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EAN : 9782226026958
198 pages
Albin Michel (05/06/1986)
3.29/5   54 notes
Résumé :
Il y avait déjà trois semaines que la police recherchait l'assassin de la rue Saint-Denis...
Lampieur n'avait aucun remords de son crime. Pourtant une terrible angoisse montait en lui...
Ouvrier boulanger, il travaillait dans la cave et les filles qui remontaient, très tard, la rue Saint-Denis, s'accroupissaient devant le soupirail et jetaient tour à tour une ficelle avec des sous pour avoir un morceau de pain chaud. Or, la nuit du crime, quand il étai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Peut-on vivre avec un crime sur la conscience ? Quels sentiments viennent animer l'esprit d'un assassin une fois son forfait accompli ?
Voilà trois semaines que la police recherche le meurtrier de la rue Saint-Denis près du quartier des Halles.
Le tueur a étouffé une vieille concierge pour dérober l'argent des loyers qu'elle gardait étourdiment dans sa loge.
Et pour Lampieur, l'ouvrier boulanger qui a commis le crime, ces semaines écoulées dans l'expectative ont été source d'une angoisse de plus en plus poisseuse et de la peur viscérale qu'on vienne l'arrêter.
Car le soir du crime, Lampieur n'a pas pensé à tout…
Il a omis la présence des prostituées qui ont pris l'habitude de jeter une ficelle par le soupirail du sous-sol de la boulangerie pour que Lampieur y accroche un morceau de pain. Rejoignant ses fourneaux cette nuit-là, le boulanger a avisé la ficelle qui pendait dans le vide, telle une preuve accablante de sa culpabilité.

Depuis, en proie aux tourments les plus vifs, il se demande qui, parmi ces dames de petite vertu, connaît la vérité et quelle est la raison de son silence. Pourquoi ne l'a-t-elle pas déjà dénoncé, que veut-elle ? Lampieur se rend compte que bien malgré lui, il a une complice secrète dans cette affaire.
Chez Fouasse, le débit de boisson où viennent chaque nuit se réchauffer les filles transies de froid qui battent le pavé, Lampieur scrute les visages et s'attarde sur celui de Léontine dont le comportement lui semble suspect.
Et c'est bien elle en effet qui était devant le soupirail la nuit du meurtre.
Harcelé par sa conscience, Lampieur se décide à l'aborder.

Entre eux naît alors une relation étrange et trouble dont le crime est le centre névralgique.
En partageant sa culpabilité et ses peurs avec Léontine, Lampieur s'aliène la malheureuse prostituée qui croit être capable d'inoculer un peu de remords dans l'esprit rustre et lâche de cet homme bourru. Attirée comme une phalène par le morne éclat que jettent sur son coeur le criminel et son crime, Léontine prend alors à sa charge les angoisses et les craintes du triste assassin.
Mais jusqu'à quand ces deux-là vont-ils pouvoir lutter contre les obsessions et les idées fixes qui les gouvernent et les rendent si peu maîtres d'eux-mêmes et de leurs sentiments ?

Un pauvre hère, une malheureuse prostituée, un meurtre…C'est sur un thème aux forts accents dostoïevskiens que l'écrivain, poète et auteur de chansons Francis Carco (1886 – 1958) écrit cette intrigue psychologique et retorse couronnée par le Grand Prix du Roman de l'Académie Française en 1922.
Dans cette fiction oppressante - qui n'a pas trop vieillie, hormis quelques tournures de phrases un brin surannées - tout est quasiment dit et su dès le début. le lecteur connait l'assassin et sa complice ainsi que les raisons de leur inquiétude. « Tout le sujet du roman est centré sur l'évolution de la terreur, sur l'idée fixe de Lampieur ».
L'ingéniosité de l'auteur est alors de nous faire passer par tous les sentiments, par tous les tourments, par toutes les affres de l'effroi et de l'affolement de ses personnages, en nous faisant pénétrer au coeur de leur conscience égarée.
Peu à peu la tension monte, le rythme s'accélère comme un pouls qui s'emballe, les comportements humains, subtilement analysés, révèlent la peur, la lâcheté, la violence qui couve, une abjection veule et une culpabilité qui ronge et taraude les esprits.

