« Ils ont été cinq cent mille gitans en Europe à mourir à Dachau, à Auschwitz, Birkenau, Buchenwald… dans les camps de la mort »
Mamita, la grand mère de la narratrice, petite fille de six ans dont les parents on été exterminés, survit, traverse tant bien que mal l'Europe pour se réfugier près d'un oncle en Camarge. Toute une simple vie de courage, de dignité, d'amour. Toute la force, le courage, l'indépendance et la passion du peuple gitan, le « peuple du vent ». le texte est présenté comme pièce de théâtre, ce qu'il n'est pas vraiment : c'est un grand poème lyrique, violent, généreux, visiblement construit pour la représentation orale (l'auteure est comédienne) à une ou plusieurs voix, souligné de musique…
Un très beau texte, à lire ou à voir représenté, pour tous ceux qui éprouvent quelque amitié pour ce peuple libre.
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Tu n’as pas oublié. Tu aimerais oublier, mais tout
est gravé à l’encre indélébile, tu n’oublieras jamais. Un
jour d’hiver, des hommes en uniforme t’ont emportée
avec les tiens. Six heures du matin, des coups pleuvent
sur les portes des roulottes, des voix qui crient : Ouvrez,
Ouvrez !! Entrebâillement de portes, chacun se voit
happer par des bras inconnus en uniforme. Des corps
résistent, ils sont traînés. Des voix criardes répètent :
Sortez, gardez votre calme. Si vous gardez votre calme, il
ne vous sera fait aucun mal. Les mères hurlent à leurs
enfants de se sauver : Fuyez, fuyez. Courez… Courez… !
La colère prend le pas sur la peur. Les hommes du camp
s’avancent à grandes enjambées. Les cris redoublent. Les
hommes en uniforme avancent en mur, telle une haie
infranchissable, menaçante, acculant les gitans à reculer et
à les suivre sous la pression de leurs armes. ...
Le peuple des marcheurs, ils marchent devant moi, ces divins frères, qui sont mes frères. Ils fuient sans repos ni trêves, vers le paradis de leurs rêves berçant leur infini sur le fini des mers.
Virginie Carrillo lit un extrait du début de son spectacle "La Vierge noire", publié aux éditions Chèvre-feuille étoilée, lors de la rencontre du 16 février à l'Espace l'Autre livre, 13 rue de l'école Polytechnique. Vous y trouverez le livre.