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sur 7375 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais envie de me plonger dans un classique de la littérature et j'ai choisi "Alice au pays des Merveilles" de Lewis Carroll. Les avis étant assez mitigés, je voulais m'en faire ma propre idée.
Nous connaissons tous la version de Disney ou celle de Tim Burton mais qu'en est-il de la version originale de l'auteur qui a écrit ce conte magnifique ? Fermez donc les yeux et rentrez dans le pays des Merveilles.

Alice est sur la berge près de sa soeur et voit passer un lapin blanc qui l'intrigue. Elle se met donc à le suivre et va vivre une aventure extraordinaire où elle rencontrera de sacré personnage, comme le chapelier fou ou la reine de coeur qui veut décapiter tout le monde.

Ce conte publié en 1865 garde toute sa fraîcheur des années après et on ne peut être que transporté par l'histoire d'Alice.
Qu'elle boive ou qu'elle mange, sa taille ne cesse d'évoluer tout au long du livre en fonction de la situation dans laquelle elle se trouve. Mais quand une situation lui échappe, elle n'a qu'une hâte c'est de rentrer chez elle.
Ce joli conte met en valeur de nombreuses leçons de morales que nous utilisons toujours aujourd'hui et qui visent au respect d'autrui.
On ressent aussi la caricature de la société notamment lors du procès qui n'a rien de très honnête.
J'ai aussi beaucoup aimé les illustrations qui nous accompagnent tout au long de ce livre.
Pour moi ce livre est un vrai chef-d'oeuvre de la littérature.
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Aujourd'hui c'est mercredi et mercredi, c'est... ?
« Les histoires à Berni ! »
Sandrine, la maîtresse d'école a fait entrer les élèves dans la classe.
« Ce matin Bernard va nous raconter l'une des plus belles histoires au monde », a dit la maîtresse en battant des mains.
Les enfants se sont tournés vers moi avec des regards hypnotiques, un peu comme ceux du caméléon du petit Paulo. Ils m'ont tout d'abord regardé muettement, ça a bien duré au moins deux secondes, quand brusquement les propositions ont fusé comme des billes lancées par un lance-pierre.
- le Livre de la Jungle,
- Les aventures de Pinocchio,
- L'Illiade et l'Odyssée,
- Zadig et Voltaire,
- Charlie et la chocolaterie,
- le Baron perché,
- Les Pieds Nickelés aux Jeux Olympiques,
- Soeur Marie-Thérèse des Batignolles,
- Astérix chez les Bretons,
- Mortelle Adèle,
- Les contes de la rue Broca,
- Ubik,
- Mary Toft ou la reine des lapins,
- le cycle de Gormengast,
- le bruit et la fureur,
- Un manga, lol...
Une petite voix toute douce a tenté du fond de la classe : « le Petit Prince ? »
Bon, ne comptez pas sur moi pour cafter et dire qui a dit quoi, vous savez bien que ce n'est pas mon genre.
De toutes manières, vous avez déjà deviné, pour la plupart j'imagine.
Avec la maîtresse d'école, on s'est regardés, on ne savait pas trop ce qu'il fallait en penser, d'un côté ses élèves lisaient des livres, là c'était clair, mais lisaient-ils des livres au programme du CE2, euh, joker !
« Vous n'y êtes pas du tout, ai-je répondu un peu déçu. Il s'agit d'Alice au pays des merveilles.
- Qui ça ? a demandé le petit Pat un peu surpris, Alice Qui ?
- le Monsieur te dit : « Alice au pays des merveilles », oh la la ! a fait la petite Chrystèle en claironnant dans les oreilles du petit Pat qui a sursauté, pire que s'il était collé à son jukebox !
