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sur 1706 notes
J'avais découvert les personnages de Tyrone Meehan et d'Antoine le luthier dans un précédent livre de Sorj Chalandon « Le traitre ». Ma fille m'a prêté ce livre en me disant que ‘en saurai plus sur ce « traitre ». Effectivement, j'en sais plus mais j'ai encore beaucoup de questions.
Un livre dédié à la vie de Tyrone Meehan et de sa famille. Un livre dur, fascinant et qui tout nous narrant son parcours, nous fait plonger dans les réflexions humaines. Meehan, après un parcours exemplaire de résistant et d'activiste, va trahir. Pourquoi, comment ? Je ne vais pas vous livrer le secret, je vous laisse le découvrir.
Ce livre, remarquablement écrit, me soulève trois questions :
La première est celle du double jeu que Tyrone va jouer pendant 20 ans. Peut-on être soi-même et quelqu'un d'autre ? J'avais lu, il y a quelques années, un livre d'un auteur américain, Ken Jacobson, qui parlait des gens qui, pendant la seconde guerre mondiale, avait du vivre sous une autre identité pour échapper aux Allemands et qui, longtemps après la fin de la guerre, ne savaient plus qui ils étaient.
La deuxième porte sur l'image de soi, celle que vous voulez donner ou celle que les autres vous collent. Tyrol est prisonnier d'une image, celle du héros exemplaire et line peut s'en sortir. Comment it-on avec l'image que vous attribue les autres ?
La troisième est celle du poids de la famille. Tyoe a été fortement influencé par son père. Mais, à priori, il sera seul à aller aussi loin dans cette démarche de résistant. Un seul de ses frères y entrera mais renoncera finalement. Les autres vont émigrer. Alors, est-ce pour l'amour et l'admiration de sa femme, Sheila, qu'il va aller au bout du chemin ? La chute n'en sera que plus rude.
U très beau livre sur l'Irlande, une sale guerre et la notion de fidélité. Après tout, qui n'a jamais trahi ses croyances ? Onn'en sort que plus interrogatif sur soi-même.
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Ils étaient protestants, nous étions catholiques.
Ils étaient loyalistes et unionistes, nous étions républicains et nationalistes.
Ils nous traitaient de terroristes, mais c'étaient eux les envahisseurs.
Ils avaient une armée d'État mais nous avions le peuple, et nous avions l'IRA ! L'IRA et ses valeureux combattants, l'IRA et ses idéaux d'honneur et de justice, l'IRA et ses factions secrètes aux ramifications nombreuses, l'IRA et son réseau de commandement nébuleux où figurait en bonne place le grand Tyrone Meehan, héros s'il en est, vaillant soldat nord-Irlandais et narrateur de cette terrible histoire.
Il y avait "Eux", il y avait "Nous". Tout semblait clair, et pourtant...

Le brave d'entre les braves, celui qu'on ne pouvait soupçonner, lui pour qui "Britannique" n'a jamais été que l'autre nom du salaud, celui-là même nous a trahi. Et comme Tyron l'écrit ici noir sur blanc, "un traître [...] c'est comme une grenade à fragmentations. Ça balance des petits éclats dans tous les sens. Tout le monde est blessé avec un traître. Et c'est difficile de s'en remettre."
Je confirme.
Difficile de sortir indemne de ce récit sombre et poignant, superbement écrit, qui prend aux tripes autant qu'il interroge.
Où sont les bons, où sont les méchants ?
Qui a posé la première bombe, qui a versé le premier sang ?
Comment enraye-t-on une telle spirale de violence ?
Peut-on raisonnablement espérer que des hommes biberonnés à la haine ("Mon crédo était enfantin : "Brits out". Les Britanniques dehors. Mon père m'avait laissé cette certitude en héritage, rien de plus") soient un jour en mesure d'envisager la désescalade ?
Comment croire que ces hommes terrorisés depuis des décennies par l'idée de la paix ("la guerre était ma vie"), ces hommes prêts à mourir les uns pour les autres ("mourir, vraiment, et certains d'entre nous allaient tenir promesse") sans jamais s'interroger sur la justesse de leur cause ("poser des questions, c'était déjà déposer les armes"), puissent seulement songer à l'idée d'un compromis ?

