Roman de
Pearl Buck, prix Nobel de Littérature 1938.
Pearl Buck a grandi en Chine au début du 20è siècle et y a vécu jeune mariée avant l'arrivée des communistes au pouvoir.
Histoire d'amour et de couples mixtes, et qui aborde de front le difficile héritage porté par les enfants métisses de cette époque. Juste avant l'arrivée du communisme en Chine, Eve doit rejoindre "son" pays, les Etats-Unis, avec son fils Rennie, laissant son mari Gérald, un americano-chinois, à Pékin, où ils connurent pourtant tous les trois des jours heureux. Eve et Rennie s'installent dans la maison de famille dans le Vermont espérant que Gerald les rejoindra. Jusqu'au jour où une lettre de Pékin vient tout changer …
C'est un roman doux-amer, puisque Eve tout au long du livre va se souvenir des jours heureux avec Gerald. Elle va devoir également faire face au mal-être de son fils métisse qui ne se sent pas accepté dans "son" nouveau pays ("Pourquoi m'as-tu donné la vie ?" demande-t-il à sa mère ; "as-tu pensé à ce que j'aurais à endurer ?") Par ailleurs, Eve accueille le père de Gérald chez elle, un homme âgé qui lui-même a une histoire à raconter, son mariage arrangé avec une jeune chinoise alors qu'il est en poste à Pékin, la naissance de leur fils Gerald, le départ de sa femme convertie à la révolution.
Ce que j'aime dans les romans de
Pearl Buck, c'est que l'histoire, même triste, est belle, bien racontée, bien écrite, avec une certaine élégance et hauteur d'idée. On "comprend" le livre, on est dans le réel, il n'y a pas d'artifice littéraire accrocheur, ni de "modernité" malvenue. Elle écrit pour le plaisir de ses lecteurs, et petit à petit je deviens une inconditionnelle de cette auteure 😊
Par exemple, dans ce livre-ci, c'est fascinant de suivre l'évolution des relations mère-fils. Soudain, l'ado qu'elle sermonnait encore il y a peu, est devenu un homme, mais elle ne s'en est pas encore aperçu ! Dans les yeux de son fils, elle découvre qu'il a peur d'elle ! … Peur qu'elle ne redevienne trop "maternelle" et ne le traite pas comme un homme. C'est subtil et bien observé.
Vivement le prochain titre.