Mais au-delà de l'aspect psychologique du roman, c'est aussi le Francis Carco poète qui se dévoile dans toute sa beauté sombre et mélancolique.
Peintre des petites gens, des quartiers populaires, d'un Paris de misère, l'auteur s'affirme avec un sens de l'esthétisme particulièrement bien rendu, dans l'illustration des rues grises et mouillées de pluie, des flaques d'eau sur les trottoirs, des contours flous, des reflets et des éclats troubles jetés par les réverbères….Une représentation comme un tableau au lavis des décors et des quartiers nocturnes. C'est le Paname des malheureux, des esseulés, des prostituées, qui, devant un petit verre de blanc, viennent hanter les troquets et les débits de boissons en quête d'un peu de chaleur humaine. Une humanité épuisée, éteinte, besogneuse, impécunieuse, qui s'étiole dans des existences sans rêves et sans illusions.

Dans ce cadre morose où les jours sans saveur se suivent et se ressemblent, le meurtre est comme une embardée exaltante dans le train-train d'un morne quotidien.
Mais la détresse morale, à la limite de la folie, et la peur visqueuse qu'il occasionne une fois l'acte accompli, deviennent si lourdes à supporter que l'on ne peut que penser que seule l'expiation mettrait un terme à cette incarcération mentale dans laquelle ces âmes perdues se débattent comme des oiseaux en cage.

Une trame sombre, une ambiance oppressante, un climat délétère irradié de belles fulgurances de poésie, font de cet «homme traqué » une oeuvre intéressante à capturer, un peu comme ces vieux films en noir et blanc qu'on redécouvre toujours avec plaisir quand bien même ils sont un peu datés…
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- L'homme traqué - est un roman qui mérite lecture pour l'habileté de l'auteur à nous offrir un décor à la fois réaliste et poétique du Paname du début des années 20, et plus spécifiquement le Paname du quartier des Halles avec son populo, ses corps de métier, ses filles, ses bistros, ses bordels, ses hôtels borgnes, ses halles naturellement, ses flics, sa vie nocturne et diurne, son langage.
Le talent de Francis Carco à la plume inspirée, même si elle peut paraître "datée", est de réussir à faire vivre ce petit peuple d'il y a un siècle, comme on verrait un film de l'époque ; noir et blanc, certes... mais d'une réelle authenticité.
Le second point qui mérite lecture est "l'analyse" psychologique qu'il fait de ses personnages.
Les personnages ne sont pas nombreux.
Il y a Lampieur, ouvrier boulanger qui fait son pain la nuit.
Il y a Léontine, jeune prostituée qui tâche de faire le sien à peu près aux mêmes heures que Lampieur.
Il y a les figurants que sont les " consoeurs " de Léontine, Fouasse le patron du bistro où Lampieur a ses habitudes... et le quartier des Halles.

L'intrigue n'est pas d'une extrême originalité.
Lampieur a tué une vieille femme dans sa loge pour lui voler l'argent du terme.
Crime parfait ?
Non, car Léontine et ses petites camarades ont l'habitude de se ravitailler en pain auprès de Lampieur.
Pour ce faire, elles font descendre dans le soupirail du boulanger une ficelle à laquelle est accrochée une piécette.
Lampieur en échange accroche le panneton à la ficelle que les filles remontent.
Or cette nuit-là, durant l'absence de Lampieur, une ficelle est restée suspendue... sa propriétaire a donc constaté l'absence de l'ouvrier et fait le rapprochement avec le crime... qui a eu lieu tout près de la boulangerie dans laquelle travaille Lampieur.
À qui est la ficelle ?
Qui est la fille qui sait ?
Le criminel n'a aucun remords.
Pourtant cette ficelle et le témoin inconnu vont réveiller une conscience jusque-là indifférente.
D'autant qu'au bar de Fouasse, le tenancier, face à Lampieur accoudé au comptoir, a eu ces mots pour commenter le crime et les chances que la police l'identifie : « Et si jamais on met la patte dessus ( l'assassin ), cherchez pas, ce sera cause à la femme, comme toujours. »
Tourmenté, et avec l'aide de Léontine, Lampieur va vite s'apercevoir que la jeune prostituée et la ficelle ne font qu'une...
Entre ces deux paumés va se nouer une relation amour-haine qui va être le coeur du roman.
Car il n'y a pas d'autre suspens dans ce roman que de savoir jusqu'où pourra aller ce couple improbable dans un crime dont on connaît tout ou presque... très tôt dans sa lecture.

