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Franck Planeille (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070783311
272 pages
Gallimard (16/05/2007)
4.19/5   35 notes
Résumé :
Le dialogue commencé au Grand Lycée d'Alger, au mois d'octobre 1930 entre Albert Camus et Jean Grenier n'a été interrompu, trente ans plus tard, qu'à la mort du plus jeune.
L'originalité de cette correspondance tient à la relation des interlocuteurs, d'anciens disciple à maître. D'où chez l'un, malgré les progrès de l'âge et dans un échange devenu celui de l'amitié, l'exigence déférente et l'abandon de l'adolescence, et, chez l'autre, l'attention, la vigilanc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'enrage... je viens de rédiger une note de lecture qui s'est évaporée...par une mauvaise manipulation.

Je recommence... car cette correspondance de Louis Guilloux et Albert Camus est pleine de pépites.et je voudrais en rendre compte , un minimum... Elle. met en scène l'amitié de deux grands de la littérature... Un Camus, cadet brillant, qui peste avec affection contre les manuscrits trop épais de son ami, Louis Guilloux, tout en étant très admiratif de son écriture. Cette correspondance est très attachante et instructive... car on assiste à l'évolution d'une amitié entre deux grands écrivains, leur complicité amicale et intellectuelle, leur affection, leur soutien réciproque au fil du temps... et un Camus, solaire, généreux, qui se bat pour trouver des moyens de faire rétribuer Guilloux pour des collaborations diverses, afin de l'aider dans ses soucis pour faire soigner sa fille malade.. et améliorer son quotidien. On voit un Camus, présent sur tous les fronts, en amitié, dans l'élaboration de ses textes, dans ses responsabilités à Combat, etc.

Je choisis deux passages... pour donner le ton de cette correspondance passionnante, qui nous montre aussi la genèse des oeuvres de chacun de ses deux écrivains, ainsi que leur affection , estime réciproques, ainsi qu'une anticipation de la valeur artistique et morale de leurs écrits :

Louis Guilloux à Albert Camus- Saint Brieuc, juillet 1947

Mon vieux Camus, (...) Je relis -La Peste-, lentement- pour la troisième fois, c'est un très grand livre, et qui grandira. Je me réjouis du succès qu'il obtient-mais le vrai succès sera dans la durée, et par l'enseignement par la beauté. (...) ce livre restera comme une des grandes oeuvres de ce temps, j'en suis sûr. le relisant, je suis de plus en plus frappé d'une chose: la pudeur. Je crois cette vertu essentielle en grand art. (p.100)

Albert Camus à Louis Guilloux-
17 septembre [1947]
Mon vieux Louis,
C'était à moi de t'écrire et je n'ai cessé de vouloir le faire pour te remercier de ces journées de Saint-Brieuc. tu sais, j'ai constaté que je n'avais pas beaucoup d'amis. Des tas de gens m'entourent, mais ils demandent toujours et je n'en reçois rien. Là-bas, au contraire, entre Grenier et toi, cette complicité de l'intelligence, ces appels constants, une excitation joyeuse...Oui je crois que j'ai été heureux avec vous. (p.102)
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[**** cafouillage d'ISBN qui a occasionné cette mauvaise attribution...je m'en suis rendue compte en recherchant, en vain, ma chronique... Je ne la supprime pas pour l'instant car il y a les commentaires de Petitebijou, passionnée par Albert Camus... et dont la présence, les commentaires chaleureux me manquent beaucoup]*************18 août 2017



Tout à fait impossible de passer derrière la critique épatante, et très fine de Petitbijou...

Je vais toutefois le faire, de façon plus succinte , pour deux raisons: mon besoin de parler de mon écrivain préféré depuis mon adolescence, Camus... qui me réconcilie avec le genre humain, chaque fois que mon courage faiblit...et l'extraordinaire lumière qui se dégage de cette correspondance, entre deux frères d'élection, écrivains, poètes, résistants, qui se sont d'emblée reconnus comme des frères, qui se soutiennent contre vents et marées... qui se respectent, s'aident à vivre...
Une pépite d'humanité, d'intelligence, d'amitié admirative et inconditionnelle sous des déclarations d'une pudeur , d'une réserve extrêmes qui donnent d'autant plus de valeur à chaque mot choisi par chacun.

Pour les inconditionnels d'Albert Camus, de René Char, de l'authenticité intellectuelle et amicale, sous toutes les latitudes...Pour l'esprit de combat, l'espoir d'un monde meilleur, la solidarité, la Résistance avec un grand R...

