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EAN : 9791033603498
236 pages
Artège (08/03/2017)
4.25/5   2 notes
Résumé :
C'est à son domicile de via degli Orsini, où elle initie une catéchèse qui s'inspire des principes éducatifs de Maria Montessori, que Sofia Cavalletti découvre à quel point les très jeunes enfants, et quel que soit leur milieu culturel, possèdent une connaissance innée et spontanée du mystère de Dieu.
Elle va donc développer une méthode, dont le point central est la parabole du bon Berger, qui permet aux plus petits de découvrir les textes bibliques en lien a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Fruit de l'expérience pratique de la catéchèse créée et développée par Sofia Cavalletti à partir de 1954, ce livre publié à la fin des années 70 est à la fois un témoignage, un manuel et un plaidoyer pour un nouveau regard sur l'enfant dans sa capacité spirituelle.
Un ouvrage de référence, publié en deux tomes (celui ci étant le premier), incontournable pour quiconque s'intéresse à la transmission de la foi, la spiritualité de l'enfant, mais aussi pour tous et toutes qui s'intéressent à la pédagogie de Maria Montessori.

Effectivement, dans la pensée développée par la célèbre et désormais très à la mode médecin italienne, l'accompagnement dans l'ouverture de l'enfant aux choses spirituelles-autant dire religieuses- n'est pas une option. Maria Montessori a écrit trois livres sur ce sujet publiés au début des années 30: L'enfant dans l'Église, La vie en Jésus-Christ et La messe vécue pour les enfants. Cet aspect de sa pédagogie n'est pas le plus mis en avant dans le contexte actuel et n'a pas vraiment été intégré par l'Église catholique qui ne mène aucune réflexion solide sur le plan anthropologique sur le statut de l'enfant.

À partir des années 50, Sofia Cavalletti, éminente bibliste, expérimente la grande soif spirituelle des enfants qui lui sont proches. Elle s'interroge sur une catéchèse qui soit adaptée à la perception du monde et au besoin d'absolu de ces bambins capables de découvrir par eux même la puissance des messages signifiés par les Évangiles, de prier avec ferveur et spontanéité, de manifester une compréhension des Écritures surprenante.

Accompagnée de Gianna Gobbi, collaboratrice de longue date de Maria Montessori, elle élabore patiemment et formalise la catéchèse dite "du Bon berger", adaptée aux bambins de 3 à 6 ans, présentée dans cet ouvrage, et son corollaire pour les enfants de 6 à 12 ans.
Mise en place dans des "atrium", lieux d'église adaptés aux enfants, cette pédagogie d'abord pratiquée à Rome s'est diffusée en Italie dans le milieu des années 60 puis aux USA à partir de 1975. En France il a fallu attendre le milieu des années 2000 pour que des femmes inspirées importent le Bon berger en se formant à Rome.

Basée sur le grand respect du potentiel de l'enfant à développer sa vie spirituelle, cette catéchèse s'attache à apporter un cadre à l'enfant qui lui permette d'entrer en contact avec la réalité d'amour contenue dans le christianisme, à travers les signes qui peuvent le toucher directement.
À l'inverse d'une catéchèse de transmission d'un contenu il s'agit de mettre l'enfant en présence de l'écriture, les gestes liturgiques, les objets ou personnages à manipuler, les géographies à explorer. L'autrice souligne même que les enfants sont des maîtres pour les adultes dans un chemin de dépouillement qui revient à l'essentiel du contenu de notre foi.

C'est cette forme d'ascèse dont Sofia Cavalletti décrit le cheminement qui amène l'adulte à se positionner non comme un enseignant mais comme un témoin d'étonnement, d'émerveillement. Il s'attache à donner aux enfants, qu'il considère avec le plus grand des respects, les moyens de construire leur vie spirituelle sur le fondement de l'amour, qui sera plus tard la base de leur réflexion morale, encore inaboutie à cet âge.

Évidemment ce positionnement de grande humilité de l'adulte devant l'enfant n'est pas naturel dans un monde catholique très paternaliste et patriarcal. La réflexion de Sofia Cavalletti, intellectuelle de haut vol, est solidement argumentée, nourrie de références et étayée d'exemples issus de son expérience dans son atrium.
Au delà l'autrice propose une réflexion passionnante sur le pourquoi et comment de l'acte de transmettre et d'enseigner, et sur la relation magnifique de richesse entre l'enfant, le Christ, et l'adulte. Elle livre une vision de l'enfant, de sa capacité à se nourrir de la foi, éclatante d'espérance et de beauté.