Fort d'une parfaite connaissance historique*, d'une grande inventivité dans la construction de son intrigue et d'une incontestable aisance stylistique, Sorj Chalandon m'a une fois encore conquis.
Par la voix de Tyron Meehan (jumeau fictif de Denis Donaldson, activiste emblématique de la lutte armée assassiné en 2006, et ami intime de l'auteur), il met superbement en lumière ces terrifiantes années de conflit nord-irlandais que je connaissais finalement très mal.
Chalandon évite avec finesse le piège du manichéisme facile, et propose avec ce personnage torturé, qu'il n'absout pas plus qu'il ne le condamne, un portrait rempli d'humanité. Je garderai de lui un souvenir très fort, celui d'un homme fatigué par une vie de lutte, acculé, rongé de doute et déchiré de blessures profondes ("toute ma vie j'avais recherché des traîtres, et voilà que le pire de tous était caché dans mon ventre"), mais qui porte néanmoins un regard lucide sur ses erreurs passées et sait la fin qui l'attend.

Un texte puissant et subtil, un drame d'une grande intensité, une lecture comme je les aime.

♫ "Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp"... ♫ 🇮🇪


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* Sorj Chalandon, lorsqu'il évoque ses deux romans Mon traître (2007) et Retour à Killybegs (2011) insiste sur l'absolue exactitude, référentielle et historique, de tous les événements qui y sont narrés.
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Retour à Killybegs c'est l'histoire de Tyrone Meehane, le Traître du précédent roman de Sorj Chalandon. Et pour tous ceux qui auront déjà lu Mon traître, ce roman se pose en contrepoint idéal, permettant de revivre les événements déjà aperçus mais cette fois sous un autre point de vue, celui de Tyrone Meehane, combattant de l'IRA, figure révérée et admirée et... traître, oui.

Dans ce roman, Sorj Chalandon entremêle brillamment deux voix et deux temporalités : d'un côté, la vie du petit Tyrone, enfant d'une famille nombreuse pauvre irlandaise au père prématurément disparu, et de l'autre ce même Tyrone devenu vieux qui sait qu'il n'a plus longtemps à vivre, ses anciens alliés allant forcément l'exécuter maintenant que sa trahison est connue. Dans ces 2 récits, l'auteur sait trouver le ton juste pour nous faire ressentir les événements et toute la complexité de ce personnage. On y découvre la misère de l'Irlande des années 50, l'occupation anglaise implacable entretenant une atmosphère d'humiliation permanente pour les irlandais, les brimades commençant dès la frontière entre l'Eire et l'Irlande du Nord. Toute la force du récit réside dans le talent de l'auteur pour nous faire comprendre de l'intérieur la violence omniprésente, l'atmosphère dans laquelle grandit Tyrone et qui va faire de lui un combattant de l'IRA et surtout l'inéluctable enchaînement d'événements qui va conduire à une haine irrémédiable entre occupants anglais et irlandais.

Retour à Killybegs est un roman bouleversant, jamais un mot de trop, pas de grands discours ou de grandes théories politiques, juste un peuple humilié, brimé qui se révolte et qui va se heurter à l'intransigeance de Mme Thatcher. Comment ne pas être horrifié et révolté par la description des conditions de détention des prisonniers irlandais, par la manière dont le pouvoir d'alors laissa pourrir la situation, jusqu'à la grève de la faim, jusqu'à l'inéluctable ? C'est un roman d'une force absolue qui montre que rien n'est jamais tout blanc et tout noir. Alors que dans Mon traître on voulait comme Antoine haïr cet homme qui avait ainsi pu trahir sa cause et les siens, on est ici comme étouffé par la nasse inéluctable qui s'est refermée sur Tyrone. Qu'aurions-nous fait à sa place ? Quel destin reste-t-il quand on ne vous laisse aucune chance de vous en sortir et qu'un pouvoir omniprésent a décidé de vous opprimer ?

