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4,08

sur 2960 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J ai lu ce livre voici trente ans et je réfléchis encore à son sens profond. Je crois que c est le roman qui m a le plus marqué de toute ma vie.
Il parle notamment du vide qui tisse nos vies, de la dignité, il parle directement à l inconscient.
Pour moi c est une oeuvre indispensable .
Je mets 5 etoiles (erreur de frappe!) et même plus!
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Je l'ai déjà écrit quelque part : il y a lire des livres et il y a lire de la littérature. Bien sûr, je conçois, je comprends qu'on puisse ne pas aimer ce livre : j'admets même carrément que l'on puisse détester ce qu'il contient, mais il me paraît difficile de mettre en doute la qualité proprement littéraire du roman de Dino Buzzati.

D'un point de vue qualitatif, le Désert des Tartares est un triple concentré de talent : des dialogues écrits impeccablement, un savoir-faire narratif et stylistique concernant l'écoulement du temps, le sentiment ambigu d'attente et d'angoisse que je trouve absolument remarquables. Selon moi, de la très haute orfèvrerie.

Si vous raffolez des scenarii dynamiques où tout explose à chaque page, des enquêtes époustouflantes d'un limier d'exception, du monde des elfes luttant contre des monstres hideux dans un Moyen-âge fantasmé, alors oui, là, force est de constater que vous risquez de vous y ennuyer.

Car le Désert des Tartares, qu'est-ce dans le fond ? Selon moi, une parabole froide (au sens d'un récit allégorique et non en son sens religieux). Et quelle parabole ? Aaaaah ! c'est tout le roman, ça, et ne comptez pas sur moi pour vous le dévoiler entièrement, mais l'on peut tout de même avancer qu'il y est question du sens de la vie, n'est-ce pas ?

Sous des airs anodins, c'est puissant ce qu'il soulève, là, l'ami Buzzati, ça vous remue la carcasse, ça vous labouraille les entrailles. Que symbolise, finalement, cet inaccessible autant qu'inutile fort Bastiani ? Je pense — et ça n'engage que moi, nulle vérité à chercher là-dedans, juste un très subjectif ressenti —, je pense, donc, que le fort Bastiani représente toutes les chimères que l'on se forge consciencieusement durant toute notre vie et qui nous éloignent, justement, de ce que c'est même que la vie.

J'entends par là « le bonheur », « le grand amour », « la réussite », « la reconnaissance », « la retraite », « la carrière », ou que sais-je, enfin vous voyez, ce genre de choses, toutes assez absurdes, n'est-ce pas, dès qu'on prend la peine d'y réfléchir et de les considérer attentivement ne serait-ce que quelques minutes à l'heure de faire son choix entre le boursin et le tartare.

Par exemple, quand on est jeune, c'est-à-dire fin de l'adolescence, début de l'âge adulte, j'en vois beaucoup — et moi la première j'étais comme ça —, qui souhaitent, qui espèrent confusément, comme à travers un nuage, cet état aux contours flous que l'on nomme « être heureux(se) ». Mais qu'est-ce que ça veut dire « être heureuse » ? Pourtant on attend ce moment, on le rêve, on part en quête, et… et l'on est aussi risibles que tous ceux qui, autrefois, cherchaient très sérieusement et très méticuleusement le saint Graal…

L'actualité me pousse à choisir l'exemple de « la retraite ». Combien de fois ai-je entendu la fameuse rengaine : « je fais ça POUR ma retraite » ou « je ferai ça QUAND je serai en retraite ». Quelle ineptie ! La vie, c'est ici et maintenant ! Dans quel état serez-vous quand vous y serez en retraite (a fortiori si l'âge légal pour y prétendre continue de croître) ? Irez-vous même seulement jusque-là ? Rien n'est moins sûr, et pourtant, pourtant, chaque jour, certain(e)s oublient de vivre pour cet idéal hypothétique et scabreux, oubliant, par exemple, que trente ans plus tard, leur corps ne leur permettra plus de jouir comme ils l'imaginaient de cet idéal de pacotille. Mieux, j'accepte de faire une croix sur toutes les plus belles années de ma vie PARCE QUE la retraite après. C'est très chrétien comme conception, très crétin, dans le fond, ça nous dit : « Chiez-en sur la terre, et vous jouissez ultérieurement du Paradis après votre mort fièrement et noblement acquise. » Et si c'était seulement un oubli de vivre, au sens de ce que le mot vivre signifie vraiment ?

