Alice aux pays des merveilles est un de mes livres préférés si ce n'est le premier, il détient cette place depuis que je l'ai découvert étant enfant.
Selon moi, ce n'est pas un conte pour enfants. Il existe une version moins connue "Alice racontée aux enfants" qui, pour le coup, porte bien son titre, il est allégé par rapport à celui d'origine. Je vais essayer d'être le plus clair et précis possible pour justifier mon avis.
Comme le dit Alice dans la (très bonne) version de Jan Švankmajer:
Je vais vous montrer un film,
Un film pour les enfants,
Peut-être,
Peut-être si on se fie au titre ,
Pour ça il suffit de fermer les yeux,
Car sans cela vous ne verrez rien du tout.
Ce conte donc, et comme il est précisé dans la préface que pour une fois j'ai lu, que beaucoup y vont de leurs interprétations. de nos jours il est plus connu comme étant une oeuvre pour enfants, et comme j'aime à le dire, ce n'est pas parce que le personnage principal est un enfant que le livre est pour les enfants (dans la même veine il y a "
Sa majesté des mouches" de
W. Golding).
Les psychanalystes y voient un traumatisme de l'enfance (ou de la naissance, pardonnez ma non-exactitude), les pauvres doivent être traumatisés à force d'en voir partout.
Les Romantiques et Victoriens, eux un culte de l'enfance, âge auquel on idéalise beaucoup et enfin ceux avec qui je m'entends le mieux, les surréalistes, qui y on vu un refus du rationnel.
Après non pas une mais deux relecture histoire de bien tout noter, passons rapidement sur le début, Alice voit un lapin, le suit, et tombe dans son terrier. le lapin aura son quart d'heure de gloire un peu plus bas (sans mauvais jeu de mot), allons directement à cette angoissante chute, vertigineuse, sans fin ou presque. La rapport qu'Alice va avoir avec le Temps va se bouleverser à partir d'ici, les horloges et pendules n'affichent jamais la même heure et bougent. de quoi décontenancer la jeune Alice.
Une fois sa chute terminée, quelque part la chute de la rationalité de cette petite, tout ce qu'on lui a appris jusque là va être violemment remis en question, au point de régulièrement la faire pleurer.
En bas, écrivais-je, elle va devoir passer une toute petite porte pour continuer son chemin, elle n'a plus le choix, ne pouvant remonter le terrier. C'est là qu'entre en jeu, les substances illicites, les gâteaux "mangez moi" et les fioles "buvez moi" qui la feront tantôt grandir, tantôt rétrécir. Alice, pas bête, lit la notice avant de boire la flasque, elle a ouïe-dire que certains avaient des, je cite, "petites histoires charmantes où il était question d'enfants brûlés, ou dévorés par des bêtes féroces, ou victimes de mésaventures, tout cela uniquement parce qu'ils avaient refusé de se rappeler les simples règles de conduite" (page 47-48). Par chance pas de mention "poison", elle y alla cul-sec !
Elle fera ensuite la connaissance de beaucoup de personnages tous plus étranges les uns que les autres, avec au choix, un morse sur un dodo, une chenille fumeuse de narguilé, un chapelier et ses compagnons, des jumeaux qui voient le verre à moitié vide...ou à moitié plein, perdant un peu plus notre héroïne. Et au cas où elle ne l'aurait pas compris, un chien à balai vient effacer se pas pour qu'elle ne puisse jamais retourner là d'où elle vient. l'obligeant ainsi à chercher son propre chemin, et grandir au fil de l'aventure (et pas que physiquement). le fameux chat l'aidera en la perdant un peu plus à chaque rencontre, pour qu'elle puisse se trouver.
Arrivera la fin et sa rencontre avec la despotique Reine rouge, une ultime épreuve qu'elle surmontera avec difficulté, comme toutes les autres merveilles qu'elle aura subi.
De l'autre côté du miroir, la suite logique est sensiblement construite de la même façon. Alice va devoir à nouveau faire l'inverse de ce qu'elle fait habituellement pour parvenir à son but, tut en se heurtant à des personnages plus ou moins dangereux.
Je sais que je ne mentionne pas tous les personnages, d'habitude je n'aime pas détailler l'histoire, révélant souvent l'intrigue mais pour une fois, pour un conte aussi connu...
Cette critique se terminera sur un point positif de cette édition, les très belles illustrations présentent au long des aventures d'Alice. Egalement un très bonne traduction, qui est très difficile vu le nombre de double sens présent jusque dans le nom des personnages, j'ai un préférence pour les bread and butterfly, sorte de papillon avec des ailes en toast beurrées.