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4,08

sur 2943 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comment raconter l'ennui, l'attente de toute une vie et intéresser le lecteur. Buzzati s'y attache ici avec brio, dans un roman qui raconte comment l'ennemi doit venir attaquer un fort et comment il ne vient pas.
Le livre est un désert à lui-même, il ne s'y passe pas grand chose, on attend avec le personnage principal. On comprend peu à peu que c'est la mort qu'il attend et qui l'attend, comme tout être humain qui rêve de gloire et de conquête et qui oublie sa finitude.
Il y a une chanson de Brel qui reprend le même thème, avec humour et tristesse ("je m'appelle Zangra et je suis lieutenant au fort de Bélanzio qui domine la plaine, d'où l'ennemi viendra...").
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Très beau livre, il m'a embarquée sans même que je m'en rende compte. Alors que je croyais m'ennuyer devant les descriptions du fort Bastiani, je me retrouvais déjà à la fin du roman, en train de lire cette fin incroyablement tragique. Ce roman est assez atypique, très lent - comme le personnage, on passe notre temps à attendre, et on inévitablement déçu. Il s'agit là d'une réflexion sur la fuite du temps, sur la cruauté des hommes et de la vie. le personnage prend la décision de rester, d'y croire, fait le pari fou qu'un jour des troupes surgiront du désert des Tartares et qu'il sera alors couvert de gloire. Hélas, ce faisant il convertit une fatalité en choix, et se condamne lui-même, à l'isolement et à l'anonymat pour l'éternité.
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Giovani Drogo est affecté au fort Bastiani, poste de frontière éloigné de tout... Soldats et officiers attendent avec anxiété une attaque des étrangers pour donner du sens à leur vie.

On m'avait souvent conseiller ce livre... Mais sachant qu'il ne se passait pas grand chose, je retardais le moment de me lancer dans sa lecture.Et pourtant, dès la première page, j'ai aimé ce style monotone où l'auteur sait donner une vie incroyable à l'attente. Tout le livre est dédié au temps qui passe et à l'espoir que quelque chose d'extraordinaire arrive pour arrêter la fuite du temps. le symbole de l'horloge nous accompagne tout au long du livre et nous martèle le message...le temps passe et ne revient pas.

Ces thèmes lourds et angoissants sont tellement bien décrits que je me suis surprise à adorer ce livre et même à croire comme Drogo que quelque chose pouvait vraiment se passer dans ce fort où il ne se passe jamais rien.
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Il est certains livres particulièrement difficile à critiquer. Pas forcément du fait de leurs qualités ou de leur profondeur, mais tout simplement parce qu'ils ont fait naître dans nos falaises intérieures, des échos particuliers. le désert des tartares est indéniablement une oeuvre de très grand talent du point de vue littéraire mais elle a, en outre, cette grâce qui touche l'âme.
L'homme et le temps qui se regardent, qui s'observent, qui se jaugent et ce défient. Buzzati nous propose de plonger au coeur de l'âme humaine, par nature insatisfaite. Et c'est assez vertigineux.
Nous avons tous nos désert des tartares ou leurs lointaines cousines frontières du septentrion de certains royaumes De Borée. Nous avons tous nos lâchetés, nos ennuis, les ambitions trompées de notre jeunesse. Comment ne pas se lier d'amitié pour ce pauvre Giovanni, héros de rêves ? Comment ne pas,à sa suite, monter soi-même aux redoutes de nos fortins intérieurs ?
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De Dino Buzzati je n'avais lu que des nouvelles, la plupart du temps avec grand plaisir. Il était temps que je me frotte à l'un de ses romans, et tant qu'à faire au classique "Désert des Tartares".
Très vite, il saute aux yeux que l'histoire de Giovanni Drogo est une métaphore. Tout l'enjeu de la lecture va donc être de saisir le message sous jacent.

Muté "par erreur" dans une sinistre forteresse, Drogo se promet de n'y rester que quatre mois avant de partir vers de nouveaux horizons. Mais voilà que l'échéance approche et qu'il n'est plus si pressé de quitter les habitudes qu'il a prises et les paysages aussi désertiques que mystérieux qui l'entourent.
C'est à ce moment que le récit bascule. Drogo rêve sa vie, se persuade qu'il reste par sens du devoir alors que c'est par habitude.

Enfin, un soir une silhouette apparaît au loin. Est-ce cet ennemi tant attendu ? La bataille et la gloire qui justifieraient tous les sacrifices de la garnison ?
Car Giovanni est sans cesse dans l'espérance. Thématique chrétienne par excellence, ici dévoyée puisque qu'il est tiraillé entre faux espoirs, espoirs déçus et espoirs qui évitent de se confronter à la réalité.

Ce texte rend extrêmement bien l'impression du temps qui passe, et ce faisant défait les liens familiaux et amicaux, chacun empruntant des chemins différents qui empêchent de renouer sur la base d'une ancienne relation.
La fuite du temps est aussi au coeur de "Une lettre d'amour", l'une des nouvelles du recueil "Panique à la Scala". Je crois que malgré tout je préfère le format court.

Chaque lecteur lit avec son vécu, il peut donc y avoir de multiples interprétations d'un tel texte. Pour moi, se rendre au fort Bastiani, c'est entrer dans l'âge adulte et ses désillusions. Personne ne choisit vraiment de sauter le pas, on ne sait pas vraiment ce qui nous y attend ni où on va. Mais on le fait parce que c'est ce que la société attend de nous et ce que nous sentons qu'il faut faire pour "être grand".
Reste une question, essentielle : une fois sur place, faut-il se laisser porter par les événements ou au contraire prendre les choses à coeur et en main pour réussir sa vie ?