- Moi j'ai vu le film avec mes parents à Noël, a répondu la petite Domi d'un air ravi.
Je sentais Sandrine, la maîtresse d'école un peu désappointée. Je lui ai fait un petit clin d'oeil pour lui dire de ne pas s'en faire, à la limite c'était bien qu'ils ne la connaissent pas cette histoire, on avait un joli chemin tracé devant nous pour les faire entrer dans l'imaginaire de ce récit. On partait juste de loin, c'est tout.
En même temps je n'étais pas surpris. L'avant-veille, j'avais à quelque chose près ressenti la même déception lorsque j'étais allé emprunter l'ouvrage auprès de ma médiathèque préférée. J'avais pourtant vérifié sur leur site Internet que le livre était bien référencé.
J'ai couru aussitôt à la médiathèque. En entrant dans le hall, devant moi sur la méridienne il y avait une petite vieille en bas résille rouges qui lisait un manga à l'envers. J'ai couru vers le rayon jeunesse.
« Alice comment... tu m'as demandé, Berni ? a fait la responsable du rayon en tapotant sur son clavier tout en regardant son écran en même temps. Elle fait ça très vite, avec efficacité, je suis toujours épaté, je devrais lui dicter mes billets du mercredi matin.
Ma voix a hésité. Je n'étais plus sûr de moi tout d'un coup. Euh, Alice au pays des merveilles, je crois ?
- C'est pas au rayon DVD plutôt ? C'est de Walt Disney ça...
- Non, justement le film est tiré d'un livre de Lewis Carroll. J'ai vérifié, vous l'avez bien ici.
- C'est peut-être dans un autre rayon.
La responsable du rayon jeunesse a crié à la cantonade : « Hé ! Ho ! Les filles ! Y a Berni qui recherche Alice au pays des merveilles. Quelqu'un saurait-il où il se planque, le bouquin ?
- Moins fort hey, ai-je dit, j'ai senti que je rougissais comme une pivoine et ça a amusé la responsable du rayon jeunesse qui a continué à claironner deux ou trois fois la question, j'avais l'impression qu'un haut-parleur diffusait ma demande dans toute la médiathèque et peut-être même au-delà de ses murs.
Des usagers présents se sont retournés intrigués. Les bibliothécaires sont accourues pleines de rires échevelées et m'ont aussitôt entouré. « Tu cherches quelle perle rare cette fois-ci, Berni ? » J'ai eu l'impression que je devenais l'attraction d'une journée morne. Seule la petite vieille qui lisait son manga à l'envers sur la méridienne demeurait impassible.
Une porte s'est ouverte d'un mouvement brusquement, c'était le bureau de la directrice qui a fait une sortie prompte sur ses patins à roulettes. « Mais c'est quoi tout ce raffut ? » s'est-elle écriée. Elle s'est approchée du groupe que nous formions. « Ah, c'est toi Berni qui affole tout le monde ici ? Mais qu'est-ce qui se passe ? Encore une de tes idées autour de Babelio ?
- Berni recherche Alice au pays des merveilles, a dit la responsable du rayon jeunesse.
- Il peut toujours chercher, a fait la directrice d'une voix appelant à l'apaisement, le livre a été désherbé.
- Désherbé ? ai-je fait surpris.
- Désherbé ? a fait la responsable du rayon jeunesse,
- Désherbé ? a fait la responsable du rayon BD,
- Désherbé ? a fait la responsable du rayon DVD,
- Désherbé ? a fait la petite vieille qui lisait un manga à l'envers sur la méridienne.
- Oui désherbé les amis, c'est ce qui arrive malheureusement aux livres que les usagers n'empruntent plus. Nous n'avons pas assez de place pour les conserver sur nos rayonnages. En fonction des choix des lecteurs, il faut laisser la place aux livres qui sont empruntés plus fréquemment. Alors on en retire certains pour les déclasser...