On aimerait que nos grands théologiens et penseurs catholiques si préoccupés du sort des enfants "à naître" s'intéressent un peu à ceux qui sont déjà nés et à qui on transmet une vision si pauvre et minable du trésor de la foi chrétienne, parce qu'on les prend pour des niais, des êtres inférieurs aux adultes.
On aimerait que les enfants soient respectés dans leur immense "capacité de Dieu" et autorisés à vivre dans la "jouissance du monde" dont parle Sofia Cavalletti plutôt que de les briser par des exigences morales absurdes.

Plaidoyer pour une catéchèse débarrassée de tout adultisme, le potentiel religieux de l'enfant est également un vibrant appel à reconnaître la dignité spirituelle supérieure des bambins.

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il va de soi qu'une éducation morale est nécessaire, tout comme un certain apprentissage de l'effort et du sacrifice, mais "il y a un temps pour tout" comme le dit le livre de l'Ecclésiaste, et l'enfance n'est pas le temps de l'effort moral. L'enfance est - à notre avis - une époque de développement tranquille, où l'enfant, encore libre de tout souci, peut se donner entièrement - et il le fait, dès que les conditions le lui permettent - à la jouissance des personnes et des choses qui lui sont données. Après six ans, de nouveaux facteurs entrent en jeu et l'horizon cesse à jamais d'être aussi dégagé. Le temps où mettre l'accent sur l'oeuvre de l'homme viendra, celui pour une invitation à l'engagement moral au niveau des comportements aussi, mais autant ne pas anticiper les choses en confondant les époques. Ce faisant, nous privons l'enfant de l'accès à cet aspect de Dieu dont il a le plus besoin et nous mettons à mal - à notre avis - jusqu'à son éducation morale qui doit reposer sur l'amour et être la réponse de son amour à l'amour que Dieu lui a donné. Nous nous méprenons sur le visage même de Dieu
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Quand nous présentons la parabole du bon Berger aux enfants, nous leur annonçons l'amour protecteur du Christ; c'est ensuite l'enfant lui-même - comme nous l'avons vu - qui, en faisant l'expérience de l'amour de maman, de papa, des frères et soeurs, des amis, etc., «lit» cet amour par rapport au bon Berger. Dans ce cas précis, l'un des termes du signe est fourni par la catéchèse, l'autre par l'expérience; non seulement l'enfant cherche à faire le lien entre ces deux éléments, mais il trouve seul l'un des deux, en voyant dans le plus petit le reflet du plus grand. L'enfant lit avec la clé christologique le signe éthique de l'amour dont il fait l'expérience.
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L'étonnement est une valeur dynamique qui nous pousse non pas à l'affairement, mais à l'activité, une activité à laquelle nous allons nous consacrer comme plongés dans la contemplation de quelque chose qui nous dépasse. La particularité de l'étonnement consiste probablement dans le fait que l'on y trouve ensemble, indissociablement mêlées, l'activité et la contemplation.
Je précise tout de suite que par émerveillement, je n'entends pas «Alice au pays des merveilles», L'émerveillement est une chose très sérieuse qui loin de conduire hors de la réalité ne peut surgir que d'une observation attentive de celle-ci. L'éducation à l'étonnement se traduit par une éducation qui nous aide à pénétrer de plus en plus profondément dans la réalité. En survolant les choses, nous ne serons jamais étonnés de quoi que ce soit. L'émerveillement n'est pas une émotion propre aux gens superficiels; il ne peut prendre racine que chez ceux qui sont capables de poser leur esprit sur les choses et savent s'arréter à les regarder.
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De plus, il y a la conviction - bien qu'elle ne soit pas souvent clairement avouée - que I'enfant n'est pas capable de recevoir des choses si grandes. Je crois que la réalité est tout autre: c'est nous, au contraire, qui sommes incapables de les leur transmettre avec la simplicité essentielle nécessaire, et la soi-disant incapacité de l'enfant n'est qu'un alibi pour dissimuler notre ignorance et nous épargner une recherche ultérieure et plus approfondie. Il est bien plus commode et moins complexe de parler à l'enfant de l'ange gardien, que du Christ mort et ressuscité. La « théologie » au sens fort du terme n'est pas une science de luxe; chaque fois que nous nous montrons incapables de la transmettre aux enfants et aux ignorants, il nous faut nous remettre en question et en approfondissant la chose, nous nous apercevrons que cela dépend de notre ignorance.
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L'enfant- qui « n'a pas son égal en tant qu'être métaphysique » - a montré une joie et une dignité particulières quand on a ouvert devant lui les portes de l'infini.
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