En plein préparatifs d'une course de chevaux à Sienne, le désormais célèbre banquier Vasco Baglioni est enlevé par des anciens acolytes. Ils se rendent à Jérusalem mais leur vraie destination est Ispahan, en Perse. C'est que la princesse byzantine Sophie y est retenue prisonnière et on espère le concours du jeune homme pour la délivrer. Pour y parvenir, il peut compter sur son nouvel allié, le baron français van Loo. C'est un genre de capitaine Haddock, un peu cupide (on se rappelle que, dans le dernier tome, il n'avait suivi Vasco que dans l'espoir de mettre la main sur le trésor de la secte des Cathares), plus prompt à se servir de ses muscles que de sa tête. Mais il est sympathique. Et son apparence lui sied, avec ce sourire rapace et ce début de calvitie à l'arrière, des menus détails qui personnalisent l'individu et démontrent le talent et l'imagination du dessinateur.
Ce neuvième tome de la série de bande dessinée Vasco nous entraîne sur les routes de l'Orient, sur des chemins remplis d'obstacles. Un monde où Arabes, Perses, Turcs et Mongols s'entre-déchire pour contrôler la région, un monde un peu moins familier au jeune homme qui illone l'Europe depuis quelques années. En cours de route, Vasco retrouvera son frère Lorenzo et devra compter sur son assistance. Ce dernier me laisse toujours perplexe, il est prêt à trahir sa patrie, son honneur et parfois même sa famille (qu'est-ce que certains ne feraient pas pour de l'or ?) alors je ne sais jamais si sa présence est une bonne ou une mauvaise chose pour le jeune banquier.
C'est seulement la deuxième fois que les lecteurs peuvent apprécier les splendeurs de Sienne, la ville d'origine de Vasco. On peut y admirer la
cathédrale, sa grande place, ses tours et ses palais. L'attention aux détails de l'auteur-dessinateur
Gilles Chaillet se manifeste à bien des endroits, mais mon préféré est l'intérieur du palais de Messer Marzocchio, rempli de fresques colorées. Un autre dessinateur aurait pu n'afficher qu'un mur quelconque, terne et plat.
Pareillement pour Jérusalem (l'intérieur du Saint-Sépulcre est bien réussi, on y retrouve Jean VI Cantacuzène déchu et inquiet) et, surtout, Ispahan, avec ses murailles, le palais du Grand Vizir, les jardins du palais des Mille Parfums. L'esthétique musulmane a été reconstituée avec merveille. Et que dire des tenues avec turbans, des tapis et le luxe de l'Orient ! Il faut donc saluer la participation de
Chantal Defachelle aux couleurs et
Julien Grycan aux décors.