Alors que je connaissais très peu du conflit irlandais, si ce n'est les quelques informations vues de ci de là dans mon enfance sans toujours en comprendre les tenants et aboutissants, ce livre m'a permis de mieux comprendre les origines de cette terrible guerre sans jamais être ennuyeux ou donneur de leçons. Retour à Kyllibegs est un roman qui m'a bouleversée alors que ce sujet ne m'intéressait pas particulièrement, un roman qui m'a donné envie de me rendre moi aussi en Irlande boire une bonne bière ou découvrir ce pays de l'intérieur. Avec tout le talent de Sorj Chalandon, c'est aussi un récit que j'ai trouvé universel sur la liberté, l'engagement et même le destin et les choix qui s'imposent à vous dans les périodes troublées. Un magnifique roman, un coup de coeur qui me donne encore plus envie de découvrir les quelques autres titres que je ne connais pas encore de cet auteur avec qui je n'ai jamais été déçue.
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Le journaliste Sorj Chalandon écrit avec "Retour à Killybegs" un roman sur une trahison, celle d'un militant irlandais de l'IRA, Tyrone Meehan. le nom a été changé, mais les évènements sont inspirés de faits réels. le livre s'arrête sur la découverte de l'IRA à 18 ans pour Tyrone Meehan et sur l'histoire de son enrôlement tôt. On suit le cheminement dans la tête du personnage, comment il en vient à la lutte armée et dans quel contexte. En parallèle, le récit alterne avec l'écriture des mémoires de ce même Tyrone Meehan lorsqu'il revient à Killybegs des décennies plus tard pour laisser ressurgir ses souvenirs. Il se sent d'ailleurs en danger lorsqu'il revient sur les terres de son passé, car il est maintenant un traitre au service du contrespionnage britannique aux yeux de tous. Sorj Chalandon avec l'acuité qu'on lui connait décrit l'intérieur du conflit nord-irlandais et le contexte avec beaucoup de précision. On est complètement emporté par l'écriture et le ton du livre. Petit à petit on découvre les zones d'ombre pour comprendre comment il devient un traitre. Et petit à petit on se rend compte que ses pairs se méfient de lui à raison. Sorj Chalandon questionne la place de la guerre et de la lute dans une vie avec beaucoup de justesse. Les romans de l'auteur sont marquants et celui-ci ne fait pas exception.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Retour à Killybegs// Sorj Chalandon// Grand Prix du roman de l'Académie Française 2011
Avant de se plonger dans la lecture de ce récit passionnant et très bien écrit, il convient pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire de faire un bref résumé historique concernant l'Irlande.
Dès le début de la période historique (VIè siècle av. J.C.), l'Irlande est une terre celtique dont le peuple parle le gaélique. Les Celtes sont arrivés principalement d'Espagne et ne seront jamais colonisés en Irlande par les Romains.
Au cours du IV é siècle la christianisation s'étend sous l'action de Padraig ( Saint Patrick).
Au IX é siècle ont lieu les invasions des Vikings qui ravagent l'îlet massacrent les habitants.
Puis c'est la conquête anglaise et la couronne anglaise domine toute l'île à partir de 1494. En 1541, Henri VIII, protestant, se proclame roi d'Irlande.
Une première révolte contre l'envahisseur se déclare en 1641 matée par Cromwell. La moitié de la population est massacrée (Drogheda et Wexford).
Les lois anticatholiques de Guillaume III sont promulguées en 1695.
Nouveau soulèvement en 1798 avec la première République de Connaught. La réaction anglaise est terrible et en 1800 l'Acte d'Union rattache totalement l'Irlande au Royaume Uni.
Création en 1905 du front de résistance Sinn Féin.