J'ai senti une petite tristesse venir de loin, remonter en moi, c'était comme si le sol se dérobait sous mes pieds. Mes doigts se sont agrippés au kiosque devant moi.
Le paysage tournait comme un tourbillon.
- Ça va Berni ? a fait l'une des bibliothécaires en s'approchant de moi.
- C'est triste, ai-je simplement dit. Je sentais des larmes venir à mes yeux. C'était idiot, je sais. Mais toutes ont répété l'une après l'autre en se regardant, « oui c'est triste Berni », sauf la directrice qui rétorquait « oui c'est triste, mais c'est la vie Berni et c'est la gestion d'un fond bibliothécaire qui exige cela ». Mais les autres bibliothécaires ont continué de répéter cette même phrase lancinante, - c'est triste, et elles se sont mises à pleurer, elles sont devenues des pleureuses autour de moi, alors leurs larmes ont coulé sur le sol, ont formé brusquement comme des ruisseaux qui sont devenues une rivière, une rivière en crue qui emportait tout, les étagères, les tables, les rayonnages, les livres, seule la petite vieille qui lisait un manga à l'envers sur la méridienne restait imperturbable, se contentant de murmurer « c'est triste ». J'ai été alors emporté dans les clapotements furieux des marées autour de moi... Il y avait même des animaux tout droit sortis des livres jeunesse qui m'accompagnaient, une souris solidaire, un chat gourmand, un lapin pressé, une chenille arrogante avec son narguilé. Quelques secondes plus tard, j'ai retrouvé mes esprits, elles étaient encore là bienveillantes, attentives, les bibliothécaires de ma médiathèque préférée . « tu as fait un petit malaise Berni, ce n'est rien tout va bien à présent, » a dit l'une d'elle d'une voix très douce, tandis qu'on poussait la petite vieille qui lisait un manga à l'envers sur la méridienne pour me faire une petite place. On m'a apporté un thé chaud. La directrice a accouru sur ses patins à roulettes vers moi essoufflée : « Regarde Berni, je l'ai retrouvé en réserve, il était bien déclassé mais encore disponible, tu as une chance inouïe. » Les bibliothécaires ont poussé des youyous de joie, la responsable du rayon jeunesse a posé sa main sur mon épaule d'un sourire ému en me murmurant : « tu as une chance inouïe, Berni ». J'ai remercié tout le monde, je me suis levé avec le livre serré tout contre ma poitrine. J'ai respiré fort. Les bibliothécaires m'ont accompagné jusqu'à la sortie, je me suis retourné une dernière fois et tel Achille allant voir Agamemnon après la mort de son ami Patrocle sur le champ de bataille, j'ai dit : « Maintenant y a plus qu'à... » La petite vieille qui lisait un manga à l'envers sur la méridienne a juste répété : « y a plus qu'à »...
Le temps de me remémorer le film de cette aventure, j'ai retrouvé brusquement les visages impatients des élèves de la classe de Sandrine devant moi... Il fallait en effet vite retrouver mes esprits.
En guise d'introduction, j'ai cru bon préciser : Ce livre a été écrit par un professeur de mathématiques, Lewis Carroll... »
- Oh non par pitié, pas les mathématiques, s'est exprimé le petit Jean-Michel d'un air contrit.
Puis j'ai rajouté : « Savez-vous que ce conte a été interdit, censuré par certains pays ? En Chine par exemple... Et savez-vous pourquoi ? »