À un degré qu'il faut nuancer, il y a chez Carco et dans son roman un peu de - Nana - de Zola, et un brin du Dostoïevski de - Crime et châtiment -.
Bien sûr Lampieur n'est pas Raskolnikov... comme Léontine n'est pas Sonia Semionovna... mais il y a de possibles similitudes qui font penser... enfin, à chaque lecteur ses associations et ses références.

Un livre que j'ai lu avec plaisir.
Un roman qui a reçu à sa sortie le grand prix de l'Académie française...
Pour les amateurs du genre et de l'auteur.
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Que dire ? Que dire ? Pas grand-chose, en somme.
Ce livre ne m'ayant laissé aucune impression nécessitant d'être développée, si je dois en parler je me limiterais à en faire le résumé factuel :
"Un type ayant assassiné une concierge d'immeuble afin de lui voler les loyers des locataires, croise la route d'une jeune femme qui - exclue de sa famille parce qu'elle était enceinte - est tombée dans la prostitution. On apprend par la suite, et tout à fait accessoirement, que son enfant est mort à l'âge de 3 ans. Ces faits, brièvement évoqués dans le roman, ne servent qu'à justifier la torture psychologique subie par ces deux êtres malmenés par la vie."
Et, vu qu'il ne se passe rien de nouveau dans leur quotidien sordide, nous est délayée sur 190 pages, la dite torture qui les détruit plus qu'ils ne le sont déjà.
Conclusion ; on piétine, on se répète, on tourne en rond et la lectrice que je suis, s'ennuie ferme.

À noter, par ailleurs, que ce livre qui a reçu le Prix du roman De l'Académie Française en 1922 est rédigé dans un phrasé qui, à deux ans près, remonte à un siècle. N'étant pas un perdreau de l'année, ça ne m'a pas posé de problème, mais je pense que cela ne doit pas être si aisé pour un jeune lecteur.