« La carrière », « la réussite »… tous ces songes creux, ces fariboles… tous les Steve Jobs de la Terre, qui ont bien réussi… leur cancer ! Et bien, voyez, il est ainsi notre Giovanni Drogo du Désert des Tartares : il ne vit pas l'instant, il vit dans l'attente, dans l'espoir d'un futur hypothétique et grandiose.

(À cet égard, je me permets une minuscule remarque sur le fait qu'en espagnol, les verbes attendre et espérer sont les mêmes : j'espère mon bus… j'attends réussir mon examen… Vous voyez c'est une nuance intéressante. Contrairement à l'espagnol, le français distingue ce qui est presque sûr — attendre — de ce qui n'est qu'hypothétique — espérer. Pourtant, pendant très longtemps, je n'ai jamais regardé ces deux verbes et les deux horizons qu'ils contiennent comme de simples variations de degré de probabilité mais bien comme des notions très différentes. Au moins, notre ami Macron aura-t-il restauré la délicate ambiguïté des termes : avant les gens attendaient leur retraite, maintenant… ils l'espèrent !)

Giovanni Drogo arrive donc, jeune et fringant, au fort Bastiani, une relique des temps ancestraux où défendre une frontière signifiait plus ou moins quelque chose. Il se dit qu'il ne va pas moisir ici, que ça n'est que provisoire : quatre mois, c'est vite passé… Un provisoire qui dure, qui dure, ça n'évoque rien chez vous ? Qui parmi nous n'a jamais dit, « c'est provisoire, je ferai ça plus tard ou je le changerai après » et puis… 10 ans, 15 ans plus tard, la chose en question est toujours là, l'urgence de s'y consacrer s'éloignant presque à mesure que le temps avance.

Et si c'était autre chose encore ? du registre de la peur de vivre, quasiment ? L'angoisse du prisonnier à son dernier jour, quitter un monde réglé et rébarbatif mais que l'on connaît pour un monde potentiellement plus stimulant mais inconnu. Pourquoi certains militaires prolongent-ils leur contrat ? Pourquoi certains refusent-ils d'aller en retraite justement, après avoir passé toute leur vie dans un travail via lequel ils se définissaient ? Pourquoi sauter le pas du ron-ron de notre existence est-il parfois si compliqué ? Voilà ce que questionne le Désert des Tartares.

Pourquoi, enfin, cherchons-nous parfois à nous convaincre que « nous n'avons pas fait tout ça pour rien », qu'il suffit d'attendre encore un tout petit peu, de donner encore un dernier petit coup de collier et que nous serons enfin payés de retour. Et donc, fatalement, on continue interminablement la danse au lieu de passer sagement ce que l'on a perdu au bilan des pertes et profits. C'est un processus psychologique connu sous le nom d'Erreur des coûts irrécupérables (Sunk cost fallacy en bon français dans le texte) qui est au coeur du fabuleux roman d'Horace McCoy On achève bien les chevaux et dont j'ai déjà parlé à propos des livres qui nous déplaisent et qu'on continue pourtant jusqu'au bout (du type Confiteor de Jaume Cabré en ce qui me concerne).

La transition est ainsi toute naturelle avec cette fameuse erreur des coûts irrécupérables, qui, dans de rares cas s'avère cependant payante. Je l'avais évoquée à propos du roman de Julien Gracq, le Rivage des Syrtes. Dire qu'il y a un lien entre le Rivage des Syrtes et le Désert des Tartares est une évidence, le français étant quasiment une réécriture de l'italien… en moins bien, malheureusement. En effet, combien plus laborieuse, combien plus foireuse et mal sentie, combien plus poussive et laxative chez Gracq quand c'est tellement, tellement bien réalisé, bien maîtrisé chez Buzzati ! Mais voilà, n'est pas Buzzati qui veut, et l'on a beau s'appeler Gracq, il y a des fois où la plume cracq, où les phrases demeurent en vracq et où une bonne cure de fénugracq s'impose pour rétablir notre transit. En somme, si vous hésitez entre les deux, j'aurais tendance à vous conseiller légèrement, du genre 300.000 contre 1, la lecture de Buzzati au détriment de Gracq.