Bon, a fait la petite Sylvie un peu impatiente sortant une montre à gousset énorme de sa poche, on n'est pas là pour vendre de l'immobilier... Tu nous la racontes quand, cette histoire ?
J'ai juste eu le temps de répondre que ce livre avait été censuré parce que le récit donnait la parole à des animaux de la même manière qu'à des êtres humains...
Plusieurs murmures d'impatience se sont fait entendre. Ils étaient désormais là grouillant autour de moi tendant vers moi leur montre à gousset énorme où j'entendais monter leur tic-tac effroyable jusqu'à mes tympans prêts à exploser. Alors comme par miracle je me suis mis à grandir de manière gigantesque, Sandrine aussi grandissait comme moi, à la même cadence, nos têtes ont brusquement touché le plafond, j'ai crié Mouhahaha ! Ça a calmé tous les élèves qui se sont éparpillés comme des volées de moineaux. La petite Doriane et la petite Nico couraient tout en se retournant de temps en temps en nous tirant la langue avec des gestes moqueurs et leurs mains posées sur leurs tempes.
La petite Fanny s'est mise à pleurer, vite consolée par sa camarade la petite Romileon.
Le calme est revenu. Alors nous avons retrouvé notre taille normale et j'ai pu commencer à raconter l'histoire.
Tous les personnages de cette histoire fantastique et merveilleuse ont été convoqués autour de nous : Alice pour commencer, puis le lapin blanc qui est pressé, la chenille bleue fumant un narguilé, le chat du Cheshire, la reine de coeur, les fous...
Lorsque j'ai terminé l'histoire, j'ai marqué un temps de silence. Les enfants sont restés eux aussi silencieux. Sandrine s'est alors approché du cercle formé par les élèves et leur a demandé : « Alors, que pensez-vous du personnage d'Alice ? »
- Elle est gentille avec les animaux, a dit la petite Bono.
- Elle a un côté Celte, a dit la petite Gaëlle.
- Elle sort des sentiers battus, a dit la petite Gaby.
- Elle se bat contre des moulins à vent, a dit la petite Francine.
- Elle est audacieuse, a dit la petite Isa.
- Elle est facétieuse, a dit la petite Anna.
- Elle fait son intéressante, a dit la petite Nico.
- Elle aime le chocolat, a fait la petite Doriane.
- Elle est curieuse de tout, a répondu la petite Anne-Sophie.
- Oui, c'est vrai elle est curieuse de tout, elle pose beaucoup de questions, a reconnu Sandrine la maîtresse d'école. Ne pensez-vous pas ce que soit plutôt une qualité, celle de poser des questions ?
Tous les élèves ont alors répondu Oui d'une seule et même voix, oui c'était vraiment une qualité que de poser des tas de questions et d'ailleurs c'est ce qu'ils n'ont pas manqué de faire aussitôt, tendant la main vers Sandrine pour poser des tas de questions, intéressantes, audacieuses, sortant des sentiers battus et facétieuses.
Je me suis alors esquivé sur la pointe des pieds, regagnant le chemin de ma médiathèque préférée en espérant qu'on redonnerait une nouvelle chance à ce livre intemporel. Au pire, il y aurait toujours une petite place pour m'asseoir sur la méridienne près de la petite vieille qui lisait un manga à l'envers...
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Charles Dodgson, professeur de mathématique épris de problèmes de logiques, eut un jour de juillet 1862, lors d'une promenade en barque sur une rivière en compagnie de la jeune Alice Liddell et de ses soeurs, l'idée de cette histoire cocasse et rocambolesque qui a mis plus d'un esprit sens dessus-dessous et ce pour notre plus grand plaisir.