Donc, voilà... ma critique est aussi plate que mon ressenti sur ce roman.
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Ce livre est bien écrit, pourtant je ne suis pas entièrement satisfaite de sa découverte, car comme l'histoire traite d'un assassin je m'attendais à un roman policier, avec enquête, peut-être filature, et en fait c'est surtout psychologique... Pour une fois que je voulais de l'action, je n'ai pas de chance! A lire surtout si l'on veut sonder l'âme d'un assassin sans remords qui a commis un crime crapuleux! Une histoire plutôt sordide... mais un livre qui tient la route malgré tout.
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Un beau livre aux allures d'un roman policier mais en fait c'en un plutôt de psychologique. On va chercher le criminel chez lui ou encore dans sa conscience, on le côtoie après son crime, il n'est plus le même, il est malade, déséquilibré, angoissé encore plus lorsqu'il soupçonne qu'un oeil extérieur est témoin de son crime. C'est encore un moment de grand trouble que la rencontre du criminel et du témoin du'crime. Lui c'est Lampieur et elle, c'est Léontine, ils pensent tous les deux au crime mais ils ne sont pas prêts de passer aux aveux. Qui le premier parlera du crime, ils n'y parviennent pas et d'un seul coup le crime devient une pensée d'excitation, ils se retrouvent dans un même lit sans ardeur mais l'éloignement de l'un perturbe l'autre. le crime n'est toujours pas révèle, c'est le silence, le suspens...puis de la violence...
L'auteur se donne le temps de nous faire monter la pression, c'est violent, sauvage et aussi humain!
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
C'était parce qu'il souffrait qu'il s'emportait ainsi. Léontine le comprenait... Elle ne rendait donc pas Lampieur responsable du mal qu'il lui faisait. Elle le lui pardonnait... et, en elle-même, la malheureuse se disait que c'était moins à elle qu'à lui qu'il cherchait à faire mal, à en juger par les instants affreux qui suivaient ces violences, terrassaient Lampieur et le plongeait ensuite dans une stupeur où il ne se retrouvait pas.
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... Le lendemain, elle se réveilla dans la chambre de Lampieur et non pas comme celui-ci l'aurait peut-être souhaité mais comme une prostituée qui n'aspire qu'au repos et qui reporte sur un seul homme l'horreur qu'elle a de tous les hommes et de sa propre ignominie.
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L'idée, cependant, revenait et Lampieur en était prévenu par une sorte d'anxiété soudaine qui s'emparait de tout son être et le rendait attentif aux moindres bruits. Elle revenait. Elle l'attirait et, s'il essayait de lutter contre sa dangereuse influence, il n'en était pas maître, car elle empruntait, pour le frapper au vif de sa détresse, le plus furtif craquement derrière lui ou le plu sourd écho, dans le mur de la rue, de talons arpentant les trottoirs.
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Un assassin n'aurait pas de remords? Lui, qui était un assassin, n'en avait pas. Il ne savait même pas encore ce que c'était.
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Et si jamais on met la patte dessus [l’assassin], cherchez pas, ce sera cause à la femme, comme toujours.
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Vidéo de Francis Carco
Arthur Rimbaud, poète maudit par Francis Carco (1951 / France Culture). Illustration : Henri Fantin-Latour, "Un coin de table", 1872 (détail : Paul Verlaine et Arthur Rimbaud). "Jean-Arthur Rimbaud, poète maudit" : une émission de Francis Carco. Diffusion sur France Culture le 1, 8 et 15 mars 1951, et le 3, 5, 12, 19 et 26 avril 1951. Par Francis Carco. Lectures de Jacqueline Morane, Jean Topart, Yvonne Schaeffer, Lucien Paris, Paul Morin, Hubert Prélier et Claude Romain. Réalisation : Albert Riera. Musique : Henry Barraud. Arthur Rimbaud est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille. Bien que brève, son œuvre poétique est caractérisée par une prodigieuse densité thématique et stylistique, faisant de lui une des figures majeures de la littérature française. Arthur Rimbaud écrit ses premiers poèmes à quinze ans. Après une brève phase d'initiation, par assimilation du style des grands poètes contemporains (Charles Baudelaire, Victor Hugo, Théodore de Banville...), développant déjà une franche originalité dans l'approche de thèmes classiques (« Le Dormeur du val », « Vénus Anadyomène »), il cherche à dépasser ces influences en développant ses propres conceptions théoriques, déclarant que le poète doit se faire « voyant », c'est-à-dire chercher et décrire l'inconnu par delà les perceptions humaines usuelles, quitte à y sacrifier sa propre intégrité mentale ou physique. Dès lors il se met à innover radicalement en matière d'audace formelle, jusqu'à aborder le genre du poème en prose, alors à ses balbutiements (parsemant ses œuvres d'apophtegmes énigmatiques, comme « changer la vie », « posséder la vérité dans une âme et un corps » ou « il faut être absolument moderne », qui seront repris comme des slogans par les poètes du XXe siècle, en particulier le mouvement surréaliste). Il entretient parallèlement une aventure amoureuse tumultueuse avec le poète Paul Verlaine, qui influence profondément son œuvre. Vers l'âge de vingt ans, il renonce subitement à la littérature (n'ayant alors publié qu'un seul ouvrage à compte d'auteur — "Une saison en enfer" — et quelques poèmes épars dans des revues confidentielles), ce qui contribue encore à son mythe. Il se consacre alors dans un premier temps à l'apprentissage de plusieurs langues, puis, mû par ses idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires, choisit une vie aventureuse, dont les pérégrinations l'amènent jusqu'en Abyssinie, où il devient négociant (quincaillerie, bazar, vêtements, café, etc.) et explorateur. Sa tentative d'armer Ménélik avec l'aval du Consul de France s'avère désastreuse pour lui ; son unique « trafic d'armes » n'eut véritablement qu'une incidence politique symbolique, mais contribua à sa légende. De cette seconde vie, exotique, les seuls écrits connus consistent en près de 180 lettres (correspondance familiale et professionnelle) et quelques descriptions géographiques. Des poèmes comme « Le Bateau ivre », « Le Dormeur du val » ou « Voyelles » comptent parmi les plus célèbres de la poésie française. La précocité de son génie, sa carrière littéraire fulgurante, sa vie brève et aventureuse, contribuent à forger sa légende et faire de lui l'un des géants de la littérature mondiale.
1 : La naissance, le milieu familial 2 : Charleville, rencontre avec Verlaine 3 : Rimbaud, Verlaine 4 : Verlaine et Rimbaud à Bruxelles et à Londres, "Le bateau ivre" 5 : Verlaine tire sur Rimbaud, retour à Paris 6 : Verlaine, condamné et interné, "Une saison en enfer" 7 : Les trafics d'armes, les "Illuminations" 8 : Les derniers jours à Paris et à Marseille
Sources : France Culture et Wikipédia
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