Pour cette raison et pour toutes celles que je n'aurais su exprimer ou déceler au travers du désert de cette contribution, lisez, si le coeur vous en dit, cette magistrale pièce de littérature que nous offrit en 1940 Dino Buzzati et que porta à l'écran un autre grand esthète italien en la personne de Valerio Zurlini (voir P. S.). Cependant, gardez à l'esprit qu'une fois encore, toute la furieuse subjectivité exprimée dans cet avis n'est que mienne et ne signifie, en Tartarie comme ici, pas grand-chose.

P. S. : pour celles ou ceux qui auraient vu la magnifique adaptation cinématographique, il ne vous aura pas échappé qu'elle fut tournée dans l'incroyable forteresse iranienne de Bam, quelques années avant la révolution de 1979. Personnellement, je trouve ce château fantastique, j'aurais adoré le visiter, or…
… la nature en a décidé autrement, et bam ! le grand tremblement de terre de 2003 a presque totalement détruit la forteresse de Bam. Seuls les remparts extérieurs ont à peu près résisté. Quel dommage pour ce patrimoine d'exception !
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Giovanni Drogo, jeune officier issu d'un milieu aisé , quitte la ville pour prendre un poste à la forteresse Bastiani, perdue au nord du pays. Parti pour quatre mois, il y passera sa vie, attendant vainement l'attaque des ennemis, les « tartares », venus de l'autre côté du « désert ». Il scrute l'horizon, regarde les paysages, l'évolution des couleurs du temps, les changements imperceptible de la montagne, de la faune, de la flore. Il se laisse envouter par l'habitude, la sécurité d'une existence encadrée, le tranquille écoulement du temps. Il craint chaque jour un peu plus le retour à la vie civile, les retrouvailles avec la jeune fille qui lui était promise, ses amis. Enfin les tartares se préparent à l'attaque…
Ce livre magnifique, universel, traite bien sûr de l'attente interminable d'un évènement qui, paradoxalement, finit par se produire. Il décrit la vie à la forteresse, dans un univers social fermé, ordonné, la monotonie de cette vie mais aussi la sécurité qu'elle apporte et la solitude, la crainte du retour à la vie sociale et familiale qu'elle distille.
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A mon humble avis ,il est difficile de parler de ce roman sans spoiler , ce que je m'efforce de ne jamais faire et que je ne ferais pas ici , donc .
C'est un texte assez fabuleux, modérément long et dense sur l'ascèse et la maitrise du néant et sur la néantisation . C'est aussi des pages sur le fonctionnement du choix en tant que processus de sauvegarde individuelle et même peut-être également un texte sur l'addiction et l'attachement ?
Un jeune soldat commence sa carrière dans un fort sur la frontière nord , à la lisière d'un désert , appelé le désert des tartares qui appartient au royaume du nord .
Une frontière avec une sorte de vide d'où rien ne vient jamais et ce depuis toujours . Mais une frontière reste une frontière et comme on ne sait jamais , il faut la garder et la confirmer , pour en faire une réalité et c'est peut-être à cela que sert que ce fort et sa garnison formatée par l'attente et par l'univers de ce roman montagneux et isolé.
Le lecteur accompagne la jeune recrue dans l'apparent vide du temps qui passe et il observe comment les pressions se manifestent sur ce jeune homme avec autant de tact que de ménagement . Avec aussi de la détermination , tous ces traits ont contribués à forger son caractère et sa soumission ou son adaptation ? La première fois que J'ai lu ce roman je me suis dit : c'est un récit sur l'attente et maintenant je me dit toujours cela , mais en ajoutant à la thématique de ces pages la problématique du choix et de la double contrainte.

Ce texte est un chef d'oeuvre sur le fond de par son insondable subtilité . Il l'est aussi grâce à sa légèreté et grâce à des images qui sont aussi systématiquement ou presque , des reflets imagés de l'univers intérieur des personnages et qui colorent leur vie intime , tout en étant l'écho des réalités tangibles qui font la réalité matérielle de cet univers . Ces images en disent tellement sur le rapport entre l'aspect de la réalité et l'idée que l'on s'en fait , ou que les personnages s'en font . Ces images sont comme une sorte de langage et de dialectique souvent intérieure et dans le non-dit .Elles portent à l'unisson sur les réalités factuelles , sur les actions et les processus décisionnels conscients ou non des personnages et sur la compréhension du lecteur.