De son entrée dans le terrier du lapin blanc à la fin de l'histoire, les tribulations d'Alice sont faites d'entorses à la logique. le langage lui-même est bousculé et entraîne les personnages dans des cascades de quiproquo.

C'est en écoutant une émission de radio traitant de ce livre, il y a quelques mois, que j'ai compris le jeu de mots du titre de l'oeuvre : le verbe « to wonder » se traduit aussi par « se demander », « s'étonner » et par le substantif « questionnement ». La difficulté de traduire l'humour rend impossible, dans le cas présent en français, la double compréhension qui est en anglais : « Alice au pays des merveilles/questionnements ».

L'aspect naïf du livre remet en cause la rigidité de la société victorienne. Tout passe à la moulinette de l'humour vif, mordant et très subtil de Lewis Caroll. Cette histoire pas si innocente est une bouffée d'air pur permettant de s'évader du poids des conventions.

Un livre très profitable à lire en édition bilingue.
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Il y a deux chemins qui mènent à une lecture compréhensible d'- Alice au pays des merveilles -, cette oeuvre littéraire que l'on dit inclassable de Lewis Carroll.

Le premier, qui fait consensus... parce qu'il fait l'impasse sur les sujets qui pourraient fâcher, c'est un " conte " de Charles Lutwidge Dodgson, alias Lewis Carroll, alors professeur de mathématiques au Christ Church College d'Oxford, raconté, écrit à huit mains pour et avec trois petites filles, les soeurs Liddell... et devenu cet incontournable de la littérature dite d'enfance... mais pour petits et grands.
Un conte fantastique donc, apparemment innocent, mettant en scène une fillette qui, assise sur un talus un jour d'été auprès de sa soeur qui dort, résiste au sommeil jusqu'au moment où elle voit passer devant elle un lapin blanc qui tire une montre de son gilet et marmonne : "- Mon Dieu ! Mon Dieu ! Je vais être en retard !"
Intriguée, Alice suit le lapin blanc avant que ce dernier ne disparaisse dans un grand terrier.
Ni une ni deux, Alice pénètre dans le terrier, marche dans une galerie, sorte de long tunnel... avant que le sol ne se dérobe sous ses pieds et qu'elle n'entame une chute vertigineuse au ralenti, une chute interminable, qui prend pourtant fin dans un atterrissage en douceur sur un tas de branches et de feuilles sèches.
Alice fait alors son entrée, si tant est qu'elle trouve la bonne clé, au pays des merveilles...
Je vous dirai quelques mots sur la suite, mais pas maintenant.
Une fillette dans un pays merveilleux, sous-entendu, loin de la rationalité barbante et prétendument cartésienne de celui des adultes, quoi de plus naturel !
Le merveilleux, l'impensable, l'irréel, le magique, l'envoûtant, l'ensorcelé, le fantastique sont les ingrédients du conte de fées et pourquoi celui d'Alice ferait-il exception ?
Il est original, d'un imaginaire riche en trouvailles, rebat les cartes ( j'espère que la Reine de Coeur ne m'entend pas et ne va pas réclamer ma tête...) des codes du genre dans lequel il a vocation à être, le dépoussière, le modernise... jusqu'à être célébré par les surréalistes, voyant en Carroll un écrivain subversif et révolutionnaire.
Alice a autant de légitimité littéraire que Pinocchio, Peter Pan, le Petit Prince et autres chefs-d'oeuvre universels, chefs-d'oeuvre dont la singularité consiste dans le fait qu'ils ont en quelque sorte échappé à la caractérisation du genre auquel ils semblaient appartenir pour être identifiés aujourd'hui à des mythes.
Lewis Carroll a donc écrit une histoire qui s'apparente au conte de fées : l'aventure d'une enfant soumise à des épreuves ou des obstacles qu'elle doit surmonter afin de trouver le chemin qui va lui permettre de " grandir ".
Identité et devenir sont apparemment les grands thèmes d'Alice au pays des merveilles, laquelle se questionne sur qui suis-je, suis-je vraiment, est petite ou grande " malgré elle "... avant de grandir naturellement et " d'envoyer balader " le jeu de cartes. Un conte que certains qualifient d'anti-conte...

