La quatrième de couverture m'avait intrigué, et je partais avec quelques a prioris. Même si j'avais été enchantée de ma lecture de
Prédateurs, qui tranchait avec les romans "habituels" de
Maxime Chattam, ma barre était haute : je pensais aux romans 10/18 de Brigitte Aubert comme le miroir des ombres ou l'excellent Aliéniste de
Caleb Carr.J'avais peur d'être déçue, je l'avoue ...
Je savais aussi qu'il s'agissait d'une "suite", et j'étais inquiète à l'idée de me sentir un peu perdue.
Mais pourquoi suis-je à ce point surprise par l'écriture de
Maxime Chattam à chaque fois ? Peut-être parce qu'il arrive à se renouveler, et à se surpasser dans chaque roman ?
L'auteur continue sa descente dans l'insondable noirceur humaine, poursuivant sa quête de la définition du Mal. le tout mâtiné d'une poésie vénéneuse qui m'a fait un peu penser à
Sire Cédric, et peut-être même à
Baudelaire (oui, j'ose l'écrire) : le sombre du
maléfice suintant le vice, avec des accents mystiques qui sont autant d'échos de nos peurs primales .
On plonge dans une enquête aux commencements de l'ère des "experts judiciaires" : bon sens, observation, et surtout réflexion font l'enquête. On croise d'ailleurs Alphonse Bertillon, le père de l'anthropométrie judiciaire,et un disciple du docteur Lacassagne qui fut un des premiers "médecins judiciaires" : cet ancrage dans l'histoire est un "plus" que j'ai beaucoup apprécié.
J'ai aussi retrouvé avec un grand plaisir la vision lucide-et désenchantée- de l'auteur sur la société des hommes, la corruption, la consommation, le renouveau qui ne cache que de l'identique déguisé.
Il y a une vraie recherche pour coller à l'époque, c'est dépaysant, entraînant et bien sanglant.