La période est aux masques. J'en ai retrouvé un datant de 1957 fabriqué par une vieille lady…
En fait, cela doit faire plus de trente ans que je n'avais pas lu un
Agatha Christie. Comme quoi cette période permet de redécouvrir quelques ouvrages perdus de vue. D'ailleurs, je crois que je n'avais jamais lu ce Train de 16H50, qui a du être acheté par mes grands-parents, vu la date de parution de l'exemplaire, le papier jauni et l'odeur du papier vieilli.
Mrs McGillicuddy, une amie de miss Marple, voyage en train quand elle aperçoit, ou croit apercevoir, dans le compartiment d'un train voyageant à la même vitesse sur une voie parallèle un homme étrangler une femme. Elle signale ce qu'elle a vu au contrôleur du train, à la police et à sa bonne amie. Pourtant aucun cadavre n'est retrouvé. Aucune disparition n'est signalée. Si il n'y a pas de corps, c'est donc que le tueur s'en est débarrassé, sans doute à proximité de l'endroit où Mrs McGillicuddy estime que les faits se sont produits. Ce lieu correspond à un vaste domaine, Rutherford hall, où vit le patriarche de la famille Crakenthorpe, Luther. Un vieil homme ronchon qui a hérité du domaine, aujourd'hui placé au centre d'une zone d'habitation, et ne peut le revendre puisque le testament de son père l'en interdit. Ses enfants, Cedric, Harold, Alfred, Emma, et son gendre Bryan, auraient pourtant tous bien besoin de l'argent que la vente de la propriété générerait. le crime possiblement commis dans le train longeant leur domaine serait-il en lien avec ces démêlés familiaux ? Miss Marple introduit la dynamique Lucy Eyelessbarrow comme gouvernante chez les Crakenthorpe pour en avoir le coeur net.
Le climat du livre a un charme désuet. C'est l'époque où des familles anglaises vivent encore de leur rentes et sont entretenues par tout un personnel, alors que leur situation financière devient de plus difficile. On devine une belle bâtisse qui a connu des jours meilleurs et un vaste parc, où les jeunes générations jouent au golf. A 17H, tout le monde boit son thé en dégustant des toasts. le vieux Crackenthorpe est un grippe-sou. Ses enfants sont tous des caricatures : un peintre vivant en Espagne, un homme d'affaire de la City, un petit escroc, une célibataire qui reste là à accompagner son vieux père.
La vedette du livre est en fait Lucy Eyelessbarrow, jeune femme vive, douée pour diriger une maison et assurer la cuisine, et qui ne laisse aucun des habitants masculins de l'endroit indifférents. Avec elle
Agatha Christie introduit un peu de malice et de second degré.
Après un départ un peu touffu – tous les personnages arrivent d'un coup en une demi page -, la reine du suspense à l'anglaise déroule gentiment son intrigue et réussi même à surprendre avec son final. Tout cela est évidement fort bien maîtrisé.
Pour les cinéphiles, le roman a été adapté en France en 2008 par Pascal Thomas sous le titre
le crime est notre affaire.