Le second chemin, à mes yeux indispensable si l'on veut vraiment goûter à cette oeuvre, passe par la biographie de l'auteur et par la contextualisation de son ouvrage.
En effet, en dehors de la toxicomanie ( la longue chute " cotonneuse " en est une des nombreuses illustrations... ) de Carroll, qui joue un rôle moins souvent évoqué que ses penchants pervers pour celles qu'il appelait ses " amies-enfants " ; Alice Liddell, une des trois soeurs avec lesquelles il fait une promenade en barque ce 4 juillet 1862, qui est une jolie fillette âgée de huit ans et avec laquelle le " pédophile victorien " vit une histoire d'amour ( on peut voir Alice embrassant son maître sur une photographie... une de ces centaines de clichés, de petites filles avec lesquelles il entretenait une relation maladive et/ou pas platonique, qu'il photographiait dans des poses suggestives, voire nues ) lui demande de leur raconter une histoire. Et c'est pour elle qu'il va imaginer cette histoire, et c'est à sa demande qu'il la mettra par écrit, l'illustrera et qu'elle deviendra ce que l'on sait... générant une suite dans laquelle Alice s'endormant, fait un rêve dans lequel elle passe - de l'autre côté du miroir - ( titre du roman ) et vit de nouvelles aventures dans la campagne anglaise devenue un échiquier...
La genèse de l'oeuvre est la même dans le cas d'Alice que dans celle de Peter Pan. Sauf que pour J.M Barrie, les " commanditaires " ne furent pas les soeurs Liddell mais les fils Liewelyn Davies et l'inspirateur, Peter Liewelyn Davis.
Deux "amoureux " des enfants, deux enfants " indésireux " de sortir du monde de l'enfance.
Carroll écrira :
"Je donnerais bien volontiers toutes les richesses,
Fruits amers du déclin de la vie
Pour être à nouveau petit enfant
Durant une seule journée d'été..."
Difficile de ne pas prendre en compte et la toxicomanie et l'enfance toute victorienne de Carroll, un des onze enfants du Pasteur Dodgson ; Lewis était affligé comme six autres de ses frères et soeurs d'un bégaiement, bégaiement qui ne le quittait qu'en présence de ses " amies-enfants "
Sa mère qu'il vénérait, était une furie à la main leste... les flagellations fesses au vent en public étaient " main courante "... vous repensez à Sabina Spielrein et à Jung et vous comprenez comment un enfant peut transformer un châtiment corporel en expression d'une sexualité pervertie.
Dans le roman, il est facile, sans jouer les psychanalystes de passage, d'établir une corrélation évidente entre l'enfance violente subie par LC et Alice... dans le tableau qui met en scène la Duchesse, la cuisinière et le bébé. On hurle, on s'envoie des objets à la figure... jusqu'au bébé qu'on lance en l'air dans les bras d'Alice ; bébé qui n'est pas aimé et que l'on rabaisse au rang d'animal, le faisant ressembler à un cochon, ce qu'il finira par devenir...
Autre élément pour goûter au plaisir du livre de Carroll, c'est de savoir qu'il est intraduisible, truffé qu'il est de néologismes, de mots valise et de références à des expressions ( mot générique ) exclusivement anglaises... d'où le casse-tête des traducteurs.
Quelques exemples pour ne pas être trop long : le chat du Cheschire ( comté dans lequel a grandi LC ), qui existe vraiment et est " réputé " pour son sourire..., la " mock turtle soup " ( la fausse soupe de tortue ) qui a donné naissance au personnage de la " Tortue Fantaisie...peut-être est-elle autrement nommée dans d'autres traductions... ), le Chapelier et le Lièvre de Mars... tous ont des origines locales authentiquement significatives que Lewis a utilisées pour en faire des personnages.
J'ajoute un autre exemple, la Reine de Coeur et le Roi sont bien évidemment les figures parentales de LC.
Je crains d'être comme Alice en train de m'égarer.
Encore un mot sur le " nonsense ", l'absurde (" genre littéraire anglais dans lequel l'absurde, le paradoxe et la dérision naissent de jeux inventifs, voire extravagants, sur la langue ") auquel Carroll a recours, il est là pour susciter le rire et cela afin de ne pas pleurer face à l'absurdité du monde.
Dernier élément que l'on peut avoir à l'esprit, c'est " le syndrome d'Alice au pays des merveilles (d'après le roman écrit par Lewis Carroll), ou syndrome de Todd, décrit par le psychiatre britannique John Todd en 19551, lequel est un trouble neurologique qui modifie la perception de l'espace, du temps et de soi-même."
Il entraîne migraines, auras et phénomènes hallucinatoires.
LC souffrait de crises migraineuses pour lesquelles il avait consulté un grand spécialiste.

En conclusion, ce conte, anti-conte, écrit par un professeur trentenaire incapable d'avoir des relations avec des femmes, maladivement amoureux des fillettes, a été écrit pour séduire l'une d'entre elles, Alice Liddell âgée de huit ans.
L'homme est un génie ( il a écrit et publié des traités de mathématiques ), il va utiliser cette relation " amoureuse " pour revisiter le conte en l'adoptant tout en l'adaptant.
Alice a conscience de vivre un conte mais tout en le vivant, elle en profite pour s'en moquer. Elle y introduit des critiques : exemple la critique de la Duchesse qui veut systématiquement tout moraliser.
Il va néologiser, détourner les codes, recourir à des procédés nouveaux comme l'a fait le théâtre de l'absurde, en détournant le langage, et en faisant appel au nonsense.
Cela étant, tout dans Alice au pays des merveilles fait sens, tout est explicable et ce n'est pas pour rien que ce conte parti d'où j'ai fait déjà plusieurs fois mention est devenu un mythe. Une création qui a échappé à son créateur pour atteindre l'universel.