Pour d'autres interprétations, je vous invite à lire celles des 221 lecteurs qui les ont partagées ici et particulièrement celle de Nastasia-B toujours très inspirée.
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Sortant de l'école d'officiers, le jeune lieutenant Drogo est affecté au fort Bastiani, citadelle délaissée sur une frontière à l'ennemi lointain. Tout à ses rêves de gloire, il veut partir au plus vite, mais il est pris au piège de la routine du quotidien. Ni style épique ni héroïsme, mais réflexion mélancolique sans être amère, poétique au contraire, sur la fuite du temps.
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Lire le Désert des Tartares, c'est comme visiter les ruines d'un château ou d'une ancienne forteresse, sans guide. Si on préfère visiter les ruines avec un guide, il ne doit pas être audio le guide, car il doit être fait de chair et d'os, notre guide et surtout, il doit être en retard, tellement en retard, qu'on l'attend, comme Godot. Alors, on se met à déambuler parmi les vieilles pierres, on monte des escaliers, on redescend, on monte encore dans les tours, on s'exaspère à la fin car enfin, il n'y a rien à voir à part des pierres. Alors, on se met à regarder au-delà des pierres, et on admire la vue. On laisse passer son regard à travers les meurtrières, tout en ayant des envies de meurtre contre le guide, qui, on l'a compris, ne viendra pas, ou bien après qu'on soit déjà partis. Et on regrette de ne pas avoir pu, de ne pas avoir su, exhumer ce que recèlent les vieilles pierres, de ne pas avoir compris toute l'histoire narrée par ces ruines, et puis on comprend que c'est peut-être ça l'intérêt des ruines, d'accepter que nous n'avons pas la capacité, que nous ne pouvons pas retracer ce qui n'est plus, ce qui a été détruit, ce qui s'est effacé alors on ne s'étonne même plus qu'il manque un guide et des pages à notre édition du Désert des Tartares ...
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Dino Buzzati (1906-1972) a osé écrire ce livre extraordinaire; qui l'a rendu célèbre dans le monde entier. Ce bref roman est une austère mais ambitieuse allégorie de la vie humaine. le temps passe, il ne se passe (presque) rien; tout à la fin, le destin se révèle alors qu'il est déjà trop tard; tout le temps perdu n'aura finalement servi à rien...
L'auteur illustre sa vision de notre destinée à travers un soldat gardant une frontière et attendant indéfiniment l'heure où il se couvrira de gloire face à l'ennemi; il passe ainsi des années monotones dans l'aride désert. Il y a dans "Le désert des Tartares" une froide ironie dans la description de l'existence, où toute l'activité est nécessaire et vaine à la fois. Ayant fini ce livre, je repense à "Devant la loi", une nouvelle (brève et extraordinaire, également) de Franz Kafka. On y retrouve la même fatalité et le même vain espoir.
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Ce livre est un monument, un chef d'oeuvre.
Le ton est lent, pesant, lourd. C'est très bien écrit. Les descriptions sont saisissantes. Mais je me rends compte que compte-rendu du contexte actuel j'ai besoin de livres plus légers, dans tous les cas plus positifs. Je l'ai abandonné, il me pesait trop.
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Voici un grand roman dans lequel il ne se passe rien. Grand par la langue, grand par les idées, grand par les décors, grands par l'exploration psychologique de ses personnages, mais entièrement vide en terme de péripéties. Et c'est en cela aussi qu'il est grand : il montre avec cruauté ce que peut être une vie vide de sens, vide d'action, entièrement tournée vers demain et les hypothétiques espoirs que l'on place dans ce jour qui reste à venir. Et qui, après chaque nuit passée, reste encore à venir. Car demain n'existe pas ; il est, par définition, toujours fuyant. Jusqu'à notre mort.
En réalité, il se passe quand même quelques événements dans ce Désert des Tartares, parmi lesquels certains font croire, un instant, que la longue attente, le puissant espoir du "grand soir" n'étaient pas vains. D'autres épisodes de moindre importance ponctuent également le déroulé du roman ; comme pour souligner plus fortement encore tout le vide des jours qui s'écoulent entre chacun de ces moments un peu différents de la routine habituelle. Mais c'est bien ce vide qui envahit les pages, qui écrase les hommes, comme les montagnes étouffent leur horizon et comme la longue plaine désertique placée sous leur surveillance parvient à emprisonner toutes leurs aspirations, tous leurs désirs, toute leur volonté, toute leur énergie. Et les maintient le dos tourné à la vie qui, là-bas, si loin, continue de palpiter dans la ville où sont restés leurs amis, leurs familles.
Bien sûr, le décor est une forteresse, plantée à la frontière dans le but de contenir l'invasion d'un ennemi potentiel ; et les protagonistes sont des soldats (et au milieu d'eux, Giovanni Drogo, jeune lieutenant à l'ouverture du roman ; vieux commandant dans les dernières pages) ; et nous, lecteurs, ne sommes pas militaires en service, et encore moins affectés dans un lieu aussi lointain, aussi isolé et au règlement aussi strict (et parfois aberrant). Et pourtant, sommes nous capables de vivre aujourd'hui ? de ne pas nous tenir dans un immobilisme stérile, attentiste, sans profiter de l'instant présent, persuadés que nous sommes que la clé de notre bonheur se trouve dans l'instant d'après... ou peut-être encore celui qui suit un tout petit peu plus loin... ou peut-être un peu plus loin encore... ou peut-être... Et de peut-être en peut-être, d'instant en instant, le temps qui nous était donné finit par s'épuiser. Et nous avec.
Quand on a l'avenir devant soi, il est exaltant de se nourrir d'espoir. Mais faut-il pour autant se condamner à n'avoir plus, à la fin du voyage, que des regrets ?
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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