Un jour de juin 1944, ma mère m'a envoyé au village voisin acheter du pain. C'était entre Aix-sur-Vienne et Sereilhac.
Nous avions vu, deux ou trois jours auparavant, brûler Oradour-sur-Glane avec, après que les hommes eurent tous été fusillés, ses six cent quarante-deux femmes et enfermés dans l'église. Puis la division S.S. Das Reich avait contrinué sa route.
Les résistants avaient alors abattu de très gros arbres pour attaquer à couvert, en espérant au moins les ralentir, les convois allemands et les expéditions que les miliciens pouvaient encore lancer.
Il était difficile, pour le gamin de dix ans que j'étais, d'enjamber les troncs et de franchir les chicanes. Un tout jeune franc-tireur et partisan m'a pris dans ses bras et m'a porté, par deux fois, de l'autre côté, comme au-dessus du feuillage. Comme font les poèmes quand on les lit.
C'est à lui d'abord que je dédie ce livre.
1045 - [p. 81] Bernard Vargafrig
Jean-Claude de Dadelsen : Pâques 1957
Commence, recommence n'importe où ?
Il importe désormais
seulement que tu fasses chaque jour
un quelconque travail, un travail
fait seulement avec attention, avec
honnêteté. Il importe seulement
que tu apportes à bâtir indéfiniment la réalité
(jamais finie) ta très très petite part quotidienne...
661 - [p. 118]
SAN MINIATO
L'église blanche au janvier de l'hiver
Est petite perfection de deux vieux marbres
Est froideur et douceur et dureté de ciel
Infinie en intérieur toute mystère.
Voisinage des morts ;
Quand toute ville au jour est épanouie rose
Sous l’azur clair des plus lointains tableaux
Dans la fausse douleur d’avant-dernière chose.
// Pierre Jean Jouve France (11/10/1887-08/01/1976)
PÂQUES 1957 10
rien à dire – tout à attendre
rien à assurer – tout à faire
rien à réclamer – tout à obtenir
d’ailleurs ce qu’est la poésie,
qui le sait, le sait vraiment ?
personne ne l’ sait – personne ne l’ fait
à coups sûrs, à coups sûrs dans la soupe,
dans la salade, dans le dessert.
Va te coucher et essaie dans ton sommeil
d’être.
// Jean-Paul Dadelsen (20/08/1913 -23/06/1957)
(le Verre d’Eau)
IL ME SEMBLE QUE C’EST CLAIR,
TRANSPARENT ? LIMPIDE ?
CONTENANT COMME CONTENU ?
L’ALLÉGORIE ICI HABITE
UN PALAIS DIAPHANE !
ÇA VA ? VI, VA, VU ?
C’EST LU ? LI, LA, LU ?
C’EST BI ?
C’EST BA ?
C’EST BU ?
(FIN)
// Francis Ponge France (27/03/1899-06/08/1988)
A l'occasion du Festival de Nancy "Le livre sur la place" 2022, Bernard Chambaz vous présente son ouvrage "La peau du dos" aux éditions du sous-sol. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2640417/bernard-chambaz-la-peau-du-dos
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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