En 1916, c'est l'insurrection de Pâques à Dublin qui proclame la République avec James Connoly. Les anglais écrasent cette nouvelle révolte mais un nouveau soulèvement survient en 1918 qui va durer trois ans.
Le traité de Londres en 1921 après négociations aboutit à la partition de l'île avec un dominion catholique Irish free state et l'Ulster protestant. Ce traité ratifié par le Dàil Éireann, mais rejeté par la majorité de la population.
D'où une guerre civile irlandaise jusqu'en 1923 opposant les partisans d'une indépendance complète aux adeptes d'un compromis avec la couronne anglaise. Ce sont les premiers, vainqueurs de la guerre civile qui prenne le pouvoir.
Mais en 1932, les opposants du Fianna Fàil, menés par Éamon de Valera remportent les élections et Valera abolit le traité d'allégeance.
C'est en 1949 qu'est proclamée la République d'Irlande qui quitte aussitôt le Commonwealth.
L'Ulster de majorité protestante, reste au sein de la couronne.
Les heurts entre cette majorité et la minorité catholique ne cesseront jamais et prirent particulièrement de l'ampleur de 1960 à 1998, année qui sera marquée par un accord entre les deux communautés. (Accord du Vendredi Saint ou de Belfast qui est signé par les deux Irlandes et le Royaume Uni)
L'histoire de Tyrone Meehan qui est le narrateur, né en 1925, commence peu à près sa naissance quand il doit subir les violences physiques de son père Padraig, gueule cassée et regard de glace, alcoolique invétéré et homme brutal avec son entourage.
« Ancien de l'IRA, vétéran légendaire, grande gueule magnifique, conteur de veillée, chanteur de pub, joueur de hurling, le plus grand buveur de stout jamais né sur cette terre du Donegal… »
Avant de devenir méchant, il fut un poète irlandais. de rares moments d'attention surviennent qui marque nt l'enfance de Tyrone :
« Une fois, sur le chemin du retour de promenade, il a pris ma main. Et moi, j'ai eu mal. Je savais que cette main redeviendrait poing, qu'elle passerait bientôt du tendre au métal. Dans une heure ou demain et sans que je sache pourquoi. Par méchanceté, par orgueil, par colère, par habitude. J'étais prisonnier de la main de mon père. Mais cette nuit-là, mes doigts mêlés aux siens, j'avais profité de sa chaleur ? »
À la mort du père, la famille au complet quitte Killybegs, tout au nord-ouest de l'Irlande, passe la frontière et s'installe chez l'oncle Lawrence Finnegan, frère de sa mère, à Belfast.
Les ennuis pour les catholiques de Belfast commencent en 1941 et n'auront de cesse.
Tyrone va connaître la prison, la liberté puis encore la prison.
Nous sommes en 2006 et Tyrone fait le pèlerinage à Killybegs. Mais ce n'est pas un retour comme on aurait pu s'y attendre. Il a trahi ses compagnons et ses idéaux, et peu à peu le lecteur découvre le piège dans lequel il est pris et dont les mailles se resserrent en une suspense allant crescendo.
Dans un style d'une grande sobriété et parfaitement maitrisé, l'auteur par la bouche de Tyrone nous conte cette histoire chargée d'émotion et de violences. L'horreur atteint des sommets au cours des emprisonnements successifs de Tyrone.
« En mars 1978, battus chaque fois qu'ils allaient à la douche, les gars ont brisé leur mobilier et refusé de sortir des cellules. En représailles, les gardiens ont tout vidé, ne laissant que les matelas sur le sol. Quelques jours plus tard, ils n'ont plus sorti les tinettes. Lorsqu'elles ont débordé, les soldats républicains ont décidé de pisser par terre, de chier dans leurs mains et de répandre leurs excréments sur les murs. Lorsque je suis entré au bloc H4 du camp, le jeudi 1er novembre 1979, cela faisait trois ans que trois cents camarades étaient nus dans leur couvertures (ils refusaient de porter le costume carcéral anglais) et vivaient dans leur merde. » Hallucinant !

