regard sur les photos n'en est que plus terrifié.
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Documentaire de belle taille qui montre en 199 photos la déportation de juifs hongrois et leur arrivée à Auschwitz. Foule disparate, visages inquiets ou fatigués. Hommes femmes et de nombreux enfants qui sont condamnés par les nazis à une mort rapide. Chaque photo est expliquée, détaillée et analysée avec des supputations dont on a aucune preuve. Photos utilisées pour la propagande il n'y a aucune horreur dans ces pages mais quand on sait où allaient tous ces gens regroupés elles donnent la nausée et deviennent poignantes.
Des trains, des quais, quelques officiers SS tout sourire, on n'en saura pas beaucoup plus. Juste ces arrivées, notées " arrivée d'un convoi" .
"Ensuite, Walter et Hoffmann photographièrent ensemble celles qui, sur la route du camp, le long des rails de la voie étroite, marchaient vers la mort. Cela rend encore plus abjecte l'esthétisation que l'on trouve de manière évidente dans les prises de vue de Walter".
Un album impressionnant, qui montre la cruauté de ces SS, qui prenaient des photos de gens qui allaient au crématoire sans le savoir. Les faisant même posés pour cela. Tous ces regards et visages si difficiles à regarder.
Ces photos ont été retrouvés par une déportée, Lili Jacob, dans la chambre d'un officier. Numérotées, elles ont été toutes sujettes à une analyse approfondie, pointant des détails pas toujours visibles, dans la deuxième partie de l'album.
Une somme de documents impressionnants qui redonne vie à tous ces gens victimes de la barbarie. Une époque pas vraiment révolue visiblement tant ce monde manque d'humanité et dont la violence est désespérante.



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Pour tout un chacun Auschwitz c'est plus d'un million de personnes assassinés, souvent sans visage. Les photos de “l'Album” mettent des visages sur les chiffres. Je me souviens lors d'une “visite” à Auschwitz 1, dans un des pavillons, de galeries de portraits avec les noms des victimes, leur pays…. Terrible vision, comme des photos d'identité sur un passeport, mais... Je me souviens aussi de l'impossibilité d'imaginer, de se représenter. Je me souviens marchant sur la “rampe” où avaient lieu les “sélections” que des millions de pas allaient d'ici vers les chambres à gaz si proches et si ignorées. Pourtant on connait le “fameux” portail sous lequel passaient les convois, je l'ai photographié, figé devant, c'était donc ça, c'était donc là. Un livre à la lecture salutaire et douloureuse.
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critiques presse (2)
Bibliobs
11 avril 2023
Dans « Un album d’Auschwitz », trois historiens explorent les photographies prises par les SS dans le camp de la mort.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
07 mars 2023
Les photos sont parfois très dures à regarder mais il n’en ressort paradoxalement aucune violence volontaire. Bruttmann et ses collègues ont aussi fait des découvertes. Par exemple que des travaux étaient encore en cours. Comme ceux d’une nouvelle gare qui ne fut pas achevée.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le 20 mai 1944, les membres de la compagnie, puis le 22 mai l’état-major de la Kommandantur d’Auschwitz signèrent une déclaration d’engagement en vue de « l’évacuation des Juifs » (…)

« Attestation d’engagement.
1°) J’ai connaissance et j’en ai été informé aujourd’hui que je serai puni de mort si je m’empare de la propriété juive de toute nature.
2°) Sur toutes les mesures à mettre en oeuvre pendant l’évacuation des Juifs, je dois conserver un silence absolu, y compris à l’égard de mes camarades.
3°) Je m’engage à impliquer toute ma personne et toute ma force de travail pour la mise en œuvre rapide et fluide de ces mesures. »
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Videos de Tal Bruttmann (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tal Bruttmann
Ciné-conférence de Tal Bruttmann, historien et spécialiste de la Shoah et l'antisémitisme en France. Il a récemment publié avec Stefan Hördler et Christoph Kruetzmüller Un album d'Auschwitz. Comment les nazis ont photographié leurs crimes.
Retrouvez ici toute la programmation du cycle Claude Lanzmann, le lieu et la parole : https://agenda.bpi.fr/cycle/claude-lanzmann-cinema/ Et sur notre webmagazine Balises le dossier en lien avec le cycle Claude Lanzmann, le lieu et la parole : https://balises.bpi.fr/dossier/claude-lanzmann/
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