Un beau texte qui est plus parlant que mon commentaire alambiqué , alors qu'il transporte le lecteur dans un univers touchant, évocateur, subtil ,qui est tout sauf mièvre ou dilatoire . Un univers où faussement le temps ne semble pas passer et où l'ennui est absent de l'expérience du lecteur.
Deux mots qui font un ressentis bizarre : les noms italiens couplés à une géographie fictionnelle très circonstanciée , donne une tonalité encore plus improbable à cet univers de fiction qui est un superbe cadre métaphysique , sans appartenir à l'Italie et aux Alpes.
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N'ayant jamais lu Buzzati, mon choix balancé entre deux de ses classiques : « Le K » et « Le désert des tartares ». Va pour le second dont le titre m'intriguait tout comme son histoire. Et ce fut la claque ! En refermant ce roman, je connus cette agréable sensation de m'être plongé dans une oeuvre unique et atypique. de ces romans qui nous bouscule, nous fait ressentir tout un tas d'émotions, nous fait méditer et réfléchir. Bref, c'est ce que l'on appelle un chef d'oeuvre.


Dans « Le désert des tartares », Dino Buzzati traite de manière à la fois originale, intelligente et subtile de la solitude, du temps qui passe et de la mort. Rarement lu un auteur le faire aussi bien que lui. Cerise sur le gâteau, Buzzati emploie une tonalité absurde du meilleur effet. Il en résulte une atmosphère surréaliste et singulière à la fois hypnotisante (mais jamais ennuyeuse) et captivante. Bien entendu, la finesse de la plume est ici importante et Buzzati maîtrise ici parfaitement son sujet et fait montre d'un grand talent.


Un chef d'oeuvre découvert sur le tard(tare) mais qui va assurément compter comme une de mes lectures préférées.
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" Et si, en réalité, il s'était trompé ? S'il n'était qu'un homme quelconque à qui ne revient, de droit, qu'un médiocre destin ? "

Certains livres ont la magique singularité de pointer du doigt un abîme intérieur qu'on pense insaisissable, et c'est le cas de cet écrit qui, plus qu'une simple histoire, est une grande révélation.
Buzzati aborde avec une brillante intelligence des thèmes difficilement saisissable par leur absurdité, comme la mort et le temps. Cela est peut-être très commun, il existe plusieurs pavés (dans le mouvement existentialiste surtout) qui évoquent, sans aucune lassitude ces thèmes. Mais ce qui est propre à Buzzati, c'est cette manière si simple, presque naïve, de dénuder notre condition humaine, de la désarmer de ses béquilles qui sont devenues avec le temps des chimères et de nous exposer la réalité ainsi, pure.

Au fil de la lecture, on ressent une sorte de récidive intérieure, c'est comme si on est vaincu par le destin dérisoire de Drogo, mais ce sentiment n'est pas malsain, et c'est là tout le charme du Désert des Tartares, car on referme le livre avec un puissant élan de vie, une motivation salvatrice qui nous détache de notre attente futile. Buzzati nous apprend que notre vie serait vraiment délicieuse si l'avenir et le passé n'envahissaient pas notre présent. Au final, nous ne sommes malheureux que par souvenir ou anticipation.
Aussi, on apprend vraiment au cours de cette immense guerre sans bataille comment se défaire de certaines conceptions qu'on a. La mort n'est pas par exemple un événement aussi absurde qu'on le croit, elle est seulement la fin d'une action. Toute l'absurdité découle du cheminement des évènements qui précèdent cet instant T de trépas. L'espoir aussi a le potentiel d'être dévastateur s'il est démesuré, aveuglant. Une poussée d'espoir disproportionnée est d'ailleurs plus virulente qu'un pessimisme chronique.
Au final, on pourrait peut-être résumer ce roman philosophique dans une brillante phrase de Steinbeck, tirée de son roman La perle :
« Aspirer à un destin autre que celui pour lequel on semble avoir été créé, est-ce le péché ? »

Petits détails intéressants concernant ce bijou littéraire :