L'incompréhension entre Tyrone revenu à Killybegs en 2006 et son fils Jack tout jeune soldat de l'IRA est un moment particulièrement pathétique :
« Il a froncé les sourcils. Il semblait ne pas comprendre. À reculons, il a pris le chemin qui mène à la route. Sans un mot. Il est parti de face. Il quittait la maison, son enfance, le vieux puits, la flamme caressante des bougies, les lutins, la forêt, il quittait le village de ses ancêtres, son père, toute l'Irlande que je lui avais donnée. Il marchait les bras écartés. Il trébuchait sans voir. Mon enfant, mon fils, mon petit soldat. Il pleurait. Il était bouche ouverte en masque de souffrance. Il fuyait. Il se sauvait de moi. »
31 décembre 2006 : Tyrone le « traître » a 81 ans ; il est un homme traqué dans la cabane familial de Killybegs. Il écrit tout ce qui lui passe par la tête, ses mémoires et ses réflexions en quelque sorte ; sa femme Sheila qui réside à distance à Strabane en raison du danger, vient avec le nécessaire pour fêter le réveillon. Un moment de paix et de grande émotion, une cérémonie douloureuse. Avant l'issue inéluctable…
Un grand livre logiquement couronné par l'Académie française.



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Après la lecture de Mon Traître, Sorj Chalandon nous fait traverser le miroir, sortir de la vision parcellaire d'Antoine pour vivre pleinement la traîtrise par l'homme qui l'embrasse. Encore un coup de maître, une plongée dans l'Irlande du Nord de la seconde moitié du XXème, des soldats en herbe aux prisons de la dirty war, en passant par la complexité entre douleur et sentiment du devoir. Une lecture dont il est difficile de s'extraire, prenante, saisissante, une poésie violente, un style autant fluide que délicat.
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Voici la poignante histoire de Tyrone Meehan, officier de l'armée républicaine irlandaise, devenu traître et agent britannique. C'est aussi une puissante réflexion sur la liberté, l'engagement, la dignité, le fierté, la loyauté. C'est encore le récit terrible de la lutte pour l'indépendance d'un peuple fier et courageux. C'est enfin une somptueuse méditation sur la force et la faiblesse, l'amitié et la fidélité, la violence et la générosité...
C'est le complément indispensable de "Mon traître" du même Sorj Chalandon où l'on avait découvert la parcours dramatique de Tyrone Meehan au travers du récit de son ami français Antoine.
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Sorj Chalandon a publié un roman, "mon traître", qui était un texte, si j'ai bien compris, sur la découverte que son ami avait trahi l'IRA.
Je n'en dirai rien, je ne l'ai pas lu.
Pour celui-ci, il donne la parole au félon, au renégat, vomi par les siens. Il essaie de comprendre ce qui a pu le pousser à trahir sa cause.
Tout n'est pas blanc ou noir évidemment, et ce traître est une belle âme que la soif de paix mais surtout la fatigue a rendu "faible" et sensible aux sollicitations du camp adverse.
Nous qui avons connu cette période où, quasi quotidiennement, on annoncait un meurtre ou un attentat d'un côté ou de l'autre, on comprend bien la complexité qui rend ce roman au texte épuré, puissant et saisissant.
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C'est un roman âpre où la dureté des hommes « transpire » à chaque page, sous-jacente dans les mots autant que dans les regards ou les actes.

Prisonnier de la brutalité de son père : « Je savais que cette main redeviendrait poing, qu'elle passerait bientôt du tendre au métal. » Tyrone fera des choix et avancera dans la vie. Il ne sera pas toujours compris et c'est à travers son journal intime que nous découvrirons certains faits.

L'écriture est hachée, saccadée, comme autant de coups de poing, quand la violence coupe le souffle et que les mots sont difficiles à trouver. Puis, parfois, elle est plus posée, moins « agressive ».

J'ai commencé ce roman avec beaucoup d'envie et d'enthousiasme mais l'intensité a diminué au fil de la lecture. Je n'ai pas réussi à m'expliquer pourquoi. Peut-être parce que j'ai trouvé une certaine forme de répétitions dans les scènes d'affrontement. J'aurais souhaité une approche plus complète des conflits, plus « historique » sans doute.

Par contre, j'ai bien apprécié la « forme », c'est-à-dire la voix du jeune Tyrone alternant avec celle de Tyrone vieilli, blessé, désabusé… Ainsi que les discussions sur la trahison (est-ce trahir que de faire des choix pour protéger un secret ?)

Donc un ressenti en dents de scie bien que je reconnaisse la qualité de l'ouvrage.
Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Bouleversant destin que celui de Tyrone Meehan. Cet homme élevé dans la misère et dans la haine des Britanniques par un père violent, nous raconte son histoire. Celle d'un militant de l'IRA tout à la fois héros et traître de son peuple et de son idéal. Une histoire complexe sur fond de lutte entre catholiques et protestants dans un Belfast ravagé par un conflit sans fin. Loin d'être réduit à un pamphlet manichéen anti-britannique ou pro-armée républicaine, ce roman dévoile toutes les failles, toutes les subtilités, les attitudes complexes, les paradoxes et les perditions de ces combattants qui existaient à travers la défense de leurs idées.
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