La lecture de ces lettres est du bonheur à l'état pur... A conseiller médicalement... à toute personne abattue qui doute de son prochain, et de l'humanité dans son ensemble... et si par ricochet... cela incite à découvrir les écrits de ces deux artistes épatants... cela ne serait que du surplus de bonheur...Pour ma part, cela m'a permis d'aller lire et approfondir l'oeuvre de René Char. Il y a vraiment des livres qui sauvent du désespoir ou du mal-être et celui-là en fait partie...très largement
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J'étais un peu réticente à l'idée d'entrer dans l'intimité des lettres que se sont adressés deux hommes aussi pudiques et réfractaires à tout étalage superflu que sont Albert Camus et René Char, mais ma curiosité a été la plus forte à l'idée d'approcher au plus près de ces deux auteurs qui habitent ma propre intimité depuis pas mal d'années maintenant.

Que découvre-t-on dans ces lettres datées de 1946 (Camus a 33 ans, Char 5 de plus) ? Une formidable histoire d'amitié tout d'abord, entre deux êtres qui se reconnaissent très vite comme frères en littérature et en résistance. Amitié qui s'écrit dans des mots aussi bien du quotidien au travers de menus services, de renvoi d'ascenseur, d'une présence fidèle de sentinelle, que dans des échanges d'idées de haute volée, amitié qui ne fait que croître au long des années, bientôt foudroyée par la mort de Camus en janvier 1960.

Mais le plus intéressant est la solidarité constante entre ces deux créateurs en proie aux affres de la création, au doute quant à leur capacité à triompher des obstacles (ennuis de santé, principalement pour Camus, bataille contre l'intelligentsia parisienne...). Chacun, tour à tour, encourage l'autre, le suit dans son travail, le critique sans complaisance mais avec bienveillance, et découvre chez l'autre la merveilleuse altérité d'un ami si proche et si nécessaire dans sa différence. Toujours d'accord sur les points essentiels, Camus et Char n'auront de cesse de s'envoyer leurs épreuves pour connaître le regard de l'autre sur leurs textes. Aucune jalousie, aucune mesquinerie, c'est au contraire une tenace et entétante fraternité arc-boutée sur une éthique et des engagements politiques communs. Que l'un flanche, l'autre est là, avec ses mots, pour réconforter, revivifier l'âme créatrice, accompagner le travail en marche. On ne peut pas vraiment parler d'influence, mais plutôt d'un don équitable, d'un espace libre où chacun évolue sur son propre chemin avec l'autre, relation d'égal à égal non étouffante, toujours soucieuse de ne pas empiéter sur l'espace de l'autre.

Pour finir, ce qui m'a touchée le plus, dans cette amitié entre deux esprits majeurs de notre époque, c'est la pudeur qui habite toutes ces lettres. Un détail, qui peut paraître insignifiant aujourd'hui, mais Char et Camus, tout en se faisant des déclarations d'amitié au vocabulaire presque amoureux (mais toute amitié n'est-elle pas une histoire d'amour ?), utilisent le vouvoiement. Ce n'en est que plus beau.
Lien : http://parures-de-petitebijo..
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On aurait tort de se priver de lire une correspondance entre deux des plus irréprochables écrivains français du vingtième siècle. On y gagnera toujours, même si l'on sera peut-être déçu par sa ténuité et son contenu : Il y a beaucoup, beaucoup de considérations pratiques. Cette correspondance, d'environ deux cent lettres et messages, court sur une douzaine d'année et malgré son irrégularité (seulement trois lettres en 1952), due à une proximité physique souvent recherchée (Camus alla habiter quelques temps dans le voisinage de Char en Provence) et apparemment à de nombreuses conversations téléphoniques, on peut y découvrir la naissance et la poursuite de leur amitié. Au milieu d'échanges purement professionnels, René Char et Albert Camus n'oublient jamais de se le répéter : ils sont l'un pour l'autre de « rares hommes », l'un des « deux ou trois êtres » importants. Témoins toujours attentifs et souvent admiratifs de leurs oeuvres respectives, ils sont une commune et chaleureuse présence, un soutient mutuel face à la mesquinerie du milieu intellectuel parisien et à la déliquescence du monde. Pourtant, à l'instar de leurs écrits si différents, on devine des caractères distincts. René Char semble beaucoup plus énergique, voire colérique, que Camus, celui-ci avouant plus volontiers son abattement. Mais au-delà de toutes leurs divergences, l'amour et l'amitié, la révolte et l'intégrité sont quelques-uns des penchants qui unissent irrémédiablement ces deux écrivains.
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Je m'attendais à des échanges exceptionnels entre deux écrivains exceptionnels. J'avais oublié qu'ils sont avant tout des hommes, et que leur quotidien n'est pas forcément de la littérature. Ils échangeaient sans doute l'essentiel quand ils se rencontraient...
Déçue donc. Malgré tout le plaisir de suivre une amitié qui marque la reconnaissance de deux grands esprits de notre temps.
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critiques presse (2)
Lexpress
06 juin 2012
L'engagement! Sur les ruines du monde, une correspondance s'ébauche et une complicité se noue entre ces deux hommes que séparent treize années, mais que rapproche une affection -mieux: une estime.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Bibliobs
09 mai 2012
Sujet essentiel: la «littérature de combat», ce qui doit séparer la lutte politique et l'écriture. D'où l'intérêt de cette «Correspondance» richement annotée, qui toutefois nous éclaire davantage sur Vinaver que sur Camus.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Albert camus à Louis Guilloux- le jeudi 24 octobre [1946]

