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EAN : 9782757811047
194 pages
Points (24/09/2009)
3.82/5   11 notes
Résumé :

Réunissant des poèmes de chacun des recueils de Jean Cayrol, ce volume offre une vision complète de son oeuvre. L'oeuvre d'un homme marqué par ta terrible expérience des camps et qui était porté par l'" étrange privilège d'être né deux fois ". La poésie de Cayrol témoigne de ces temps de souffrance, mais s'en arrache aussi dans une espérance inouïe et contagieuse. Ces textes, é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Pas un coup de coeur pour moi, peut-être en raison de la dimension souvent religieuse de son oeuvre, mais une belle découverte en tout cas!

Résistant déporté au camp de Mauthausen-Gusen, Jean Cayrol survivra mais restera marqué évidemment, même s'il a toujours voulu se mettre à distance en tant que témoin. Ses poèmes sur cette terrible période seront repris par Alain Resnais pour son film " Nuit et brouillard".

La première partie de cette anthologie est surtout tournée vers Dieu, un Dieu qu'il appelle, qu'il interroge. Et je reconnais que ses élans sincères et nus m'ont touchée, moi, l'athée. Et c'est tout l'art et la sensibilité du poète, que de susciter l'émotion du lecteur, quelles que soient ses opinions à ce propos. Certains vers sont si intenses et bouleversants:

" Mon Dieu, je suis la place mal éclairée
où des ombres s'en vont toutes belles de pluie"

Et tout son hymne à la Vierge est magnifique, car elle fusionne avec la nature.

J'ai néanmoins préféré la deuxième partie, surtout les poèmes dédiés à Jeanne, sa femme rencontrée après son retour de l'enfer concentrationnaire.

" Il ne neige jamais sur nos rires et nos pleurs,
la lavande de ses yeux éblouit le chemin,
les épis moissonnés s'engrangent dans nos coeurs"...

Des images puissantes, des envols de pureté illuminent ce recueil pourtant assez sombre, hanté, on s'en doute, par la mort, les interrogations sur le destin.

" Tant de morts qui rêvent à l'ombre de ma vie
la bouche ouverte au sable de la nuit"

J'ai apprécié aussi les deux pages de la préface de " Pour tous les temps" , où Jean Cayrol essaie de définir la poésie. C'est juste et très beau:

" Poésie pour tous les temps, pour toutes les rumeurs, pour toutes les lèvres. (...) La poésie de tous les temps fait feu de tous bois, otage dans votre bonheur, soleil déluré dans vos rancunes. (...) Elle vous tient en haleine, en alerte."

le dernier poème, écrit en 2000, cinq ans avant sa mort, résonne comme un testament. Il se termine ainsi:

" J'avais l'histoire à raconter, vivant,
Raconte-moi, veux-tu, si je suis ton histoire
Allumez-vous, douces lueurs de l'avenir. "
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Poète, romancier, éditeur, l'oeuvre de Jean Cayrol traverse le XXe siècle. Déporté à Mauthausen-Guzen, il fit de l'écriture un acte de survie. A la libération du camp, ses poèmes furent égarés, puis lui furent envoyés sous pli anonyme d'Allemagne. Son oeuvre est dominée par la figure de Lazare, allégorie de celui qui revient d'entre les morts. Oeuvre sombre donc, qui donne du monde une dimension absurde où le seul espoir émane de l'être aimé.
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attachant mais difficile à comprendre
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Jeux floraux
PAROLES EN L'AIR


Je ne me souviens plus
si nous sommes vivants

Je ne me souviens plus
si le vent va durer

Je ne sais plus très bien où
j'ai mis ma mémoire

Je ne sais plus très bien
si je fuis
où je fuis

L'arbre se meurt
avec les oiseaux de l'l'oubli

Le soleil mord sa poussière
et c'est la nuit

Je détourne de mon chemin
qui me parle du temps

Le silence appelle mes frères d'autrefois
et la soie du ciel bleu
craque entre mes doigts palis

J'avais l'histoire à raconter, vivant,
Raconte-moi, veux-tu, si je suis ton histoire
Allumez-vous douces lueurs de l'avenir.

Octobre 2000

p.189
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Poèmes irréfléchis


Je reviens de si loin que j'ai peur de me perdre ;
je laisse un long sillage environné de chiens.
Voici que tombent enfin mes cordes et mes liens
et je retourne lentement vers l'usure de mes lettres.

Un oiseau m'a crié : « dépêche-toi mon vieux ».
Nous avons soutenu la saison au soleil,
nous n'avons rien pu faire dans le creux de mes veilles
et Jeanne a répondu que c'était beaucoup mieux.

Alors laissons venir le froid de la saison.
La neige rôde pareille à ce mirage
qui ne sait plus très bien ni mon nom, ni mon âge

et tout se tait dans le doux fruit de la maison.


Je me tiens sur le bord étroit d'une lisière
d'où je contemple la campagne avoisinante,
une mince et blanche écume du côté de la mer,
des coteaux où la vigne a grimpé sur leurs pentes.

Suis-je le vendangeur que le raisin espère ?
1989

p.167
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J'avance à pas d'herbe,
dans ce haut remuement des rêves,
dans ce sous-bois orange et noir
où se lève
un vent géant plus faible
que ce faux soir
dans la grande pause du Verbe.
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Mais par tous les temps un grain de raisin
un peu de lilas blanc.
Mais par tous les temps, un pas de facteur
un air raisonneur, la douce impatience.
Mais par tous les temps le droit de me dire
je peux bien en rire
c'est l'AFFAIRE DU VENT.
Mais par tous les temps et sans savoir quand.
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A chaque jour suffit sa nuit,
à chaque plaie suffit sa lance,
à chaque dent suffit son fruit,
à chaque mort notre silence.
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Video de Jean Cayrol (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Cayrol
Jean Frémon de quelques rencontres (Paul Otchakovsky-Laurens, Pierre Morhange, Jacques Dupin, etc.) - : où Jean Frémon, -à l'occasion de la parution de son livre " le Miroir magique"-, se souvient notamment de sa rencontre avec Paul Otchakovsky-Laurens et de ses deux mères, de la revue Strophes et de Pierre Morhange, de Bernard Noël et de Jean Cayrol, de Jacques Dupin et d'Aimé Maeght, de Samuel Beckett et de Maurice Blanchot et où il est question d'édition, de poésie et de prose.
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