- L'idée du "Désert des Tartares découle de l'image de l'attente routinière de l'événement de la guerre d'Ethiopie chez les journalistes de "la corriere della serra" dont Buzzati faisait partie. Chaque rédacteur attendait fébrilement ce conflit afin d'obtenir une immense gloire en couvrant ce grand incident. le coup de génie est d'avoir transposé cette attente et d'en faire un schéma de vie où chacun pourrait s'identifier. le choix du mode de vie militaire est aussi très brillant, l'armée n'est-elle pas au final le seul établissement où chacun passe sa vie à attendre une guerre quoiqu'elle puisse ne jamais arriver ?
- Dans la mythologie grecque, Tartare est une région close où les plus grands criminels du pays subissaient leur punition. L'endroit est entouré par des fleuves et des marécages à l'odeur nauséabonde qui forment un rempart afin que nulle âme n'échappe à sa peine.
- le K (nouvelle fantastique écrite par Buzzati toujours) est une sorte de miroir qui retrace inversement le destin d'un homme, Stefano, qui fuit inutilement son destin. Les deux histoires ont en commun l'obsession des personnages par ce qu'ils croient être une fatalité.
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Il ne s'agit pas tant de l'histoire d'un jeune officier que de l'histoire universelle de la vie qui s'écoule et des choix que l'on fait, ou pas....
J'ai dévoré ce livre qui, il me semble, doit parler à chacun de manière très vive. Je le relirai dans quelques années car je ne doute pas qu'une lecture à 30 ans ne doit pas être la même qu'à 40, 50 ou plus.
L'histoire de cet homme, c'est l'histoire de la vie qui passe sans qu'on en prenne conscience et d'opportunités qui se présentent sans qu'on sache les saisir. C'est l'histoire d'un jeune officier plein d'illusions et de rêves et qui va se laisser peu à peu engluer dans sa zone de confort jusqu'à ne plus pouvoir en sortir.
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Sublime et incontournable chef d'oeuvre de la littérature Italienne, le Désert des Tartares est un roman exceptionnel qu'on lit en une nuit. Plus jeune je l'avais moins aimé . En le relisant j'ai vu un message différent ...Peu à peu, lentement, insensiblement, on finit par soupçonner que sous l'anecdote du récit, derrière l'aventure singulière de Giovanni Drogo, se cache une parabole universelle sur le sens de la vie. Car Drogo, en fin de compte, c'est vous, c'est moi, c'est tout le monde, c'est l'être humain lambda livré aux lois du Temps et condamné à contempler, jour après jour, année après année, l'unique et implacable horizon de sa propre finitude.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Ce texte fait partie des romans qui ont marqué le Xxème siècle. A juste titre.
Roman métaphore, roman à multiples entrées, il invite le lecteur à faire le point sur sa vie, à vérifier qu'il en a fait quelque chose, quel que soit son âge.

Je ne reviens pas sur l'argument – je sais, aujourd'hui on dit le « pitch »...- de ce roman, il est assez largement connu. Juste vous dire que Drago est un jeune officier fraîchement émoulu de l'académie militaire, nommé, un peu par hasard dans un fort aux confins du pays qui n'offre pas beaucoup d'intérêt pour un militaire ambitieux.

Comme il semble subir sa première nomination, il apparaîtra, tout le long du roman subir sa vie. Est-ce la malchance ?, est-ce la malice insidieuse de collègues jaloux ? Est-ce le hasard ? Ou tout ceci n'est que recherche d'excuses ?
La passivité de notre héros s'appuie sur le sentiment d'avoir le temps, d'être encore jeune, que le jour attendu viendra, qu'une intervention extérieure sera décisive.. mais le temps passe, la solitude est de plus en plus présente, le monde de plus en plus étranger.
Avec le temps vient le temps des regrets sur les occasions perdues sans, pour autant, provoquer un sursaut de volonté.

Roman philosophique, le désert des Tartares, nous rappelle notre nature humaine, soumise à la fuite des jours, à la fatalité de la mort, à l'angoisse du néant, à l'échec possible de toute une vie... Mais le message de Dino Buzzati va au-delà : son récit ne peut qu'exaspérer le lecteur devant la passivité, l'absence de réaction de Drago. Que ne réagit-il pas ? Que ne prenne-t-il pas son destin en main ?

Bien sûr que la malchance, la malveillance, le hasard, notre nature de mortel, la rapidité du temps qui passe, etc sont autant de chausses-trapes qui entravent la construction d'une vie mais, que diable !, réagissons, agissons !
Voilà en tout cas, le message que je retiens du magnifique roman de Buzzati.



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Livre puissant, très bien écrit, où rien ne se passe, mais où pèse le poids du temps qui passe.
Livre aussi envoûtant que la montagne magique, même s'il s'agit ici d'un désert, sur lequel on n'apprend rien, mais où le héros s'englue dans l'attente d'un évènement extérieur qui pourrait donner un sens à sa vie.
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