-Et à propos du -Sang noir-, j'y ai remis le nez poussé par l'amitié. J'ai eu honte et je me suis senti très petit garçon. Je ne connais personne aujourd'hui qui sache faire vivre ses personnages comme tu le fais. Il n'y a plus de romanciers parce que nous n'écrivons plus avec le coeur et la tendresse. (...)
T'ai-je dit que je suis allé à lourmarin. Trois jours, et je marchais sur ces collines et dans cette lumière avec tant d'allégresse ! J'y ai tout oublié. Il faudra que nous y allons ensemble, non ? Je ne me sens content, et accompli, que dans une certaine lumière. Ce qui me poursuit et me déssèche, c'est l'époque. C'est elle qui m'empêche d'avoir la conscience tranquille et d'aller jusqu'au bout de ma force. Mais il faudra bien régler cette question. Parce qu'après tout, il y a la lumière, la passion, la sainteté, les chats, l'amitié, toutes choses qui ne sont pas dans l'histoire et qui sont aussi vraies que le reste. (p.59)
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Albert Camus à Louis Guilloux- 5 janvier [1946]

Je sais encore mieux maintenant qu'on ne peut pas être libre contre les autres. (...)Et surtout je sens encore avec plus d'inquiétude combien tout le malheur de l'homme vient de ce qu'il ne sait pas prendre un langage simple. Si le héros du -Malentendu- avait dit :" Voilà. C'est moi et je suis votre fils" le dialogue était possible et non plus en porte à faux comme dans la pièce. Il n'y avait plus de tragédie puisque le sommet de toutes les tragédies est dans la surdité des héros. De ce point de vue, c'est Socrate qui a raison contre Jésus et Nietzsche. Le progrès et la grandeur vraie est dans le dialogue à hauteur d'homme et non dans l'Evangile, monologué et dicté du haut d'une montagne solitaire. Voilà où j'en suis, en tout cas. Ce qui équilibre l'absurde, c'est la communauté des hommes contre lui. (p.34-35)
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Albert Camus à René Char. 18 mai 1956

(...)
Avant de vous connaître, je me passais de poésie. Rien de ce qui paraissait ne me concernait. Depuis dix ans au contraire, j'ai en moi une place vide, un creux, que je ne remplis qu'en vous lisant, mais alors jusqu'au bord.
Qu'allons-nous devenir est une question qui n'a pas de sens. Nous sommes devenus. Je le sais en vous lisant. Nous avons seulement à fructifier, de nos propres fruits, quoique dans l'hiver. La question est seulement de savoir ce que la vie, ou du moins ce qu'il y a en elle d'adorable, va devenir. Cela seul suffit à nous faire souffrir. Mais si nous sommes malheureux, du moins nous ne sommes pas privés de vérité. Cela, je ne le saurais pas tout seul. Simplement, je le sais avec vous.
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René Char à Albert Camus. 03 novembre 1951

(...)
Je crois que notre fraternité - sur tous les plans - va encore plus loin que nous l'envisageons et que nous l'éprouvons. De plus en plus, nous allons gêner la frivolité des exploiteurs, des fins diseurs de tous bords de notre époque. Tant mieux. Notre nouveau combat commence et notre raison d'exister. Du moins, j'en suis persuadé... Je le devine et je le sens. Très affectueusement à vous et très étroitement.
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Albert Camus à René Char, 23 octobre 1958 :

Cher René,
Votre pays était très beau, nettoyé de mistral, clair et mystérieux. Et je vous rencontre sur toutes les routes. Votre ami,
A.C.
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Vidéo de Albert Camus
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole


Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.


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02/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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