Lisez et relisez ce chef-d'oeuvre fou, écrit au second degré, magistral, inquiétant, envoûtant, intemporel.
"Si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ?" ( Lewis Carroll )
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Un vrai petit bijou d'absurde. Lu très jeune et ayant adoré ma lecture, j'ai vu et revu maintes adaptations de ce chef d'oeuvre littéraire. Je l'ai offert à ma filleule, à son jeu âge, et c'est devenu à elle aussi, un classique, un livre qu'elle garde précieusement dans sa bibliothèque. Profitant du challenge Multi-Défis 2017 j'ai replongé dans ce livre. C'est quand même un exercice très intéressant à faire. L'histoire me transporte toujours autant, mais je peux y lire à présent plus qu'un degré. Carroll était un drôle de fou. C'est truffé de petites pépites ironiques, sarcastiques… un vrai régal pour l'adulte que je suis devenue. Un roman marrant, touchant, vibrant. Une histoire extraordinaire, une aventure incroyable pour cette jeune Alice. Carroll ne la ménage pas, mais pas du tout. Des personnages plus hauts que nature qui croiseront sa route. Un lapin blanc pressé, un chapelier fou, une reine de coeur tyrannique à souhait. Qu'on me coupe la tête si vous n'appréciez pas ce très bon chef d'oeuvre !!!!
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Plus je lis des critiques d'Alice au Pays des Merveilles, plus je suis persuadée de la chance extraordinaire que j'ai eu de lire ce livre avant de voir le dessin animé de Disney et de faire travailler ma propre imagination, sans qu'on m'impose une quelconque vision des personnages et des décors;
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Vu et revu en film en diverses versions, la lecture reste sans grande surprise, cependant, certains chapitres notamment celui avec la tortue et le quadrille des homards, j'en avais aucun souvenir.
J'ai apprécié lire ce livre et tout en lisant, visionner les images cinématographiques.
On doit reconnaître que pour son époque l'auteur pouvait semble quelque peu "barré" voir "fou" mais à nos jours quel lecteur pourrait qualifier cet auteur de la sorte, le mot loufoque serait plus approprié ou original.
Cette histoire ne prend pourtant pas trop de rides, et restera intemporelle, et grâce au cinéma qui a su la rajeunir sans trop s'écarter de l'histoire originelle. Ainsi, notre Alice peut dormir sur ses deux oreilles, et le lapin courir après le temps, ce dernier s'est bel et bien arrêté au pays des merveilles, et il n'est pas prêt de s'évanouir à la mode du chat du Cheshire.
A lire sans complexe ni modération, ça fait toujours du bien de voyager au pays des rêves.
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Découvrez ou redécouvrez le mythique conte emblématique de Lewis Carroll, Alice au Pays des Merveilles, avec cet album sorti l'an dernier mais qu'on a voulu mettre en avant en cette rentrée de septembre 2021.

Ceux et celles qui le connaissent déjà pourront apprécier la nouvelle traduction sur mesure, qui revient aux origines du texte.
Elle propose une histoire réécrite au présent pour la première fois avec un style alliant humour et simplicité.
L'autre plaisir de lecture de cet album ce sont bien entendu les illustrations d'Aurélie Castex à la fois poétiques et élégantes et les 60 découpes que compte cet album.A propos des auteurs
Spécialiste d'Alice au Pays des Merveilles, Patrice Salsa est écrivain diplômé en sciences du langage et traducteur anglais et italien.
Aurélie Castex est illustratrice diplômée des Arts Décoratifs. Elle travaille régulièrement pour la presse magazine et l'édition.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je reviens de l'autre côté du miroir et une petite question me taraude depuis : "Que pouvait bien prendre notre très cher Caroll pour écrire ? "
Je m'explique. Si le pays des merveilles est parfois sans queue ni tête, traversé le miroir pour vous retrouver dans un monde encore plus loufoque, déjanter,... proche du delirium tremens, je ne trouverai jamais le bon mot. de plus, le livre ne manquant pas d'humour, choisir le meilleur passage se révèle difficile.
A lire absolument
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Alice enchaîne les péripéties sans aucun temps mort. On est entraîné à sa suite et on ne s'ennuie donc jamais ! Les personnages rencontrés m'ont beaucoup plu : ils sont loufoques et sympathiques. Leurs réflexions et celles d'Alice sont un pur délice, je me suis vraiment amusée pendant cette lecture.

Les petites notes dans le roman permettent de se rendre compte du talent de l'auteur pour les jeux de mots et les références aux jeunes filles pour qui il a inventé cette histoire.

Alice au pays des merveilles est une plongée en enfance et dans une fantastique imagination. C'est drôle, entraînant et très bien écrit. A ma grande surprise, c'est un coup de coeur.
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